Kasaneru IF – Re:répéter sa vie dans un autre monde à partir de zéro

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Traduit par : Ice

Traduit de l’anglais par : Martin

Relu par : Tella et Coco

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THEME SONG :

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Artiste du fan-art : おき

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Kasaneru IF – AVARICE

Re:Répéter sa vie dans un autre monde à partir de zéro

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Un rêve, j’ai fait un rêve.

Un rêve qui ne s’effacerait jamais, un rêve qui continuerait de se répéter, un rêve sans fin, un rêve qui ne finirait jamais――

Encore et encore, maintes et maintes fois, répétant les erreurs encore et encore, les corrigeant de plus en plus. Mille fois, en boucle. Dix mille fois se connectant. Cent millions de fois, les surmontant. Et avant même de le savoir, en perdre le compte.

Agonie, terreur, turbidité, ruine, haine, folie.

Épuisé, ébranlé, entortillé, corrompu, déformé, décomposé, angoissé ; un cœur mis en pièces.

Et pourtant, il y avait toujours un endroit que je voulais atteindre.

Et pourtant, il y avait toujours un vœu que je voulais protéger.

Et même si nul ne savait à propos des tragédies sans fin qui se répétaient encore et encore, je n’oublierai jamais. Même si personne ne s’en apercevait, moi seul serai incapable d’oublier.

――Même si les personnes que je voulais sauver fondaient en larmes, je souhaitais toujours les sauver.

Donc, même maintenant, je ne regrette nullement d’avoir pris cette main. S’il y a quelque chose que je regrette, ce serait le fait d’avoir été si hésitant et indécis à la prendre, et la frustration envers mon faible, fragile cœur que je n’ai pas pu endurcir.

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――Au réveil d’un sommeil sans rêves, la première chose qu’il ressentait toujours était un violent mal de tête.

Subaru : “…”

Ses yeux s’ouvrirent, dans une tentative de conjurer son endormissement, il battait des cils rapidement dans une tentative de se réveiller. Même si sa conscience était suspendue dans une brume sombre, sa somnolence ne dura que quelques secondes. Juste après que sa conscience soit revenue de son sommeil, son réveil apporta de l’énergie à nouveau dans son corps.

Subaru : “Ah, aaah.”

En contraste avec son corps éveillé, tout ce qui sortit de sa bouche n’était qu’une voix sans saveur. Au premier regard, il semblait qu’il était toujours à moitié endormi, mais c’était l’un des plus importants rituels qu’il faisait dans la matinée. À rester couché sur son dos avec la tête relevée pendant qu’il laissait échapper sa voix de cette manière, une grande quantité d’informations pouvait lui être transmise.

Le ton de sa voix, l’établissement de sa conscience, le bon état de ses membres, le triage de ses pensées, ce qu’il allait faire aujourd’hui, et l’existence de sa vie――

Il avait fait en sorte d’entreprendre systématiquement chacune de ces actions chaque matin.

C’était la preuve que Natsuki Subaru avait atteint l’aube sans faire aucune grave erreur.

Subaru : *bâille*

Alors qu’il enlevait ses couvertures tout en baillant, il souleva son corps, basculant ses pieds hors de son lit. Il se gratta grossièrement la tête tout en jetant un coup d’œil à la pièce dans laquelle il se trouvait. C’était une pièce qu’il s’était habitué à voir――elle était luxueusement meublée, et contenait un lit à baldaquin dans la pièce depuis laquelle il était entré. Mais, là où Subaru venait de se réveiller n’était pas ledit lit à baldaquin, mais plutôt un canapé placé plus loin dans la pièce. Il passait ses nuits là récemment, enroulé dans un futon, pelotonné en boule.

――En fait, non, c’était devenu une habitude pour Natsuki Subaru à l’heure du coucher ces dernières années.

