Arc V – Chapitre 44 – « Rien n’est laissé sous silence »

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Traduit par : TranslationChicken

Traduit de l’anglais par : Astral

Relu par : Akira

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ARC V – LES ÉTOILES QUI ÉCRIVENT L’HISTOIRE

CHAPITRE 44 – « Rien n’est laissé sous silence »

Tout le monde dans la salle fut plongé dans un état de choc, après qu’Otto ait lâché cette bombe, en levant la main.

L’existence non vérifiée du Livre de la Sagesse venait d’être confirmée, non par quelqu’un d’autre, mais par l’un des leurs. Il était normal qu’ils soient choqués――la surprise de Subaru étant la plus grande d’entre eux.

Subaru : “P-pourquoi as-tu le Livre de la Sagesse ?”

Otto : “Avant que tu ne te méprennes, laisse-moi t’expliquer. C’est bien moi qui ai apporté le soi-disant Livre de la Sagesse dans la ville… mais ce livre ne m’appartient pas. J’ai été choqué quand j’ai entendu la demande du Culte de la Sorcière.”

Anastasia : “Le soi-disant ? C’est une curieuse façon de le présenter. Que veux-tu dire par là ?”

Tandis qu’Otto répondait à Subaru, Anastasia reprit cette description et posa à son tour une question. À ce moment-là, Otto regarda les autres et――

Otto : “Connaissez-vous le Livre de la Sagesse ? Pour faire simple, c’est comme les Évangiles des cultistes… un livre de prophétie capable de prédire l’avenir, sauf qu’il semble s’agir de l’original. J’ai entendu dire que la différence de précision était énorme.”

Anastasia : “L’original de l’Évangile… ? C’est peut-être un peu exagéré, mais ça me rappelle les prophéties de la Pierre Historique du Dragon. Bien sûr, sa crédibilité, sa réputation et son point de vue sont loin d’être les mêmes.”

Otto : “Je n’ai jamais eu l’occasion de voir se réaliser les prophéties de la Pierre Historique du Dragon ou de l’Évangile, je ne peux donc rien dire de leur fiabilité… et il en va de même pour le Livre de Sagesse, je le crains. Le temps que je mette la main dessus, le livre n’était déjà plus que des vestiges en grande partie brûlés.”

Subaru : “Des vestiges brûlés…”

La description d’Otto correspondait au destin des deux volumes du Livre de la Sagesse dans l’esprit de Subaru. L’un d’eux appartenait à Béatrice et avait disparu dans les flammes de la Bibliothèque Interdite en proie aux flammes. L’autre appartenait à Roswaal et avait été réduit en cendres par Ram au Sanctuaire.

Il était difficile de dire dans quelle mesure on pouvait se fier au témoignage de sa créatrice, Echidna, mais si l’on devait croire ses paroles――alors les deux volumes existants auraient dû être brûlés. Dans ce cas, ce qu’Otto avait obtenu ne pouvait être que les restes calcinés.

Anastasia : “Je vois. Je crois savoir pourquoi Otto-kun a apporté le livre à Pristella. Tu cherchais à obtenir l’aide du Maître de la Restauration Dartz, pas vrai ?”

Otto : “…C’est exact.”

Sur cette simple réponse, Otto acquiesça devant la conclusion d’Anastasia. Si Julius et Reinhard semblaient l’accepter d’un air compréhensif, Subaru paraissait troublé par ce terme qu’il n’avait jamais entendu auparavant.

Subaru : “Hey, ne faites pas tous soudainement “Ahh” et ne me laissez pas en dehors de la boucle ici. Qu’est-ce qu’un Maître de la Restauration ?”

Anastasia : “Comme son nom l’indique, ce sont des magiciens spécialisés dans la magie Yang, capables de redonner aux objets leur forme originelle. Dartz est un membre assez célèbre de leur cercle, il vit dans cette ville. Même les livres à moitié réduits en cendres peuvent être restaurés avec d’assez bons résultats, si on leur laisse suffisamment de temps.”

Otto : “J’ai réussi à contacter Maître Dartz et à lui laisser les restes du Livre de la Sagesse. Le livre devrait donc se trouver dans son atelier actuellement.”

Grâce au témoignage d’Otto, l’endroit où se trouvait le Livre de la Sagesse avait enfin été révélé.

Garfiel : “Mais alors, quand est-ce qu’Ottobro a rencontré s’type ?”

Otto : “Hier, après l’échec des négociations avec la Compagnie Muse. Une fois que tout le monde s’est séparé, j’ai rendu visite à Maître Dartz. Nous avons discuté en privé et il a semblé très enthousiaste à l’idée d’accepter ce travail…”

Subaru pouvait très bien imaginer Otto pâlir en entendant parler du “Livre de la Sagesse” au cours des bouleversements de la journée.

Cela expliquait comment le Livre de la Sagesse brûlé avait survécu et pourquoi il avait été amené dans cette ville, mais les véritables motivations d’Otto restaient inconnues. Pourquoi voulait-il restaurer le Livre de la Sagesse ?

Honnêtement, Subaru n’avait pas de bonnes impressions sur le Livre de la Sagesse. C’était un livre noir inquiétant créé par Echidna et associé aux Évangiles entre les mains du Culte de la Sorcière. C’était la raison pour laquelle Béatrice avait été liée à la Bibliothèque Interdite pendant quatre cents ans, et la raison pour laquelle les complots de Roswaal avaient semé la violence dans le Sanctuaire.

