Oboreru IF – Re:noyer sa vie dans un autre monde à partir de zéro

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Traduit par : Fr, /Fr81

Traduit de l’anglais par : Akira

Relu par : Coco

Artiste des fan-arts : Owari

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Oboreru IF – Colère

Re:Noyer sa vie dans un autre monde à partir de zéro

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――J’entendais une voix pleine de haine.

――Un son qui ne voulait pas quitter mes oreilles.

――Des mots empreints de rage me poursuivaient.

――C’était effrayant, si effrayant que je ne pouvais le supporter.

――J’étais écrasé par la pression de ce bruit qui ne cachait pas son intention meurtrière.

――Il s’accrochait à mon âme, et ne la lâchait pas.

――Il y avait moi, et plus je m’accrochais à ma vie, plus je faisais du mal aux autres.

――Avant tout, j’étais désolé, tellement désolé, et pourtant je me noyais toujours.

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――Un cou était étranglé par une grande force.

À califourchon, un corps léger appuyait sur quelqu’un, empêchant tout mouvement.

Les épaules étaient maintenues par les deux jambes et les genoux de petite taille, le corps vacillant en dessous sans liberté. Devant ses yeux, des bras blancs couverts d’écorchures vermillon se pressaient sur son cou. Une pensée déplacée émergea, à savoir qu’elles ressemblaient à des fleurs écloses,

――ArghlArghl, ArghArgh, telle était la force avec laquelle le cou de quelqu’un était étranglé.

??? : “――――”

Juste devant ses yeux, se trouvait une paire de pupilles brillantes de passion.

Une fureur sans fin et un désespoir insondable s’étendaient profondément dans ces grands yeux ronds.

Une pensée vide qui plongeait dans ces yeux sans fond, lui traversa la tête.

??? : “Ah, kah… Uh.”

――Badumbadum, badumbadum, telles étaient les sonorités de leurs jambes qui s’agitaient sauvagement.

Luttait-il dans le but de s’échapper ? Ce n’était pas le cas.

Des choses comme des pensées d’évasion avaient déjà disparu depuis longtemps. Ainsi, la lutte de ces jambes n’était pas l’expression d’une volonté de vivre, mais simplement une crise de colère née de la pure souffrance physique.

Le cerveau manquait d’oxygène, l’esprit avait perdu sa volonté de vivre, mais le corps se tordait toujours en signe de protestation.

Tout était désordonné, une forme d’être déséquilibrée comme celle-là était inesthétique.

Ne puis-je pas juste mourir tranquillement ? Je veux juste mourir tranquillement.

Aussi paisiblement que possible, comme si j’allais simplement dormir, ce serait la façon la plus agréable de mourir pour moi.

Hélas, ce souhait n’avait pas lieu d’être. Loin d’être exaucé, son destin était en réalité tout le contraire.

??? : “Buh, kuh, kuh.”

Avec des yeux écarquillés sortant de leurs orbites, serrant les dents et déversant de la bave sous forme de mousse, avec un corps émancipé après seulement quelques jours, c’était dans cet état qu’il se tortillait et gémissait comme une bête blessée.

Une fin appropriée, devrait-on dire.

Un destin approprié, devrait-on dire.

Quoi, pourquoi et comment s’était-il retrouvé dans cette situation ?

??? : “――Qu’est-ce qui est si drôle ?”

Soudain, une voix se fit entendre.

Contrairement à ces gémissements animalisés, c’était une voix froide mais claire.

Le propriétaire de ces yeux chargés de fureur, aux lèvres minces et serrées, leva les yeux au son de la voix.

??? : “――――”

Même à la question de savoir ce qui était si drôle, il était incapable de trouver la réponse.

Il n’y avait rien de drôle ici, en premier lieu. Il n’y avait vraiment rien, alors pourquoi demander ?

La question était déroutante. Une sorte de non-sens grossier, une énigme.

Même si quelqu’un l’obligeait à répondre, il n’aurait aucune réponse. Pourtant, malgré cela, le temps passé à attendre en silence lui donnait l’impression d’être couché sur un lit d’épines.

Combien de fois avait-il été ballotté de la sorte, par la force d’une providence divine, de manière aussi absurde et déraisonnable ?

??? : “――Qu’est-ce qui est si drôle ?”

Il n’y avait rien de drôle.

??? : “Huu, he, hehe.”

Alors, était-ce parce que la personne qui demandait s’adressait au mauvais interlocuteur ?

Ou alors, est-ce que cette personne profitait de ce moment sans même s’en rendre compte ?

Appréciait-il la situation où cette femme le chevauchait comme si elle était à cheval et lui étranglait le cou ?

Si c’était cela, alors c’était détestable ; ses pensées rationnelles s’étaient échappées.

Femme : “――Qu’est-ce qui est si drôle ?”

Il n’y avait rien d’amusant ici. Même s’il n’y avait rien, cette question serait projetée à plusieurs reprises, encore et encore.

Même pas une projection. Elle n’était pas si loin. Ce n’était même pas une projection.

Assez proches pour sentir le souffle l’un de l’autre, contemplant le beau visage de la fille en face de lui, il était entouré par sa voix. Couvert par elle.

Elle avait, sans mots, sans injures blessantes, montré une haine claire dans sa voix.

Femme : “Qu’est-ce qui est si――”

Drôle, ensuite.

La question cherchant une réponse était attendue à nouveau, mais s’évanouit soudainement comme la brume.

Femme : “――Guh.”

Incliné, le visage de la fille en face de lui s’inclina soudainement vers la gauche.

De cette façon, son corps penché ne pouvait plus se relever. Sa posture s’était effondrée, et le corps de la fille s’était écroulé sur la neige blanche. Bien sûr, comme le bras fin autrefois enroulé autour de son cou s’était également détaché, son parcours vers la suffocation s’était terminé à mi-chemin.

??? : “――Geh, ah.”

En toussant, le goût amer du sang montait le long de son cou.

Les poumons affaissés se gonflaient avant de se rétracter à nouveau, envoyant tour à tour l’oxygène dont il avait tant besoin dans son corps. C’était aussi un réflexe issu de l’instinct de survie. Un être humain digne de ce nom ne refuserait pas de respirer pour éviter de mourir.

Des questions comme celle de savoir si c’était quelque chose qu’une personne convenable ferait ou non, étaient des choses qu’il ne souhaitait pas aborder, à ce stade.

??? : “――――”

Les sentiments qui avaient été présents dans son cœur jusqu’à ce moment, ceux de se résigner à mourir, s’effaçaient maintenant. Ils avaient été remplacés par un désir de vivre surnommé oxygène, un désir obsessionnel qui ne pouvait être lâché. Frénétiquement, sincèrement, il convoitait avidement davantage, au point de paraître pathétique.

C’est ainsi, en remplissant sans cesse ses poumons d’air froid à chaque respiration, qu’il réalisa.

??? : “――――”

Au milieu de la neige blanche et molle qui s’accumulait, devant lui, se trouvait une fille effondrée sur le flanc.

La beauté irréelle de cette femme, à travers le teint pauvre de son visage et de ses lèvres, était portée à des sommets encore plus élevés. Avec ses faibles respirations se transformant en brume blanche, un présage de sa vie qui dépérissait, ses yeux qui brillaient violemment faisaient forte impression.

En observant attentivement, c’était un spectacle qui ne semblait pas bien adapté à la neige.

Son uniforme révélait des épaules et des cuisses nues ; l’épaisseur de son tissu était tout à fait insuffisante pour parer au froid. Le cou, les oreilles et d’autres zones facilement refroidies étaient exposés au vent, un spectacle douloureux à voir.

Ce n’étaient que les vêtements qu’elle portait――bien qu’il n’y ait pas que la femme, mais aussi lui-même, qui était dans le même état.

??? : “――――”

――Clac-clac, clac-clac, telles étaient les sonorités des dents tremblantes et mal assorties qui s’entrechoquaient.

Il ne savait pas si c’était le froid, ou la forte mélancolie dans son cœur qui était le coupable.

Dans cette situation, plutôt que de s’inquiéter de l’anomalie de son corps, il ne pouvait détacher ses yeux de la fille en face de lui.

Femme : “――Em.”

Même tombée dans la neige, avec la moitié de son visage enfoui dans celle-ci, elle était toujours aussi belle.

Il semblait que la haine et la fureur inépuisables enflammaient ce corps mince et le maintenaient en vie. Couverte de blessures à un tel point, il était étrange que la fille ait pourtant survécu.

??? : “――――”

D’innombrables cadavres gisaient autour de lui et de la fille, dans ce paysage enneigé d’un blanc pur.

Ces bêtes qui consommaient la vie, s’y adonnaient et détruisaient l’âme, face au vent de cette fille, s’étaient toutes transformées en cadavres. Donc, dans cet endroit, les survivants n’étaient qu’au nombre de deux. Lui-même et la fille, seulement deux.

Ce qui, aussi, en un instant, pourrait immédiatement se réduire à un, se réduire à zéro.

??? : “――――”

Qu’est-ce que marmonna délicatement la fille alors qu’il se plaçait lentement à côté d’elle.

Les doigts de ses deux mains étaient engourdis par le gel et avaient pris une coloration rouge foncé. Avec la température du corps qui avait énormément baissé, il n’y avait plus aucune sensation dans les doigts froids. Une faible démangeaison était la seule preuve que les doigts étaient encore attachés à leur corps.

Secouant ces doigts sur lesquels il ne fallait pas compter, il souleva une pierre aussi grosse qu’un crâne humain.

Sans raison ni but, c’était juste une pierre qui se trouvait là par hasard.

Le fait qu’il l’ait soulevée secrètement lui procura un grand soulagement.

Il compara la pierre dans sa main avec la fille effondrée.

Pendant un instant, cette pierre tenue par ses doigts semblait ressembler au visage de la femme effondrée.

Il ne savait pas s’il était en train de rire. Cependant, le regard qui était finalement gravé dans son esprit, était sévère comme celui d’un démon projetant violemment sur lui des intentions meurtrières et de l’hostilité, et rien de plus.

Comme pour se débarrasser de cela, il souleva le rocher à deux mains vers le ciel.

En regardant cette action, la propriétaire de ces iris roses parla d’une voix faible, mais incontestablement claire,

Femme : “――Je vais définitivement te tuer.”

――Le son de quelque chose frappant quelque chose de dur, dans la forêt enneigée, résonna lentement, lentement.

Il résonna.

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――Ce jour-là, le manoir du Margrave Roswaal L. Mathers s’était effondré dans un soupir.

Ironiquement, la première à remarquer l’effondrement fut la femme qui, plus que quiconque, avait désespérément lutté pour maintenir le manoir. Et à cause de cela, ses actions avaient été impitoyables.

??? : “――――”

À l’origine, elle avait reçu du maître des lieux, de Roswaal, un bienfait important.

Ainsi, apprenant que les sœurs servantes qui s’étaient occupées du manoir ne tenaient plus leur poste, sachant alors que le propriétaire n’avait plus personne pour s’occuper de lui, elle s’était immédiatement précipitée aux côtés de ce dernier.

Le changement d’apparence du propriétaire avait provoqué une douleur terrible dans sa poitrine.

Ses deux pupilles de couleur différente à l’éclat suspect, débordant de confiance, la façon excentrique et franche de parler, le maquillage pâle d’un clown dont on pourrait dire qu’il était l’incarnation du mauvais goût, le choix de la mode qui semblait arracher le sens esthétique d’autrui ; à peu près toute lueur avait disparu de Roswaal.

Après avoir obtenu de telles retrouvailles avec lui, la femme――Frédérica, avait serré les poings.

Frédérica : “Ça ne peut pas se terminer comme ça. Pour le bien de ces filles, je vais…”

Fidèle à ses pensées, elle veillerait sur ce lieu d’appartenance.

Plutôt que de se demander si quelque chose pouvait être fait, elle se concentrait sur l’espoir et le désir de faire quelque chose, c’est pour cette raison qu’elle avait commencé à agir.

Pour redonner vie au manoir, elle trimait, s’emparant de sa propre main qui collaborait sans même savoir qu’elle allait traîner le maître qui avait sombré dans la morosité, dans l’apathie, s’affairant chaque jour.

Frédérica n’avait pas le temps de s’arrêter et de se tourmenter.

Même si parfois elle se décourageait de son état d’esprit dans cette situation difficile, elle relevait toujours la tête avec ferveur.

Si elle faiblissait à un moment donné, elle ne serait pas digne de contempler les visages de ceux qui lui étaient chers.

À un moment donné, elle avait oublié de sourire. A un moment donné, elle avait oublié d’accueillir la nuit avec un esprit détendu.

Malgré cela, Frédérica avait fait tout son possible pour protéger ce qu’elle aimait, pour entourer de ses bras les bulles qui se répandaient à la surface de l’eau afin qu’elles ne s’échappent pas. Et pourtant――

Frédérica : “――Ah.”

Lorsque Frédérica s’en rendit finalement compte, il était déjà trop tard pour tout dans le manoir.

Blanche, les semelles de ses chaussures figées dans le couloir, elle avait perdu de vue l’endroit où elle se trouvait.

La vue du manoir, autrefois familier, était devenue très différente de ce qu’elle connaissait.

Le couloir soigneusement nettoyé, la cuisine où elle avait cuisiné, où elle avait couru pour ceux qui avaient besoin de ses services, tout ce que Frédérica connaissait au quotidien était devenu, sous ses yeux, un monde blanc et brumeux.

Et quant à savoir qui avait fait tout ça――

Frédérica : “Grand Esprit-sama…”

??? : “Désolé, Frédérica. Tu n’es pas à blâmer――c’est juste que, si je dois protéger ce que j’ai de plus précieux, alors c’est la meilleure décision à prendre.”

En disant cela, montrant son visage et flottant dans l’air, se trouvait un petit chat à la fourrure grise.

Sa taille était à peine celle d’un poing, mais il s’agissait d’une existence surnaturelle portant un pouvoir immense dans ce petit corps――c’était le Grand Esprit, Puck.

Elle ne voulait pas y croire. Mais maintenant, il n’y avait aucune raison de douter.

C’était celui qui avait enveloppé le manoir dans cette blancheur démoniaque, le transformant.

Frédérica : “Pourquoi faire ça…”

Puck : “Je l’ai déjà dit, toutes mes actions sont en faveur de Lia――Lia a accepté de quitter la forêt parce que c’était ce qu’elle voulait faire, et également pour sa sécurité. Ou du moins c’est ce que je pensais. Mais il n’y a plus d’intérêt à rester ici. Je me demande où tout a mal tourné.”

Frédérica : “――――”

Puck : “Roswaal était mon erreur de calcul. Cette chose pitoyable est juste un type ordinaire.”

Secouant la tête, Puck lui tira dessus avec une voix dénuée de toute émotion.

A ces mots, le souffle de Frédérica se coupa. Et peu après, elle fit claquer sa dentition tranchante,

Frédérica : “――Insulter le maître de cette demeure devant moi, une servante, ne peut être pardonné.”

Puck : “Toi aussi, tu es une enfant pitoyable. Toi seule est désespérée de protéger cet endroit déchu.”

Frédérica : “S’il te plaît, arrête de parler comme si tu faisais référence au passé, ce n’est pas encore fini.”

Elle l’interpella sèchement. Sans avoir la moindre chance, en direction du Grand Esprit.

Face aux paroles de défi de Frédérica, le chaton rétrécit ses yeux ronds et posa un regard empreint de pitié sur son visage. Réagissant au mouvement et à l’expression de cette existence, qui dans une certaine mesure ressemblait à un humain, Frédérica se pencha en avant et baissa son corps.

Frédérica : “Émilia-sama serait triste.”

Cette brève hésitation du petit Grand Esprit pourrait lui valoir la victoire, c’est ce que Frédérica espérait. Mais――

Puck : “Malheureusement, je suis faible vis-à-vis de Lia. Je ne peux pas me séparer de mon enfant, je suis une maman poule.”

(Note de Traduction : L’expression originale, “親猫”, est littéralement traduite par “chat parent”, ce qui signifie quelque chose comme “un parent trop attaché”.)

Même un moment d’hésitation, une petite ouverture, de la part de ce Grand Esprit n’apparut pas.

Alors que la différence de monde entre elle et Puck se reflétait dans ses yeux, Frédérica serra fermement ses molaires ensemble.

Une simple brise blanche souffla, et avec cela seulement, la femme nommée Frédérica fut gelée.

Cela marqua le début de l’effondrement du manoir de Roswaal.

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Le temps que le sorcier remarque les signes d’effondrement, il était déjà trop tard.

??? : “――――”

Le sorcier marchait à pas de fantôme dans son propre manoir.

La masse d’air gelée sous ses pieds se brisa dans un fracas, et une brise glaciale lui chatouilla la nuque.

Son cou s’en écarta, et immédiatement, une étrange réaction physiologique à ce froid désagréable se manifesta.

Cette fille diligente et enthousiaste essayait, peu importe comment, de rembourser la grâce qu’elle avait reçue de cet endroit, mais il était trop tard. Son cœur, qui n’aurait pas dû ressentir quoi que ce soit, se serra un peu.

――Le chemin vers le souhait le plus cher de Roswaal avait, à un moment donné, été interrompu.

Roswaal : “Ram, Rem…”

Peut-être que ça avait été déclenché par la perte des sœurs Oni.

L’existence de ces deux-là était un élément clé du chemin vers le souhait le plus cher de Roswaal. Après leur disparition, Roswaal s’était retrouvé seul.

Quatre cents ans plus tard, après avoir réalisé que la route de son espoir avait été brisée, Roswaal ne pouvait plus rester seul.

Roswaal : “――Ram.”

Un court nom marmonné, c’était le nom qui véhiculait le plus grand regret.

La possibilité que cela devienne ainsi, il l’avait déjà envisagée auparavant.

Bien au contraire, la probabilité que cela se termine mal de cette façon était beaucoup plus élevée. C’est pour cette raison que Roswaal avait pris des dispositions concernant sa propre existence.

Quand sa fin arriverait enfin, il voulait que quelqu’un soit là pour l’accueillir avec joie.

Elle, mourant avant lui, avait ruiné le dernier rouage de ses plans.

Roswaal : “――――”

Ainsi donc, il était étrange pour Roswaal, de se retrouver à errer dans le manoir gelé.

Il avait déjà perdu sa raison de se tenir debout, et sa raison de marcher lui avait déjà échappé.

Frédérica : “Maître, s’il vous plaît, revenez comme vous étiez avant. Pour que les deux――”

Plusieurs fois, Frédérica avait fait appel à Roswaal.

Alors que Roswaal sombrait dans le désespoir, l’esprit affaibli, Frédérica s’était chargée de soutenir patiemment et avec dévouement son maître apathique.

Désormais, le pouvoir de marcher dans ce manoir désormais gelé demeurait en lui.

Désormais, au milieu du couloir dans lequel il déambulait sans but, son regard se portait sur le paysage au-delà de la fenêtre.

Désormais, il voyait ce monde gelé de blanc, et la forme de la jeune fille aux cheveux blonds qui tentait d’y résister.

Roswaal : “――――”

Il avait peut-être pensé que ne pas la protéger ici ne conviendrait pas.

Ou peut-être avait-il simplement agi par réflexe, il ne savait pas.

Il restait suffisamment de son esprit dans le corps pour qu’il décide par réflexe qu’il devait le faire.

Alors maintenant, Roswaal écarta lentement les bras, se préparant à déverser une grande quantité de Mana――

Roswaal : “――Kh !”

À ce moment-là, Roswaal évita de justesse l’éclat brillant d’une lame visant son cou.

??? : “――Wow, être capable d’esquiver cela est au-delà de mes attentes. Peut-être que le Magicien en chef de la Cour n’est pas seulement doué en magie, mais est aussi quelqu’un qui possède un certain niveau de compétence en arts martiaux ?”

Une voix légère s’éleva dans le dos de Roswaal.

Ses zōri atteignant une vitesse qui pourrait roussir le couloir gelé alors qu’ils y glissaient, c’était la voix d’un jeune homme aux cheveux bleu foncé.

(Note de Traduction : Zōri = sandales traditionnelles japonaises. Plus d’information ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Z%C5%8Dri)

Homme aux cheveux bleus : “Ce mouvement à l’instant, ce n’est pas quelque chose que quelqu’un peut faire à la volée. Honnêtement, je suis impressionné.”

Cette personne terriblement inadaptée au lieu était vêtue d’un kimono bleu, portait des zōri aux pieds, et avait deux épées attachées à sa taille. L’un d’eux avait été dégainé, et il se tapait maintenant l’épaule avec.

Un visage à l’apparence soignée, arborant un sourire bien ajusté. Les yeux brillants qui donnaient une impression saisissante de jeune enfant espiègle, et les longs cheveux attachés, tous deux d’une certaine manière, lui offraient une apparence androgyne.