Quoi qu’il en soit, il n’y avait pas de raison majeure pour qu’il ne dorme pas dans son lit. C’est juste qu’il avait fini par se donner du mal pour essayer de préparer l’environnement afin qu’il soit aussi confortable que possible pour dormir. À force d’essais et d’erreurs, il avait appris qu’il se sentait plus à l’aise en s’allongeant et en dormant sur le canapé qu’en dormant dans un lit. Et depuis, il avait continué à le faire. C’était tout ce qu’il y avait derrière.

Subaru : “…”

Après s’être frotté les yeux, Subaru se leva du canapé qu’il avait transformé en lit et alla dans la salle de bain afin de s’habiller. Alors qu’il se lavait le visage dans celle qui était adjacente à sa chambre, il jeta délibérément un coup d’œil à sa tête mouillée réfléchie par le miroir. Ses traits semblaient fatigués, et donnaient l’impression qu’il allait s’effondrer. Son visage paraissait usé par l’accablement. Ces trois choses sapèrent son moral.

Dans un essai de raidir cette expression, Subaru frappa son visage avec ses deux mains en utilisant toute sa force. Un son sec accompagna les larmes qui jaillirent; afin de les faire disparaître, Subaru aspergea sa tête d’eau froide. Une fois encore, il regarda son visage humide dans le miroir. Et alors qu’il malaxait soigneusement son visage, ses yeux et ses joues, il déclara,

Subaru : “Sourire… tu dois sourire, si tu n’y arrives pas, alors… meurs.”

Artiste du fan-art : RingoTashi

Récitant cette incantation, Subaru esquissa un terrible, et distordu sourire. Il fit étinceler ses dents blanches, son expression rétrécissant ses yeux de manière à ce que l’on en voie plus le blanc autour des pupilles. Son propre visage était celui d’un voyou avec lequel il était ami depuis un peu plus de 18 ans. Il pouvait maquiller ses yeux, son expression faciale et son allure sans problème.

Subaru : “Oookay, okay garde ta tête comme ça.”

Après avoir vérifié son sourire, Subaru sécha son visage avec une serviette et s’empressa de changer ses vêtements. Lorsqu’il passait du temps au Manoir, l’apparence de Subaru n’était pas celle de quelqu’un en habit de majordome… en effet, il portait plutôt la tenue formelle d’un noble. Même s’il enlevait sa veste, il serait toujours bien ajusté dans une chemise blanche plus décontractée avec ses manches retroussées. Cependant, de telles apparences étaient dorénavant requises. Elles étaient certes étouffantes, mais il ne pouvait pas faire grand-chose à ce propos. Il était obligé d’avoir une apparence appropriée à sa position, car c’était celle que Subaru lui-même avait voulue.

Subaru : “Ça va bientôt être l’heure habituelle.”

Juste après s’être changé, il jeta un œil au Cristal Magique du Temps qui avait été incrusté au-dessus de la porte de la pièce. Il avait une teinte verte foncée, signifiant qu’il était le matin. Il affichait que son temps pour sortir du lit était bientôt écoulé. D’une certaine manière, il semblait que ce matin il avait passé un petit peu trop de temps à s’entraîner à sourire. Dans quelques minutes, une fille ponctuelle allait frapper à sa porte comme prévu. Avant cela, il se devait de finir ce qu’il n’avait pas encore fait.

Subaru : “…”

Réorientant son attention sur sa chemise, Subaru déboutonna cette dernière. Là, attacher par une petite chaîne se trouvait un pendentif attaché au “Cristal Noir” qu’il n’avait jamais retiré, même lorsqu’il dormait. Un mystérieux, et étincelant cristal noir. Le pressant dans la paume de sa main, Subaru ferma les yeux. La pierre cristalline était froide et dure au toucher――quand elle fut repliée dans la paume de la main de Subaru, sa présence se renforça comme si elle s’enflammait ; elle commença à palpiter comme si c’était un être vivant. 

Naturellement, il commença inconsciemment à compter le rythme et la fréquence de ce battement étrange alors qu’il reposait dans sa paume.

