Arc V – Chapitre 41 – « Rêveries héroïques »

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Traduit par : TranslationChicken

Traduit de l’anglais par : Luclaft

Relu par : Akira

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Artiste du fan-art : Harusabin

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ARC V – LES ÉTOILES QUI ÉCRIVENT L’HISTOIRE

CHAPITRE 41 – « Rêveries héroïques »

Anastasia : “Vous êtes revenu bien tôt.”

À leur retour à l’Hôtel de Ville, Anastasia les accueillit avec un sourire quelque peu crispé.

Après avoir quitté le bâtiment plein de bravoure et être revenu dans cet état, le visage d’Anastasia était honnêtement le dernier que Subaru voulait voir. Mais ce n’était pas le moment de se préoccuper de tels sentiments.

Subaru : “Ouais, je suis de retour. Mais je repartirai dès que j’aurai fini ici. Je dois d’abord essayer quelque chose à l’Hôtel de Ville.”

Anastasia : “Tu as encore trouvé quelque chose ? J’ai un mauvais pressentiment à ce sujet.”

Subaru : “Eh bien… Le premier abri était un spectacle horrible, je l’ai déjà mentionné dans le Miroir de Conversation. Et je pense que l’influence de la Colère a dû affecter d’autres abris également.”

Anastasia : “Ils ont donc succombé au partage des émotions… Ce n’est pas comme si je ne le ressentais pas moi-même. Si je laisse mon moral baisser, j’ai l’impression qu’il va continuer à baisser pour toujours… Mais je suppose que ça fonctionne un peu différemment pour tout le monde.”

Subaru acquiesça en accord avec l’analyse d’Anastasia.

Dans les faits, Subaru avait également remarqué la même chose dans les rues. L’efficacité de l’Autorité de Sirius variait drastiquement en fonction de la distance qui les séparait. Peut-être que le simple fait d’être conscient de l’existence de l’Autorité pouvait aussi aider à en atténuer les effets――le fait que Subaru ait été capable de calmer Garfiel et Al de cette façon le prouvait.

Al : “Je ne sais pas comment l’abri s’est retrouvé dans cet état, mais je ne peux m’empêcher de craindre que la même chose n’arrive à la force principale regroupée ici. Je préférerais ne pas revenir ici pour être pris dans un autre sacrifice sanguinaire ou quelque chose comme ça.”

Anastasia : “Eh bien, tu n’avais pas besoin de t’inquiéter à ce sujet. Heureusement, il n’y a que des personnes intelligentes et rationnelles ici. Mais je ne peux pas en dire autant du type qui gâche toujours l’ambiance.”

Al, qui était arrivé en même temps que Subaru, prit la parole tout en observant le premier étage de l’Hôtel de Ville. En l’entendant, Anastasia renifla, stoppant net l’insolence d’Al par une pique.

Voyant Al répondre par un haussement d’épaules silencieux, Anastasia se tourna à nouveau vers Subaru.

Anastasia : “Alors, qu’est-ce que tu comptes faire ? Tu es revenu parce que tu avais une idée, pas vrai ?”

Subaru : “Ah, c’est vrai… Au fait, où est Julius ? Il n’est pas avec toi ?”

Anastasia : “Je n’aime pas être bombardé de questions, tu sais… Julius a un comportement un peu étrange. Je pense que c’est en partie parce qu’on n’a pas encore trouvé Joshua, mais j’ai l’impression que ce n’est pas tout.”

Subaru : “Un comportement étrange… Maintenant que tu le dis, il était un peu étrange, n’est-ce pas ?”

En se réveillant après l’attaque ratée sur l’Hôtel de Ville, Subaru avait remarqué que Julius s’exprimait moins bien que d’habitude. Il semblait faire des jugements et des suggestions qu’il n’aurait jamais faits en temps normal, et il y avait un manque visible de confiance en lui.

C’était un homme qui avait un sens aigu du devoir. Subaru avait pensé qu’il regrettait d’avoir laissé la Gourmandise s’échapper, mais il y avait peut-être plus que cela.

Garfiel : “Cap’taine. T’as la mauvaise habitude de t’préoccuper d’tous les problèmes. J’sais qu’tu t’inquiètes pour Julius, mais c’est pas que’que chose qu’on peut régler tout d’suite.”