Mais de lui émanait une aura de combat aberrante mais transparente――rien qu’en étant baigné dans ce regard effroyable, des visions d’une myriade de morts à l’épée faisaient surface, de sorte que quiconque serait rendu incapable de faire des commentaires rationnels.

Homme aux cheveux bleus : “Si tu es une personne qui a confiance en autre chose que la magie, mon cœur est soulagé d’un poids, c’est vraiment une grande aide. Après tout, quelque chose d’aussi unilatéral ne correspond pas à mon sens de l’esthétique. Non, je le ferais si on me le demandait, mais je veux éviter d’avoir le traitement réservé aux méchants si possible.”

Roswaal : “Comme dans les rumeurs, tu es assez baaaaavard…”

Homme aux cheveux bleus : “Oh, une rumeur sur moi ? On ne peut rien y faire. Suis-je une célébrité même dans un tel endroit ? Hehehe, j’aurais aimé que ce ne soit pas une rumeur aussi étrange, cependant.”

Le jeune homme parlait avec aisance en se grattant la tête avec un sourire timide.

En observant cette scène, Roswaal ranima ses pensées léthargiques afin de résoudre la situation dans laquelle il s’était retrouvé.

Ce qui avait joué un rôle dans cet engouement, c’était la sensation de brûlure au niveau de son bras gauche.

Roswaal : “――――”

Homme aux cheveux bleus : “Au fait, si tu ne fais pas quelque chose pour ton bras bientôt, ne vas-tu pas mourir par perte de sang ?”

Roswaal : “Ton conseil, je t’en suis reconnaissant.”

Avec cet argument avancé par le jeune garçon, Roswaal desserra ses lèvres privées de la couleur du sang.

Le bras gauche de Roswaal avait été amputé près de l’épaule, et ce qui y était attaché roulait de façon presque irréelle sur le sol, comme le membre d’une poupée.

En plus de la première frappe au cou qui avait été esquivée, son bras avait été coupé.

Après avoir entendu ce conseil d’agir, Roswaal saisit sa blessure, et une rafale de feu instantanée arrêta directement l’hémorragie. D’horribles douleurs lui déchirèrent le cerveau, mais il les supporta avec des joues rigides.

À ce traitement d’extrême urgence, les yeux du jeune homme s’écarquillèrent légèrement.

Homme aux cheveux bleus : “J’avais imaginé que les mages seraient beaucoup plus timides. Anya est comme ça… Oh, au fait, Anya est quelqu’un que je connais.”

Roswaal : “Je sais, Cecilus Segmunt-kun.”

Cecilus : “――――”

Roswaal : “Le plus puissant guerrier de l’Empire Vollachien, le mieux classé parmi les Neuf Généraux Divins, exact ? Ayant reçu le rang de Premier Général, le nom de l’Éclair Bleu est célèbre même à Lugnica.”

Cecilus : “Oh, c’est le plus grand des honneurs.”

À la voix basse de Roswaal, le jeune homme――Cecilus Segmunt répondit par une élégante révérence.

Il n’y avait aucune raison de cacher son identité. Il n’y avait aucune raison de cacher son nom en premier lieu, alors il pouvait aussi bien agir de manière froide, digne et confiante.

En observant ces manières distinguées avec leurs productions dramatiques, Roswaal soupira.

Roswaal : “Mis à part cela, qu’est-ce qui se passe maintenant, je me demaaaande~ ? Ahh, ce n’est pas possible, au moment où l’on décide du nouveau monarque du Royaume de Lugnica, l’Empire Vollachien se déplace en violation du traité ?”

Cecilus : “Oh, c’est un malentendu. En ce moment, on peut dire que je suis en pause de mon appartenance aux Neuf Généraux Divins, ou on peut dire que je suis au chômage. De toute façon, cette affaire n’a rien à voir avec l’Empire, maintenant je suis professé comme le plus fort et ordinaire… épéiste vagabond.”

Roswaal : “――――”

Cecilus : “Ce n’est pas une mauvaise blague. Mes actions, l’Empire n’y est pas du tout impliqué. Bien sûr, la loyauté envers Son Excellence est toujours présente dans mon cœur… Mais, j’ai mes raisons de faire ce que je fais.”

D’un grand geste, Cecilus souligna que l’Empire et lui ne travaillaient pas ensemble. Il était difficile de le croire inconditionnellement, c’était un fait que les plans de l’Empire étaient incompréhensibles.

Pour cette raison, Roswaal rétrécit ses deux yeux bicolores, et s’enquit de Cecilus,

Roswaal : “Alors c’est encore plus curieux. Que tu aies même abandonné ta position de Général de l’Empire, pour venir ici. Qu’est-ce qui peut bien te pousser à aller si loin, je me demaaaande ?”

Cecilus : “C’est facile à comprendre――une avancée sur la voie de la Lame Céleste, a été promise.”

Roswaal : “La voie de la Lame Céleste ?”

À cette réponse, Roswaal fronça ses beaux sourcils.

Cecilus, témoin de cela, répondit par un profond hochement de tête, et un murmure, “Oui”. L’expression était telle qu’il souriait, mais une différence cruciale résidait dans l’émotion des pupilles.

Avec des émotions humaines comme celles de la joie et du plaisir, l’Éclair Bleu tranchait des vies humaines.

Cependant, ce qui se cachait dans les yeux du plus fort de Vollachia à ce moment-là n’était pas la joie et le plaisir, mais une teinte plus profonde, une teinte plus fervente――

Cecilus : “C’est un souhait très important dont je n’ai jamais parlé à aucune personne vivante. Quelqu’un l’a deviné correctement, et a poursuivi en disant qu’il pouvait m’aider à l’accomplir… Je n’avais pas d’autre choix que d’accepter cette opportunité.”

Roswaal : “Comme c’est inattendu, tu ne sembles pas être du genre à être la marionnette de quelqu’un d’autre.”

Cecilus : “Entre être contrôlé par les autres et simplement accepter la scène offerte par le destin, n’y a-t-il pas une différence subjective entre les deux ? J’accepte le rôle d’acteur vedette de ce monde, le premier rôle de son scénario. Au-delà de ça, cela fait partie des compétences d’un acteur d’improviser des répliques et des performances, n’est-ce pas ?”

Cecilus haussa les épaules, les émotions dans ses yeux revenant à leur état précédent, et Roswaal hocha simplement la tête.

En effet, devant la force de son argument, il renonça à le combattre. “Le plus fort fait la loi”, telle était la philosophie que Cecilus avait construite au fil de nombreuses victoires.

Faire plier cette notion avec force était impossible pour Roswaal, qui avait vécu quatre cents ans pour une obsession qui lui était propre.

Pour Roswaal, qui préférait la stagnation, cette philosophie lui semblait également séduisante.

Cecilus : “Je ne te déteste pas, au contraire, tu me plais. Mais parce que c’est aussi mon rôle… Magicien en chef de la Cour du Royaume de Lugnica, Roswaal L. Mathers ; je vais prendre ta tête.”

Semblant agir dans son propre esprit de politesse, Cecilus remit l’épée qu’il tenait dans son fourreau. Et avec le son d’une autre lame tirée, la lame d’une belle épée fut révélée au monde.

La beauté de l’épée était vraiment surnaturelle, une épée magique imprégnée d’un pouvoir étrange――

Cecilus : “――Au plus haut rang des lames, l’Épée des Rêves, Masayume.”

Roswaal : “L’épée qui ronge l’âme de son détenteur d’un seul coup, c’est ça ? ――Cecilus-kun, puis-je te demander une chose ?”

Avec l’effroi débordant devant lui, Roswaal d’un ton insouciant leva un doigt.

Manchot et ensanglanté, face à un épéiste sans égal à toutes les époques dans l’atmosphère figée, il avait pourtant, dans une telle situation, posé une question à Cecilus. Ce dernier inclina à nouveau la tête, à ce ton léger et déplacé.

Cecilus : “Quels sont mes points faibles ? Mes points faibles sont que je n’écoute pas les gens et que je n’ai pas vraiment le sang-froid d’une personne de plus de vingt ans. Souvent, cela se retrouve à l’ordre du jour du Parlement Impérial.”

Roswaal : “Le nom de ton employeur est ?”

Après que cette question ait été posée, les sourcils de Cecilus se levèrent légèrement.

Il abaissa la lame tout en reculant d’un pied. Lentement, il pencha le haut de son corps en avant,

Cecilus : “Les commérages autour de lui le font passer pour un misérable, un monstre, et j’ai même entendu certains dire du mal de lui, l’appelant le Roi de la Purge… Mais pour toi, parce qu’on m’a demandé de te communiquer le nom correct…”

Avec cela comme préface, Cecilus humidifia ses lèvres avec sa langue.

Après une pause dramatique, il le révéla.

Cecilus : “――――”

Avec ce nom comme expression de puissance parvenant à ses oreilles, Cecilus disparut, faisant craquer le sol du manoir.

Qu’il ait disparu du monde, c’était assez rapide pour le confondre.

À ce moment-là, le surnom d’Éclair Bleu convenait vraiment à l’homme qui approchait comme un faisceau d’électricité.

La distance avait été franchie instantanément.

Cependant, à ce même instant, Roswaal entrouvrit faiblement les lèvres en marmonnant,

Roswaal : “C’était donc toi, après tout.”

Avant même que le son de ces mots n’apparaisse dans le monde, l’Épée des Rêves dessina un arc. 

Juste avant que tout ne devienne noir, la conscience de Roswaal se mit à songer.

Aux filles qui se trouvaient actuellement au manoir, et à leur sécurité.

À ces filles qui étaient devenues des dommages collatéraux sur le chemin de son souhait le plus cher, et qui n’avaient finalement pas eu de bonheur du tout.

――Il ne possédait ni les qualifications ni le temps pour s’excuser dans ses derniers instants, et donc absolument tout disparut.

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Le mécanisme du Passage de Porte était simple et consistait à relier l’entrée de la Bibliothèque Interdite à une autre porte.

Grâce à cet effet simple, la multiplicité des possibilités du Passage de Porte était assez élevée, et elle était fière de cette magie exceptionnelle. Mais comme toute autre magie, le Passage de Porte n’était pas non plus totalement sans défaut.

Si sa méthode était révélée, cette nature utile pourrait se transformer en faiblesse. C’est pourquoi l’existence de la Bibliothèque interdite et les effets du Passage de Porte devaient être cachés aux étrangers.

En effet, les étrangers n’étaient pas censés les découvrir.

――Néanmoins, une telle situation était inévitable, pensait-elle.

Béatrice : “Quelle ironie, je suppose.”

Au moment où la porte de la Bibliothèque Interdite avait été touchée, Béatrice elle-même avait déjà compris que cela le laisserait entrer.

Ce manoir spacieux avec ses innombrables portes à choisir existait, et pourtant, Béatrice avait été guidée de force vers une seule d’entre elles.

Cette méthode était simple――une situation où les autres portes ne pouvaient pas s’ouvrir ferait l’affaire.

La méthode pour stopper le Passage de Porte était de supprimer tout choix de portes sur lesquelles se connecter.

Cette tâche avait été accomplie avec diligence, et ainsi les portes qui pouvaient être ouvertes dans le manoir étaient désormais limitées à une seule. Et le fait que celui qui avait aidé à découvrir cette méthode devait être son cher frère, elle le comprenait un peu.

Être déséquilibré par cette prise de conscience était inévitable. Parce que c’était une loi commune à leurs deux existences――

Mais même en tenant compte de cela, faire des reproches à son cher frère n’était pas convenable pour elle. Pour cette raison, Béatrice, sans avoir de ressentiment envers son frère, fit tranquillement face à la porte qui avait été ouverte.

??? : “――Yo, Béatrice.”

Interpellant Béatrice de l’autre côté de la porte ouverte, il lui avait fait un signe de la main.

Cette voix et cette attitude, elle s’en souvenait. À cause de cela, le corps de Béatrice frissonna de peur.

Le visage de ses souvenirs, et celui qu’elle voyait maintenant devant elle, tous les détails ne semblaient pas correspondre.

Bien que ce soit en concordance avec les parties générales de sa mémoire, il était déjà presque comme une autre personne.

Béatrice : “Toi, pourquoi me jettes-tu ce regard, en fait ?”

À ce regard noir et sombre devant elle, Béatrice secoua la tête.

Loin de s’améliorer, il avait changé d’une manière qui attirait encore plus de répulsion.

Les rares cheveux noirs et les yeux noirs étaient toujours là, mais les cheveux avaient perdu leur éclat, tandis que dans ses yeux qui avaient perdu leur éclat, des émotions sombres étaient faiblement révélées.

De profonds cercles sombres entouraient ces yeux lugubres, les joues étaient fines et frêles, et ce que l’on pouvait voir de ses doigts était d’une pâleur cadavérique.

De longs vêtements sombres enveloppaient son corps, l’exposition de la peau étant réduite au minimum――parmi cet uniforme noir uni, ce qui ressortait était un foulard orange vif. Juste ça, et rien que ça, trahissait assez fortement son aspect lugubre.

Quelques années avaient passé.

Mais malgré cela, trop de choses avaient changé. Comment un humain pouvait-il devenir si différent ?

Béatrice : “Toi, ton esprit a sérieusement changé, je suppose.”

Humain : “C’est pareil pour toi, alors. Ta poussée de croissance est terminée ? Normalement, tu devrais devenir un peu plus mature après deux ans d’existence.”

D’une voix vide, aux paroles de Béatrice, il répondit par une plaisanterie.

Deux ans, c’est ça ? Si cette personne le disait, alors c’était certainement le temps qui s’était écoulé.

Deux ans, du point de vue de Béatrice, c’était comme un battement de cil. Pour les humains, en particulier pour celui qui se tenait maintenant dans son champ de vision, elle se demandait quelle signification avaient ces années.

――Ce laps de temps était-il si important pour ce garçon, qui avait frôlé la mort, pour revenir se venger de la sorte ?

Humain : “Tu te souviens, Béatrice ? Nous avons mangé ensemble ici.”

Béatrice : “――Ce souvenir n’existe pas, en fait. Manger ensemble avec toi n’est jamais arrivé, je suppose.”

Aux paroles de cet humain, Béatrice fronça les sourcils.

Les deux étaient face à face dans la salle à manger, au premier étage du manoir. Une nappe blanche drapait la table, et sur le siège central se trouvait cette personne, posant une question mystérieuse à Béatrice.

Humain : “…Ah, c’est vrai. Tu, oui, tu ne peux pas savoir ça. Oui, c’est ma faute. Ce que je viens de dire, c’est ma faute. C’est toujours ma faute.”

Béatrice : “Ce qui s’est passé… Non, ce n’est pas quelque chose qui a besoin d’être entendu maintenant, à ce stade, en fait.”

Pendant un seul instant, dans le cœur de Béatrice, l’hésitation s’effaça.

Mais, en un clin d’œil, cette fille décida de se débarrasser de ces distractions inutiles. Et ensuite. En direction de cet humain troublant, elle pointa sa petite paume.

Ici, avec son sentiment de fierté en tant que Bibliothécaire qui gardait la Bibliothèque Interdite――ou plutôt, c’était son sens éphémère du devoir, un désir de se martyriser pour son rôle, un rôle que personne ne souhaitait pour elle.

Béatrice : “Tu as sans doute le droit légitime de souhaiter la vengeance, je suppose. Quand bien même, Betty a, pour Betty, un rôle à remplir, en fait. Pour cela…”

Humain : “――――”

Avec force, Béatrice se concentra sur son propre rôle, le regardant fixement pour supprimer toute violence provenant de cette personne.

En voyant cela, son expression se tendit légèrement. Quelque chose, peut-être une tentative d’endurer un sentiment difficile pouvait être vu, et au moment où Béatrice posa son pied――

Humain : “Allons, Béatrice――n’y avait-il pas un Contrat pour me protéger ?”

――À ce moment-là, en Béatrice naquit une hésitation mortelle.

Béatrice : “…Ah.”

Contrat, à ce son, le corps entier de Béatrice fut transpercé par le choc, et elle se raidit.

Et cette rigidité ne se dénouait pas d’elle-même, immuable, quelle que soit la volonté de Béatrice. Quelque chose dans l’esprit n’était pas le coupable. Physiquement, ses mouvements avaient été bloqués. C’était――

??? : “Pardonne-moi. Avec ça, tu ne pourras plus bouger.”

Aux côtés de Béatrice, sortie de l’ombre, une personne s’y était manifestée.

Vêtu d’un kimono noir ébouriffé et mordant une pipe kiseru de couleur or avec les dents pointues qui bordaient sa bouche, se tenait un homme-bête――un homme de grande taille, avec un visage de loup.

(Note de Traduction : Kiseru =  une pipe traditionnelle japonaise. Plus d’informations ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Kiseru)

Il la regarda de haut en bas avec des yeux furtifs, alors que Béatrice ne lui arrivait qu’à la taille. Ne trouvant aucune émotion dans ses petites pupilles, la gorge de Béatrice laissa échapper un couinement,

Béatrice : “Ça, c’est…”

Humain : “Une mystérieuse technique shinobi de liaison des ombres, quelque chose de ce genre. Vois ça comme un art secret. Ne t’inquiète pas cependant, elle ne devrait pas être active très longtemps… Tu es ma bienfaitrice, après tout.”

Rigide, la liberté de son corps lui étant retirée, Béatrice ne pouvait rien faire d’autre qu’écouter cette voix.

Il n’y avait aucun tremblement dans les mots qu’il prononçait, aucune erreur dans les souvenirs qu’il partageait. Se levant lentement de son siège, et se rapprochant d’elle, les yeux de cette personne étaient sombres, mais aucun signe de malaise ne pouvait y être décelé.

Se venger, telle était la raison pour laquelle cette personne avait trouvé cet endroit, avait conclu Béatrice. Mais la lueur dans les yeux de cet humain ne pouvait pas être perçue par Béatrice comme étant celle de la vengeance.

Dans ses yeux noirs remplis d’une faible lumière, un sentiment qui déchirait sa poitrine pouvait être trouvé.

Humain : “À l’époque, tu m’as laissé m’enfuir, et maintenant je suis toujours là. C’est vraiment quelque chose que je voulais te dire.”

Béatrice : “Si c’est ta méthode pour ça… Tu es vraiment un homme exaspérant, je suppose… Définitivement exaspérant.”

Humain : “Je suis désolé pour ça. Mais, j’ai compris quelque chose, Béatrice.”

Interrompant le discours saccadé de Béatrice, il secoua lentement la tête. Ses lèvres, dessinées en forme de sourire, regardaient silencieusement Béatrice.

En y réfléchissant bien, avait-elle déjà vu cette personne sourire de la sorte ? À l’époque, quand elle l’avait laissé passer de nombreuses heures dans la Bibliothèque Interdite.

Au souvenir de Béatrice, il tendit la main, et déclara,

Humain : “――Que toi et moi, nous sommes de la même espèce, voilà.”

Béatrice : “――――”

Les coins de ses yeux s’affaissèrent, et seulement maintenant ses yeux revinrent à ce qu’ils étaient auparavant, à ce que les yeux du garçon avaient d’abord été.

Le garçon était redevenu ce qu’il avait été pendant ces quelques jours au manoir, avant de devenir cet être étrange.

Humain : “À cette époque, je n’avais pas d’autre choix que de mourir, mais tu ne m’as pas abandonné, tu m’as sauvé. Même maintenant, combien de fois, combien de fois les souvenirs de ce coucher de soleil rougeoyant me reviennent à l’esprit.”

Béatrice : “Tu…”

Humain : “Je te suis toujours reconnaissant pour ça, Béatrice… Pourquoi tu ne m’as pas tué, à ce moment-là ?”

Béatrice : “――Kh.”

S’agissait-il de mots de gratitude, ou de ressentiment ?

Quoi qu’il en soit, Béatrice avait été surprise par les mots prononcés par un visage affichant à la fois joie et tristesse.

C’était donc l’œuvre de son influence, le désespoir omniprésent dans son cœur, elle l’acceptait.

Comme si c’était naturel, cette emprise rigide sur son corps qui la mettait mal à l’aise se défit, et son bras tendu s’abaissa. Mais, dans cette liberté retrouvée, sa volonté de résister avait déjà disparu.

Il était facile de comprendre que la cause et l’effet avaient été inversés.

Humain : “Béatrice, je te suis reconnaissant. Je pense que je t’ai probablement appréciée. Au cours de cette période, tu es la seule à t’être vraiment rapprochée de moi, ce sont mes pensées.”

Béatrice : “… C’est la plus piètre des confessions.”

Humain : “Je n’en disconviens pas.”

À ses mots, Béatrice avait répondu avec des sentiments vides.