Avec une pulsation plus forte alors qu’il atteignait sa pleine puissance, le battement du cristal s’intensifia, et s’accéléra. Sans même le réaliser, ses battements se chevauchaient parfaitement avec les pulsations des propres battements du cœur de Subaru, jusqu’à ce que le battement de son cœur et le battement de la gemme deviennent égaux. Lorsque son esprit réalisa cela, la conscience de Subaru se libéra du joug de son corps et fut invitée à un autre endroit qui ne pouvait en aucun cas être réel. 

Et à ce moment, il n’y avait plus aucun son ou signe de ce monde ; à la place, une lumière étincelante enveloppa sa conscience.

Subaru : “…”

Sa conscience qui était formée de lumière fut lentement guidée à son réveil. La lumière du Soleil s’infiltra dans ses yeux quand il ouvrit les paupières. Ce qu’il vit devant lui alors qu’il clignait des yeux était une magnifique plaine verdoyante traversée par le vent.

C’était une vaste étendue verte à perte de vue. La mer d’herbe s’étendait encore et encore aussi loin que ses yeux pouvaient le voir. De petites lames d’herbe se balançaient délicatement dans la brise. À l’horizon, le ciel était clair sans le moindre nuage. Les rayons du Soleil luisaient telles des gemmes. Le bleu du ciel et le vert du sol s’étendaient à l’infini, et ce jusqu’à vaguement s’entrecroiser dans l’horizon lointain. C’était approprié pour un monde onirique de manquer de tout semblant de réalité ; il y avait un certain silence ici qui semblait éternel.

Un splendide endroit, parfaitement dégagé, et vide. ――Il n’y avait juste qu’une seule partie de ce monde qui était différente.

Subaru : “…..”

Pile au centre de la plaine, quand Subaru se tenait là et se retournait, se trouvait une pente légère directement derrière lui qui continuait à prendre la forme d’une colline faiblement élevée. Par-dessus cette colline se trouvait un modeste jardin rempli de fleurs. Tout juste à côté de ces magnifiques fleurs qui baignaient dans le soleil, il y avait un parasol et une table blanche. 

Sans un mot, Subaru grimpa la colline, et s’entassa sous le parasol. Des tasses fumantes avaient été placées sur la table blanche, leurs intérieurs en céramique remplis avec un chaud, et ambré liquide. Deux tasses avaient été posées sur la table, et une chaise blanche avait été laissée juste à côté de celle-ci. 

Vu qu’elle l’avait préparée pour lui, Subaru s’était assis sur la chaise sans même prendre le temps de confirmer qu’il s’agissait bien de la sienne. Bien que le thé avait récemment fini d’être préparé, il porta la coupe à sa bouche, humidifiant sa gorge avec cette douceur ambrée.

――Comme toujours, c’était un thé inhabituel qui n’était ni délicieux ni mauvais. 

Néanmoins, sans faillir, il avait toujours bu ce thé au moment où il s’asseyait. C’était un accord qu’il avait passé avec la maîtresse des lieux, le breuvage agissant comme un substitut aux salutations dans leur relation étrange. Toutefois, 

Subaru : “Ah, je l’ai bu, je l’ai bu, merci pour la boisson. Bien, dépêchons-nous d’aborder le sujet principal.” 

??? : “Bien sûr, j’ai effectivement dit que la première gorgée servait de salutation. Cependant, je ne pense pas que ça signifie que je ne mérite même pas un simple bonjour, mhm ?” 

Alors qu’il finissait son thé, Subaru replaça sa tasse sur la table avec ces quelques mots. Et quant à ce qu’il avait dit, celle qui était assise à son opposée lui offrit un faible sourire, tout en laissant échapper sa plainte à voix haute. À entendre cette dernière, Subaru gratta l’extrémité de son nez alors qu’il disait :

Subaru : “…Il n’y a aucune raison réelle de te saluer, je me trompe ? Après tout, comme tu t’insères nuit et jour à l’intérieur de ma tête, te dire bonjour ou au revoir n’a aucun sens.”