Subaru : “Ouais, ouais, tu as raison. Je suis sûr que ce type se débrouillera très bien tout seul, sans que personne ne s’inquiète pour lui. En comparaison, nous avons nos propres problèmes à régler. Anastasia-san. Le dispositif magique de diffusion du dernier étage fonctionne toujours, pas vrai ? Par exemple, il n’est pas cassé et nous n’avons pas perdu le mode d’emploi…”

Ramené par le rappel de Garfiel, Subaru posa cette question. Au bout du fil, Anastasia cligna plusieurs fois ses yeux ronds avant de répondre,

Anastasia : “Il n’est pas cassé, et j’ai déjà travaillé avec des dispositifs similaires, donc ça va… mais qu’est-ce que tu comptes en faire ?”

Voyant la surprise dans les yeux d’Anastasia, Subaru se gratta la joue.

Même s’il s’attendait à ce qu’elle s’y oppose, c’était le seul plan auquel il pouvait penser. En termes de minimisation des pertes, ce serait également la mesure la plus efficace.

Subaru : “Comme je l’ai dit dans le Miroir de Conversation, la zone est actuellement sous l’influence de l’Autorité de la Colère. L’abri que nous avons visité… a été inondé de sang parce qu’une petite irritation a pu s’envenimer. La moindre émotion négative peut se transformer en un désastre extrême. C’est effrayant.”

Anastasia : “Oui, c’est exactement ce que je pense. Plus il y a de monde, plus il est difficile de les contrôler, et la panique se répandra encore plus vite. Cela dit, avec les refuges… ou même sans les abris, les gens auront tendance à se serrer les uns contre les autres. Pas vrai ?”

Subaru acquiesça silencieusement en réponse à la question d’Anastasia.

Ce qui était si effrayant avec l’Autorité de Sirius, c’est que plus le groupe de personnes était important, plus son influence devenait puissante. En entendant les menaces du Culte de la Sorcière lors de la diffusion, les gens ne pouvaient s’empêcher de former des groupes à cause de leur anxiété――une façon vraiment malsaine d’exploiter la détresse des gens.

Il était difficile de savoir si le Culte de la Sorcière avait espéré leur coopération, mais le fait est qu’il avait créé un cercle vicieux qui menaçait la vie de ces personnes en ce moment même.

Anastasia : “Est-ce que tu veux dire… que tu as trouvé un moyen de le contrer ?”

Subaru : “C’est seulement une sorte de “peut-être que ça pourrait marcher”. Je pense que ça vaut la peine d’essayer. C’est juste que…”

Devant le regard expectatif d’Anastasia, les paroles de Subaru s’interrompirent brusquement.

Voyant cela, Anastasia rétrécit ses yeux comme pour scruter les pensées les plus intimes de Subaru, tandis que ce dernier expirait une grande bouffée d’air.

Subaru : “Une fois que nous aurons commencé à le faire, tout sera entendu par le Culte de la Sorcière, mot pour mot. Il est donc possible que nous rencontrions d’autres problèmes si nous les provoquons.”

Anastasia : “Et en échange, il y a de fortes chances que nous puissions réduire la menace qui pèse déjà sur nous.”

Subaru : “Ouais, exactement. Maintenant que nous avons repris l’Hôtel de Ville, et compte tenu du fait que l’Autorité de Sirius affecte actuellement les abris… Même s’il est difficile d’équilibrer les risques, je pense toujours…”

Il était impossible d’imaginer la réaction du Culte de la Sorcière en cas d’action monumentale. Le danger équivalait à mettre une allumette enflammée dans une réserve de poudre à canon, comme c’était toujours le cas lorsqu’on avait affaire au Culte de la Sorcière. Ce qui rendait la chose si difficile à évaluer, c’était que la poudre pouvait également exploser d’elle-même, à tout moment, qu’une allumette ait été apportée ou non.

Anastasia : “――Je pense que je sais plus ou moins ce que tu as l’intention de faire maintenant, Natsuki-kun.”

Subaru : “Vraiment ?”

Après avoir brièvement réfléchi, Anastasia poussa un long soupir et prit la parole. En entendant cela, Subaru haussa les sourcils, surpris par sa réaction.

Anastasia : “D’après le déroulement de la conversation, et puisque tu as posé une question à propos de l’appareil de diffusion au début, je serais plus inquiète si je n’arrivais toujours pas à le deviner.”

Subaru : “E-eh bien, ouais, je suppose. Alors, qu’en penses-tu ? Tu es contre, n’est-ce pas ?”