En vérité, Subaru avait été soulagé d’apprendre que les livres avaient été détruits par le feu.

Otto : “Je n’entrerai pas dans les détails de son acquisition ni dans les raisons pour lesquelles il a été amené ici pour être restauré. J’avais seulement l’intention de clarifier l’existence du Livre de la Sagesse et son emplacement actuel. Pour le reste, il s’agit d’une question interne à notre faction.”

Julius : “Mais le Culte de la Sorcière cite le Livre de la Sagesse comme l’une de ses exigences. Qui en est responsable, selon vous ?”

Otto : “Je ne crois pas que ce que fait le Culte de la Sorcière puisse être imputé à quelqu’un d’autre que le Culte de la Sorcière. Mais si vous insistez sur ce point, je vais devoir faire moi-même quelques remarques désobligeantes.”

Otto resta résolument sur ses positions face aux protestations de Julius. Et, voyant Otto tourner son regard vers Anastasia, Julius secoua rapidement la tête.

Julius : “Mes excuses. J’ai dit quelque chose d’inutile à l’instant. Naturellement, je n’ai pas l’intention de vous faire porter le chapeau. Les crimes du Culte de la Sorcière seront dûment compensés lorsque nous leur infligerons un châtiment.”

Otto : “Je suis d’accord.”

Otto acquiesça aux paroles déterminées de Julius tout en jetant un coup d’œil à Subaru. Mais, voyant ce regard secret, Subaru ne put dire un mot.

À quoi pensait Otto ? Même si Subaru n’avait pas l’intention de le soupçonner, il n’avait toujours aucune idée de ce qu’il préparait. Voyant Subaru dans cet état, Otto remua silencieusement les lèvres.

Otto : “Nous en reparlerons plus tard.”

Le message était passé. Il allait donc tout expliquer. Dans ce cas, ils feraient mieux de mettre l’affaire en suspens pour l’instant.

Reinhard : “Maintenant que l’existence du Livre de la Sagesse a été confirmée, nous ne pouvons plus être sûrs que la partie concernant les Esprits Artificiels ne soit que des divagations délirantes.”

Une fois cette question réglée, Reinhard commença à aborder le nouveau sujet.

Bien qu’il ne fasse que suivre le cours des choses, maintenant qu’Otto avait déjà révélé quelque chose de potentiellement désavantageux pour lui, il n’y avait aucune raison pour que Subaru continue à cacher le sien.

Subaru : “Anastasia-san.”

Anastasia : “Je sais, je sais. Eh bien, ça ne va pas être facile.”

Voyant que Subaru cherchait à obtenir son accord, Anastasia retira l’écharpe qu’elle avait autour du cou. Elle l’étala sur la table, tandis que tous les autres penchaient la tête devant son expression déterminée.

Mais ce qu’elle fit ensuite les obligea tous à redresser la tête.

Anastasia : “――Plus besoin de faire semblant d’être inconsciente, Echidna. Tu peux parler maintenant.”

Echidna : “Dans mon cas, plutôt que de faire semblant d’être inconsciente, ne serait-il pas plus approprié de dire “jouer au renard”, Ana ?”

(Note de Traduction : L’expression exacte utilisée par Anastasia est “狸寝入り”, qui utilise les Kanji pour “tanuki/raton laveur” (狸), un animal réputé malicieux et associé à la ruse dans le folklore japonais, et “dormir” (寝). Cependant, Echidna la corrige en utilisant “狐寝入り”, remplaçant le Kanji pour “tanuki/raton laveur” par le Kanji pour “renard” (狐).)

Tout le monde : “――!”

Suite à l’appel d’Anastasia, l’écharpe en forme de renard blanc étendit ses membres avec une volonté propre. En voyant cela, les mêmes expressions de choc apparurent sur les visages de Julius et de Ricardo.

Il semblait qu’Anastasia avait caché l’existence de l’Esprit Artificiel Echidna, même aux membres de sa propre faction.

Ricardo : “Hey, mademoiselle… Je ne sais pas ce que c’est. C’est quoi ce truc…”

Anastasia : “Désolée de te l’avoir caché, Ricardo. Julius aussi――cette enfant est l’Esprit Artificiel dont nous parlons. Elle s’appelle Echidna, et elle est ma complice depuis très, très longtemps.”

Echidna : “Bonjour, Ricardo. Il serait assez maladroit de me présenter comme si nous venions de nous rencontrer, alors que, techniquement, je te connais depuis longtemps. Nous pouvons être copains-copains comme d’habitude si tu le souhaites.”

Echidna se montrait exceptionnellement amicale envers Ricardo, qui avait l’air de contempler quelque chose d’effrayant. Et, autant Ricardo était décontenancé par l’attitude du renard blanc, autant le visage de Julius était choqué. Face au secret que sa maîtresse lui avait caché, ses pupilles vacillaient dans un désarroi rare et non dissimulé.

Face au secret que son maître lui avait caché, ses pupilles vacillaient d’un désarroi rare et non dissimulé,

Julius : “… Alors ça signifie qu’Anastasia-sama est aussi une Utilisatrice d’Arts Spirituels ?”

Anastasia : “Hmmm, pas exactement. Il n’y a pas de Contrat de ce genre entre moi et Echidna. C’est juste que je n’ai pas le don pour ça. De plus, contrairement aux Esprits ordinaires, Echidna ne peut pas se battre.”