??? : “Ceci et cela sont différentes choses, tu sais ? Tout d’abord, nuit et jour, j’aimerais que tu ne parles pas de ça d’une manière aussi scandaleuse. Même si c’est vrai, même moi je suis toujours une jeune fille timide, vierge, aussi délicate qu’une fleur. Ma réputation n’empirerait-elle pas un peu trop si ça venait à se savoir que je suis toujours à observer l’esprit d’un garçon ?” 

Subaru : “Une jeune fille timide, vierge et jeune aussi délicate qu’une fleur… la signification de ces mots a-t-elle changé sans que je le remarque ?” 

??? : “Comme tu es cinglant. Bien, peut-être n’est-ce pas raisonnable à mon âge d’insister à me désigner comme ça.”

À ces mots, la fille détendit sa bouche en un sourire ; assez contrasté vis-à-vis des contenus de ses complaintes. Complètement habituée à ces sortes d’échanges, la fille était plutôt tolérante par rapport au comportement impoli de Subaru――ou plutôt, c’était comme si elle se plaisait à échanger ces sortes de conversations avec lui. 

Le cœur de Subaru ne pouvait s’empêcher de ressentir des sentiments distordus de culpabilité s’intensifier à la vue de ce sourire. Dans tous les cas, il ne savait pas quelle manière d’agir était la bonne. Ce n’est qu’avec la personne devant ses yeux qu’il pouvait trouver la solution optimale. 

Subaru : “Comme je le pensais, tu es une femme si peu appréciable.”

??? : “Ça me fait plaisir. Pour toi, qui es gentil et avare. Plutôt qu’être gentille vis-à-vis de n’importe qui, plutôt qu’être quelqu’un de si indifférent qu’il ne voit pas l’intérêt de recevoir l’aide d’autrui, je prends toujours un grand plaisir à devenir quelqu’un qui blesse cruellement ton cœur, ou la personne déplaisante qui loge une épine inamovible à l’intérieur de ce dernier.”

Ni le sarcasme ni l’ironie ne fonctionnaient sur elle. Avant qu’elle ne lui réponde, Subaru afficha un visage relativement désagréable, mais ça ne réussit qu’à la rendre plus satisfaite.

??? : “Maintenant, un peu plus et mon cœur va souffrir d’être détesté et de participer à ton antipathie. Essayons de réaliser ce que nous avions prévu de faire pour la réunion de ce matin.”

Subaru : “Tu n’espérais pas être détestée ?” 

??? : “C’était un bluff mignon de la part d’une fille, tu sais ? C’est ce que je veux que tu voies et acceptes.”

Subaru : “Mignon…?” 

Subaru en doutait du plus profond de son cœur. Il pencha la tête de doute. Tout comme son compagnon, elle n’esquissa qu’un sourire ironique. Et ensuite…,

??? : “Tu es vraiment un homme qui ne se dissimule jamais rien ni personne. En tant que Sorcière de l’Avarice, j’aime ça à ton propos. ――Natsuki Subaru.”

Appropriée à être contractante, la Sorcière de l’Avarice, Echidna plissa les yeux avec un tendre sourire. Un sourire qui émergeait des profondeurs de son cœur.

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Subaru : “Nous sommes le quatorzième jour du mois de Kisdam……N’est-ce pas ?” 

Echidna : “Tu peux te reposer tranquille. Tu t’es endormi la nuit dernière sans aucun problème, et tu t’es réveillé ce matin sans qu’il se passe quoi que ce soit de mouvementé. Le pire n’est pas arrivé alors que tu dormais cette nuit. Donc tu n’as pas à t’inquiéter, tout va bien.”

Subaru : “Ce sont des mots insensés. Si j’avais été dormir avec la pensée que rien de mouvementé ne se passerait, j’aurais fini par être mort à mon réveil. Je ne sais ni quand ni où je vais mourir, ou quand ça va s’arrêter.”