Et puis, dans les yeux noirs de ce garçon au mince sourire, Béatrice vit la vérité――les émotions sombres qu’ils contenaient lui étaient si familières, elle s’en rendit compte.

C’était une lésion des plus infâmes qui se nichait dans le cœur de nombreux êtres, finissant par éroder tout espoir.

―――Une maladie appelée désespoir, au sein de lui, au sein d’elle, s’était tranquillement nichée.

Humain : “Halibel, un kunai.”

À cette demande, l’homme-bête qui se tenait près de Béatrice haussa les sourcils.

En silence, regardant l’échange de questions et de réponses de ces deux-là, l’homme-bête secouait maintenant son kiseru de haut en bas.

Halibel : “…Vous êtes sûr ?”

Humain : “Un kunai.”

Ayant reçu un nouvel ordre, l’homme-bête balança son bras gauche vers le haut.

Puis, un morceau d’acier noir perça le sol de la salle à manger avec un bruit sourd. S’accroupissant, le récupérant, il déposa son poids sur sa paume.

Ce métal de couleur sombre émettait une lueur terne. Il avait une forme simple pour couper la vie.

Humain : “Je suis si heureux que tu te souviennes de notre Contrat.”

Il en a profité, cette pensée traversa l’esprit de la jeune fille.

Cependant. C’était vraiment une vision fugace d’une joie lointaine, il parlait avec ce genre de voix. Le blâmer en quelque sorte, ce sentiment n’était pas vraiment apparu en elle.

Humain : “Tu es si adorable, avec ces couleurs qui te vont bien…”

Béatrice : “――――”

À ce moment-là, les yeux de Béatrice s’ouvrirent en grand, et se remplirent de lourdes larmes.

Dans sa vision floue, la personne qui la surplombait gentiment était là. En clignant des yeux, des larmes commencèrent à couler sur ses joues. Verser des larmes comme ça, contempler son apparence jusqu’au bout, c’était ce qu’elle souhaitait.

Il avait déclaré que lui et elle étaient de la même espèce.

Alors, il y avait certainement une raison, il y avait une raison pour laquelle il était là pour elle.

Ce qu’elle avait fait à ce moment-là, avait grandement affecté sa vie sans le savoir.

Si c’était ainsi que cela s’était terminé, alors c’était ainsi que cela allait lui être rendu.

Si lui, maintenant, pour Béatrice, faisait cela, pour essayer de la sauver――

Béatrice : “Es-tu…”

Humain : “――――”

D’une langue raide et engourdie, frissonnante et tremblante, Béatrice tissa des paroles.

Ces mots qui sortaient comme un soupir, lorsqu’ils furent entendus par le garçon qui se tenait juste devant ses yeux, le firent cesser de bouger.

Il lui laissait le temps. Que ce soit des paroles amères, ou toute autre chose, il accepterait tout, ce genre de détermination se voyait.

À cette détermination, Béatrice――

Béatrice : “――Es-tu, ‘Cette Personne’ de Betty ?”

Le sens de cette question, il ne le comprendrait certainement pas.

Qu’il y ait une réponse, Béatrice ne l’espérait même pas.

C’est juste que, si son heure était venue, si c’était ce qui était venu la chercher, elle devait essayer de l’entendre encore une fois.

Humain : “Ouais.”

――Ainsi, sous cette apparence souriante et conciliante, le cœur de Béatrice fut écrasé et brisé.

Il y avait de la tendresse dans ce sourire, de la gentillesse dans ces mots, et une bénédiction dans cette lame levée.

Humain : “Je suis ‘Cette Personne’.”

Une fois de plus, une grosse larme coula sur les joues rougies de cette fille.

※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※

??? : “Il y a un proverbe là où je vivais, quelque chose comme, ‘un homme qui se noie s’accroche même à la paille’.”

Le visage tourné vers le tapis rouge au sol, un homme écoutait la voix.

Ce tapis, son visage en était très proche.

Une autre chose était également proche : les intervalles entre les respirations de l’homme. Les battements de son cœur résonnaient dans ses oreilles comme une cloche qui aurait été accélérée, la sensation dans son corps était celle d’un sprint qui venait de s’achever dans des champs lointains.

Il semblait avoir atteint la soixantaine, un vieil homme.

Non seulement son fils, mais aussi ses petits-enfants avaient grandi, il portait les marques d’une vie longue et bien remplie.

Sa position était telle qu’il avait eu à traiter avec beaucoup de gens. Ayant eu une longue et brillante carrière, cet homme s’était vu confier beaucoup de choses par ceux qui l’entouraient.

Qu’il soit hors du commun, il n’avait pas idée de se vanter de la sorte. Mais étant né avec un esprit hors norme, il avait résolu de vivre une vie d’abondance.

Et c’est pourquoi, dans sa situation actuelle, il ne pouvait s’empêcher de se demander s’il était dans un rêve ou dans une illusion. Il ne pouvait pas le croire.

――Il était à genoux, face à un adversaire pas plus âgé que ses propres petits-enfants.

??? : “De la paille, tu sais ce que c’est ? Peut-être qu’il y a de la paille comme celle à laquelle je pense ici… Comme du blé, quelque chose comme ça. Celui qui est dans l’eau est tellement désespéré, que même en sachant à quel point c’est inutile, il s’y accroche de toutes ses forces.”

Vieil homme : “――――”

??? : “En clair, les humains mourants tentent désespérément de survivre quoi qu’il arrive, c’est le sens du proverbe. C’est différent d’utiliser la force brute en cas d’incendie. Ils pensent toujours à changer leur destin, mais se raccrocher à n’importe quoi est une idée stupide.”

Doucement, la voix au-dessus de sa tête prononça ses mots.

La plupart de ce qui était dit semblait inutile, mais pas un mot, pas une phrase ne pouvait être ignorée, de peur de soulever sa colère. Pas quand des rumeurs répugnantes sur les choses néfastes qui se produiraient dans un tel cas s’empilaient comme des montagnes.

Apparu il y a tout juste deux ans, ce garçon n’avait cessé depuis de faire l’objet de rumeurs cruelles et horrifiantes.

Tous ceux qui s’opposaient à lui, leurs familles, tous ceux qui étaient impliqués seraient traqués par tous les moyens nécessaires pour servir d’exemple. Avec une force irréfutable, il avait continué à développer résolument cette société, la Pléiade, en tant que leader.

Avec son succès terrifiant et sa capacité d’évaluation inégalée, les gens avaient conféré un titre au garçon.

――Le Roi de la Purge.

Roi de la Purge : “――――”

Le vieil homme était agenouillé dans l’endroit où se trouvait le quartier général de cette organisation, caché dans l’ombre des Quatre Grandes Nations, créée dans le but de contrôler le milieu de la pègre.

Des peintures luxueuses, des décorations et des objets extravagants avaient été rassemblés dans cette pièce, le hall de réception de l’organisation, un spectacle des plus obscènes.

Quant à l’emplacement du Roi, servant de chef, il était assis sur le trône, au fond de la pièce――on pouvait à juste titre le qualifier de trésor, sur ce trône suprême il regardait ses invités de haut.

C’était une installation éblouissante et opulente, et l’argent dépensé pour cela avait de quoi faire tourner la tête. Cette violente fortune transperçait les globes oculaires, car dans une vie humaine, même multipliée par mille, non, par deux mille, elle ne pouvait être atteinte.

Qu’il s’agissait d’une démonstration de force de l’organisation――non, du Roi, même les idiots pouvaient le comprendre en un clin d’œil. Et même si une personne incapable de comprendre cela était arrivée dans cette pièce, elle ne verrait plus jamais la lumière du jour.

Les simples étalages de puissance, les simples démonstrations de richesse ne valaient rien en comparaison.

Le long des murs se trouvaient des dizaines d’hommes, tous possédant des noms renommés, tous étant des mercenaires ou des soldats de haut niveau. Tous ces hommes, s’il avait été possible d’utiliser de l’argent pour gagner leur faveur, et c’est ainsi que cela avait été entrepris, quel en avait été le coût ?

Même s’ils n’étaient que quelques dizaines, pour maintenir cette armée, une puissance financière massive serait nécessaire.

De plus, parmi cette foule où ne s’étaient rassemblés que les meilleurs des meilleurs, motivés par l’argent, il y avait le duo à gauche et à droite du trône, ces existences transcendantes. Pour le vieil homme agenouillé, elles étaient suffisantes pour intoxiquer sa conscience.

――Ces existences transcendantes étaient l’Admirateur, Halibel, et l’Éclair Bleu, Cecilus Segmunt.

Des Cités-États de Kararagi, et de l’Empire Sacré de Vollachia.

Chacun détenant respectivement le titre du plus fort de leur pays, ces deux-là étaient présents côte à côte. Quant à savoir comment l’emprise violente de ce jeune patron était restée incontestée depuis l’apparition soudaine de cette société, il n’y avait pas de meilleure preuve que celle-ci.

Roi de la Purge : “Sigrum-san ?”

Sigrum : “――――”

Au moment où son nom fut évoqué, son état d’esprit s’étant assombri, le cœur de cet homme――le cœur de Sigrum se figea.

Observant la scène, le menton appuyé sur son bras, le Roi de la Purge, le sourire effacé, fixait Sigrum de ses yeux sombres.

Sigrum haletait comme si son cœur était directement pressé.

Il fallait qu’il trouve bientôt une excuse, quelque chose, alors ses lèvres privées d’oxygène frémissaient. Cependant, à la réponse fragile de Sigrum, les épaules du Roi de la Purge se rétractèrent.

Roi de la Purge : “Ahh, je m’excuse de t’avoir ennuyé. Le fait que mes histoires s’éloignent du sujet est une de mes mauvaises habitudes depuis longtemps, et si je parle de cette manière détournée, nous n’arriverons peut-être jamais au but.”

Sigrum : “Je-je vais bien… c’est, c’est…”

Roi de la Purge : “Je parle.”

Sigrum : “――――”

Avec un doigt de sa main droite porté à ses lèvres, la main gauche du Roi était pointée sur lui.

Ses excuses interrompues par cette remarque discrète, son dos se couvrit de sueur froide. Un silence de plusieurs secondes, dans lequel son corps avait l’impression d’avoir gelé, et un temps qui lui semblait être une éternité s’écoula,

Roi de la Purge : “…Désolé. Je ne voulais pas te menacer. C’est juste que, ces deux personnes ici, et ces autres présentes me suivent toutes parce que je les ai engagées, mais ce n’est pas ton cas, n’est-ce pas ? Alors, dans ce cas, comment dire… j’ai agi d’une manière dont j’ai l’habitude, désolé.”

Sigrum : “――――”

Le ton de l’orateur était calme et empreint de respect. Cela rendait la situation encore plus anormale.

Le Roi de la Purge était poli, respectueux de ses adversaires, et pourtant, juste comme ça, sans hésiter, il leur infligeait aussi des violences.

Le ton du Roi pour traiter avec les autres, ne montrait aucune de ses intentions cachées à ceux qui l’écoutaient. Les yeux terrifiants du garçon étaient dépourvus de confiance, mais ce regard étroit perçait les pensées intérieures, l’ensemble de ses nerfs observaient avec une grande attention les mouvements de son interlocuteur.

Ces iris noirs assombris ne posaient qu’une seule question.

――Es-tu mon ami ou mon ennemi, je me demande.

Sigrum : “――――”

Bien sûr qu’il n’était pas un ennemi, il devait l’affirmer.

Cependant, les paroles de Sigrum avaient été scellées, venant de se voir interdire vocalement de répondre.

Émettre un son, ou répondre avec ses yeux, démontrer par son attitude, cela userait-il la patience de cette personne ?

Avec une telle peur s’emparant du cœur de l’aîné, ces quelques secondes lui parurent une éternité, les plus longues de sa vie.

Rire comme s’il s’agissait d’une exagération, pas une seule personne n’avait survécu en essayant cela.

La position de l’organisation était impitoyable, et ses ramifications atteignaient le cœur du monde souterrain des Quatre Grandes Nations. Ils étaient déjà devenus une plaie inamovible.

Pour survivre, il fallait d’abord éviter de s’empêtrer dans cette partie malade, car il était impossible de surmonter cette maladie après coup.

Et donc, la seule méthode pour survivre était d’offrir une soumission totale et de préparer toutes les réponses à l’avance, c’était seulement ça.

Une maladie incurable qu’il avait essayé d’éviter à tout prix. Mais finalement, incapable d’y échapper, le vieil homme était venu ici.

Avec toutes ses réponses déjà préparées à l’avance, avec une détermination ayant choisi de se soumettre, il était venu.

Mais Sigrum avait compris ici combien cette idée était naïve.

Comme si on lui avait attaché les mains et les pieds, et qu’on l’avait jeté à l’eau sans qu’il puisse bouger, la respiration laborieuse, les lèvres haletantes à la recherche d’oxygène. Sur terre, dans cette pièce, il se noyait dans ce regard.

Sigrum : “――――”

Pas une maladie. Mais une malédiction.

Le Roi de la Purge, il était régi par une malédiction indélébile.

Une peur morbide obscurcissait son regard, et un doute sans fin rongeait son cœur.

Il avait peur des humains. Son adversaire avait peur, doutait, haïssait.

Lui-même possédait la peur la plus forte enfouie en lui, et avec cette même malédiction, il rongeait les autres, tous ceux qui le croisaient étaient infectés par la même chose.

Comme une noyade, avait d’abord dit le Roi. C’était exactement comme il l’avait dit.

Maintenant, s’il y avait une chance, Sigrum tenterait de s’accrocher à la paille ou à n’importe quoi.

Roi de la purge : “Donc, hmm… Donc, l’histoire de la paille. Une histoire de tentative désespérée de survie… Hm, c’est compréhensible. Sigrum-san est venu chez nous pour nous parler, pour essayer de donner un sens à cette idée.”

Sigrum : “――――”

Roi de la Purge : “J’aime les gens raisonnables. Ceux qui sont prêts à discuter sont beaucoup plus dignes de confiance que ceux qui vous frappent au visage sans raison. Je ne sais pas quelles rumeurs infâmes tu as entendu à notre sujet, mais je te demande de ne pas nous juger en fonction de celles-ci… Je préfère éviter de faire des vagues si possible.”

Tout en prononçant ces mots, le Roi de la Purge étendit sa main gauche dans la direction de son interlocuteur. Et ce geste d’offrande de la main semblait indiquer qu’il cédait le tour de parole.

Sigrum : “Ah.”

À cet instant, comme si la raideur s’était dénouée, un souffle s’échappa des lèvres de Sigrum.

L’espace d’un instant, il fut saisi par la peur de contrarier les sentiments du Roi, mais le jeune homme devant ses yeux ne réagit pas. Ce silence patient et dominateur semblait guider Sigrum vers l’avant.

Roi de la purge : “Sigrum-san ?”

Sigrum : “Rien…du tout… Mes excuses. Pour ce qui est de ma position, c’est comme indiqué dans l’offre envoyée par lettre. Je souhaite de bonnes relations avec tous les membres de votre organisation, à partir de maintenant et pour longtemps.”

Avec des mots choisis avec soin, en prenant soin de ne pas montrer un excès d’humilité, Sigrum exprima sa position sur la question.

En entendant cela, le Roi de la Purge plissa les yeux, mais après avoir réfléchi un moment, il sourit.

Roi de la Purge : “――――”

En voyant cette soudaine expression souriante correspondre à l’âge de son propriétaire, Sigrum fut surpris.

Ayant surpris Sigrum, le Roi adressa un profond signe de tête, et,

Roi de la Purge : “Ayons un bon partenariat, Sigrum-san. Les détails seront discutés avec le responsable plus tard… C’était le meilleur et le plus sage choix pour toi.”

Sigrum : “Ah…”

Roi de la purge : “Continue à traiter favorablement notre association à partir de maintenant.”

La main levée, le Roi de la Purge conclut la réunion en souriant.

À ces mots, Sigrum leva lentement son corps. Son corps s’était raidi à force de s’agenouiller, et sa posture vacilla brièvement, mais endurant cela avec difficulté, il laissa ensuite échapper un long souffle.

Sigrum : “Merci beaucoup. À partir de maintenant, nous ferons preuve de bienveillance à votre égard.”

Roi de la Purge : “Hmm.”

Cachant tant bien que mal l’engourdissement de sa langue, ses derniers mots conclurent la conversation.

Ainsi, une fois sa tâche accomplie, Sigrum s’inclina devant le Roi de la Purge et fit demi-tour.

Sigrum : “――――”

Dans son cœur qui battait la chamade, un fort sentiment de soulagement et de réussite déferlait comme une tempête.

Son corps, qui semblait peser lourdement il y a encore quelques secondes, semblait soudainement flotter. Et avec des pas naturellement allégés, les visages des membres de sa famille qui l’attendaient pour rentrer chez lui s’élevèrent un par un dans sa tête.

Après avoir bravé cette vague violente, son souhait avait été exaucé.

Sigrum : “――?”

Ce fut à ce moment-là.

Derrière lui, un son très faible fut entendu.

Un son familier à l’oreille, le son d’une pièce.

Il ressemblait beaucoup à celui d’une pièce qui glissait de la main et touchait le sol.

Roi de la Purge : “Face.”

Une voix se fit entendre prononçant un court mot.

Qu’est-ce que c’était, l’esprit de Sigrum se le demandait, et plus vite qu’il ne pouvait le comprendre――

Sigrum : “――――”

La silhouette de l’aîné bascula, rejoignant le sol.

Plus encore que lorsqu’il était agenouillé, le tapis s’était soudainement rapproché――et ce fut la dernière chose qu’il ressentit.

※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※

Halibel : “――――”

En direction de la chute du corps décapité de l’homme, Halibel regardait avec des yeux plissés

Brillant travail manuel.

Les membres du cadavre du vieil homme n’avaient pas tressailli, et la tête, maintenant tombée sur le tapis, ignorait encore son trépas. Le cadavre était comme un corps qui n’avait perdu que sa vie et rien de plus, et c’est pour cela qu’on pouvait le qualifier de cadavre artistiquement créé.

Mais un corps n’était rien d’autre qu’un corps, et le juger splendide n’était pas un passe-temps dans lequel il se complaisait.

Roi de la Purge : “Oh, ueh… Kh.”

Observant la vue du cadavre sanguinolent, le garçon sur le trône tenait sa bouche fermement fermée.

Il avait déjà assisté plusieurs fois à la transformation d’une personne en cadavre, mais comme son tempérament était sensible, il ne montrait aucun signe d’accoutumance.

??? : “Agir comme ça envers les morts, n’est-ce pas insultant après avoir donné ces ordres ? Je ne vous demanderais pas de vous habituer aux cadavres, mais peut-être devriez-vous au moins aspirer à ne pas en créer, qu’en pensez-vous ?”

Roi de la Purge : “Je ne tue pas par plaisir non plus… je ne le fais pas. Je suis incapable de regarder en face une telle scène, mais je suis quand même présent. C’est le moins que je puisse faire…”

??? : “C’est être malhonnête.”

Son employeur tenant un mouchoir devant sa bouche, luttant contre la nausée, les paroles de son collègue ne lui apportèrent aucune excuse.

Bien sûr, sur le côté droit――se trouvait Cecilus. Le fait que son employeur n’ait pas montré de colère à ce sujet était la preuve qu’il savait que ses actions portaient la marque de la tromperie.

Tout en regardant le jeune garçon dont le visage était devenu aussi pâle que celui du cadavre, Cecilus, d’un “De toute façon” désinvolte, continua à parler. Son regard était toujours dirigé vers le cadavre de ce pauvre vieil homme effondré.

Cecilus : “Je suis davantage étonné de votre incohérence, boss. La conversation s’est terminée de manière si paisible, donner un ordre soudain de tuer est assez surprenant même de votre part.”

Tout en parlant ainsi, Cecilus, mécontent, gonflait ses joues. Ce n’était pas un comportement tout à fait approprié pour un homme d’une vingtaine d’années, mais considérant l’immaturité de son esprit, c’était une action qui convenait grandement à Cecilus.

Sa sorte de beauté humaine, et son comportement assidu permettaient cette conduite.

Quoi qu’il en soit, au sujet de Cecilus, le garçon contorsionna ses joues,

Roi de la Purge : “Et je te l’ai dit, je ne voulais pas qu’il soit tué. Comme je lui ai dit, je voulais le croire. Il n’avait pas l’air de mentir ou quoi que ce soit, non plus.”

Cecilus : “Alors, pourquoi ?”

Roi de la Purge : “Même s’ils n’ont pas l’air de mentir, les menteurs finissent par mentir après tout.”

Le garçon agenouillé sur le trône se mordit la lèvre tandis que Cecilus le regardait, la curiosité sur le visage.

Sur ce mode de vie horriblement aride, une volonté inébranlable pouvait être entrevue.

Halibel et Cecilus ignoraient tous deux ce qui s’était déroulé dans son passé.