Echidna : “C’est exact, je suis aussi incompétente qu’il est possible de l’être. Je crains même d’être l’Esprit le plus faible qui soit. Si faible que même le Chevalier Spirituel n’a pas pu sentir ma présence.”

Julius : “Vraiment ? Non, mais alors…”

Les soupçons de Julius furent balayés tour à tour par Anastasia et Echidna. Mais, au lieu d’être rassuré, il tourna son regard vers Subaru, qui se tenait à l’écart.

Le regard jaune qu’il adressa à Subaru avait une certaine vivacité.

Julius : “Pourquoi Subaru a-t-il l’air d’être déjà au courant ? Alors que moi, en tant que votre Chevalier, je n’étais pas au courant, comment a-t-il pu…”

Anastasia : “Ce n’est pas du tout ça. C’est…”

Subaru : “C’est parce qu’elle est un Esprit Artificiel, tout comme ma partenaire, Béatrice. Après avoir entendu les demandes du Culte de la Sorcière, Anastasia-san me l’a expliqué… Je l’ai donc découvert il y a peu de temps, un peu comme toi.”

Julius : “Elle est un Esprit Artificiel… ? Anastasia-sama, est-ce vrai ?”

Coupant la parole à Anastasia, Subaru expliqua succinctement la situation à Julius, la suspicion visible dans ses yeux. Voyant Anastasia acquiescer à sa question, Julius marmonna “Je vois…”, et ferma brièvement les yeux comme pour tout assimiler avant de pousser un profond soupir.

Julius : “Je m’excuse d’avoir eu des soupçons sur votre comportement. Veuillez me pardonner pour tout le désagrément que j’ai pu vous causer, Anastasia-sama. J’ai profondément honte.”

Anastasia : “Je n’ai pas le droit de te réprimander alors que j’ai gardé le secret pendant tout ce temps. Je devrais plutôt te demander ton pardon.”

Julius adressa un signe de tête à Subaru et s’excusa auprès d’Anastasia. Mais, voyant les excuses de Julius depuis le côté, Ricardo attrapa Echidna sur la table.

Ricardo : “C’est quand même très méchant, mademoiselle ! Depuis combien de temps nous connaissons-nous ? Pourquoi m’avoir caché une chose pareille ? Je suis un peu blessé ! C’est tout ce que nous sommes l’un pour l’autre ?”

Echidna : “J’apprécierais que tu ne me traites pas avec autant de brutalité. Je suis assez pointilleuse à propos de mes cheveux. Et tu ne voudrais pas abîmer l’adorable apparence d’Ana, n’est-ce pas ?”

Ricardo : “T’as la langue bien pendue, n’est-ce pas ? Ugh, peu importe. Je vais laisser tomber cette fois.”

Après l’avoir tirée et tripotée à sa guise, Ricardo sembla satisfait et lâcha le renard blanc. Posée sur la table, le renard blanc se dirigea rapidement vers Anastasia, s’enroula autour de son cou et redevint inanimé.

Ayant résidé là pendant longtemps, il était impressionnant de voir à quelle vitesse elle pouvait revenir à son état inanimé.

Anastasia : “Et donc, les Esprits Artificiels existent également… Cela dit, tout comme le Livre de la Sagesse d’Otto-kun, je n’ai pas l’intention de confier cet enfant au Culte de la Sorcière.”

Subaru : “Désolé d’avoir gardé le secret, mais je le ressens de la même manière. Béako est ma partenaire importante. Je ne la laisserai même pas tenir la main de ces fous.”

Anastasia et Subaru affirmèrent tous deux leur décision de refuser les exigences du Culte de la Sorcière. En entendant cela, Reinhard acquiesça, et,

Reinhard : “Je le sais. Bien sûr. Nous ne pouvons pas accepter une seule de leurs exigences. Mais peut-être que celle concernant le mariage d’une femme pourrait être ignorée.”

Subaru : “Non ! Absolument pas ! Parce que la personne que ce connard parle d’épouser et toutes ces putains de conneries, c’est Émilia !”

Otto : “Pfft ?! Émilia-sama a été kidnappée ?! Comme je ne l’avais pas vue dans les parages, je pensais qu’elle avait évacué ! Tu n’aurais pas pu en parler plus tôt ?!”

Reinhard écarquilla les yeux et la nouvelle choquante fit tourner les yeux d’Otto. Subaru serra les dents en réponse aux réactions des deux hommes et poursuivit.

Subaru : “Je suis désolé. C’était ma faute, elle a été enlevée devant moi. Mais, puisque ce type parle d’un mariage, il ne devrait pas avoir fait quoi que ce soit pour la blesser. Donc nous devons aller là-bas, le tuer, et la ramener. Absolument, absolument…”

Reinhard : “――Oui, nous le ferons. S’il en est ainsi, nous ne pouvons absolument pas le permettre.”

La simple pensée de Regulus faisait bouillir la rage dans l’esprit de Subaru, et pour soutenir cette indignation, la combativité de Reinhard atteignit des sommets, comme s’il était d’accord avec sa rage. C’était une aura si fiable qu’elle en était terrifiante. Sans aucun doute, sa présence était extrêmement rassurante.

Et, à cette pensée, Subaru tourna son regard vers le coin de la salle――vers l’homme qui était resté en dehors de la conversation jusqu’à présent.

Assis là, adossé au mur, son expression était cachée derrière son casque.