Claquant sa langue en réponse à l’optimisme de la Sorcière, Subaru se rappela le sentiment désespéré de perte de ses Morts.

Sans but ni direction, il ne doutait pas qu’il pourrait lui rendre visite même le lendemain――quand le fait est qu’il revenait brusquement d’entre les morts, le privant ainsi de toute prémonition. Là où le temps qu’il passait avec les autres personnes était oublié, la peur et le désespoir que ça lui apportait ne pouvait jamais sortir de sa mémoire.

Echidna : “C’est vrai. J’ai été un peu hâtive là maintenant. Mes excuses pour ça.”

Subaru : “…Tu ne serais pas terriblement docile actuellement ?”

Echidna : “Je suis désolée si tu pensais que c’était une mauvaise chose. Je ne suis pas une mauvaise femme… malgré le fait que je me présente comme ça.”

Alors qu’elle avait vu le malaise en Subaru qui avait répondu avec de la douleur dans sa voix, la fille revêtue de noir lui fit un clin d’oeil en disant cela. Lorsqu’il lui parlait, la première chose qu’il remarquait était à quel point ses yeux étaient captivants, et ô combien sa beauté diabolique semblait sur le point de voler les cœurs des gens.

C’était extraordinaire que seules deux couleurs exprimaient cette beauté.

Ses magnifiques cheveux longs, d’un blanc semblable à la neige tombaient en cascade dans son dos, et ses membres sveltes étaient recouverts d’une robe noire, typique de celles observées lors d’un deuil. Assise sur sa chaise, ses longues jambes étaient croisées ; un sentiment légèrement dégénéré flottait aux alentours de celles-ci. Sur ses lèvres fines qui buvaient dans sa tasse, il y avait un éclat étrangement attirant.

Elle était une figure perverse, et démoniaque qui exsudait une sensation d’inévitable ruine et destruction si vous la provoquiez――sans tenir compte de cela, il y avait des anecdotes de ceux qui avaient essayé d’approcher cette Sorcière de la Calamité qui provoquait la fin.

C’était l’identité de cette fille aux cheveux blancs, toute de noir vêtue, Echidna. Elle, qui avait passé un contrat avec Subaru.

Subaru : “Hmmmm…..”

Echidna : “…? Quel est le problème ? Tu fixes mon visage. Ai-je quelque chose dessus ?”

Subaru : “Aaah, juste des cheveux, des oreilles, et une bouche, et un nez, et des yeux…”

Echidna : “…Hm pourquoi ? Bien que tu dises quelque chose de totalement évident, je me sens plutôt insultée.”

Echidna fronça les sourcils, et plissa ces derniers à la réponse de Subaru. Voyant cela, Subaru leva les bras et dit : “Attends attends,”

Subaru : “Je ne voulais vraiment pas t’insulter. Je pensais juste que, pour quelqu’un qui avait la réputation d’être une Sorcière, je ne te trouvais pas particulièrement effrayante.”

Même si jusqu’à il y a peu, elle avait exprimé toutes sortes de dégénérescences et de perversions, en réalité, elle avait bien quelques mauvaises habitudes, mais elle restait une fille ordinaire que l’on pouvait même qualifier de quelqu’un de bon.

Bien sûr, ça n’enlevait pas le fait qu’elle avait des aspects distordus, pervertis qui étaient dignes d’une Sorcière.

Echidna : “Hehe, c’est une opinion inhabituelle hein ?”

À ces mots, Echidna détendit ses lèvres, et esquissa un léger sourire à l’écoute des pensées de Subaru. Elle replaça sa tasse sur la table, puis décala ses longues jambes et tripota sa longue chevelure blanche.

Echidna : “Même si maintenant je ressemble à cela, j’étais une de ces sorcières qui ont laissé derrière elles de telles histoires, dans de nombreux endroits il y a 400 ans. Si tu avais essayé de m’atteindre, cette version de moi était impardonnable.”