Cependant, dans son passé, une situation avait dû se produire pour qu’il adopte cette croyance.

Quelque chose de semblable à l’expérience d’une personne proche de lui qui avait caché des soupçons et des intérêts personnels dans son cœur tout en souriant, puis qui avait craché de la haine et des intentions meurtrières avec les mêmes doigts et lèvres qui avaient été gentils avec lui.

Un tel passé avait dû instruire ce garçon.

Roi de la Purge : “D’abord couper les bourgeons, puis casser les branches. Je ne serai jamais trompé deux fois.”

Serrant fort, le garçon attrapa sa propre épaule et pressa ses propres ongles sur le tissu, dans sa peau. Ses ongles le griffèrent impitoyablement ; la peau était lacérée, le sang suintait, c’était certain.

Cette automutilation était, pour lui, un rituel nécessaire pour se maintenir. Les subordonnés qui étaient avec lui depuis longtemps le savaient, et donc, personne ne l’avait arrêté.

Comme s’il était satisfait de sa douleur, le garçon se leva lentement du trône,

Roi de la Purge : “Le cadavre, arrangez-le bien et enterrez-le. Et un émissaire doit être envoyé à leur boutique. Tout doit être confisqué, mais s’ils coopèrent, ne les traitez pas mal. S’ils refusent, alors purgez la famille et brûlez le magasin. Quand la main-mise sera terminée, demandez au prochain responsable de vous saluer. Avec ça, il sera décidé s’il faut les éliminer ou non.”

D’un ton calme, le garçon énonça ses ordres pour que les personnes présentes dans la pièce puissent l’entendre.

Il s’agissait d’instructions grossières que quelqu’un devait suivre, mais pas quelqu’un en particulier.

Ces demandes qui ne se souciaient pas du processus, mais uniquement du résultat, faisaient le succès du groupe. En se concentrant sur les réalisations de l’association, et non sur celles d’une seule personne, le système parfait de l’organisation pouvait être maintenu.

Chacun possédait des motifs et des faiblesses, ce qui les obligeait à les entreprendre.

Et donc, plutôt que de risquer que tout leur soit retiré si quelqu’un se montrait opportuniste, chacun faisait de son mieux――c’était une sorte d’environnement de travail idéal.

――Comme exemple de ce tout, il pouvait s’agir de la famille, d’un être aimé, de la richesse, de la vie, de bien d’autres choses.

C’était la ligne directrice du garçon qui se présentait comme le leader de l’association. S’accrocher à ces choses comme une assurance, garder des choses comme une mesure de sécurité.

C’était la façon de combattre du garçon lâche, du Roi de la Purge.

??? : “Boss, vous avez oublié votre manteau.”

Roi de la Purge : “Ah, merci.”

Se tenant derrière le garçon qui se dirigeait vers la porte, Halibel drapa doucement un manteau noir sur ses épaules.

Avec cela légèrement drapé sur ses épaules, il ajouta également un mot de rappel――immédiatement après, les moustaches d’Halibel s’engourdirent avec la faible intention de tuer détectée. À son intensité, Halibel baissa les yeux.

La source de cette intention, il n’avait pas besoin de la vérifier, c’était le garçon dans son champ de vision.

Probablement, c’était parce qu’il s’était tenu derrière lui.

Roi de la Purge : “…Halibel-san, je ne veux pas te tuer.”

Halibel : “Hahaha, alors vous pouvez juste ne pas le faire. À la place, utilisez-moi bien.”

Roi de la Purge : “Mais ne serait-ce pas la pire des choses que de se détruire soi-même en ayant trop d’outils… Ce serait une façon assez merdique de mourir.”

Marmonnant cela pour lui-même, réfléchissant à des méthodes pour tuer l’aide derrière lui, le garçon enfila sa veste.

Ces grognements avaient été rapidement balayés, mais les paroles du garçon n’étaient pas une blague. Il essaierait, si c’était possible, de tuer Halibel.

C’était juste que, l’effort nécessaire pour tuer, l’insuffisance de sa préparation pour tuer, et le trouble apporté après le meurtre, c’était simplement cela qui l’avait incliné à ne pas tuer, tous ces facteurs étaient les raisons pour lesquelles il penchait en faveur de ne pas le tuer.

Cecilus : “Boss, boss. Ces offrandes que cette personne a apportées, où doivent-elles être déplacées ?”

Roi de la Purge : “Les offrandes… Le contenu, c’était quoi ?”

Cecilus : “Le contenu était… Ah, il y a une pierre magique. Où a-t-il appris les goûts du boss ? Il est venu en accordant autant de considération, vraiment, je me sens encore plus désolé pour lui.”

Roi de la Purge : “Lui couper la tête était une idée de Cecilus-san donc…”

À l’entrée de la pièce, le garçon, ayant été arrêté, se tordit les joues d’agacement. Et à cette attitude désinvolte de Cecilus, il soupira,

Roi de la Purge : “La pierre magique, je vais te demander de la mettre dans ma chambre. À part ça, fais-en ce que tu veux.”

Cecilus : “Oui, oui, entendu. Et, boss.”

Roi de la Purge : “…Qu’y a-t-il.”

Le garçon avait laissé échapper une voix maussade. Cecilus porta un doigt à son œil, pour les tracer,

Cecilus : “Ces cernes sont assez prononcés. Peut-être que vous devriez dormir doucement aux côtés de la princesse pendant un moment ?”

Aux mots de Cecilus, la langue du garçon claqua.

Cecilus se contenta d’en rire, mais les autres hommes autour de lui se figèrent, la tension dans le corps. Il était possible qu’à cause de cette irritation, la mise à mort de Cecilus soit ordonnée.

Bien sûr, si la situation se détériorait, tuer Cecilus ne serait pas une mince affaire. En utilisant toutes les forces disponibles dans le bâtiment, ils devraient essayer de forcer un match nul avec Halibel dans le lot aussi.

Roi de la Purge : “――Je vais y réfléchir.”

Heureusement, le garçon n’avait pas ordonné cela à la hâte, mais avec ces seuls mots, il se détourna.

Avec cela, le soulagement se répandit dans la pièce, et les hommes regardèrent le dos du chef qui partait. L’incapacité de Cecilus à lire l’ambiance, avait été l’une des plus grandes préoccupations d’Halibel ces derniers temps.

Halibel : “Faire quelque chose en groupe n’est pas vraiment un de mes points forts non plus…”

Secouant de haut en bas le kiseru qu’il tenait dans sa bouche, Halibel contempla la silhouette du garçon qui s’en allait.

Tout d’abord, en tant qu’associé le plus ancien, Halibel s’occupait de la garde et des tâches similaires. Cependant, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur du manoir, les menaces visant à lui faire du mal étaient rares.

Premièrement à cause de la peur, deuxièmement parce que son existence était inconnue de beaucoup.

Halibel : “――――”

Avec précaution, Halibel fixait ce garçon qui évaluait tout avec des yeux plissés.

Dans le bâtiment qui servait de quartier général, la salle de réception n’était pas la seule section décorée d’œuvres d’art et de peintures diverses. L’étalage de cette violente puissance financière permettait une posture de non-agression.

L’étalage de la richesse, l’étalage du pouvoir, servait de dernier recours, afin de ne pas se faire d’ennemis inutiles.

Obtenir la victoire sans combat, comme l’avait dit le garçon, serait l’idéal.

Naturellement, il allait sans dire que la richesse et le pouvoir excessifs suscitaient la jalousie et l’envie des autres. En fin de compte, quoi qu’il advienne, des ennemis apparaîtraient. La méthode du garçon était alors d’en réduire le nombre, aussi simple que cela.

Et, si la quantité d’ennemis était réduite, il suffirait de s’occuper du reste en utilisant la force plus tard.

Roi de la purge : “Halibel-san… S’il te plaît, surveille Cecilus-san avec attention, pour éviter qu’il ne devienne incontrôlable.”

Halibel : “Compris, laissez-moi faire. Boss, allez-vous voir la princesse ?”

Roi de la Purge : “Hmm.”

Le fait qu’il ait accepté la suggestion de Cecilus l’ennuyant peut-être, le garçon répondit par une grimace.

Et puis, ses deux paires de jambes atteignirent la section la plus profonde du quartier général de leur organisation――la partie la plus profonde du bâtiment nommé Pandémonium, ils étaient arrivés devant la porte d’une pièce strictement gardée.

――Sur cette porte, il y avait tant de trous de serrure et de verrous qu’une personne qui la voyait pour la première fois pouvait en frémir.

Le nombre de trous de serrure approchait la cinquantaine, montrant clairement l’importance de ce qui se trouvait de l’autre côté de cette porte, ainsi que la nature méticuleuse, tenace et obsessionnelle de la personne qui l’avait préparée.

Mais, par-dessus tout, ce qui rendait l’obsession du gardien la plus évidente était le fait que, les clés pour entrer dans ces trous de serrure et ouvrir la porte, aucune d’entre elles n’existait dans ce monde.

En d’autres termes, cette porte ne pourrait jamais avoir été ouverte par une méthode normale.

Pour l’ouvrir, alors――

Roi de la purge : “――Puck.”

Puck : “Je suis appelé, et donc j’apparais, nyanyanyan.”

Recevant l’appel du garçon, avec une voix épuisante et des éclairs de lumière excessifs, un chaton à fourrure grise apparut soudainement dans les airs.

Présentant extérieurement une attitude stupide et une apparence mignonne, mais détenant une grande puissance, ce Grand Esprit――l’existence connue sous le nom de Puck, flotta et se posa sur l’épaule du garçon.

Puck : “Yo, tu es de nouveau ici après un bon moment. Est-ce que Lia est la raison de ta venue ?”

Roi de la Purge : “La porte, ouvre-la.”

Puck : “Hmm, c’est quoi ce ton. Si tu gâches l’humeur du père, il pourrait ne pas te laisser voir sa fille, tu sais. Si tu pouvais comprendre un peu mieux les sentiments d’un père avec une fille à un âge aussi avancé, ça me ferait plaisir…”

Roi de la Purge : “Puck.”

Au-dessus de son épaule, Puck caressait ses moustaches. Le garçon l’interpella.

En voyant le visage de ce garçon marqué par de profondes cernes, Puck soupira avec un “Mon dieu, mon dieu”, et ensuite,

Puck : “Tu l’as enduré jusqu’à ce que tu n’en puisses plus, n’est-ce pas ? On ne peut rien y faire. Ton effort est louable, alors je vais laisser passer pour cette fois.”

En disant cela, d’un air satisfait, Puck rassembla ses petits bras et indiqua la porte. Et, à travers les nombreux trous de serrures dépourvus de clés, une faible lumière se répandit.

Puck : “Click.”

Peu de temps après, les faibles lumières se transformèrent en clés faites de glace, et s’ajustant à l’intérieur de la porte, le son de quelque chose s’ouvrant résonna.

La méthode pour ouvrir une porte qui ne s’ouvrait pas――le secret était de créer une clé qui n’existait pas.

Halibel : “C’est admirable la facilité avec laquelle vous trouvez les espaces sans visibilité. S’il y a un trou de serrure, c’est normal de trouver une clé qui y correspond. Mais si quelqu’un essaie d’imiter ça, alors ça deviendrait un problème.”

Puck : “Il y a aussi la question de la longueur d’onde magique. Si quelqu’un d’autre que moi essayait quelque chose de similaire, vous deux, et moi aussi, en serions informés. Et même dans ce cas, je suis toujours là avec Lia.”

Halibel : “C’est vrai.”

Aux paroles de Puck, Halibel comprit et acquiesça.

Sans même prêter attention à leur échange, le garçon posa sa main sur la porte déverrouillée et marqua une pause. Derrière lui, avec un visage feignant l’innocence, se tenait Halibel. Le garçon leva les yeux vers ce visage.

Roi de la Purge : “Halibel-san, tu peux partir maintenant.”

Halibel : “Vraiment ? Mais, je devrais saluer la princesse de temps en temps aussi, vous ne pensez pas… ?”

Roi de la Purge : “Tu peux y aller maintenant.”

Ces mots prononcés sans réfléchir furent rejetés sans ménagement.

Halibel accepta assurément que c’était un refus absolu. Ce n’était pas quelque chose qui valait la peine de refuser de céder, alors Halibel mâchouilla son kiseru et se retira.

Halibel : “Si quelque chose arrive, n’hésitez pas à me réclamer.”

Roi de la Purge : “――――”

Ce garçon lui lançait un regard d’avertissement, sa main toujours sur la porte. Et donc, Halibel lui tourna le dos.

Jusqu’à ce qu’il contourne un angle et ne puisse plus être vu, le regard de ce garçon lui transperçait le dos.

Son employeur et bienfaiteur était toujours vigilant et craintif, plutôt que prudent.

Halibel : “Ah, si je le dis comme ça, il ne me réclamera certainement pas alors.”

Avec un tel marmonnement nonchalant, Halibel cracha de la fumée violette de sa pipe tout en regardant au-dessus de lui.

La fumée toucha le plafond et, n’ayant nulle part où aller, se dispersa.

――La pensée qui lui vint à l’esprit fut que c’était, en quelque sorte, un indice sur leur avenir.

Artiste du fan-art : Todd C.

※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※

Le visage de ce garçon endormi était si paisible qu’on aurait pu croire qu’il était mort.

Roi de la Purge : “――――”

Ayant confié sa tête à ses cuisses, dormant comme au bord de la mort, ce garçon était la cible du regard d’Émilia.

Autour de ses paupières, il y avait des traces sombres qui semblaient avoir été peintes avec de la suie. Le manque de sommeil du garçon et l’environnement difficile dans lequel il se trouvait en étaient la cause.

Émilia : “On dirait qu’il n’a pas dormi encore.”

Puck : “On ne peut pas l’aider, dans sa position il n’a pas la possibilité de se détendre très probablement. Sauf quand il vient voir Lia et qu’il se comporte comme un bébé, de temps en temps.”

Elle lui caressa le front, et arrangea ses cils du bout des doigts. En regardant ce visage endormi libéré par Émilia, Puck flottant enroula sa longue queue autour de son ventre et soupira. De cette façon, il tourna autour d’elle et examina les quartiers personnels d’Émilia.

C’était une pièce blanche.

Des murs blancs, un sol blanc. Un plafond blanc, un lit blanc, des meubles blancs et des rideaux blancs, tout dans la pièce était uni par la blancheur.

Au milieu de cela, Émilia était drapée dans une fine tenue de nuit également blanche, c’était presque pathologique.

Cette pièce était l’étendue de la liberté accordée à Émilia――une cage à oiseaux, dans laquelle elle était confinée.

Émilia elle-même se demandait encore s’il était approprié d’utiliser des expressions telles que “confiné”.

Puck : “Lia, es-tu toujours en colère contre cet enfant ?”

Émilia : “…Je me pose la question.”

Émilia hésita à répondre à la question de Puck.

Ce n’était pas qu’il était difficile de mettre des mots dessus. Elle n’était simplement pas sûre de ses propres sentiments.

Eh bien, elle avait certainement été en colère au début, mais même maintenant, ils ne s’étaient pas encore réconciliés.

Ils n’avaient même pas le temps de s’excuser l’un l’autre. Sans résoudre ce problème, le temps avait simplement passé, et la vie quotidienne avait simplement continué.

Émilia : “Mais, je suis en colère contre toi, Puck. Tout en me cachant la vérité, tu as planifié le départ tout seul.”

Puck : “Désolé. Mais ça ne pouvait pas être fait autrement. Il n’y avait aucune chance que je te confie à un Roswaal dans cet état, non ? Entraîner quelqu’un dans une situation et un endroit dangereux, pour ensuite se défiler, c’était assez irresponsable de sa part. Cela dit, si c’est pour la sécurité de Lia, c’est facilement la meilleure option.”

Émilia : “――――”

Puck : “Éviter de nuire à Lia, ce garçon et moi étions du même avis.”

Puck avait donc donné son accord à l’offre secrète d’emmener Émilia hors du manoir de Roswaal, et n’avait pas hésité à renoncer à la Sélection Royale et à coopérer avec l’organisation.

Et avec seulement Émilia qui ignorait tout, quand elle avait enfin réalisé, elle s’était retrouvée dans cette chambre blanche, comme un oiseau pris dans une cage――

Mais le fait qu’elle n’ait pas le droit de critiquer la décision de Puck, Émilia l’avait aussi compris.

Émilia : “Parce que, au final, je ne pouvais rien faire…”

La Sélection Royale, pour déterminer le prochain Monarque du Royaume de Lugnica――dans cette bataille, Émilia avait clairement subi une défaite tragique, se contentant d’une défaite par défaut.

La principale raison en était qu’elle avait refusé d’assister à la Réunion des Candidates Royales. En conséquence, sa participation à la Sélection Royale n’avait pas été reconnue. Cela signifiait que le soutien d’Émilia, Roswaal L. Mathers, et elle avaient tous deux perdu leur statut ; c’était la signification de l’état déséquilibré de ce dernier.

En bref, Émilia n’avait même pas manifesté la volonté de participer à la Sélection Royale, et son soutien Roswaal avait donc perdu ses qualifications. Le Camp d’Émilia s’était effondré avant sa première tâche.

Ainsi, Émilia avait vu l’échelle se dérober sous ses pieds, et avait donc été vaincue sans pouvoir rien faire.

Émilia : “…Mon souhait…”

C’était de créer un monde sans discrimination.

Créer un endroit où les naissances des demi-elfes et des autres ne serviraient pas d’évaluation définitive dans la vie future de chacun, tel était le souhait maladroit d’Émilia.

Cependant, sans même avoir eu la chance d’être prononcé à voix haute, ce souhait avait disparu comme un fantasme de rêve.

Au-delà de ce souhait, la libération du village natal d’Émilia――la tâche de sauver les résidents de la forêt d’Elior, toujours dans un sommeil glacé, cela aussi elle n’avait pas été capable de le faire.

Puck : “Il serait préférable de retourner dans la forêt plutôt que de vivre dans une maison sans défense comme celle-ci, mais Lia était dans une situation où même cela était impossible. Comme tu peux l’imaginer, quand le premier représentant est arrivé, j’étais vraiment surpris.”

Émilia : “…Vraiiiment surpris. Parce que…”

Le garçon qu’elle était venue rencontrer ici, Émilia le croyait mort.

――Son destin de ne pas participer à la Sélection Royale avait été déterminé par la mort de la servante du manoir.

Rem, c’était la fille qui était devenue la première victime de l’agitation causée par les bêtes démoniaques. Le garçon, un étranger qui avait brièvement travaillé au manoir, avait été suspecté de sa mort.

Le garçon n’avait pas supporté cette suspicion, et s’était donc enfui. À sa poursuite, la grande soeur de Rem, Ram, avait aussi quitté le manoir――pour ne jamais revenir.

L’effondrement avait probablement commencé à partir de là.

La cause de la mort de Rem avait été identifiée par la suite comme étant la malédiction des bêtes démoniaques, une fois que les dégâts s’étaient étendus au village voisin. Les deux désastres s’étant superposés, cette situation était irrécupérable.

En raison du chaos causé par les bêtes démoniaques, Roswaal avait perdu sa position, sans même saisir l’occasion de se rétablir. Émilia n’avait pas annoncé sa participation à la Sélection Royale, et avait connu la défaite sans être vaincue ; une humiliation pour elle. Le manoir ne cessait de décliner vers le pire, se dirigeant vers un effondrement indésirable.

Ce fut alors.

Emportée par l’impuissance de ne rien pouvoir changer, Émilia passait ses journées sans rien faire. Mais un jour, ce garçon, qui était censé avoir disparu, était venu la chercher.

Émilia : “――――”

Puck avait rapidement réagi à cela. Mais Émilia était en colère contre ce garçon.

Sans se soucier de ses sentiments, sans aucune explication, ni lors de sa première disparition, ni même à son retour, sans rien dire, il l’emmenait soudainement.

Il pourrait même avoir été le catalyseur du début de l’effondrement du monde qui entourait Émilia. Malgré cela―――

Émilia : “Comme ça…”

Réuni avec Émilia, le garçon au visage frêle épuisé par la peur, encore pire que celle qu’il possédait maintenant, s’était accroché, avait pleuré et l’avait suppliée de l’aider.

Et devant ce garçon braillant comme un enfant, Émilia avait oublié d’être en colère.

Peut-être qu’elle était naïve. Peut-être qu’elle était docile.

Et, malgré tout, Émilia ne se jugeait pas digne de le gronder, ce garçon qui ressemblait à un enfant, qui avait fini par dévoiler son visage endormi de bébé.

Alors, le garçon allait voir Émilia pour trouver son salut.

Il venait à son encontre, sans dire un seul mot de ce qu’il faisait en dehors de la porte de sa chambre, se contentant de sangloter tristement et de parler de ses propres sentiments, confiant sa vie aux genoux d’Émilia.