Comme il l’avait envisagé, elle s’y opposerait probablement. Subaru n’aurait donc pas d’autre choix que de franchir le gigantesque obstacle consistant à convaincre Anastasia dans une guerre des mots――

Anastasia : “Haaaaa, qu’est-ce que je vais faire de toi…”

Subaru : “…Quoi, tu es d’accord avec ça ?”

Anastasia : “Logiquement parlant, c’est le meilleur plan d’action. J’ai beau aimer gagner, si cela signifie laisser une montagne de cadavres derrière nous au moment où nous vaincrons le Culte de la Sorcière, l’arrière-goût sera trop mauvais.”

En recevant cette réponse inattendue, Subaru resta un instant stupéfait.

Pendant ce temps, Anastasia se mordait la lèvre comme si elle essayait de gérer une émotion indigeste en elle, mais c’est Garfiel qui rompit le silence.

Garfiel : “Yo, Cap’taine et nee-chan. De quoi vous parlez ?”

Anastasia : “Un enfant si peu perspicace… Même mon Ricardo aurait pu le deviner.”

C’est à Garfiel, qui avait été laissé à l’écart, qu’Anastasia lança cette remarque sans ménagement. Garfiel serra les crocs d’agacement, mais Al lui tapota l’épaule par derrière, se moquant de Garfiel qui se retournait.

Al : “En gros, ce que pense frangin, c’est quelque chose comme ça――plutôt que d’essayer d’empêcher l’Autorité de la Colère de se répandre dans la ville, il serait plus rapide et plus simple d’essayer de la retourner à notre avantage.”

Garfiel : “La retourner, qu’est-ce que…”

Subaru : “La capacité de Sirius consiste à partager les émotions. Lorsque les gens sont anxieux et effrayés, cette émotion s’amplifie au fur et à mesure que les individus se regroupent, jusqu’à ce que quelque chose d’insignifiant la fasse exploser. Donc…”

Anastasia : “Si nous pouvons remplacer la peur et l’anxiété par une autre émotion… en la recouvrant de quelque chose comme de l’espoir, alors ce sont ces sentiments qui seront partagés à la place.”

Les doutes de Garfiel furent dissipés par Al, puis Subaru, et enfin Anastasia. Tout en écoutant, les yeux de Garfiel s’écarquillèrent et il laissa échapper un gémissement de compréhension,

Garfiel : “Aaah, c’est donc ça ! Comme ça, ils s’entretueront plus. Et si tout s’passe bien, même ceux dont l’esprit a été brisé reprendront l’combat.”

Subaru : “S’ils sont engloutis par l’atmosphère qui les entoure, même des combattants chevronnés seront incapables de tenir debout. Si nous parvenons à les libérer de cette angoisse, je pense que nous n’aurons plus de problème pour renforcer nos forces.”

Garfiel : “C’est pas génial ?! Fais-le, Cap’taine ! Nous avons s’te appareil magique. Alors le plus tôt s’ra l’mieux…”

Anastasia : “Attends, attends ! Ce n’est pas aussi simple. Ce n’est pas comme si je ne l’avais pas envisagée moi-même…”

Anastasia frappa dans ses mains pour arrêter Garfiel surexcité. Voyant cela, Garfiel dévoila ses crocs,

Garfiel : “Hah ? Pourquoi on attend ? Vous v’nez de dire que vous étiez d’accord, n’est-ce pas ? Ne m’dites pas qu’vous vous défilez à la dernière minute.”

Anastasia : “Je n’ai jamais dit que je me défilais. Je t’ai dit que j’y avais réfléchi. Il y a un autre problème, en plus de ces simples avantages et inconvénients.”

Subaru : “Les avantages et les inconvénients… ce sont ceux dont nous avons parlé plus tôt, non ?”

Anastasia : “Les avantages sont liés à l’objectif même de cette stratégie, éliminer l’anxiété et le désespoir des citoyens afin de ne plus avoir cette menace constante dans le dos. L’inconvénient, c’est que tout ce que nous diffusons dans la ville arrivera naturellement aux oreilles du Culte de la Sorcière. Nous n’avons aucune idée de leur réaction.”

Anastasia leva les mains vers Garfiel, qui se mordait la lèvre, et Subaru, qui restait calme. “Cependant”, poursuivit-elle,

Anastasia : “En ce qui concerne les inconvénients, je crois qu’ils sont presque négligeables. Tout d’abord, lorsqu’ils ont fait leurs demandes, les cultistes n’ont jamais interdit la résistance. C’est comme si ça ne les dérangeait pas qu’on les contrecarre ou qu’on s’oppose à eux.”