Subaru : “Tu parles comme une collégienne qui réclame un traitement spécial.”

Echidna : “Si nous devions ajouter de ta part à cela, alors nous serions beaucoup plus proches de ce que je ressens, n’est-ce pas ? Mais, ce n’est pas seulement ça. J’aurais dû parler de tout ça quand on s’est rencontrés.”

Subaru : “Ah… qu’est-ce que tu avais dit…? Certainement, si tu étais une personne totalement intolérante, tu aurais vomi la première fois que tu m’aurais vu…”

Echidna : “Quand tu le raccourcis juste à ça, j’ai le sentiment que ma nature est grandement incomprise.”

L’apparence majestueuse de la Sorcière avait complètement changé. Echidna semblait ennuyée à entendre les mots de Subaru. À cette réponse, Subaru répondit de manière appropriée avec un “A-allons allons,” pour amorcer le changement de sujet. Cependant, ce dont ils avaient parlé était suffisant pour la routine matinale.

Subaru : “Ce n’est pas notre genre de nous perdre en ragots inutiles. Je serai bientôt de retour à la réalité.”

Echidna : “Tu pars déjà ? Reste ici un peu plus, personne ne t’en voudra si tu le fais. Comme tu le sais, le temps passé ici n’affecte pas la réalité. Tu peux rester tout le temps que tu veux… c’est ce que j’espère.”

Echidna prononça ces mots pour retenir Subaru qui s’était déjà étiré et levé de sa chaise. Ce dernier craqua les os de son cou alors qu’il entendait les cajoleries de la sorcière.  

Subaru : “C’est vrai. Pour être honnête, je sais que tu essaies de m’aider en me proposant de rester ici, mais…” 

S’arrêtant net de parler, Subaru tourna la tête en direction d’Echidna. Les iris noirs de la sorcière et ceux de Subaru se croisèrent. Cependant――

Subaru : “Je ne compte pas dépendre de toi tout le temps. Tu devrais savoir que ce n’est pas ce genre de contrat.”

Echidna : “Allons bon, tu n’es pas vraiment honnête avec toi-même. Même quand je suis la seule dans ce monde qui peut être ta complice pour t’aider à supporter ton angoisse et ton chagrin.”

Subaru : “Je ne compte partager ni mon angoisse ni mon chagrin à qui que ce soit. C’est quelque chose qui ne m’appartient qu’à moi ; c’est ainsi que je les surmonte. C’est la raison derrière ce contrat entre toi et moi. N’est-ce pas ?”

Avec un ton grave, Subaru déclara cela fermement à une Echidna toujours ennuyée qui haussait les épaules. À cette réponse, elle dirigea son regard vers le bas, et but sa tasse en silence.

Lorsqu’elle s’était arrêté de parler, c’était une déclaration du fait qu’elle avait perdu sa raison de continuer la conversation. Après s’être assuré de ça, Subaru tourna le dos à la femme, et commença à descendre la colline. Mais d’abord, il s’arrêta et tourna la tête vers la sorcière.

Subaru : “D’ailleurs, il y a quelques instants, tu n’as pas nié que tu étais toujours en train de m’espionner jour et nuit ?”

Echidna : “…Hm ? Je pensais que j’avais dit “Même si” ?”

Subaru : “…Même si c’était vrai, je pense que c’est dans mes cordes de reconnaître le contexte dans cette manière de parler implicite !”

Echidna : “….”

Subaru : “…..”

Harcelée par Subaru, Echidna lâcha un petit soupir. Et elle porta à nouveau la tasse à ses lèvres. C’était une déclaration signifiant qu’il n’y avait désormais aucun sens à continuer leur conversation――

Subaru : “J’imagine que tu pensais que j’allais juste partir si tu continuais de faire ça, c’est bien ça ? Vas-tu seulement arrêter de faire une chose si immorale ? Hmph, alors vas-tu arrêter ?”