Si elle recevait une forte confiance, ou si elle était méprisée et humiliée, cela dépendait de ce que pensait Émilia. Et cette dernière n’était pas en mesure de donner une réponse à cela.

Émilia : “Évidemment, ce n’est vraiiiiment pas sain…”

Ce n’était pas un état normal, même l’immature Émilia l’avait compris.

Cependant, Émilia, tout en acceptant les larmes de ce garçon qui s’accrochait, en regardant la forme du garçon qui prenait du repos pendant un instant, en son for intérieur, elle était incertaine.

Émilia : “――――”

Concernant les intervalles dans lesquels le garçon sollicitait Émilia, c’était environ une fois tous les dix jours.

En dehors de cela, il luttait désespérément, réduisant même ses heures de sommeil.

Vraiment, ils n’avaient pas échangé beaucoup de mots.

Mais de cette façon, le garçon venait secrètement la chercher une fois tous les dix jours.

Émilia : “…Subaru est vraiment un imbécile.”

―――Peut-être se languissait-elle de ces visites, Émilia en avait pris conscience.

※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※

―――Si une pièce d’or tombait sur face, avec seulement ça, n’importe qui serait tué.

À cette méthode anormale de son maître, Frédérica ne pouvait cacher son dégoût.

Nettoyant un cadavre sans tête tombé dans le hall de réception, Frédérica avait ensuite replacé le tapis souillé, puis préparé les repas des mercenaires du Pandémonium.

Frédérica : “Le destin des autres, littéralement confié à la chance… As-tu l’impression d’être devenu un dieu ?”

Soulevant le corps entier d’un cadavre, Frédérica, ne connaissant que trop bien la raison de son impuissance, fit claquer ses crocs acérés les uns contre les autres, confinant ses sentiments en son for intérieur tout en tremblant de colère.

Frédérica Baumann était employée et travaillait dans l’organisation car le Roi de la Purge, son chef, avait une princesse――Émilia, qui avait supplié avec véhémence en son nom.

Ce jour-là, alors que le manoir se remplissait d’air froid et de givre, elle avait été convaincue de perdre la vie à cause de ce Grand Esprit traître. Pourtant, pour une raison quelconque, elle s’était réveillée ici.

Dès lors, ayant été équipée d’un collier autour du cou, elle était utilisée comme servante, pour servir cette personne détestable.

Pourquoi diable, à quel point son travail avait-il été inepte pour qu’elle soit maintenant soumise à ce genre de travail absurde ?

Frédérica : “――Maître, pardonnez-moi, s’il vous plaît.”

Pour les repas de son propriétaire, la règle voulait que Frédérica les porte directement dans sa chambre.

Il ne confiait cette tâche à personne d’autre que Frédérica, et n’admettait pas dans sa bouche de la nourriture cuisinée par une autre personne qu’elle. Qu’il s’agisse d’une chose honorable, elle ne le ressentait absolument pas.

Tout d’abord, ce n’était pas par goût ou par confiance que cette tâche avait été confiée à Frédérica. C’était simplement parce que Frédérica ne tenterait pas de choses stupides, c’était le genre de conviction qu’il avait.

??? : “Entre.”

Avec le bruit de nombreuses serrures se déverrouillant, un ordre grossier permit l’entrée de Frédérica dans la pièce.

Suivant ces ordres, avec le chariot de nourriture en remorque, Frédérica mit un pied dans la chambre de son maître.

La chambre de son maître, contrairement au décor et à l’intérieur luxueux du bâtiment, était grande, mais assez simple et terne, une pièce sans humanité.

Les quatre coins de la pièce contenaient de nombreux livres qui n’étaient pas distingués par leur sujet. Des livres empilés en désordre étaient entassés partout, et c’était un endroit que l’ordonnée Frédérica ne pouvait supporter. Mais, cette personne détestait profondément qu’on nettoie sa chambre.

Peut-être se méfiait-il de l’installation de quelque chose dans sa chambre.

Savoir que c’était impossible, mais être quand même à l’affût, ce n’était pas être prudent mais plutôt lâche――c’était définitivement un comportement méprisable.

Frédérica : “Maître, dois-je faire ce que je fais habituellement avec ces documents tombés ?”

Subaru : “…Hmm. Ouais, fais-le. Tu peux les montrer à quelqu’un qui a l’air de les comprendre.”

Avec ces mots, les quelques documents qui jonchaient le sol de la pièce, écrits dans une écriture désordonnée, furent écartés par son maître désintéressé.

À première vue, ils semblaient simplement être des brouillons jetés, mais ils étaient en fait la source de la richesse de l’organisation――les nombreuses créations mystérieuses réalisées par le Roi de la Purge.

Subaru : “Ça ne sera peut-être pas très utile… Les moteurs ou les choses comme ça, je ne comprends pas du tout le mécanisme. Comme prévu, les différents types de nourriture sont les plus faciles à comprendre…”

Marmonnant des plaintes, regardant ailleurs qu’ici se trouvait son maître.

Il parlait de connaissances et de pratiques culturelles que personne n’avait jamais vues, découvertes ou remarquées, qu’il s’agisse de pistes ou de résultats finaux.

En rencontrant beaucoup de gens, ce garçon aux cheveux noirs avait à plusieurs reprises pris de grandes décisions――comme s’il avait été marqué par le destin, il avait beaucoup d’idées uniques, et en tant que pionnier de la culture, on lui avait accordé son génie.

Avec ces nombreuses connaissances dont il parlait, les experts des domaines d’études qui étaient en sommeil avaient été ranimés par une nouvelle flamme.

Ces experts examinaient et discutaient avec sérieux des paroles blagueuses de ce garçon, qui représentaient des possibilités incompréhensibles pour le commun des mortels, pour finalement les établir en théories.

C’est ainsi que le garçon qui ne possédait rien avait été élevé au rang de grand méchant, avec d’énormes profits à la clé.

Subaru : “À ce stade, appeler ça un modèle sans parallèle fait de connaissances futures n’est même plus drôle.”

Frédérica se souvenait que son maître avait marmonné des mots aussi étranges en réponse aux louanges de ses réalisations, par le passé. Elle se souvenait également qu’il n’avait pas du tout souri en prononçant ces mots.

Ainsi, d’une part, en causant la souffrance de nombreuses personnes et, d’autre part, en donnant naissance à beaucoup de bonheur, son maître aux cheveux noirs était assez malhonnête.

Même en tant qu’existence problématique contre laquelle l’humanité devrait lutter, il y avait une valeur certaine dans son esprit.

Cet être inaccessible, était définitivement unique en son genre dans ce monde en matière de difficulté de manipulation, il n’y avait pas de doute――peut-être que dans ce sens, il aurait pu avoir quelque chose en commun avec Roswaal.

Frédérica : “――――”

Subaru : “Frédérica, la nourriture. D’abord, prends une bouchée.”

Même si elle était plongée dans ses pensées, Frédérica préparait sans cesse le repas à servir.

Ce garçon n’avait que la peau sur les os, l’apparence d’un squelette. Ce n’est pas que ses portions étaient insuffisantes, le problème était surtout psychologique. 

Après avoir infligé et subi de nombreuses blessures, tout en vivant confortablement, il était comparativement assez maigre en apparence. En tant que responsable de ses repas, ça ne lui faisait pas plaisir, mais il ne vomissait probablement pas parce qu’il le souhaitait.

Frédérica : “Maître, avec cela.”

Pourquoi les repas étaient-ils préparés pour deux ?

Tous les menus étaient pour deux, placés dans de grandes assiettes, et posés sur la table. Et de chaque assiette, Frédérica mangeait une seule bouchée, car vérifier la présence de poison était l’un de ses rôles.

Elle n’avait jamais pensé à l’empoisonner. Mais si elle l’avait voulu, elle l’aurait fait.

C’est juste que, pour Frédérica, le travail de domestique avait pris une grande partie de sa vie, et c’était précieux pour elle. En gardant à l’esprit les personnes qui lui avaient tout appris, et celles qui étaient impliquées avec elle, elle ne voulait pas commettre d’actes de violence.

Frédérica : “Alors, je serai dehors, s’il y a quelque chose, appelez-moi.”

Subaru : “Hmm.”

Pendant les repas, son maître n’aimait pas être vu.

Pour cette raison, après avoir fini de préparer le repas, Frédérica sentit qu’il était temps de partir et se retira de la pièce.

Ce jour-là aussi, elle avait l’intention de quitter la pièce et d’attendre dehors――quand soudain, quelque chose attira son attention.

Sur le bureau était étalée une liste écrite contenant les noms des membres de l’organisation.

Placée à côté de cette liste, une pièce d’or pouvait être vue.

À cet instant, ayant compris la signification de cette pièce, Frédérica ne put cacher la peur qui lui parcourait le dos.

Frédérica : “Maître――”

Subaru : “Frédérica.”

En se retournant, des yeux noirs vides fixaient Frédérica, qui avait appelé son maître.

Le souffle de Frédérica fut coupé par cet abîme. Devant elle, son maître se rapprocha lentement du bureau et couvrit la liste dépliée.

Puis, d’un coup de pouce, il fit voltiger la pièce d’or juste à côté,

Subaru : “――Pile.”

Avec un bruit insouciant, la pièce lancée tomba dans la main gauche du garçon. En l’attrapant, et après avoir vérifié le côté orienté vers le haut, le garçon sourit en direction de Frédérica.

Subaru : “C’était pile, Frédérica――ton frère et ta grand-mère sont sains et saufs.”

Frédérica : “――Ah.”

Subaru : “Sors. Et ne reviens pas avant que je ne t’autorise à entrer.”

Aux paroles de son maître, Frédérica hocha la tête comme une poupée sans parler.

Et ainsi, incapable de cacher les larmes qui montaient dans ses yeux, elle quitta la pièce alors que ses joues étaient humidifiées par des larmes chaudes. Peu après, Frédérica se mit à courir en se couvrant le visage.

Frédérica : “Uh, uhhhh… Waaaaah !”

Elle ne pouvait rien dire, ni à personne, ni à quoi que ce soit. Partager ce qui s’était passé ne serait pas pardonné.

Pourquoi les choses étaient-elles devenues ainsi ?

Pourquoi cela lui était-il arrivé ?

Ces jours lointains au manoir, avec ces enfants pas du tout mignons, cet enfant mignon, ce maître sans espoir――où étaient passés ces moments ?

※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※

――Ayant reçu un mot d’un messager secret, Cecilus ferma un œil et regarda la lune.

Cecilus : “Hmm, hmmhmm, hmmhmmhmmmm~.”

Tordant son cou et se courbant la taille, assez bas pour que les pointes de ses longs cheveux puissent effleurer le sol, il inclina sa forme.

Par nature, la réflexion n’avait jamais été son meilleur attribut. Cecilus n’avait pas reçu d’éducation formelle, et avait vécu sans avoir l’intention d’apprendre des choses en premier lieu. En années, sa vie se chiffrait à environ vingt, mais il l’avait passé à une seule chose.

Il avait passé de nombreuses années à manier l’épée, ce dont il était fier.

Puisqu’il ne vivait que pour cela, dans son cœur, il souhaitait éviter les sujets difficiles.

Cecilus : “Eh bien maintenant, comment cela doit-il être fait. Quant à moi…”

Redressant son corps courbé, Cecilus secoua la poussière de ses cheveux qui avaient touché le sol. Et posant une main sur l’épée à sa taille, il se retourna avec un mouvement semblable à une danse,

Cecilus : “Hey, Halibel-san. Qu’est-ce que tu en penses ?”

Halibel : “Quoi, c’est scandaleux que tu m’aies trouvé alors que je gardais le silence, et que tu sois si peu gêné.”

Sur le balcon du château――sur le balcon du Pandémonium, sous la lumière de la lune et du ciel, le shinobi homme-bête émergea de l’ombre.

Ayant été détecté, Halibel se gratta la tête et s’approcha de Cecilus, le visage de ce dernier restant imperturbable.

Il sortit le kiseru de sa poche, l’introduisit dans sa bouche et en alluma le bout. Il inhala, et expulsa une fumée violette.

Halibel : “À l’instant, qui était ce messager qui se faufilait ?”

Cecilus : “Ça ? ――Disons que c’était l’un des Neuf Généraux Divins, mais… Eh bien, si c’est Halibel-san, le meilleur shinobi du monde, il n’est pas étonnant qu’il ait été repéré.”

Halibel : “Ce-san, tu n’es pas du tout fait pour les trucs secrets. Ne viens-tu pas de révéler que tu n’as jamais rompu les liens avec l’Empire Vollachien ?”

Cecilus : “Mais, Halibel-san, n’étais-tu pas déjà au courant ?”

Halibel : “――――”

Halibel, qui arborait déjà un sourire gêné, sourit encore plus au commentaire de Cecilus.

Que ce ne soit pas un signe négatif, Cecilus en était franchement conscient.

Cecilus : “À l’origine, travailler avec le boss était conforme à l’ordre de son Excellence. Bien sûr, le fait que j’ai accepté l’invitation du boss et que je sois venu de ce côté n’est pas un mensonge.”

Halibel : “Avec le collier de l’Empire autour de ton cou… Eh bien, les mouvements de Su-san, s’ils sont bien utilisés, il serait facile de les transformer en profit pour ton pays. Cette connaissance venant d’un endroit inconnu serait plus facilement acceptée à Kararagi et Vollachia plutôt qu’à Lugnica et Gusteko.”

Cecilus : “Ça le serait, oui.”

Rentrant ses mains dans les manches de son kimono, Cecilus reconnut qu’il était un espion.

La raison pour laquelle Cecilus avait coopéré aux activités de l’organisation, comme il l’avait déclaré, était pour suivre les ordres de l’Empereur de Vollachia. Cependant, l’Empereur, connaissant le tempérament de Cecilus, n’avait pas donné d’instructions spécifiques. Non pas qu’il aurait pu s’en souvenir, même s’il l’avait fait.

Le rôle de Cecilus, conformément aux ordres, était de――

Cecilus : “Tout ce que j’ai à faire, c’est tuer ceux que le boss ordonne de tuer, à part Son Excellence. Donc, c’est comme d’habitude.”

Halibel : “Ce-san, n’es-tu pas plus assassin que moi, un shinobi ?”

En tant que shinobi, en tant qu’assassin, il était loin derrière Halibel. Mais, en cas de combat frontal, Halibel n’était pas de taille pour Cecilus.

Cecilus : “Eh bien, alors que tu viens de me surprendre sur les lieux de ma rencontre avec un messager secret, que penses-tu faire ? Tu as l’intention de te battre contre moi en mettant ta vie en jeu ?”

Halibel : “Cela dépend de la nature du message.”

Cecilus : “Hmm, tu veux dire son contenu.”

Halibel : “Si son contenu signifie la mort de Su-san, je suppose que je dois me battre pour y mettre fin.”

Tenant son kiseru entre ses doigts, laissant échapper une bouffée de fumée violette, la fourrure d’Halibel voltigeait au gré de la brise froide de la nuit.

Entendant qu’il était prêt à se battre jusqu’à la mort pour son maître, Cecilus, avec un “je vois”, hocha la tête.

Cecilus : “Je me questionne depuis longtemps maintenant. Pourquoi Halibel-san agit-il pour le boss ? Ce n’est pas par loyauté sincère envers Son Excellence comme moi.”

Halibel : “Pour rembourser une grâce que j’ai reçue.”

Cecilus : “――Quelle sorte de faveur peut-elle être, celle qu’a reçue Halibel-san ?”

Ces mots inattendus étaient sortis à toute vitesse et, après les avoir écoutés, Cecilus posa la question avec une surprise sincère. Selon la personne, ce geste serait assez effronté pour être considéré comme impoli, mais Halibel ne dit rien de particulier.

Au lieu de cela, il observa la lune suspendue dans le ciel nocturne――

Halibel : “À l’époque où j’ai rencontré Su-san, il y a eu un incident dans un coin de Kararagi. C’était, eh bien, un incident qui impliquait les Quatre Grands Esprits… Su-san s’en est occupé.”

Cecilus : “Huuuh, les Quatre Grands Esprits ! Je connais l’un d’entre eux, mais on ne peut pas vraiment leur parler, tu sais. Je n’arrive pas à croire qu’ils ont été calmés… Huh, peut-être que le boss est plus fort que je ne le pensais…”

Halibel : “Nah, nah. Ce n’était pas une situation agressive comme ça. Ce qui a… Je ne sais pas ce qui a été le facteur décisif, pour sûr. Mais tu sais comment Su-san fait des prédictions bizarres parfois ? C’était probablement ça.”

Remettant sa lame dans son fourreau, Cecilus, un œil fermé, écouta l’explication d’Halibel.

La raison pour laquelle cela semblait à la fois convaincant et douteux était que Cecilus évaluait ce garçon, son patron, de manière similaire, sous certains aspects.

Halibel les avait qualifiés de prédictions bizarres, mais Cecilus ne voyait pas les choses ainsi.

Se préparer à tout était l’arme d’un lâche, pensait-il. Et, Cecilus pensait qu’il était souhaitable de respecter les forts.

Cela signifiait que, quelle que soit la méthode de combat, celui qui utiliserait avidement n’importe quoi pour gagner serait reconnu par lui comme un guerrier.

Cecilus : “Eh bien, en tant que fort parmi les épéistes, si possible, rester avec une épée me convient le mieux.”

Halibel : “Ce-san, Ce-san, as-tu fini avec ma discussion ?”

Cecilus : “Oui, ça suffit. De toute façon, ce n’est pas comme si j’avais pensé à soupçonner Halibel-san ou quelque chose comme ça. Contrairement à l’Empire, les Cités-États ressemblent plus à un méli-mélo de têtes… Si tu me disais que tu travailles pour quelqu’un d’autre, je te ferais beaucoup plus confiance.”

Sur cette déclaration, Halibel semblait épuisée et déçue. À ce moment-là, Cecilus inclina la tête, et avec un “Ah”, comme s’il s’était souvenu de quelque chose, il frappa ses mains l’une contre l’autre.

Cecilus : “C’est vrai, c’est vrai, j’oubliais. Le messager secret avec lequel j’ai pris contact il y a un moment.”

Halibel : “C’est bon de me le dire ?”

Cecilus : “Si je ne te le dis pas, je pense que cela causerait beaucoup de difficultés. Pour être tout à fait honnête…”

Puis, Cecilus informa Halibel, un grand sourire sur le visage,

Cecilus : “――Alors que le meurtre de l’ancien Margrave a fait surface, le Royaume vient détruire l’organisation pour de bon.”

Artiste du fan-art : ???

※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※

――Et ainsi, nonchalamment, le moment de la fin arriva.

??? : “Merci beaucoup de m’accorder une audience avec vous aujourd’hui.”

En disant cela, accueilli comme un invité dans la zone de réception, ce jeune homme faisait face au Roi de la Purge avec une attitude digne.

Subaru : “――――”

Ce garçon avait tué beaucoup de gens, effacé beaucoup de vies, saisi beaucoup de faiblesses.

Il y avait eu de nombreuses situations dans lesquelles les gens, pour garder le calme, avaient bluffé en présentant un visage courageux.

Subaru : “――D’une certaine manière, ta confiance est remarquable, tu ne sembles pas très différent de moi.”

Jeune homme : “――Merci pour ces soudaines paroles de louange.”

Celui dont la tête était inclinée était un jeune homme à la silhouette délicate, portant un costume noir et une cravate.

Il y avait un regard doux sur son visage, mais dans ses yeux, d’une certaine manière, une obscurité faible pouvait être vue. Le sourire qu’il affichait était probablement faux. Il savait pertinemment qu’il serait percé à jour.

Pas téméraire, mais plein de courage――telle était l’impression mitigée de ce jeune homme.

Subaru : “Voyons voir, tu dois être…”

Jeune homme : “Pour être franc, dans un avenir proche, nous avons l’intention de faire des affaires à grande échelle ici. Pour cette raison, nous avons cherché une occasion d’envoyer nos salutations à l’organisation, et d’offrir des présents, tout d’abord.”

Subaru : “Je vois, c’est, eh bien, merci pour ta considération.”

Cette posture consistant à progresser en fonction de son rôle sans broncher laissait une bonne impression.

Empruntant cette attitude, le garçon se changea, pour remplir intensément son propre rôle également.

Jeune homme : “Ce sont les offrandes de notre part――nous avons entendu dire que le dirigeant les désirait.”

Subaru : “Huh.”

Après avoir été apporté et le couvercle de sa boîte ouvert par un serviteur, le jeune homme présenta l’offrande accrocheuse.

À l’intérieur, il y avait beaucoup de pierres――de Pierres Magiques. Comme pour affirmer sa plus grande pureté, la concentration de Mana remplissant la pièce s’était accrue.