Subaru : “…Maintenant que tu le mentionnes, même si nous avons attaqué l’Hôtel de Ville, ils ne se sont pas servis de cette excuse pour se venger. Ce qu’ils ont fait aux occupants de l’Hôtel de ville, c’était juste pour s’amuser.”

Anastasia : “S’amuser ? J’aime ce choix de mots. C’est une façon assez précise de décrire les penchants maladifs de ces types.”

Anastasia soupira, tandis que Subaru avait envie de vomir rien qu’en imaginant les visages de ces Archevêques du Péché.

Néanmoins, ils étaient tous deux d’accord pour dire qu’il n’y avait pas de risque supplémentaire à faire la diffusion elle-même. Ainsi, la préoccupation d’Anastasia était――

Anastasia : “Je n’ai pas d’objection quant à la diffusion elle-même, mais le problème est de savoir… ce qu’elle contiendra et qui prononcera le discours.”

Subaru : “Quoi et qui… ?”

Ne comprenant pas ce que voulait dire Anastasia, Subaru fronça les sourcils.

Si elle demandait qui devait faire la diffusion à travers la ville pour réveiller les cœurs des personnes et chasser leur anxiété, alors――

Subaru : “Eh bien, c’est là qu’intervient Anastasia-san. Les gens te reconnaissent en tant que Candidate Royale. Si quelque chose d’inspirant sort de la bouche d’Anastasia-san…”

Anastasia : “Ça peut paraître étrange venant de moi, mais je pense qu’il est difficile d’attendre ce genre d’effet de mes paroles. Même si je déteste l’admettre, je ne suis pas à la hauteur de cette tâche.”

Subaru : “――――”

Anastasia secoua la tête devant la suggestion intuitive de Subaru.

Subaru ne comprenait pas ce qu’elle voulait dire. Puisque, naturellement, tout Pristella devait être au courant de la position d’Anastasia en tant que Candidate Royale. Ils devaient être au courant de la Sélection Royale. Sa renommée dépassait certainement de loin celle de toutes les personnes présentes.

Subaru : “Pas à la hauteur… Pourquoi ? Je veux dire, Anastasia-san, tu es…”

Anastasia : “Si la renommée est tout ce qui compte, alors je serais en effet la plus appropriée. Si c’est tout ce qu’il faut pour changer les choses en mieux, alors je serai heureuse de m’y plier. Mais ce n’est pas le cas. Ma renommée n’a rien à voir avec le fait de battre le Culte de la Sorcière. Quelqu’un de célèbre se battant contre le Culte de la Sorcière――c’est le genre de connaissance qui pourrait avoir un effet, ou pas.”

Subaru : “Mais…”

Anastasia : “Dans ce cas, ce serait inutile. Ce qu’il faut, c’est de l’espoir. Un espoir qui peut remplacer d’un seul coup toute l’anxiété dans le cœur des gens.”

Subaru n’avait pas de mots pour répondre à la déclaration d’Anastasia. Honnêtement, il voulait la réprimander pour sa modestie, et réfuter ce qu’elle disait. Cependant, personne d’autre qu’Anastasia elle-même ne semblait regretter le caractère pitoyable de sa déclaration.

Anastasia n’avait pas pu prononcer ces mots sans réfléchir. Au contraire. C’est justement parce qu’elle avait bien réfléchi qu’elle s’était jugée indigne de ce rôle.

Anastasia : “Je peux tromper et séduire les gens avec des mots magnifiques. Et je suis sûre que sur dix, cinq seraient trompés. Mais ce ne serait qu’une paille fragile et désespérée qui s’envolerait au moindre souffle de vent. Tout ce que ça accomplirait, c’est de créer un changement momentané de sentiment.”

Subaru : “A-alors… Qu’en est-il de Crusch-san ? Elle a une expérience militaire et appartient à une famille noble de Lugnica.”

Anastasia : “C’est vrai, les mots auraient certainement du poids s’ils venaient de Crusch-san. Si c’était l’ancienne Crusch-san. L’actuelle Crusch-san n’a pas ce genre d’influence sur les gens. Sans parler du fait que Crusch-san lutte actuellement pour sa vie. C’est un problème qu’il faut résoudre avant de lui demander d’inspirer quelqu’un d’autre.”