Echidna : “N’est-ce pas normal ? Je ne suis pas vulgaire au point de t’espionner quand tu prends un bain ou quand tu utilises les toilettes. C’est juste qu’à moins que tu sois convaincu que rien ne puisse arriver dans ces situations vulnérables, je pense que c’est impossible pour moi de détourner les yeux en temps que contractante. Au final, c’est mon obligation en tant que Sorcière de l’Avarice de respecter fidèlement le contrat――”

Subaru : “À partir de maintenant, je retire le pendentif quand je vais aux toilettes ou me laver.”

Après avoir rétorqué cela aux excuses rapides de la sorcière, Subaru descendit la colline, tout en se mordant la lèvre pour cacher son embarras. Une fois en bas de cette dernière, à l’endroit où Subaru était entré dans la plaine verdoyante, une porte se matérialisa sans prévenir. Une seule porte libre de tout support. C’était la seule qui lui permettait d’aller et venir dans le monde extérieur.

Subaru : “……………”

Arrivant devant la porte, Subaru plaça sa main sur la poignée, se retournant afin de ne plus rien pouvoir voir. Echidna regardait son dos, sa chevelure flottant au gré du vent là-bas sur la colline.

À la vue de Subaru regardant vers le bas loin d’elle, avec juste une once d’hésitation, elle lui fit un petit signe de la main. Et sans se retourner, Subaru passa à travers la porte, ne laissant derrière lui qu’un soupir.

――Et juste après, sa conscience qui avait été capturée par le monde onirique fut libérée et retourna à la réalité.

Subaru : “……………….”

Lorsque sa conscience revint à la réalité, Subaru se dressait toujours au centre de sa propre chambre, le cristal noir dans sa main. Avec un long soupir, il tourna le regard en direction du Cristal Magique du Temps au-dessus de la porte. Il n’y avait aucun changement dans sa teinte verte. C’était la preuve que le temps passé dans le monde onirique n’avait duré que quelques secondes.

Subaru : “N’empêche, je ne vais jamais m’y habituer…”

C’était une routine chaque matin d’aller dans le monde onirique passer du temps à prendre le thé avec Echidna. Mais à partir de là, quand il revenait à la réalité, il n’était toujours pas devenu familier avec le malaise produit par l’écart entre ces deux mondes. C’était un sentiment qui différait de la Mort Réversible. Subaru soupira, et,

“Echidna : Qu’est-ce que tu dirais de changer d’avis et de t’habituer à justement ne pas y être habitué ? Même si ce n’est pour rien de plus que ta paix intérieure, peut-être que tu te sentirais un peu plus à l’aise ?”

Comme si c’était un chuchotement dans son oreille, la voix de la sorcière à laquelle il avait dit au revoir il y a un instant résonna. Bien qu’en fait, ce n’était pas chuchoté à son oreille. La voix venait de sa contractante ; les pensées de la sorcière affluaient par la pierre cristalline qui était suspendue à son cou.

Leurs chemins étaient entremêlés par le contrat même quand il n’était pas dans le monde onirique. Ce qui avait rendu possible pour la sorcière de parler directement à Subaru depuis là-bas.

Cependant――

Subaru : “Je pensais t’avoir dit de ne pas me parler à moins de penser qu’il y ait quelque chose d’important.”

“Echidna : Il n’y a personne autour. Je ne pense pas que tout le monde va s’en préoccuper si tu diriges ton attention sur moi quand tu es seul dans la pièce.”

Subaru : “Qu’est-ce que tu aurais fait, si tu avais effectué la même chose en public sans réfléchir, et que les gens m’avaient vu parler à quelqu’un d’absent et qu’ils me prenaient pour une personne bizarre ?”

“Echidna : J’ai l’impression que c’est une nouvelle mise à l’épreuve. Mais, d’ailleurs, il n’est pas rare pour les esprits de transmettre leurs pensées avec leur utilisateur. Ce n’est pas vraiment louche.”