Fixant l’offrande, le Roi de la Purge marmonna.

Subaru : “De quelle couleur sont les plus nombreuses ?”

Jeune homme : “――?”

??? : “Les nuances de rouge et de bleu semblent être les plus importantes, mais si vous regardez plus loin à l’intérieur, il y a aussi du jaune et du vert… On a l’impression que l’ensemble est là. Comme c’est attentionné.”

À cette question au sens inconnu, le jeune homme manifesta de l’hésitation pour la première fois.

Au lieu du jeune homme, c’est Cecilus qui avait répondu, se tenant à côté du Roi. Après avoir reçu ce rapport de Cecilus, le Roi hocha solennellement la tête.

Subaru : “Si tel est le cas, alors je t’en remercie. Je suis prêt à recevoir ta considération. Uhhh…”

Jeune homme : “Ceci vient de Russell Fellow.”

Subaru : “Hmm, je vois. Russell Fellow, c’est ça. Si un problème survient…”

Puis, le Roi de la Purge interrompit ses paroles.

La raison en était que le jeune messager, qui, pour l’empêcher de parler, avait ouvert une main.

À cet instant, un léger murmure se répandit dans la pièce. Ses paroles ayant été interrompues, quelle réponse le Roi de la Purge allait-il donner à cette action ; les gardes s’excitaient.

Cependant, dans une telle situation, seuls Halibel, Cecilus et le jeune homme impliqué étaient restés calmes,

Jeune homme : “S’il vous plaît, attendez. En vérité, les offrandes, ce n’est pas leur totalité.”

Subaru : “――Huh. Alors je suis encore plus impressionné.”

Après avoir écouté les paroles de cet homme, le Roi répondit ainsi, et la tension se relâcha légèrement.

Là, dans cette atmosphère où la pression avait diminué, le jeune homme hocha profondément la tête. Et ainsi――

Jeune homme : “――Du Royaume de Lugnica, on pourrait appeler cela la réponse aux atrocités du Roi de la Purge.”

――Immédiatement, un déluge de lumière blanche engloutit toute la salle de réception, la faisant voler en éclats.

Un incroyable torrent de lumière avait englouti la luxueuse salle de réception du Château Magique Pandémonium ; comme pour la purifier, elle s’était transformée en poussière blanche.

Ceux qui avaient péri à cause de cette lumière blanche, sans même savoir ce qui les avait frappés, étaient au nombre de dix-huit――chacun était un guerrier de grande compétence, chacun avait son nom connu de tous, mais ceci n’était plus de leur portée.

Même si à ces hommes vaincus on avait pu dire la vérité sur ce qui s’était passé, aucun d’entre eux ne l’aurait cru.

――Le souffle qui les avait tous vaporisés, avait été porté par un seul coup.

Le siège de l’organisation s’était effondré.

L’endroit où les choses importantes étaient rassemblées, avait été balayé par cette brillante existence dominante.

Le Roi de la Purge avait été finalement reconnu comme un ennemi du monde, ayant commis une multitude d’actes maléfiques.

L’assassin envoyé par le Royaume Draconique pour subjuguer cette existence, n’était nul autre que――

??? : “Reinhard van Astrea, de la lignée des Maîtres Épéistes.”

Celui qui rendait tous les efforts inefficaces, l’absurde marteau de fer divin, s’était manifesté.

Artiste du fan-art : ???

※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※

Dans ce parloir détruit, un homme se tenait debout, serein.

Des cheveux cramoisis, des yeux bleus qui imitaient le ciel, un uniforme de chevalier blanc qui ne laissait pas un grain de poussière, le Chevalier Parmi les Chevaliers se tenait là, comme sorti d’un tableau.

Dans la main de ce chevalier, une épée sacrée s’était brisée en d’innombrables morceaux.

En un seul coup, une arme fabriquée par un grand forgeron qui avait inscrit son nom dans le monde était réduite en poussière comme si elle n’était rien. En compensation, l’homme qui avait accumulé actes de barbarie sur actes de barbarie et son groupe allaient être happés par un seul coup――

??? : “――Tu n’es pas du tout un adversaire mignon, tu le sais, non ?”

Reinhard : “――――”

Comme un coup de tonnerre brisant la fumée, un terrible coup d’épée se rapprocha de Reinhard.

Ainsi, avec un impact semblable à celui du tonnerre, le corps de celui qu’on appelait le Maître Épéiste fut projeté en arrière. Cependant, son corps n’avait pas été tailladé――le fourreau de son épée bien-aimée avait été utilisé pour le bloquer.

Non pas avec les mains, mais en tordant son corps pour recevoir l’entaille avec le fourreau, avec un mouvement proche de l’acrobatie, le jeune homme, Reinhard, décocha alors une frappe de son propre chef――à ce moment-là, Cecilus, laissa échapper un sifflement.

Cecilus : “Oh, je vois que tu es toujours complètement au-delà du domaine des humains… Cela me rend si heureux, Reinhard-san !”

Reinhard : “Je crois que je ne suis pas très heureux de nos retrouvailles, Cecilus-dono.”

Portant l’Épée Démoniaque Murasame sur son épaule, Cecilus chassa un peu de poussière sur le sol avec ses zōri. Ayant été accueilli par ce seul coup au lieu d’un véritable, Reinhard fronça les sourcils.

Puis, plissant les yeux vers le fond de la pièce, la fumée se dissipa,

Reinhard : “…ça ne l’a pas atteint, hein.”

Cecilus : “Ohh, ça n’a pas atteint le boss, hein ? Eh bien, c’était un coup à un endroit où Halibel-san et moi montons la garde, c’est un endroit difficile à atteindre. Mais, pour être honnête, je n’ai pas particulièrement bougé en pensant à protéger le boss, donc Halibel-san a cent pour cent du mérite.”

En disant cela, dans la salle intérieure, là où Cecilus désignait innocemment du menton――sur le trône enveloppé de fumée se trouvait le Roi de la Purge reposant son menton dans ses mains, et le protégeant de son dos, se trouvait la silhouette d’Halibel.

Cet Halibel, soufflant une fumée violette du kiseru qu’il tenait dans sa bouche―――

Halibel : “Ce-san, une correction. Ce n’est pas ma réalisation.”

Cecilus : “Eh bien alors, c’était mon pouvoir caché…”

Halibel : “Ce n’est même pas ça. C’était le travail de Su-san… Ce trône est définitivement protégé par une espèce d’énorme pouvoir. Bien que, nous n’en ayons jamais entendu parler.”

À la vue de ce Cecilus qui fixait sa main en tremblant, Halibel secoua la tête.

Puis, derrière Halibel, le Roi de la Purge qui était assis sur le trône jusqu’à présent, se leva. Et, saisissant l’écharpe orange qu’il portait autour du cou,

Subaru : “J’ai vu ta frappe auparavant dans la Maison du Receleur. Se préparer à cela est tout à fait naturel.”

En déformant ses joues, il afficha un sourire très sinistre.

Ce n’était rien d’autre que les retrouvailles du Roi de la Purge――non, de Natsuki Subaru avec Reinhard.

Reinhard : “Subaru… !”

Subaru : “Tu as vraiment tiré le mauvais numéro, Reinhard. Si tu ne m’avais pas aidé à la Maison du Receleur, les choses ne seraient pas devenues ce qu’elles sont maintenant――mais dans ce cas, tu n’aurais jamais été en mesure de rencontrer ton précieux maître, je suppose que ça n’a pas si mal tourné pour toi, n’est-ce pas ?”

Reinhard : “――Kh.”

Émergeant de derrière Halibel, Subaru tira la langue à Reinhard.

À cette forme diabolique, les joues de Reinhard se raidirent comme si elles étaient douloureuses. Se balançant tristement, ses yeux bleus fixèrent Subaru, avec une expression malveillante et haineuse.

Mais soudainement, cette expression disparut.

Subaru : “――C’est quoi ce bordel. Après tout, tu es aussi noir et blanc ?”

Reinhard : “――? Noir et blanc ? C’est…”

Subaru : “Tais-toi, sale menteur――alors il n’y a pas moyen que je me laisse mourir par ta faute.”

Avec des mots sans émotion, Subaru détourna les yeux, ayant perdu tout intérêt pour Reinhard. Et comme ça, il donna un coup sur l’épaule d’Halibel, puis fixa Cecilus qui faisait face à Reinhard,

Subaru : “Cecilus, fais ce que tu veux, j’ai déjà perdu tout intérêt.”

Cecilus : “――Je n’y comprends pas grand chose, il semble que le boss et moi voyons les choses différemment. Mes remerciements pour le digne adversaire, acceptez-les.”

Subaru : “Nous voyons les choses différemment… Haha, c’est logique. Même à la fin, tu me fais rire.”

Comme si quelque chose dans les paroles de Cecilus était drôle, Subaru claqua son genou avec amusement.

Puis, son sourire disparut immédiatement,

Subaru : “C’était agréable à sa façon. Cecilus, comme tu n’avais pas de faiblesses, tu n’étais pas mon préféré.”

Cecilus : “Pour moi, ce sera juste que――la mayonnaise fait peur.”

Subaru : “Ha~!”

À cette affirmation insolente de Cecilus, Subaru rit comme s’il était enchanté.

L’apparence de Subaru, tenu dans les bras d’Halibel, sombra dans l’ombre. Et c’est ainsi que Subaru et Halibel quittèrent cette situation difficile.

Reinhard : “Attends ! Notre conversation doit encore avoir lieu…”

Cecilus : “―――C’est la fin de tout ça, Maître Épéiste. Si tu ne veux pas que ça s’arrête là, alors rejoins-le et recommence. Mais avant cela, ce fidèle subordonné du Roi de la Purge va te barrer la route.”

Reinhard : “Kuh… Kh.”

En essayant de poursuivre les disparus Subaru et Halibel, Reinhard sentit quelque chose effleurer sous ses pieds.

Déchirant le sol en ligne droite, ce coup, sans que la lame ne soit visible un seul instant, était un éclair extraordinaire rendu viable par une vitesse de rotation écrasante. Rien de plus qu’une épée qui avait atteint l’apogée de l’épée.

Cecilus : “Malheureusement, il est trop tôt pour être évalué de cette manière. Je suis encore au milieu de l’ascension de cette montagne. Si je peux surmonter une étape de plus, je pense que je peux l’atteindre.”

Reinhard : “Atteindre, où ?”

Cecilus : “Bien évidemment, la Lame Céleste.”

À cet instant, un bruit semblable à celui de l’air qui gelait, comme si on le coupait et le tuait, se fit entendre.

Un épéiste qui avait vraiment atteint le pinacle de l’épée――non, c’était l’esprit de combat transparent émis par l’épéiste, qui atteignait un niveau assez monstrueux pour provoquer des situations insondables, contraires au bon sens.

Cette incarnation de l’épée qui se tenait là ; rien qu’en touchant cette lame, même les choses invisibles périssaient.

Cecilus : “J’attendais cette opportunité――une chance de croiser le fer avec toi.”

Reinhard : “…Cecilus-dono, j’ai déjà combattu contre toi auparavant. Ce duel était, pour moi, d’une grande signification. Pourquoi est-ce que tu…”

Cecilus : “Bien sûr, si mon corps peut manier l’épée――nous ne pouvons nous rencontrer que dans un duel à mort.”

La deuxième épée, l’Épée Démoniaque Murasame, fut dégainée avec une lumière étincelante.

La première épée, l’Épée des Rêves Masayume désirait trancher, la beauté en elle se révélait.

Sur les dix Épées Enchantées, Épées Distinguées et Épées Saintes existantes dans le monde, celles-là en représentaient deux――sans mentionner,

Cecilus : “――L’Épée Dragon Reid.”

Toujours aux côtés du Maître Épéiste, mais seulement contre des adversaires appropriés pour le Maître Épéiste, cette épée brillante de blancheur exposait sa lame à l’air.

Si l’on entendait le son de l’épée dégainée, c’était sans aucun doute parce que l’Épée Dragon poussait des cris.

Cecilus : “Tu dois déjà le savoir, Reinhard-san. En face de nous se trouve un mur.”

Tenant chacun leur Épée Sainte, leur Épée Enchantée, leur Épée Dragon, ces existences extraordinaires se faisaient face.

En traînant les pieds pour réduire la distance qui les séparait, le monde voyait leur affrontement avec horreur, l’atmosphère étant déformée.

Cecilus : “Pour ceux qui atteignent un certain domaine, le chemin devant eux sera bloqué par un mur. Ce mur, qui ne peut être dépassé quoi qu’il arrive, certains ne le surmonteront jamais et abandonneront. Quelque chose comme ça, c’est impossible pour moi. Car si je ne franchis pas ce mur, je ne pourrai pas être moi.”

Reinhard : “――――”

Cecilus : “C’est alors que l’offre du boss est arrivée. Il m’a offert un moyen de franchir le mur… Eh bien, cela s’est avéré être un moyen de croiser le fer avec toi en mettant nos vies en jeu, en mettant en place un sérieux combat pour sa propre survie――eh bien, comme il l’a dit, c’était s’accrocher à la paille, un truc comme ça.”

Reinhard : “Paille… ?”

Cecilus : “Ceux qui sont sur le point de se noyer le font, du moins c’est ce que j’ai entendu dire.”

C’était la solution qui avait amené Cecilus Segmunt à cet endroit.

Ou peut-être, son désir d’être un épéiste ayant été deviné correctement, cela avait été rendu inévitable ?

Face à ce Maître Épéiste aux yeux écarquillés, Cecilus courba les lèvres.

Et se mit à rire. L’Éclair Bleu, qui avec un visage rieur pouvait abattre les autres, parla,

Cecilus : “Je me noie, Monsieur Reinhard van Astrea. Je le dis comme mon employeur le ferait ; apparemment, nous, ceux qui désirons profondément quelque chose, chacun d’entre nous, tout le monde se noie. Nous nous noyons tous dans un ocyan, ou quel que soit son nom, que nous n’avons même jamais vu auparavant.”

(Note de Traduction : Les océans n’existant pas dans le monde de Re:Zero, Cecilus commet une erreur dans le mot.)

Reinhard : “――――”

Il avala son souffle, Reinhard le fit également.

Avec cela, baissant son corps, brandissant ses deux épées par leur poignée, Cecilus enleva ses zōri.

Cecilus : “――Épéiste, Cecilus Segmunt.”

Pas de l’Empire de Vollachia, pas en tant que Général, pas en tant qu’Éclair Bleu――ces autres titres étaient inutiles.

Ce corps, en tant que simple épéiste, convoitait la voie vers la Lame Céleste.

――Des éclairs, des coups de tonnerre, déchirèrent le Pandémonium.

Des gouttes de sang dansèrent.

※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※

――Continuellement, le Pandémonium tremblait.

Les répercussions du combat, ressenties comme de vigoureux chocs et tremblements, résonnaient même dans les quartiers privés d’Émilia.

La lampe suspendue au plafond se balançait violemment, de la poussière tombait. Alors qu’elle était allongée dans son lit, Émilia fut contrainte de faire un choix.

Émilia: “――――”

Rester là, c’est ce qu’on lui avait dit.

Ou peut-être s’agissait-il plutôt d’une supplication, du genre “S’il te plaît, reste”.

Devait-elle le croire et attendre, ou devait-elle l’ignorer et se précipiter dehors ?

Ses pensées intérieures sur sa situation se perdant dans la tourmente, elle continua à repousser une décision. Cependant――

??? : “――Lia, la fin est arrivée.”

Émilia : “Eh…”

Tandis que les secousses de cette bataille féroce continuaient, Puck parla à Émilia couchée dans son lit. Ses yeux améthyste tremblaient en regardant vers le haut, Puck renifla avec son petit nez, ses petits bras croisés.

En entendant que c’était la fin, Émilia déglutit.

Encore une fois, elle n’avait rien pu faire.

Remettre à plus tard un choix, puis accepter les conséquences de ne pas faire ce choix.

Qu’il s’agissait d’un acte lâche, elle le comprenait un peu, encore une fois――

Elle avait reporté sa décision sur Subaru―――

Puck : “――Reinhard est ici. C’est la défaite de Subaru.”

Émilia : “――――”

Avec cette poursuite des mots de Puck, les pensées d’Émilia se figèrent.

Émilia : “Ahh.”

Incapable de parler mais produisant des sons, incapable de former des pensées, Émilia ouvrit grand les yeux.

Même en entendant que c’était la fin, Émilia avait été certaine de la victoire de Subaru. Elle n’en avait jamais douté un seul instant, mais elle le réalisa à ce moment précis.

Natsuki Subaru ne serait pas vaincu.

Quel que soit l’adversaire, avec ses excuses égoïstes, sa ténacité et son abus de misanthropie, il arracherait toujours la victoire. Avec tout sous son contrôle, manipulant tous les subordonnés auxquels il pouvait penser, peu importe l’adversaire, ils seraient anéantis.

Et, quand il serait fatigué de penser, et aurait besoin d’un moment de paix, il viendrait trouver Émilia.

Définitivement, Subaru allait venir dans sa chambre, Émilia y croyait.

Puck : “Jusqu’à aujourd’hui, je n’ai jamais précipité les choix de Lia, mais cela ne peut pas être fait cette fois-ci. Tu dois prendre une décision.”

Émilia : “Prendre une décision…”

Puck : “Préfères-tu rester ici, ou partir d’ici ?”

Dans quelle mesure le savait-il, car dans cette simple voix de Puck se trouvait de la conviction.

Puck observait Émilia qui tenait fermement ses draps. Son expression distante habituelle avait complètement disparu, et la compassion pour son enfant bien-aimée était forte à la place.

Les yeux d’un parent étaient dirigés vers une enfant chérie qui s’était perdue et qui était anxieuse quant à la route à suivre.

Puck : “Il semble que, pendant tout ce temps, Subaru a contrôlé les informations correctement. Il n’y a aucun signe de l’implication de Lia dans les activités de l’organisation. En fait, Lia n’était pas du tout impliquée, mais après avoir été avec eux pendant si longtemps, certaines personnes soupçonneuses vont certainement se manifester. C’était une précaution nécessaire.”

Émilia : “Pas du tout impliquée ? Alors, quel genre de position avais-je ?”

Puck : “Depuis le manoir de Roswaal, tu as été kidnappée, et enfermée. C’est ainsi qu’ils te traitent. Alors ces enfants qui tentent de détruire le Pandémonium en ce moment, semblent plutôt être des sauveteurs qui sont venus te chercher.”

À cette explication inattendue, Émilia fut stupéfaite.

Qu’Émilia ait été amenée hors du manoir de Roswaal contre sa volonté était vrai. Et qu’elle en avait été fâchée, et qu’elle avait détesté Subaru pour cela, était également vrai.

Cependant, elle n’avait pas refusé ce Subaru collant et suppliant. Il était également vrai qu’elle n’avait pas tenu compte du fait qu’il avait fait tout son possible pour protéger le temps qu’il avait passé avec Émilia.

Et pourtant, malgré cela, pouvait-on vraiment dire qu’Émilia était totalement étrangère à la façon dont les choses se passaient ?

Ne serait-ce pas le summum de la malhonnêteté que d’affirmer cela ?

Puck : “Lia, si tu attends ici gentiment, comme une pauvre princesse, tes sauveurs t’aideront, mais…”

Tout en parlant comme s’ils chuchotaient, Puck atterrit sur l’épaule fine d’Émilia. Et alors, avec cet Esprit chat s’approchant de sa joue, Émilia comprit douloureusement la suite non dite de ses mots.

Si elle attendait ici, elle serait sauvée en tant que victime.

Cependant, si Émilia partait d’elle-même, alors elle serait une criminelle qui aurait agi de son plein gré.

Face à ce fait, il n’y eut même pas un moment d’hésitation.

Émilia : “――――”

En se levant, Émilia posa sa main sur l’unique porte de cette pièce blanche.

Pour l’ouvrir de l’extérieur, une procédure d’authentification compliquée était nécessaire pour s’identifier, si bien que Subaru, et sa gardienne, Frédérica, étaient les seules personnes autorisées à entrer ou sortir.

Mais dès que la main d’Émilia toucha la porte de l’intérieur, le système s’effondra, ne laissant aucune trace derrière lui.

Émilia : “Subaru, espèce de crétin…”

Cherchant des signes de la technique détruite avec la paume de sa main, Émilia murmura cela d’une voix faible.

Elle avait été créée à l’origine pour qu’elle soit brisée par Émilia et Émilia seule. En d’autres termes, Subaru avait fait en sorte qu’Émilia puisse s’échapper quand elle le souhaitait.

La porte de cette cage à oiseaux avait été conçue pour être détruite par la détermination de l’oiseau enfermé à l’intérieur depuis le début.

Était-ce peut-être parce que Subaru avait confiance dans le fait qu’Émilia ne s’échapperait jamais ?