Subaru : “Hey, Al. Tu devrais aussi participer à la conversation. Tu n’as pas dit un mot depuis la fin du discours. Notre arme la plus mortelle a été bloquée à cause de ce bâtard que vous avez amené. Tu ferais mieux de faire quelque chose pour te rattraper, tu sais.”

S’approchant, Subaru interpella Al qui était morose. Et, soupirant devant l’absence de réaction, Subaru évoqua le père de Reinhard――Heinkel.

Heinkel avait pris Felt en otage et immobilisé Reinhard.

Cette traîtrise manifeste, en tournant une arme contre une Candidate Royale, n’était pas seulement un crime de lèse-majesté, mais rien de moins qu’une trahison. Normalement, un criminel ne pouvait pas échapper à la peine de mort après avoir commis un crime aussi odieux, mais comment Reinhard allait-il s’y prendre ?

Du moins, Subaru ne pouvait pas le comprendre en voyant le visage de Reinhard.

Al : “――Je suis désolé, mais je me retire.”

Subaru : “…Haa ?”

Peut-être distrait par ses pensées sur Reinhard, Subaru n’avait pas réagi avant qu’Al ne se soit déjà levé. S’éloignant du mur, Al semblait sur le point de passer à côté d’un Subaru confus. Ce dernier s’en rendit compte et attrapa rapidement l’épaule d’Al, le faisant se retourner.

Subaru : “A-attends ! Tu te retires ? Qu’est-ce que tu racontes ? Nous avons besoin de tous les combattants possibles actuellement, et tu veux nous quitter ? Qu’est-ce que tu es, un idiot ?”

Al : “Idiot ou quoi que ce soit d’autre, tu serais fou de me considérer comme un combattant pour commencer. N’importe quel type que tu sortiras des abris et qui s’est battu sera meilleur que moi. Donc ça n’a pas d’importance si je pars.”

Subaru : “C’est quoi ce bordel ?! Ne me sors pas ces conneries de mauvais esprit ! Qu’est-ce qui se passe tout d’un coup ? Si tu as quelque chose à dire, dis-le !”

Al : “――Tu es la seule personne de qui je ne veux pas entendre ça, frangin.”

En repoussant le bras de Subaru, le regard pénétrant d’Al transperça Subaru depuis l’intérieur de son casque.

Ce regard indiscernable et ce ton inhabituel provoquèrent un frisson dans le dos de Subaru.

Ce n’était pas de l’hostilité ou des intentions meurtrières, mais une émotion ardente tout de même.

Subaru avait l’impression d’avoir déjà vu cette émotion inexplicable quelque part, mais il ne se souvenait pas où ni de quoi il s’agissait. Et il ne comprenait pas alors qu’ils continuaient leur confrontation, quand――

??? : “Mon inspiration scintille ! Écoutez si vous le voulez bien――Ton regard fait gonfler la chaleur dans ma poitrine~.”

Subaru : “Ferme-la !!”

??? : “Pyiichi ?!”

Par réflexe, Subaru répliqua contre la voix joyeuse qui sortait de nulle part. La cible sursauta en entendant ce cri et bascula de manière flamboyante sur la table derrière elle.

Roulant dans tous les sens, gémissant et se lamentant bruyamment, il s’agissait d’une fille à la peau brunâtre――

Subaru : “Tu es… Liliana ?!”

Liliana : “Ughhhhh, aww ! Mon coude ! Mon genou ! Tous les os de mon corps sont brisés ! Mes six côtes sont cassées ! Il n’y a pas d’erreur possible !”

Celle qui se roulait énergiquement sur le sol devant Subaru était la Chanteuse Liliana.

Voyant qu’elle était toujours la même, Subaru ne prit même pas la peine de lui faire remarquer que les humains avaient plus de six côtes et se contenta de se tapoter la poitrine en signe de soulagement.

Subaru : “J’étais assez inquiet après notre séparation, mais je suis content de te voir saine et sauve. C’est un soulagement.”

Liliana : “Saine et sauve ?! Ne vois-tu pas que je suis au bord de la mort ? Comment peut-on se tapoter la poitrine en signe de soulagement devant une demoiselle en détresse, quel genre d’humour malsain est-ce là ?! Mon inspiration scintille ! Écoutez s’il vous plaît――Doigts ! Oreilles ! Et les yeux~ !”

Subaru : “Tu es toujours assez vive, n’est-ce pas ?”

Assise en tailleur sur le sol, elle grattait sa lyre, soudainement en pleine forme. Bien que la soudaineté de son rétablissement soit plutôt troublante, Subaru était simplement heureux qu’elle aille bien.

Subaru : “Mais comment es-tu arrivée à l’Hôtel de Ville ? Ça devait être dangereux d’errer à l’extérieur…”

??? : “Naturellement, c’est à moi d’en décider, roturier.”

Subaru : “Ugh.”

Avant qu’il ne puisse demander à Liliana comment elle était arrivée à bon port, une voix arrogante répondit à sa place.

Au son de pas de talons hauts, une femme d’un rouge resplendissant entra dans la salle de conférence. Parée de rouge de la tête aux pieds, elle balaya la salle de ses yeux rouge sang.

??? : “Il semblerait que tous les acteurs se soient rassemblés. C’est une bonne chose que vous vous soyez préparés à l’arrivée de la vedette. Continuez ainsi à l’avenir.”