Subaru : “Elle lutte pour sa vie ? C’est si grave que ça ?!”

En entendant que Crusch était dans un état pire que ce qu’on lui avait dit, Subaru fit un pas vers Anastasia.

Avec la différence de taille entre eux, Anastasia leva les yeux vers Subaru et serra les lèvres. Subaru se tourna rapidement vers Garfiel, mais celui-ci secoua mollement la tête,

Garfiel : “La nee-san aux oreilles de chat la laiss’ra pas mourir, j’en suis sûr. Elle a mis tant d’sa force vitale en elle… mais j’suis contre l’fait d’mettre la femme devant l’appareil magique et d’la faire parler aussi. Elle peut à peine émettre un son…”

Subaru : “Bordel ! Et Julius alors ? Si c’est Julius, il…”

Anastasia : “Il est vrai que Julius fait partie de la Garde Royale, qu’il est l’un des plus grands Chevaliers du royaume et qu’il fait ma fierté. Mais quelle est l’importance du nom de Julius dans cette ville ? Au mieux, ses chances sont à peu près les mêmes que les miennes. Et je suis plus éloquente.”

Crusch n’était pas envisageable, et Julius avait également été écarté.

Parmi les visages dans l’Hôtel de Ville susceptibles d’inspirer de l’espoir aux autres, il ne restait plus que Wilhelm et Ricardo. Mais Ricardo n’avait ni l’influence ni la popularité. Et comment pouvait-on demander cela à Wilhelm maintenant ? Même s’il acceptait, quel avantage le titre de Wilhelm en tant qu’ancien Commandant de la Garde Royale apporterait-il à la table ?

Subaru : “Alors, que faisons-nous ? Qui d’autre est là… ?”

??? : “Eh bien…”

Alors que Subaru pensait avoir trouvé une contre-mesure efficace contre la Colère, il se retrouva coincé sans personne assez compétente pour la mettre en œuvre.

Et tandis que Subaru s’enfonçait dans ces pensées, Al leva la main avec désinvolture.

Al : “Si quelqu’un doit faire la diffusion, ça ne devrait pas être toi, frangin ?”

Subaru : “――Quo ?”

En l’entendant dire cela comme s’il s’agissait d’une évidence, Subaru mit un moment à réagir.

Gardant la bouche ouverte, il n’y avait presque pas besoin de réfléchir à deux fois à ce qu’Al venait de dire. Faire une blague aussi peu drôle à un moment pareil, à quoi pensait-il ?

Subaru : “Dis, Al. Nous sommes au milieu d’une conversation sérieuse. Le genre où chaque seconde compte. Je ne peux pas supporter tes blagues pour l’instant.”

Al : “Oy oy, attends une minute. Je suis conscient que je suis un type que la Princesse-san a embauché parce que plus de la moitié de mes remarques sont hors de propos, mais je ne plaisantais pas à l’instant.”

Subaru : “Si tu ne plaisantes pas, qu’est-ce qui te fait penser que je pourrais le faire ? Soit tu essaies d’être drôle, soit tu es fou, et je ne sais pas ce qui est le pire ici.”

Al : “Qu’y a-t-il de si fou là-dedans ? Pourquoi ne pas jeter un coup d’œil aux alentours ?”

Bien qu’Al soit quelqu’un avec “Pas sérieux” écrit partout sur lui, à cela, il baissa soudainement la voix et donna un coup de menton. Suivant son mouvement, Subaru déplaça son regard vers les deux autres à côté de lui――Anastasia et Garfiel. Subaru imagina qu’ils étaient tout aussi déconcertés par ces mots,

Subaru : “…Oy, vous aussi ?”

Anastasia : “――――”

Garfiel : “――――”

Leurs regards étaient sérieux, certainement pas surpris ou agacés. Ils fixaient Subaru avec une affirmation sincère dans leurs yeux.

C’était presque comme s’ils disaient qu’ils étaient d’accord avec Al.

Subaru : “Vous plaisantez, pas vrai ? Pourquoi vous avez tous l’air d’être d’accord ? Si Anastasia et Julius ne peuvent pas le faire, qu’est-ce qui vous fait penser que je peux le réaliser ?!”

Al : “Eh bien, comme je l’ai dit dans la rue, si nous en sommes arrivés là, c’est grâce à toi, frangin. Garf est d’accord avec moi, à en juger par sa façon de t’appeler “Capitaine, Capitaine” et tout le reste.”