Ou peut-être était-ce la propre bonté de Subaru, qui souhaitait respecter le désir d’Émilia de s’enfuir ?

Cette réponse, elle souhaitait l’entendre directement de la bouche de Subaru, pensait-elle.

――Au terme d’une période pendant laquelle elle n’avait pas été capable de choisir quoi que ce soit, telle fut la réponse sur laquelle Émilia se fixa.

※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※

Sorti de la salle de réception, courant à travers le château avec Halibel, le Roi de la Purge, le jeune homme, son patron, son maître, il――Natsuki Subaru laissa échapper un profond gloussement.

Subaru : “Quelque chose comme prendre Felt en otage, je me demande si ça aurait été une bonne idée…”

Si cela avait été le cas, cela aurait-il limité les mouvements de Reinhard ?

――Non, au contraire, s’attirer la colère de Reinhard et devoir combattre le Maître Épéiste alimenté par l’émotion semblait plus probable.

Ce serait le déroulement de la simulation jusqu’à la fin.

En toute honnêteté, il avait eu la prémonition que le moment de la chute du Pandémonium se déroulerait de cette manière.

Subaru : “J’imagine que se faire passer pour un grand patron de la pègre était plutôt amusant…”

Il regardait en arrière. Sur le chemin qui avait mené jusqu’ici.

Combien de souffrances avait-il causées ? Avec les faiblesses de nombreuses personnes entre ses mains, et tout en recevant leur aversion, il avait régné sur la vie des autres, recevant la haine, régissant la vie de ses adversaires, et sur un caprice, prenant ces vies――

―――Non, ce n’était définitivement pas un caprice.

Si c’était perçu comme un divertissement, ce serait un très gros malentendu.

Il n’y avait jamais réfléchi. Il n’y avait jamais songé, car il n’y avait aucun intérêt à le faire.

――Subaru avait peur des gens. Terriblement.

Aborder extérieurement les gens avec un sourire, tout en cachant en vérité une sournoiserie astucieuse au fond d’eux-mêmes. Cette façon de se comporter des êtres humains, dissimulant la vérité, des êtres humains se déplaçant à leur guise et se déplaçant où bon leur semblait en suivant d’innombrables arrière-pensées, était horrifiante.

Qu’il faille croire ou non les gens qui étaient avec lui, s’inquiéter de cela était idiot.

Ainsi, Subaru avait décidé d’un moyen de simplifier les relations humaines.

Tout le monde mentait.

Et ainsi, même si tous les êtres humains détestaient Subaru, un monde sans problème serait établi.

Chaque humain, peu importe qui, possédait une faiblesse. La famille, un amant, la richesse, les rêves, l’espoir. À cause de cela――

Subaru : “――Si seulement la faiblesse de chaque être humain dans le monde pouvait être saisie.”

Alors, et seulement alors, Subaru n’aurait plus à douter de personne.

Dans un monde en noir et blanc, dans un monde dépourvu de toute teinte à laquelle on puisse se fier, se nourrissant de dégoût, il pourrait vivre confortablement.

Subaru : “――――”

Subaru était accompagné d’Halibel, qui l’aidait à s’échapper.

Pour Subaru, la silhouette d’Halibel ne semblait pas être sa vraie forme――son apparence était monochrome. Il semblait n’avoir que deux couleurs, le blanc et le noir.

Subaru : “――――”

Apparaître en monochrome comme ça n’était pas limité à Halibel.

Actuellement, le monde tel qu’il apparaissait à Subaru avait, sans exception, perdu ses couleurs et changé pour n’en posséder que deux.

Les gens, les objets, les peintures, les outils, les bijoux, les pierres magiques, le sang frais, l’eau, tout était noir et blanc.

Le sang et l’eau ne semblaient pas différents l’un de l’autre, la soupe et le poison ne se distinguaient pas non plus.

Tout était monochrome. Noir et blanc.

Dans un tel monde, ce qui paraissait coloré aux yeux de Subaru ne représentait qu’un petit nombre.

Subaru était convaincu que seuls ceux-là étaient réels.

Tout le reste était faux, Subaru le croyait.

Béatrice l’avait été.

Émilia l’était.

Au-delà de ça, il n’y en avait qu’une.

De toute façon, Subaru ne pouvait croire en personne d’autre.

Tout ce qui était autre que ces personnes, semblait vraiment décoloré.

Ces fausses personnes ne le pouvaient pas, seulement ces vrais articles.

Les qualifications pour décider si Natsuki Subaru devait vivre ou mourir n’étaient détenues que par eux, uniquement ces vrais articles.

Subaru : “… J’en attendais un peu plus de Reinhard.”

Peut-être que les personnes d’avant ces jours-là――en vérité, il s’attendait à ce que ceux qu’il avait côtoyés avant l’événement qui avait déclenché la perte de couleur aient conservé leurs couleurs sans que celles-ci ne s’estompent.

Cependant, il était apparu à Subaru tout aussi monochrome que quelqu’un qu’il venait de rencontrer pour la première fois. De telles attentes avaient été éphémères, et ainsi Reinhard, malgré la vivacité de son apparence, apparaissait maintenant comme une masse cendrée à Subaru. Il avait l’air sale.

En fin de compte, Reinhard était aussi un enfant de l’Homme.

Il n’y avait aucun doute que lui aussi mentirait continuellement de son vivant. C’était tout ce qu’il y avait à savoir.

??? : “Maître――!”

Alors que Subaru et Halibel couraient dans le château, une voix forte et soudaine les interpella, les interceptant.

Ce qui pouvait être vu, se précipitant de l’autre côté du couloir vers eux, était la servante Frédérica, aux cheveux longs et au corps allongé. Bien qu’il soit difficile de discerner ses couleurs, l’impression puissante de ce visage était assez facile à retenir.

Subaru avait secrètement trouvé Frédérica à son goût. Et donc――

Frédérica : “Prépare-toi――Shhh !”

Le fait qu’elle se soit précipitée sur lui, qu’elle ait attenté à sa vie et qu’elle ait crié d’une manière disciplinée, lui paraissait de nature aimable.

Bien sûr, ces actions de Frédérica ne seraient pas tolérées par les yeux du plus fort de Kararagi.

Frédérica : “Ah, ugh !”

La dague dans sa main lui étant retirée, Frédérica fut poussée contre le mur, le bras coincé. À Halibel, exécutant ces actions, Frédérica ne pouvait que tourner la tête en arrière,

Frédérica : “Pourquoi faites-vous cela, Halibel-sama ? Maintenant, en profitant de cette agitation, cet homme… !”

Halibel : “Tu pourrais le tuer. Je comprends pourquoi tu penses ainsi. Vous les enfants dont les faiblesses ont été saisies, vous désirez tous la liberté avec la mort de Su-san. Je sais, mais…”

Là, Halibel ouvrit ses yeux bridés, et fixa Frédérica. Baigné dans la lumière de ces yeux, un son discret sortit de la gorge fine de Frédérica.

Halibel : “Malheureusement, je ne respecte pas le boss à cause de mes faiblesses. Je le sers pour rembourser sa gentillesse.”

Frédérica : “De la gentillesse !? De la part de cet homme, de la gentillesse ? Arrêtez de plaisanter… !”

Serrée contre le mur, Frédérica regardait férocement Subaru avec des yeux injectés de sang. Ses crocs déjà aiguisés grandirent, et ses doigts féminins fins commencèrent à se transformer en un état épais, fort et bestial.

Frédérica : “Peu importe ce que… Hk !?”

Halibel : “Su-san ?”

À côté de Frédérica, féroce, le corps déformé, Subaru parvint à un certain moment à se positionner.

Frédérica écarquilla les yeux tandis qu’Halibel l’interpellait, mais Subaru ne fit pas de pause. De cette façon, Frédérica leva désespérément son bras, et effleura le cou de Subaru.

À ce moment-là, l’écharpe qui entourait sa gorge se défit et tomba sur le sol――

Frédérica : “――Hii.”

Frédérica, en le voyant, émit un son du plus profond de sa gorge.

Halibel, lui aussi, voyant cela pour la première fois, manifesta une légère surprise.

――Sur le cou de Natsuki Subaru, il restait clairement des marques en forme de doigts.

Subaru : “Ça n’arrivera pas, Frédérica. Je ne permettrai pas à ce noir et blanc de me tuer.”

Frédérica : “――――”

Face à Frédérica figée, Subaru rapprocha son visage et affirma cela avec certitude.

Peut-être avait-il espéré que Frédérica puisse avoir un peu de couleur. Néanmoins, même à ce moment crucial, Frédérica était restée en noir et blanc.

Subaru : “Halibel-san… Emmène Frédérica, et laisse-la s’enfuir.”

Halibel : “…Su-san. L’intrus qui a amené le Maître Épéiste est probablement――”

Subaru : “Je sais.”

Fixant cette Frédérica incapable de bouger d’un pouce, Subaru coupa la parole d’Halibel.

Même sans que cela soit dit, il comprenait. Il était compréhensible que Frédérica ait secrètement fait de telles choses, ses émotions, compte tenu des extrêmes de son traitement, étaient capables d’être comprises.

――Non, ce n’était pas limité à Frédérica. Si ce n’était pas elle, quelqu’un d’autre l’aurait fait. Que ce soit seulement elle avait été un mauvais calcul.

Subaru : “Tu n’as pas besoin de revenir, Halibel-san. Je vais aller régler les choses, à ma façon.”

Halibel : “――――”

Subaru : “Si tu veux me rendre la pareille, c’est suffisant. En premier lieu, tu n’as aucune raison de ressentir de la gratitude… Je n’ai fait qu’être rusé, après tout.”

Secouant la tête, Subaru sourit légèrement à Halibel.

Halibel avait peut-être considéré Subaru comme quelqu’un qui se souciait de lui. Néanmoins, il ne voyait pas non plus de couleur en Halibel.

Peut-être qu’une fois la couleur perdue, elle ne pouvait être restaurée.

C’est parce que Subaru avait perdu le droit de croire en quelque chose.

Alors, était-ce parce que rien au monde ne serait coloré pour Subaru à jamais ?

Si c’était le cas, ce à quoi il pouvait s’accrocher était seulement――

Halibel : “Avec Su-san, je voulais être un véritable ami.”

Subaru : “…Si je n’avais pas fui, cela aurait pu être le cas.”

Acceptant les intentions de Subaru, Halibel, avec ces courts mots, fit simplement ses adieux.

Subaru, lui aussi, avait estimé qu’il serait inapproprié d’échanger davantage de paroles entre eux.

Mais finalement, face à cette personne qui aurait pu devenir un ami, il voulait avoir l’air cool.

Subaru : “Frédérica.”

Frédérica : “――――”

À cet appel, Frédérica se tourna lentement vers lui.

Devant cette femme qui avait perdu la volonté de se battre, Subaru hésitait sur la manière de le transmettre.

Il souhaitait lui faire un rapport, car on lui avait dit de le faire,

Subaru : “La nourriture était toujours délicieuse, ils me l’ont dit.”

――Frédérica n’avait peut-être pas compris le sens de cette phrase étrange.

Jusqu’au bout, à ses yeux, Natsuki Subaru devait apparaître comme un monstre.

C’était bien. Même si c’était ainsi, cela n’avait pas d’importance. Il avait agi comme tel, il avait été comme tel.

Mais il n’avait pas obtenu les résultats qu’il souhaitait.

Subaru : “Alors, où dois-je aller, je me le demande.”

Halibel avait pris Frédérica et, se fondant dans l’ombre, avait disparu.

Laissé derrière, Natsuki Subaru était seul dans l’effondrement de ses rêves.

Le Pandémonium tremblait constamment, preuve peut-être que le combat de Reinhard et Cecilus faisait rage. Cependant, les multiples voix qu’il pouvait entendre au loin montraient que l’assaut n’était pas limité exclusivement à Reinhard ; il jugea que des ennemis potentiels avaient profité de l’occasion.

Ennemis, ennemis, ennemis. Rien que des ennemis.

Ayant vécu de la façon dont il l’avait fait, ça ne pouvait pas être autrement.

Subaru : “――――”

Subaru était arrivé à une bifurcation, et pendant un instant, il hésita sur la direction à prendre.

En allant à droite, il serait tombé sur les quartiers privés d’Émilia, la fille qui avait soutenu sa faible personne.

En allant à gauche, il tomberait sur ce que sa faible personne avait pris pour une sorte de soutien, cette fille――

Subaru : “―――Eh ?”

Ce fut à ce moment-là qu’il fut confronté à la question de savoir où aller.

Quelqu’un s’était approché en courant et avait transpercé le côté gauche de Subaru avec un couteau aiguisé.

Artiste du fan-art : おわり

※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※

Dans un étrange château au sein d’un étrange paysage, Émilia courait pieds nus.

Bien qu’ayant passé un an à l’intérieur de Pandémonium, ce qu’Émilia connaissait du château était limité à cette pièce blanche, ses quartiers privés. En dehors de sa chambre, et au-delà de l’intérieur du bâtiment, Émilia n’avait rien exploré du tout.

??? : “――Émilia-sama !”

Appelée par son nom, avec une expression effrayée, Émilia arrêta ses pas.

Le Pandémonium s’était partiellement effondré, perdant sa forme originelle. Dans un couloir blanc, aux fenêtres inclinées et fissurées, Émilia fut interpellée par un jeune homme aux yeux bleus et aux cheveux rouges flamboyants.

Émilia : “Reinhard…”

Reinhard : “Tout va bien, Émilia-sama ? Je suis heureux de pouvoir vous revoir à nouveau.”

Même dans ce lieu, adhérant à la courtoisie et à la posture d’un chevalier, son attitude était trop brave et élégante.

Cet homme avait foncé aux côtés d’Émilia après l’avoir trouvée. Reinhard van Astrea inclina la tête. Mais à cause de son apparence, les yeux améthyste d’Émilia tremblaient de perplexité.

Émilia : “Reinhard, tu es gravement blessé. Est-ce que ça va ?”

Reinhard : “Il n’y a pas besoin de s’inquiéter. On ne peut pas dire que ce soit une blessure légère, cependant.”

En disant cela, Reinhard détendit ses lèvres suite aux paroles d’Émilia.

Mais l’apparence de Reinhard, pour elle, était truffée de blessures. Elle avait cru cela inimaginable.

Son corps était couvert d’innombrables coupures produites par les éclairs d’une lame, et le saignement n’ayant pas cessé même maintenant, des gouttelettes de sang rouge dégoulinaient ici et là dans le couloir blanc. Sur ces joues nobles et intrépides, des mèches de cheveux cramoisies étaient éparpillées, collées sur lui ; sur son visage se lisait une certaine teinte de fatigue, bien qu’elle n’ait jamais vu sa respiration dans un état perturbé.

L’uniforme de ce Chevalier blanc était souillé et couvert de sang, non seulement celui d’un autre, mais aussi le sien, et ce qui était le plus choquant――

Émilia : “Ton épée.”

Reinhard : “Qu’ici et maintenant soit une situation où l’Épée Dragon puisse être dégainée, a été décidée par l’épée.”

Cette Épée Sainte jamais dégainée, jamais nécessaire, transmise de génération en génération par les Astrea, l’Épée Dragon Reid avec une lumière blanche brillait.

Cette lame, dans ce château, contre qui l’avait-il brandie ? Contre qui la brandirait-il à l’avenir ?

Reinhard : “Quoi qu’il en soit, qu’Émilia-sama soit en sécurité est une chance… Partez d’ici avec moi. Il y a un chariot draconique qui attend devant le château. Avec lui, en direction de Lugnica――”

Émilia : “En direction de Lugnica… Où sommes-nous ?”

Reinhard : “C’est à la limite des Cités-États de Kararagi, un château caché au Giron des Collines Cramoisies… Trouver l’organisation a demandé beaucoup d’efforts, mais grâce aux efforts d’un espion compétent et d’un infiltré, elle a été découverte d’une manière ou d’une autre.”

Tout en répondant aux questions d’Émilia, Reinhard observa son environnement avec méfiance.

Le fait que même maintenant les secousses continuaient signifiait que quelque part dans ce château, une bataille continuait à avoir lieu. Dans le cas de Reinhard, il souhaitait se diriger vers ses alliés pour les soutenir.

Peu importe à quel point il était couvert de blessures, il était toujours le plus fort du Royaume――non, l’homme le plus fort du monde.

Avec lui, la chute du Pandémonium n’était qu’une question de temps.

S’il n’était pas là――

Reinhard : “Émilia-sama, maintenant, nous devons――”

Nous dépêcher de quitter cet endroit, Reinhard avait peut-être essayé de dire cela.

Cependant, ces mots furent soudainement interrompus par les actions d’Émilia, qui avait pivoté sur place.

Émilia : “――――”

L’espace d’un instant.

Par derrière, à travers l’abdomen de Reinhard, une épée de glace l’avait transpercé. Le sang coulait à travers la lame de givre, ses entrailles étant détruites par le froid envahissant. Le Maître Épéiste au choc qu’il n’avait jamais ressenti auparavant, cracha du sang.

Reinhard : “Émilia…sama.”

Émilia : “Ah.”

Reinhard, toujours incapable de comprendre ce qui s’était passé, tomba à genoux. En observant cette apparence, Émilia regardait fixement ses propres doigts blancs.

Ce qu’elle avait fait, elle réalisait que c’était vraiment un acte inattendu.

――Si cela avait été une trahison du véritable cœur d’Émilia, Reinhard aurait pu la bloquer.

S’il s’agissait d’une attaque contenant de l’hostilité et l’intention de tuer, l’intuition de Reinhard n’aurait pas été déjouée. Ou, dans le cas où ses Protections Divines fonctionnaient correctement, la défense de Reinhard n’aurait pas été percée non plus.

Mais ce lieu était un Pandémonium, et Émilia elle-même ne pouvait pas se décider――cela avait, chez Reinhard, laissé un vide fatal.

Émilia : “Je ne peux pas… Pas ça. Subaru est, non. Reinhard, non. Subaru, je ne le laisserai pas être blessé. Subaru a besoin de moi…”

Secouant la tête en signe de refus, les propres actions d’Émilia confirmaient maintenant ses véritables intentions.

La raison de cet acte instantané, de l’assaut instantané contre Reinhard, était qu’elle avait instinctivement réalisé que son existence détruirait le Pandémonium et viserait Natsuki Subaru.

Et, sachant cela, elle ne s’était instinctivement pas arrêtée, c’était ce qu’elle pensait.

Inconsciemment, Émilia, dans le but de protéger Subaru, n’avait pas d’autre choix que de tuer Reinhard.

Émilia : “Subaru est mon…”

Ce ne fut qu’à ce moment-là qu’Émilia comprit ses propres sentiments.

Encore et encore, Subaru était venu la retrouver, et elle avait observé sa forme alors qu’il essayait d’atteindre la sérénité. Durant cette période, Émilia avait également été sauvée.

――Tout comme Subaru avait besoin d’Émilia, Émilia avait aussi besoin de Subaru.

Émilia : “Je vais le protéger. Si je ne protège pas Subaru, alors…”

Reinhard : “Émilia-sama, c’est…”

Émilia : “――Puck ! S’il te plaît !”

Un rugissement et un vent froid soufflèrent, et ses cheveux argentés voltigèrent magnifiquement au milieu du couloir blanc.

Son corps baignant dans un vent extrêmement glacial à la volonté de tuer sublimée, à sa chair gelée par le vent violent, Reinhard traça une ligne de sang dans les airs en volant loin en arrière. Et, avec sa toux mêlée de sang, il leva son épée.

Ses yeux bleus qui reflétaient le ciel regardaient la Sorcière de la Glaciation et la Bête de la Fin, debout côte à côte.

Puck : “Désolé, Reinhard. Les souhaits de Lia sont les miens. Si tu es autant affaibli, même moi je pourrais gagner――tu peux considérer ça comme de la cruauté féline.”

Émilia : “S’il te plaît, Reinhard. Repars comme ça. Laisse-nous tranquilles, Subaru et moi.”

Reinhard : “――Ce n’est pas possible.”

Alors qu’Émilia était à l’origine de cette situation et qu’elle essayait toujours de trouver une solution adéquate, Reinhard secoua la tête.

Les négociations avaient déjà été brisées. Il avait été pris par surprise par derrière――non, peut-être que Reinhard lui-même, même en considérant sa blessure, aurait pu accepter l’offre de réconciliation si la situation le permettait.

Mais la conviction de Reinhard était qu’il s’agissait déjà d’une situation qui ne le permettait pas.

Reinhard : “En tant que chef des Pléiades, le Roi de la Purge, Natsuki Subaru, en commençant par le meurtre du Margrave Roswaal L. Mathers, parmi le peuple du Royaume, ainsi que de l’Empire de Vollachia et des Cités-États de Kararagi, et parmi les sujets du Saint Royaume de Gusteko, a déjà fait tuer cent vingt-six-mille-sept-cent-deux personnes au total.”