Souriante et de bonne humeur, tenant un éventail étalé sur ses lèvres――Priscilla. Son entrée soudaine surprit tout le monde, y compris Subaru, mais le premier à réagir ne fut personne d’autre que son serviteur, Al.

Al : “P-Princesse-san ! Vous êtes saine et sauve… Je m’inquiétais de ne vous trouver nulle part.”

Priscilla : “Mmm, est-ce Al ? Que signifie le fait de batifoler avec ces paysans au lieu de me servir ? N’est-il pas de ton devoir de contempler ma silhouette, d’écouter ma voix, de respirer mon odeur et d’obéir à mes ordres ? Et Schult, m’obliger à le chercher moi-même, il devrait y avoir une limite à ton insolence…”

??? : “V-veuillez me pardonner, Priscilla-sama…”

Alors que Priscilla réprimandait sans pitié son serviteur inquiet, un petit garçon en uniforme de majordome sortit sa tête de derrière elle, s’accrochant timidement à sa robe. Il semblait que Priscilla n’avait pas seulement sauvé Liliana, mais aussi son majordome, tout en se pavanant dans une ville envahie par le Culte de la Sorcière.

Subaru : “Quel genre d’audace folle est-ce là…”

Subaru poussa un soupir en voyant la fine limite entre l’excès de bravoure et l’insouciance. En entendant cela, Priscilla tourna son regard vers Subaru. Refermant son éventail, elle s’approcha de lui d’un pas vif.

Priscilla : “Toi là, ne bouge pas.”

Subaru : “――Hk.”

Avec un souffle du vent, elle approcha le bout de son éventail de la gorge de Subaru.

Comme d’habitude, se déplaçant à une vitesse inconcevable, elle l’atteignit avant que ses yeux ne puissent même enregistrer son mouvement. Mais comme Reinhard n’était pas intervenu, Subaru estima qu’il n’était pas en danger.

Subaru : “Qu’est-ce que tu fais ? Nous avons une conversation importante en ce moment, nous n’avons pas le temps pour ton…”

Priscilla : “Bien――donc la diffusion maladroite de tout à l’heure était ta voix ?”

Subaru : “…Ouais, et alors ?”

Aussi pathétique que cela puisse être de se fier à l’absence de mouvement de Reinhard comme indicateur, Subaru choisit de répondre à Priscilla qui soufflait. Devant cette réponse, elle plissa les yeux.

Priscilla : “C’est décidé. Je ne tolérerai pas que quelqu’un reçoive plus d’attention que ma personne. Je vais donc prouver ma supériorité sur les individus de ton espèce.”

Subaru : “Hein ? Ow ?!”

En remontant l’éventail au niveau du cou de Subaru, elle le fit claquer contre son menton si fort qu’il en eut les larmes aux yeux. Sur ce, Priscilla le quitta et s’assit impérieusement sur l’un des sièges de la table ronde.

Priscilla : “Une chaise qui ne vaut rien. Il suffit de s’asseoir dessus pour se rendre compte qu’elle est bon marché.”

En faisant cette remarque cinglante sur la qualité du mobilier, elle balaya du regard les visages assis à la table. Puis, entrouvrant ses lèvres peintes en rouge, un splendide sourire macabre se dessina sur son visage.

Priscilla : “Allez-y maintenant, je vais vous permettre de tout me dire sur la situation actuelle. Soyez mes mains et mes pieds, et assumez pleinement vos responsabilités. En récompense, je vous apporterai mon aide. N’oubliez pas d’être reconnaissants.”

Al : “Attendez, Princesse-san ! Maintenant que nous nous sommes retrouvés, il n’y a plus de raison de rester ici, pas vrai ? Nous devrions quitter cet endroit dangereux et…”

Priscilla : “Suggères-tu que je m’enfuie, Al ? Si c’est le cas, tu te trompes lourdement.”

Voyant Priscilla s’enfoncer dans son siège comme si elle avait l’intention de participer à la conférence, Al s’empressa de protester. Mais Priscilla lui lança un regard noir qui le figea instantanément à l’intérieur de son casque de métal.

Priscilla : “M’écoutes-tu ? Je suis celle qui a décidé de rester dans cette ville. Et c’est moi qui déciderai de la quitter. Je n’accepte d’instructions de personne. De plus, tu veux que je tourne le dos à ces imbéciles enragés et que je m’enfuie sans vergogne ? Pour qui me prends-tu ?”

Al : “…”

Priscilla : “Tout dans ce monde existe pour ma convenance. Alors pourquoi devrais-je partir et permettre à ce désordre odieux de continuer ? Si tu souhaites te qualifier comme étant mon serviteur, sache ceci, Al. Je suis favorisée par la providence divine, et donc, mes actions sont la providence divine.”

La volonté de Priscilla ne pouvait être influencée.

Toutes les personnes présentes, et surtout Al, le savaient. Voyant Al s’affaisser sur une seule épaule, le jeune majordome――Schult se blottit tranquillement contre lui. Et, souriant ironiquement devant ce geste de consolation, Al prit lui aussi sa décision.

Subaru : “Otto, tu as une minute ?”

Otto : “Ouais, allons-y.”

Alors que la table ronde commençait à informer Priscilla de la situation actuelle, Subaru chuchota à Otto. Ayant apparemment anticipé la chose, Otto s’exécuta sans la moindre surprise.

Subaru : “Garfiel, fais-moi savoir quand ils auront terminé.”