(Note de Traduction : Oui, Al utilise bel et bien le surnom Garf.)

Subaru : “Comment ces deux choses peuvent-elles être liées ?!”

Al : “C’est la même chose ! Si Garf t’appelle capitaine, c’est que tu as fait quelque chose de bien, frangin. Ça montre à quel point il te fait confiance, pas vrai ? Tu as l’air de penser que ce que tu as fait n’est pas si important que ça, pour une raison ou pour une autre. Mais à part toi, qui d’autre dans ce monde, et encore plus dans cette ville, peut dire qu’il a vaincu la Paresse du Culte de la Sorcière ?”

Subaru : “――――”

Al approcha son visage de celui de Subaru.

Son casque froid heurta le front de Subaru, et une petite chaleur pouvait être ressentie à travers la sensation ferme du métal, venant du front d’Al de l’autre côté. Pendant un instant, se sentant transpercé par ses yeux invisibles, Subaru retint son souffle.

Al : “Dans une ville occupée par le Culte de la Sorcière, il y a un homme qui a tué un Archevêque du Péché du Culte de la Sorcière. Hormis quelqu’un qui remplit cette condition, qui d’autre peut susciter les espoirs et les attentes des gens ? À part toi, frangin, le seul à pouvoir le faire est Reinhard. Et tu es le seul ici.”

Subaru : “――Guh.”

Subaru reçut un autre coup sur le front et trébucha en arrière. Observant Subaru reculer, Al haussa les épaules.

Anastasia : “Je suis du même avis. Si quelqu’un peut le faire, c’est bien Natsuki-kun.”

Subaru : “Anastasia…”

En disant cela, Anastasia baissa les yeux vers Subaru, qui était toujours dans la même position. Une expression qui semblait se lamenter sur sa propre impuissance, tout en confiant cet espoir à quelqu’un d’autre.

Ce n’est qu’après avoir vu cette expression que Subaru se rendit compte des grandes attentes qui avaient été placées en lui.

Subaru : “Garfiel… tu le penses également ?”

Garfiel : “J’ai pas de détails concernant l’fait que t’aies tué ce Péché quelque chose de la Paresse. Mais ouais, j’pense la même chose.”

Face à la question calme de Subaru, Garfiel gratta les cheveux courts sur sa tête.

Garfiel : “Si y’a une voix dans s’te ville qui peut devenir l’espoir des gens… j’dis que s’te voix s’rait la tienne, Cap’taine. Si tu te donnes vraiment à fond, j’ai l’sentiment qu’tu peux y arriver. C’est s’que j’pense.”

Subaru : “――――”

Il s’agissait d’une marque de confiance sans fondement et extrêmement lourde.

Surpris et retenant son souffle, Subaru avait bien compris l’ampleur de la foi placée en lui.

En se retournant, il aperçut Anastasia. Qui hochait la tête.

Ensuite, il vit Al. Ce dernier haussa les épaules.

Comme auparavant, Garfiel regardait toujours Subaru. Lorsque celui-ci se tourna vers lui, il hocha également la tête.

Subaru : “――――”

Prenant en compte les réactions de chacun, Subaru releva la tête.

Rétrécissant ses yeux vers la faible lumière des cristaux du premier étage, il poussa un long soupir.

――Ils l’estimaient beaucoup, beaucoup trop.

Il l’avait ressenti chez Wilhelm, Julius et Reinhard également.

Ils avaient tout faux à propos de Subaru. Tout faux.

Ils étaient eux-mêmes bien meilleurs, avaient travaillé bien plus dur et étaient bien plus nobles que lui.

Pourtant, comme s’il s’agissait d’une évidence, ils louaient Subaru, lui offraient leur aide et le saluaient avec tant de chaleur. Ce fait avait toujours tourmenté Subaru.

Lorsque la personne qu’il respectait, la personne contre laquelle il ne voulait pas perdre et la personne qu’il ne pourrait jamais atteindre lui donnaient toutes leur approbation, il ne s’agissait pas simplement de se réjouir.

Cela le rendait anxieux. Qu’un jour, le jour où sa vraie personne serait finalement exposée, il les décevrait sûrement. En réalisant que le vrai Subaru était en fait pathétique, faible et sans espoir, ils seraient sûrement attristés et regretteraient la chaleur qu’ils lui avaient témoignée.

C’est ce qu’il avait toujours pensé. Et pourtant…

Al, Garfiel et Anastasia avaient de telles attentes à l’égard de Subaru.