Émilia : “――――”

Reinhard : “Ce chiffre ne concerne que les dommages directs. Si l’on inclut les dommages indirects, le nombre de victimes qui ont perdu la vie augmente encore plus. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas un mal qui peut être laissé de côté.”

Les mots de Reinhard avaient une résonance sérieuse et contenaient un plaidoyer.

En écoutant ses paroles et en apprenant les mauvaises actions de Natsuki Subaru, il semblait qu’il espérait qu’une prise de conscience naisse chez Émilia.

En vérité, Émilia avait reçu un choc. Coincée dans ses quartiers privés, n’ayant pour seul rôle que de veiller sur le visage endormi de Subaru, elle n’avait eu connaissance d’aucun de ses méfaits. Elle avait vaguement deviné que Roswaal avait été tué lorsqu’elle avait été extirpée de ce manoir.

Frappée par ce choc, Émilia baissa la tête.

Un choc, il y avait définitivement un choc. Cependant, le choc qu’Émilia avait ressenti au plus profond d’elle-même n’était pas dû à une déception concernant le poids et le nombre de péchés que Subaru avait commis――

Émilia : “――Désolée, Reinhard. Quand bien même, Subaru m’est chère.”

Même en ayant appris ces actes maléfiques, son obsession pour Natsuki Subaru n’avait pas faibli du tout, apprendre cela avait été la source de son choc.

Les sentiments d’Émilia, même en sachant la vérité, n’avaient pas changé.

Reinhard : “――Kh.”

Face à une telle déclaration d’Émilia, Reinhard se mordit les lèvres. Et rapidement, il releva le visage, et dirigea l’Épée Dragon dégainée,

Reinhard : “Reinhard van Astrea, de la lignée des Maîtres Épéistes.”

Émilia : “Je m’appelle Émilia. Juste Émilia.”

Après s’être identifiés, à l’instant suivant, un choc blanc détruisit l’étage supérieur du Pandémonium.

La princesse captive, qui était supposée être sauvée, et un chevalier en armure brillante qui était venu la sauver, allaient finir par s’entretuer.

※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※

Subaru : “Putain… Merde… Ce putain… de bâtard… !”

En jurant, Subaru courut, ses pas chancelants.

Sous ces pieds qui se balançaient, des gouttelettes de sang frais dégoulinaient――un couteau avait été planté sous son aisselle gauche par un assassin au moment de son agression. La douleur exécutait un Dempsey Roll sur son cerveau sans arrêt.

(Note de Traduction : Bien que le Dempsey Roll soit une technique de boxe qui existe dans la vie réelle (nommée par l’éponyme Jack Dempsey), elle a été rendue populaire au Japon par la série Hajime no Ippo. Il s’agit donc probablement d’une référence à cette série.)

Subaru : “Ce trou du cul en noir et blanc… S’il y a une prochaine fois, je le tuerai définitivement… !”

Transpirant à grosses gouttes, Subaru s’appuyait sur le mur du couloir pour continuer à avancer. Au bout du compte, l’assassin s’était enfui, sans donner le coup de grâce――l’homme qui était censé avoir disparu dans la salle de réception lui venait à l’esprit.

Bâtard : “Plus que ça, ça dépasse le cadre de mon travail. Alors, sois prudent, Natsuki-san.”

Assassiner le général qui se trouve au milieu des ennemis, puis parler et s’échapper pourrait être qualifié de splendide――pourtant, pour Subaru, faire l’éloge de ses ennemis n’était pas un passe-temps.

Pour être précis, cet homme avait fait un travail qu’il ne souhaitait pas avoir à faire. Ce sentiment de pure humiliation due au fait d’avoir négligé un ennemi gênant par inadvertance avait transformé sa déception en fureur.

Cependant, il était peu probable que cette situation lui permette d’évacuer sa colère.

Subaru : “Quelque chose de convenable pour la fin, quelque chose de convenable pour ces derniers moments…”

Prick-prick, en touchant cette aisselle gauche qui faisait mal comme si elle était brûlée, Subaru murmura cela d’un air sombre.

Compte tenu de ce qu’il avait fait, il avait su avec certitude qu’un jour, il recevrait sa juste sentence. Malgré cela, repousser ce moment de rencontre avec le châtiment jusqu’en enfer avait été le plan, telle était la sagesse mesquine de cette personne ordinaire――c’était une honte qu’il n’ait pas été tué trois ans avant d’avoir trouvé sa limite.

C’était ainsi que le dictateur accueillait sa fin.

Sa méfiance à la fin avait été excessive. Il n’y avait aucun doute qu’elle avait provoqué cette destruction.

Cependant, il n’avait aucun regret.

S’il avait fait ceci, s’il avait fait cela, ce genre d’erreurs évidentes ne lui venait pas à l’esprit.

Il avait su dès le départ que c’était mal, et n’avait jamais pensé à le corriger. Se contentant de penser que sa façon de vivre était erronée ou quelque chose de ce genre, Subaru n’avait fait que patauger.

Un peu comme s’il se noyait. Comme s’il était tombé au fond de l’eau, cherchant désespérément à respirer.

Juste à partir de ça――

??? : “――Subaru.”

Subaru : “――――”

Laissant une traînée de sang, rampant dans ce couloir, quelqu’un appela Subaru.

Pendant un moment, Subaru fronça les sourcils, ne comprenant pas cette voix――ce n’était pas qu’il ne la connaissait pas. Mais, parce qu’il ne comprenait pas pourquoi il entendait cette voix à cet endroit.

Parce que ses quartiers privés étaient à l’opposé de cet endroit, et qu’il n’y avait aucune raison de se trouver ici si son intention était de s’échapper. Par conséquent――

Subaru : “Uh, whoa !”

??? : “Je suis soulagée, Subaru… Je peux te rencontrer comme il se doit.”

Subaru : “Émilia… ?”

Ce n’est que lorsqu’il contempla son beau visage de près, après qu’elle se soit précipitée sur lui et l’ait renversé dans ce couloir, que Subaru comprit que c’était la réalité.

En plus de ce monde en noir et blanc, il y avait de l’argent, de l’améthyste et des lèvres couleur cerise.

Comme pour informer qu’Émilia, et Émilia seule, demeurait colorée dans le monde.

Subaru : “――Mais, pourquoi ?”

La figure d’Émilia était teintée, mais Subaru ne comprenait pas pourquoi.

De la part d’Émilia, Subaru recevait une chaleur certaine, son étreinte était telle qu’elle pouvait même être qualifiée de douloureuse.

Après tout, Subaru avait toujours cherché Émilia de manière unilatérale ; pour quelle raison, quelles conditions l’avaient poussée à vouloir rejoindre Subaru――

Subaru : “…Émilia, tu es blessée.”

Émilia : “――C’est bon, je t’assure. Vraiment, il ne s’est rien passé. Pas besoin de s’inquiéter.”

Émilia, toujours dans ses bras, le regarda à nouveau. Souriante, affichant un visage courageux, elle était couverte de blessures sur toute sa surface.

Ses merveilleux cheveux argentés étaient ébouriffés et des parties avaient été coupées, ce qui leur donnait un aspect inégal. Sa fine chemise de nuit blanche avait été déchirée et ensanglantée, et sur ses pieds nus se trouvaient plusieurs lacérations douloureuses.

Pour éviter qu’il en soit ainsi, d’innombrables mesures défensives avaient été appliquées à ses quartiers privés.

De plus, il aurait dû y avoir un Esprit à ses côtés, un Esprit qui n’aurait pas permis qu’elle subisse toutes ces souffrances.

Subaru : “Qu’est-ce que Puck était en train de faire…”

Émilia : “Puck est… Hmm, à propos de ça, tout va bien maintenant. Tout va bien maintenant…”

Subaru : “――?”

Pendant un instant, l’hésitation brilla dans les yeux d’Émilia, mais elle fut rapidement cachée, sous ses paupières fermées.

Subaru avait des soupçons concernant cette réaction, mais la fois suivante où Émilia ouvrit ses paupières, l’hésitation faiblement visible n’était plus là.

Émilia : “Subaru, fuyons ensemble. Si nous le faisons maintenant, personne ne nous poursuivra.”

Subaru : “――S’enfuir, avec moi ?”

Émilia : “Oui. Avec qui d’autre serait-ce ? Ne dis pas des choses aussi bizarres.”

Son comportement devenant légèrement teinté de colère, Émilia toucha le nez de Subaru avec un doigt. En raison de cet acte apparemment hors de propos, un point d’interrogation apparut au-dessus de Subaru.

Pour commencer, Émilia était censée fuir Subaru.

Subaru : “Et pourtant, je n’ai fait que spéculer sur toi parce que tu es gentille…”

Émilia : “――Vraiment, tu l’as fait ? Je pensais aussi à quelque chose comme ça.”

Subaru : “Émilia ?”

La main sur sa poitrine, Émilia baissa furtivement les coins de ses yeux, paraissant solitaire.

Les moments qu’elle avait passés aux côtés de Subaru depuis qu’il l’avait enlevée défilaient-ils dans son cœur, dans son esprit ? Combien de fois avait-elle contemplé le visage endormi de cet abominable compagnon ?

En ces jours, Subaru avait reçu le salut, mais pour Émilia, ils devaient être remplis d’humiliation――

Émilia : “Je crois bien que j’étais en colère contre toi, Subaru. Mais, ce n’était vraiment qu’au début… Après cela, j’ai pensé que je recevais définitivement l’aide de Subaru.”

Subaru : “Recevoir de l’aide, de ma part… ?”

Émilia : “Parce que, Subaru, tu avais besoin de moi. Personne n’aurait jamais besoin de moi, c’est ce que je ressentais, et tu m’as libéré de ça, et donc…”

“Codépendance”, un mot de ce genre fit surface dans l’esprit de Subaru.

Subaru avait eu besoin de la présence d’Émilia pour sa tranquillité d’esprit, et, dans la même veine, l’esprit d’Émilia était aussi arrivé à une conclusion de ce genre à l’époque, comme quoi elle désirait ces moments, qu’elle en avait besoin.

Et ainsi, le duo était tombé dans une relation de codépendance, chacun à son tour se reposant sur l’autre.

Émilia : “Subaru, je veux être avec toi. Alors, on s’enfuit ?”

Subaru : “…Présenter les choses comme ça me réjouit, mais…”

Répondant en bégayant, Subaru ne pouvait pas encore accepter la confession d’Émilia.

Son cœur était submergé par le choc, mais sans y prêter attention, son esprit trouva une réponse plus réaliste.

Ce qu’Émilia avait dit, s’enfuir avec elle, n’était pas possible.

Reinhard arrivait. Même si Cecilus tentait de le tenir à distance, à l’extérieur du château, une foule massive d’ennemis serait rassemblée pour subjuguer le Roi de la Purge.

Subaru ne possédait plus un seul allié en dehors du château. Ses nombreuses ruses pour garder les ennemis potentiels sous contrôle, ne fonctionneraient pas dans cette situation. Ces ennemis potentiels étaient devenus des ennemis concrets qui lui barraient la route.

Prendre Émilia et s’enfuir, ce n’était pas du tout réaliste.

Natsuki Subaru devait rencontrer sa fin ici. Ici, il allait connaître sa fin――

Émilia : “――Dans ce cas, je mourrai avec toi.”

Subaru : “――――”

À ce moment-là, Subaru fut stupéfait. Plus que lorsqu’il avait été poignardé, ou lorsque Reinhard était apparu, ou encore lorsqu’il avait réalisé que c’était la fin.

Émilia, souriante, regardait Subaru et lui disait des mots d’amour et d’affection.

Si Subaru Natsuki devait rencontrer sa fin, Émilia aussi, dans cet endroit―――

Émilia : “Nous irons jusqu’au bout ensemble. Je ne veux pas rester dans un endroit où tu n’auras pas besoin de moi.”

Subaru : “――Ah.”

Émilia : “S’il te plaît, Subaru. J’ai besoin de toi. Je veux que tu sois avec moi.”

Émilia s’accrocha plus étroitement à sa poitrine. Se délectant de ses larmes chaudes et de la sensation de ses soupirs, Subaru eut la forte impression que le sentiment dont il avait besoin était l’exact opposé de ce qu’il ressentait habituellement.

Tout comme il s’était accroché à Émilia, Émilia s’accrochait maintenant à Subaru.

Pendant tout ce temps, Subaru avait eu besoin d’Émilia, il avait été sauvé par elle.

Et maintenant, Émilia avait besoin de Subaru, cherchant le salut.

Maintenant, Émilia avait besoin de Subaru, demandant son propre salut.

Qu’un moment comme celui-ci arrive maintenant, une telle pensée n’avait même pas―――

Émilia : “Subaru… ?”

Attrapant les épaules d’Émilia, Subaru la repoussa.

Et, se tenant devant elle, immobile, les yeux grands ouverts sous le choc, Subaru recula ensuite.

Émilia regardait vers le haut, vers Subaru.

Et à Émilia, les lèvres tremblantes, Subaru prononça ces mots :

Subaru : “C’est un mensonge…”

Secouant la tête horizontalement en signe de refus, Subaru fixa Émilia avec des yeux craintifs.

Émilia : “Suba…”

Subaru : “Non, s’il te plaît, arrête, arrête ça. Pourquoi moi, pourquoi maintenant, pourquoi ! Arrête ça ! Arrêteça arrêteça arrêteça ! S’IL TE PLAÎT, ARRÊTE !!”

La peur, c’était la peur.

Il y avait la peur. Il n’y avait rien d’autre que la peur. Il n’y avait que la peur. Certainement, uniquement la peur.

Peur, peur, peur, peur, peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur peur――

??? : “――Avec autant de puanteur de la Sorcière qui s’échappe de toi.”

Il couvrit ses oreilles.

Il se tint la tête.

Essayant de fuir cette voix, ce cri aigu, cette voix audible.

??? : “――Il y a une limite à combien tu peux prétendre ne pas avoir de lien avec elle !!”

Comme pour se couvrir les oreilles.

Comme pour se tenir la tête.

Comme pour essayer de fuir cette voix, ce cri aigu, cette voix audible, mais incapable de faire un tel acte.

??? : “――Nee-sama est trop gentille.”

(Note de Traduction : Ces lignes de dialogue font référence aux paroles de Rem dans l’arc 2 après avoir trouvé Subaru en train d’observer le manoir.)

Subaru : “Tu pensais vraiment que je serais au courant d’une telle chose, AHHHHHHH――Hk !!”

Hurlant assez fort au point de vomir du sang, Subaru recula.

Émilia se leva, lui demandant ce qui se passait. Il ne pouvait pas l’entendre.

Avec des mots doux, suaves et tendres, elle essayait de se blottir plus près de Subaru. Il ne pouvait pas les entendre.

Ses mots, sa voix, n’étaient pas entendus. Il ne voulait pas les entendre.

Ne sois pas gentille avec moi. Ne me traite pas avec douceur.

Pour quelle raison, essaies-tu de te blottir contre moi ?

Une telle chose devrait être impossible.

Combien de mauvaises actions penses-tu que j’ai accumulées ?

Émilia n’aurait pas dû les pardonner.

Elle n’aurait vraiment pas dû.

Et c’est moi qui ai pu changer ça ?

Est-ce que la bêtise de Natsuki Subaru, en s’appuyant sur Émilia, en comptant sur Émilia pour dormir la nuit et tout surmonter, la morve coulant pathétiquement de son nez, avait été ce qui avait changé Émilia ?

Est-ce qu’Émilia avait changé elle aussi ?

Subaru : “Ça aurait été bien si tu m’avais détesté ! Ça aurait été bien si tu m’avais évité !”

Émilia : “――――”

Émilia se décolorait en gris.

La couleur s’effaçait d’Émilia, emportée, plongée dans le monde monochrome.

C’était un mensonge, ça avait été un mensonge. Cette tromperie avait provoqué la disparition de la couleur du monde de Subaru.

L’argent, l’améthyste qui composaient Émilia, les couleurs qui constituaient la belle Émilia à laquelle Subaru croyait avaient disparu d’elle, sa tromperie la faisant se teinter de noir et de blanc.

Cette réalité, il ne pouvait l’accepter. Émilia était noble, et cela ne changerait jamais.

Même si elle le détestait, elle ne pouvait pas éloigner quelqu’un qui s’accrochait à elle.

Parce qu’il avait cru que sa gentillesse était la matérialisation de son cœur intérieur, et qu’elle ne pardonnerait jamais Subaru, ce dernier avait pu se complaire dans Émilia.

Mais, comprenant qu’Émilia aussi avait changé――

Subaru : “N’agis pas gentiment envers moi… !”

Subaru : “Dans tous les cas, tu finiras par détester quelque chose chez moi, n’est-ce pas ? Tu finiras par douter de moi, n’est-ce pas ? Parce que je suis un obstacle, tu penseras à me tuer, à me détester, à me maudire, et tu finiras par me trahir !”

Subaru : “Alors, s’il te plaît, continue à me détester, comme c’était le cas au début ! Si tu étais resté comme ça, sans changer, tout aurait été parfait ! Fais juste comme tu le faisais, et déteste moi. Fais juste comme tu le faisais, et déteste moi… !”

Soudain, la colère surgit.

Il était sur le point de se noyer dans la colère, contre tout et n’importe quoi dans le monde.

En essayant de sauver sa personne qui se noyait, il avait lutté désespérément comme pour essayer de prendre des respirations répétées. Mais finalement à ce stade, même Émilia avait trahi Subaru.

――Quelque chose qui changeait finirait un jour par le trahir, et à cause de cela, c’était comme s’il avait déjà été trahi.

Subaru : “S’il te plaît, ne fais pas semblant d’être amoureuse de moi alors que tu vas me trahir un jour !”

Émilia : “――Hk.”

En tremblant, Subaru repoussa la monochrome Émilia qui tendait une main vers lui.

Repoussée avec détermination, Émilia tomba dans le couloir, ayant perdu son appui. Pendant un instant, l’hésitation effleura sa poitrine, mais Subaru la recouvrit entièrement de sa peur.

Même Émilia n’était plus tranquille.

Que cela se produise un jour, c’était la toute dernière possibilité qu’il avait envisagée――il n’avait pas pensé qu’elle aurait autant besoin de lui.

――Qu’Émilia pourrait un jour pardonner Subaru.

Il avait espéré qu’un tel jour n’arriverait jamais, et c’était bien ainsi, mais il s’était bel et bien concrétisé.

Par conséquent, Subaru, laissé dans ce monde où tout était blanc et noir, ne pouvait compter que sur son dernier recours, la seule chose en sa possession.

Émilia : “――!!”

Cette Émilia effondrée, criait quelque chose.

La laissant dans son dos, Subaru commença à sprinter.

Il ne sentait aucune douleur dans son flanc. Il ne se souciait plus d’une telle chose.

Il n’y avait qu’un seul désir, celui de mettre fin à tout. Le monde coloré de Subaru était en train de disparaître complètement.

Ce qui restait, c’était juste ça.

La dernière paille à laquelle pouvait s’accrocher Natsuki Subaru en train de se noyer, était simplement――

――Une existence avec une haine qui ne changerait jamais, qui ne pardonnerait pas Subaru.

Émilia : “――!!”

La voix de cette Émilia à moitié folle ne parvint pas à ce Subaru à moitié fou.

L’effondrement de ce repaire de malfaiteurs, Pandémonium, tout comme l’effondrement de l’esprit de son maître, avançait à une vitesse croissante.

Dans ce monde en ruine, ce monde sans couleur, Subaru était enfin arrivé.

Subaru : “――――”

Il arriva à son propre bureau, encore entier.

Des protections fermes, comme celles qui avaient été utilisées pour les quartiers privés d’Émilia, y avaient été appliquées――car, dans cette pièce, il y avait quelque chose qui ne devait absolument pas être endommagé, tout comme Émilia.

Il avait tenu Émilia à l’écart en souhaitant qu’aucun mal ne lui soit fait, mais ici c’était le contraire.

Ce qui avait été installé à l’endroit le plus proche de lui, fut ce que Subaru ouvrit.

La porte cachée derrière l’étagère était vraiment une porte que personne, à l’exception de Subaru, n’était capable d’ouvrir.

Sans se presser, Subaru la franchit.

De l’autre côté de la porte ouverte, le son des chaînes, le son des chaînes liées au mur, résonnait.

Et, tout en jouant ce son de chaînes, des yeux de couleur rose fixèrent Subaru, et parlèrent.

??? : “――Enfin, es-tu venu en souhaitant mourir, Barusu ?”

――Uniquement à cause de sa haine, la fille qui désirait assassiner sa propre personne arborait un sourire minuscule, teinté de la couleur du sang.

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FIN

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