Laissant cette instruction derrière lui, Subaru quitta la salle de conférence en compagnie d’Otto.

Et dès qu’ils furent dehors, ils se retournèrent et se firent face dans le couloir. En croisant le regard de Subaru, il n’y avait aucune hésitation dans les yeux d’Otto. Il savait exactement de quoi ils devaient parler.

Subaru : “Pourquoi diable essaies-tu de restaurer le Livre de la Sagesse ? Non, avant ça, quand as-tu ramassé ses vestiges ?”

Otto : “C’était il y a un an, après que les problèmes du Sanctuaire aient été réglés. Après la disparition de la neige apportée par Émilia-sama dans la forêt, je me promenais dans les environs du village quand j’ai… Eh bien, je ne peux pas vraiment dire que c’était par hasard. J’ai appris ce qui s’était passé de la bouche de Ram-san, alors j’ai cherché activement les restes brûlés.”

(Note de Traduction : Dans le Web Novel, Otto devrait savoir que la neige a été apportée par Roswaal, et non par Émilia. Il s’agit là d’une petite erreur d’écriture sans conséquence.)

Subaru : “Ainsi, ce que tu as trouvé correspondait à ce qui restait du Livre de la Sagesse de Roswaal ?”

Otto : “Oui. J’ai été inhabituellement chanceux car il se trouve que c’était l’endroit que je voulais vérifier.”

L’expression “inhabituellement chanceux” devait être un clin d’œil au fait qu’il était habituellement malchanceux. Bien qu’Otto souriait ironiquement, Subaru n’était pas d’humeur à partager ce sentiment.

Parce que les raisons d’Otto de faire cela pesaient encore sur la poitrine de Subaru.

Otto : “Dis-moi franchement, Natsuki-san, que penses-tu du Margrave Mathers ?”

Subaru : “Roswaal ?”

Alors que Subaru s’enfonçait dans le silence, Otto lui posa cette question. Elle semblait à la fois quelque peu en rapport avec le sujet traité, et pourtant pas du tout. Subaru réfléchit un instant à la question.

Subaru : “Eh bien… je pense que c’est un traître, surtout après ce qui s’est passé il y a un an. Mais comme les objectifs de ce type sont clairs maintenant, et en supposant qu’ils n’ont pas changé, je ne le vois pas comme une menace immédiate. En fait, maintenant que nous comprenons nos objectifs respectifs, je me sens un peu complice.”

Otto : “Je ne fais pas du tout confiance au Margrave Mathers.”

Otto déclara cela, soulignant la naïveté de la pensée de Subaru. En entendant cela, Subaru écarquilla les yeux devant l’acuité de cette affirmation.

Otto : “Tu as mentionné ce qui s’est passé il y a un an. Oui, c’est vrai. Mais il complotait bien avant ce qui s’est passé au Sanctuaire il y a un an. Natsuki-san, toi et Émilia-sama semblez être terriblement indulgents à ce sujet.”

Subaru : “…Ce n’est pas comme si on lui avait pardonné. Tout ce que ce type a fait était putain de ridicule, et je suis toujours super énervé. Mais le fait est que nous avons besoin de l’influence de ce type. On ne peut donc pas faire grand-chose, et Émilia partage cette idée.”

Otto : “C’est ce que j’appelle de la naïveté… Mais je ne dis pas que c’est une mauvaise chose.”

Otto lança un regard impatient à Subaru, ce dernier comprenant quelque peu les émotions qui bouillonnaient en lui.

En d’autres termes, Otto lui disait qu’il n’était pas assez méfiant. Bien sûr, Subaru savait que c’était quelque chose qu’il devait garder à l’œil, mais,

Otto : “C’est bon. La façon dont tu l’abordes est bonne. Il n’y a pas besoin de changer ça. Puisque je prendrai les précautions nécessaires.”

Subaru : “Les précautions ?”

Otto : “En tant que Ministre des Affaires Internes, j’ai eu de nombreuses occasions d’interagir avec le Margrave Mathers. D’après ce que j’ai vu au cours de l’année écoulée, je n’ai remarqué aucun signe de machination ou de comportement étrange. Mais ça ne veut pas dire qu’il n’a pas pu préparer ses plans avant l’année écoulée. Il aurait pu facilement mettre en place quelque chose qui ne s’activerait qu’après un certain temps.”

Subaru : “――――”

Subaru ferma sa bouche. La méfiance et l’inquiétude d’Otto avaient été transmises.

Sa méfiance à l’égard de Roswaal était justifiée. C’était juste la conséquence naturelle des actions de cet homme, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Bien que dans ce cas, elles soient surtout mauvaises.

Otto : “S’il suit les moindres mots du Livre de la Sagesse et estime qu’il prédit l’avenir, un simple coup d’œil à l’intérieur du livre nous permettra de savoir tout ce qu’il planifie. Nous pourrons ainsi prendre les mesures nécessaires pour éviter toute trahison à l’avenir.”

Subaru : “Tu veux dire que tu essaies de restaurer ce livre… parce que tu n’as pas confiance en Roswaal ?”

Otto : “…Bien au contraire. C’est justement parce que je ne veux pas me méfier de mes alliés que je veux m’en assurer. Je voulais avoir l’esprit tranquille en sachant que ni Natsuki-san ni Émilia-sama ne seraient blessées ou, tout du moins, qu’aucun malheur ne nous arriverait. J’ai donc gardé le Livre de la Sagesse dans l’espoir de le restaurer… Je m’excuse d’être aussi égoïste.”