Sur le point d’être écrasé par son poids, Subaru s’était dépassé jusqu’à sa limite, et pourtant sa limite n’avait pas été atteinte le moins du monde. C’est ainsi qu’il avait continué à accumuler poids sur poids, en essayant de répondre à cette attente, encore et encore.

C’était la voie que Natsuki Subaru avait choisie.

――La voie qu’il avait un jour promis à une fille solitaire d’emprunter. La voie de son seul héros.

Mais, d’une manière ou d’une autre, il n’était plus seulement son héros. Ce que Subaru portait maintenant, c’était――

Al : “Si tu fais ça, frangin, à partir de maintenant, ce seront des rêveries héroïques que tu porteras sur ton dos.”

Al lança soudain cet avertissement au silencieux Subaru.

Voyant les yeux de Subaru se baisser, Al poursuivit d’une voix apathique.

Al : “Tu ne peux jamais perdre. Tu dois seulement gagner. Tu prendras en charge leurs espoirs, tu porteras leurs attentes et tu te battras pour leur montrer un avenir radieux. Si tu prends cette décision ici, c’est ce que tu devras faire.”

Subaru : “…Je ne peux jamais perdre, hein. Ça sonne comme ça l’a toujours été, n’est-ce pas ?”

Al : “Son poids est différent. Ta défaite, frangin, devient plus que ta défaite.”

Subaru ne comprenait pas ce que voulait dire Al.

Les batailles de Subaru avaient toujours été ainsi. Lorsque Subaru perdait, il n’était pas le seul concerné. Tout ce que Subaru voulait protéger serait perdu avec la défaite de Subaru.

Il en avait toujours été ainsi. Il n’en avait jamais été autrement.

Si la défaite ne lui coûtait rien, il n’aurait eu aucune raison de se battre. Pourtant, Subaru s’était battu parce qu’il y avait des choses qu’il ne pouvait pas protéger s’il ne se battait pas.

Et après cette journée, leur nombre atteindrait des proportions incroyables.

Subaru : “Tch, n’est-ce pas ainsi que les choses ont toujours été ?”

Al : “――――”

Expirant un soupir, il prit sa décision.

Les battements de son cœur, si intenses jusqu’à présent, se calmèrent tandis que sa vision s’éclaircissait. Bien qu’il ne puisse pas voir le visage d’Al, il sentit que ce dernier retenait son souffle et l’observait avec une expression stupéfaite.

Subaru : “Anastasia-san, je vais le faire. Si ma voix peut faire la différence, alors comptez sur moi.”

Anastasia : “…Es-tu sûr ? Une fois que l’on prend en charge les espoirs des individus…”

Subaru : “Ce ne sera pas différent de ce que je fais toujours. Héro, ça ne sonne pas trop mal, n’est-ce pas ? Mais honnêtement, c’est un peu gênant de se définir ainsi…”

En voyant l’expression inquiète d’Anastasia, Subaru se frotta doucement le bout du nez.

Subaru : “S’il s’agit seulement d’être un héros, j’ai déjà pris ma décision il y a un an. Sinon, je ferai honte à la fille qui me surveille et à celle dont je surveille les arrières.”

Anastasia : “――Je vois. Eh bien, parfait alors. Les garçons aiment frimer à tout moment, après tout.”

Comme pour dire “On ne peut rien y faire”, Anastasia sourit et donna à Subaru un léger coup à la poitrine.

Subaru fut un peu décontenancé par cette réaction.

Puisque c’était peut-être la première fois qu’il voyait Anastasia baisser sa garde et dévoiler ses vraies émotions. Avec ce sentiment qui fondait rapidement dans sa poitrine, là où il avait été touché, Subaru leva le visage.

Subaru : “Merci, Garfiel. Al. Pour m’avoir aidé à me décider.”

En disant cela aux deux personnes dans son dos, Subaru suivit Anastasia.

Il se demanda ce qu’il allait bien pouvoir dire devant l’appareil magique de diffusion. Il ne savait toujours pas ce qu’il fallait dire ou ne pas dire.

Mais, étrangement, il n’y avait pas de confusion ou d’anxiété qui l’accompagnait.

Après tout, c’était la même chose que d’habitude, pas vrai ?

――Parce qu’il savait que, comme d’habitude, il n’avait pas d’autre choix que de frimer à nouveau.

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-=Fin du Chapitre 41=-

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