Sur ces excuses, Otto baissa la tête. Mais, face à lui, Subaru ne pouvait pas dire un mot. Il ne se sentait pas en droit de le faire.

Les préoccupations d’Otto et les mesures qu’il avait prises pour les dissiper, voilà autant de choses que Subaru et Émilia auraient dû remarquer. En fait, les épreuves qu’il avait endurées étaient entièrement pour le bien de Subaru et d’Émilia.

Maintenant qu’il se rendait compte de l’aide silencieuse apportée par Otto, Subaru se sentait à la fois honteux, plein de remords et incrédule de ne pas s’en être rendu compte plus tôt.

Et pourquoi Otto ferait-il cela pour lui ? Était-ce simplement parce qu’ils étaient amis ?

Otto : “Je ne te dirai pas pourquoi, cependant. C’est assez ennuyeux de toute façon.”

Comme s’il avait lu les pensées de Subaru, Otto répondit.

Subaru poussa un profond soupir après avoir été battu à plate couture par ce souriant Otto.

Subaru : “D’une certaine manière, c’est comme si j’étais toujours tiré d’affaire par les gens qui m’entourent, toi y compris, tu sais.”

Otto : “C’est possible, mais je pense que tu es bien comme tu étais quand tu as fait cette diffusion, Natsuki-san.”

Otto se gratta la tête, tandis que Subaru claquait la langue et baissait les épaules, un peu gêné par ses considérations.

Subaru : “Je comprends. Je suis d’accord à propos du Livre de la Sagesse. Mais le problème, c’est que ces salauds le cherchent encore. Alors qu’est-ce qu’on fait ?”

Otto : “Qu’il ait été restauré avec succès ou non, je pense que nous ferions mieux de le récupérer. Il y a de fortes chances que Maître Dartz puisse être blessé, ce qui est loin d’être mon intention.”

Subaru : “Mais nous allons attaquer simultanément les quatre tours de contrôle. Nous n’avons pas de forces disponibles pour cela.”

Otto : “Je suis peut-être un non-combattant, mais je peux largement me débrouiller si je voyage par les voies navigables. Je n’en ai peut-être pas l’air, mais duper des animaux comme les dragons aquatiques est l’un de mes meilleurs atouts, tu sais.”

En mettant sa main devant sa bouche, Otto devait se vanter de sa Protection Divine du Langage des Âmes.

En fait, lorsqu’il s’agissait de s’enfuir, la Protection Divine d’Otto s’avérait très utile. De plus, les forces principales de l’ennemi étaient concentrées dans les tours de contrôle. En supposant qu’ils n’aient pas amené d’autres laquais du Culte de la Sorcière, Otto ne devrait pas être en trop grand danger.

Otto : “Plutôt que de t’inquiéter pour moi, tu devrais penser à la stratégie d’assaut. Tu dois sauver Émilia-sama, après tout. C’est une sacrée responsabilité.”

Subaru : “Compris. Je ne laisserai personne avoir la tête de ce connard de l’Avarice.”

Ce voyou aux cheveux blancs, ce démon abominable, qui avait enlevé Émilia, lui revint en mémoire. Cela, et le fait qu’il s’agisse d’un Archevêque du Péché, signifiait qu’il s’agissait d’un ennemi qu’il fallait vaincre.

Otto : “Devrions-nous y retourner ? Ils doivent avoir terminé le compte-rendu.”

En voyant Subaru revigoré, Otto se dirigea vers la salle de conférence. Mais au moment où Subaru acquiesça et s’apprêta à l’accompagner à l’intérieur――

??? : “――Subaru-dono.”

Il fut stoppé par une voix basse, venant de l’escalier.

Il n’y avait pas de doute quant à l’identité de cette voix. La personne à l’étage, qui l’observait avec des pupilles bleues rétrécies et sévères――Wilhelm.

Subaru : “Otto, vas-y en premier.”

Otto : “Très bien. Nous continuerons plus tard.”

Otto retourna dans la salle de réunion tandis que Subaru montait les escaliers pour rejoindre Wilhelm qui l’attendait au niveau supérieur. Dès qu’ils furent à la même hauteur, Wilhelm baissa légèrement les yeux.

Puis, dès qu’ils étaient à la même hauteur, Wilhelm baissa légèrement les yeux.

Wilhelm : “Je m’excuse de n’avoir pas pu participer à la discussion. Je m’excuse pour la gêne occasionnée.”

Subaru : “Au vu de la situation, personne ne songerait à te blâmer ou à blâmer tes compagnons, Wilhelm-san. Alors, hum… Comment va Crusch-san ?”

Il avait entendu dire que son état était loin d’être bon. Ou, non seulement loin d’être en bonne santé, mais dans un état assez épouvantable. En tant que femme, elle ne souhaitait probablement pas non plus que son état soit exposé au public.

En repensant à l’état lamentable de sa jambe, il pouvait imaginer les dégâts que Crusch avait dû subir. Et cette seule pensée le faisait regretter de l’avoir imaginée.

À la question de Subaru, Wilhelm baissa doucement les yeux.

Wilhelm : “Crusch-sama a demandé à te parler, Subaru-dono. Puis-je te demander de m’accompagner ?”

Subaru : “Crusch-san m’a demandé ? Non, bien sûr que je vais venir, mais… est-ce que c’est vraiment acceptable ?”

Wilhelm : “C’est son souhait le plus sincère. Toutefois, Ferris n’en sera pas ravi.”

Subaru : “…Je suppose que non.”

Félix aurait probablement des mots amers à adresser à Subaru.

Après tout, les deux seuls à avoir affronté Capella au dernier étage de l’Hôtel de Ville étaient Subaru et Crusch, et Subaru seul aurait dû la protéger.

Wilhelm : “Si Ferris dit quelque chose d’irrespectueux, ne lui en veut pas. Et pardonne-lui, si possible. Au fond, il comprend. Il est simplement confronté à des émotions qu’il n’a pas pu assimiler.”

Subaru : “Voir la personne la plus importante à ses yeux souffrir… Je peux comprendre qu’il veuille maudire les gens qui l’entourent, ne serait-ce que pour ne plus penser à celle pour laquelle il s’inquiète.”

Si le fait d’extérioriser sa rage pouvait atténuer sa douleur, qui pourrait le blâmer ?

Ainsi, Subaru se prépara à subir lui aussi certains de ses outrages.

Wilhelm : “Par ici.”

Sans faire de remarque à propos de la réponse de Subaru, Wilhelm entraîna Subaru vers l’endroit où Crusch l’attendait. Tic, tac, le rythme régulier de leurs pas résonnait dans le couloir.

Et sur le chemin,

Wilhelm : “Subaru-dono, il y a autre chose que je dois signaler.”

Subaru : “Quoi donc ? Est-ce quelque chose sans rapport avec Crusch-san… ?”

Wilhelm : “Cela concerne les deux épéistes qui accompagnent les Archevêques du Péché.”

Sans le vouloir, il arrêta sa respiration.

Cela aurait dû être une évidence, comment avait-il pu l’oublier ? La blessure de Mimi, une blessure inguérissable, infligée par la Protection Divine du Dieu de la Mort. Les véritables identités de ces épéistes de première classe devraient pouvoir être déduites à partir de cela――

Wilhelm : “L’un d’entre eux est Kurgan aux Huit Bras. Un redoutable épéiste qui fut longtemps général de l’Empire Vollachien. Un homme qui aurait dû mourir il y a dix ans.”

Subaru : “Un homme qui… aurait dû mourir ? Uhm, Wilhelm-san…”

Wilhelm : “Et l’autre…”

Wilhelm interrompit Subaru juste avant qu’il ne puisse poser sa question.

Il arrêta ses pas et Subaru en fit de même. Puis Wilhelm lui tourna le dos et s’enfonça dans un silence momentané. Subaru fit un pas en avant pour jeter un coup d’œil sur le côté du visage de Wilhelm――mais le regretta instantanément.

Il n’aurait pas dû le voir.

Wilhelm : “――L’autre est le Maître Épéiste de la génération précédente, Thérésia van Astrea. Ma femme… qui aurait dû mourir au combat contre la Baleine Blanche, lors de la Grande Subjugation qui a eu lieu il y a quinze ans.”

Subaru : “――――”

Le fait qu’il ait gardé une voix aussi calme et posée témoignait de la force de sa volonté.

Mais en voyant l’agonie déchirante qui déformait le profil de Wilhelm, cette impression s’évanouit. Se mordant les lèvres, la rage et le chagrin entremêlés dans ses yeux, une passion folle contorsionnait son visage ridé au point de le rendre méconnaissable――un seul regard sur cette expression, et toutes ses émotions apparaissaient aussi clairement que le jour.

Subaru : “Ta femme… et un Général de l’Empire ? Ils sont toujours en vie… ?”

Wilhelm : “Si c’est… Non, ça ne peut pas être possible. Ma femme et Kurgan, tous deux devraient être morts. Ça ne peut pas être inversé. Les morts restent morts, mais ils ont été souillés par quelqu’un.”

Subaru : “S’ils sont toujours morts, alors… c’est quelque chose comme de la Nécromancie ?”

La Nécromancie――la magie qui manipule les morts était assez répandue dans les univers fictifs. Bien sûr, en ce qui concerne la fiction, la magie capable de ramener les morts à la vie était également assez répandue. Cependant, rien d’aussi pratique n’existait dans ce monde.

C’était quelque chose que Subaru avait douloureusement compris au cours de l’année et des quelques mois qu’il avait passés ici. Il estimait donc que la possibilité n’était pas la seconde, mais la première――

Wilhelm : “Les sorts qui manipulent les morts sont interdits. Mais je connais un être qui l’a utilisé une fois. Au cours de la Guerre des Demi-Humains――la guerre civile entre les humains et les demi-humains qui s’est déroulée à Lugnica il y a plusieurs décennies, elle a fait partie des trois personnes qui ont rejoint le camp des demi-humains et qui sont devenues les ennemies du Royaume, combattant du côté des demi-humains.”

Subaru : “Des ennemis du Royaume… ?”

Wilhelm : “Le Héros Demi-Humain, Libre Fermi. Le Grand Stratège, Valga Cromwell. Et…”

Après une pause, Wilhelm poursuivit.

Wilhelm : “La Sorcière, Sphinx. Une existence abominable qui, sans sourciller, a fait couler le sang des humains et des demi-humains. La seule Sorcière en dehors de Satella à avoir conservé son nom dans l’histoire du Royaume.”

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-=Fin du Chapitre 44=-

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