Subaru : “Pour ce qui est des spiritualistes, les deux utilisent leurs pensées pour communiquer. Dans mon cas, c’est juste toi et je suis obligé de me parler seul à haute voix. Si tu le vois sous cet angle, c’est relativement désagréable.”

“Echidna : Ouais ouais, j’ai compris. Comme tu veux, je vais être silencieuse sauf quand c’est nécessaire. Tu as réussi à faire obéir une sorcière… tu es vraiment doué pour ça.”

Subaru : “FERME-LA !!”

“Echidna : Oh la la. S’il te plaît, n’hésite pas à m’appeler si tu as besoin de moi, contractant-dono.”

Avec à la fois de la colère et de la moquerie dans sa voix, Echidna s’éclipsa en laissant derrière elle ces mots théâtraux d’adieu. Malgré tout, la sorcière devait toujours être en train d’épier ce monde via le pendentif, cependant, pour le moment, Subaru sortit cette notion de sa tête et respira en un long soupir. À partir de maintenant, il allait définitivement fourrer le pendentif dans sa poche de derrière lorsqu’il prendrait un bain ou irait aux toilettes…

??? : “… Subaru-sama, êtes-vous réveillé ?”

Quelqu’un frappa sur la porte depuis l’extérieur, ce qui l’informa qu’il était l’heure usuelle à laquelle il se réveillait. Subaru se racla la gorge alors qu’il entendait la douce voix qui venait de lui poser cette question. Puis, il se frappa les mains sur le visage, et après s’être assuré qu’il souriait en utilisant le miroir, il répondit de manière très découragée : “Entreeez”,

Tout à coup, la porte s’ouvrit lentement, et une jeune fille entra dans la pièce.

??? : “Bonjour, Subaru-sama. Aujourd’hui est une fois encore une splendide matinée, vous savez.”

Celle qui avait dit ça en souriant de toutes ses dents était la petite fille en uniforme de servante――Pétra Leyte, la servante personnelle de Subaru.

Lorsqu’il l’avait rencontrée, elle avait toujours été un jeune bourgeon qui n’avait pas éclos. Mais maintenant elle était désormais dans sa période de croissance, et elle était entrée dans le processus qui la faisait magnifiquement fleurir. Sa taille, ses bras, et ses jambes avaient beaucoup grandi comparés à avant, et sa belle robe de servante lui allait de mieux en mieux.

Ce comportement n’était pas en reste contre sa robe mignonne. Depuis le début, elle était une gentille fille qui était bien éduquée et qui avait l’apprentissage rapide. Et maintenant, en tant que servante, Pétra avait atteint d’excellents niveaux.

Une fleur de quatorze ans… À la vue du sourire mature de Pétra, Subaru le lui rendit.

Subaru : “Bonjour à toi aussi, Pétra. Je suis d’accord, c’est évidemment une splendide matinée. Aujourd’hui également, j’ai été capable de voir l’adorable visage de Pétra au réveil. Je suis plutôt satisfait aussi.”

Pétra : “Subaru dit encore des choses pareilles. …Ah, mais il y a des nuages en suspension dans le ciel au-dessus de la forêt, on dirait que la météo risque de se dégrader cet après-midi. J’avais prévu d’aller faire les courses, j’espère qu’il va encore faire beauuuuuuu.”

Inclinant sa tête lors du salut de Subaru, Pétra tourna ses yeux en direction de la fenêtre et murmura cela. Dans ces mots, il y avait une trace de son immaturité enfantine, et Subaru laissa échapper un léger gloussement.

Pétra : “Ah ! Non, Subaru-sama.”

Subaru : “Non non, là maintenant, la magnifique carapace de Servante s’est un poil fissurée. Ça te ressemble bien, Pétra.”

Pétra : “Sérieusement, arrêtez s’il vous plait de me traiter comme une enfant de cette façon. J’ai totalement grandi. Je suis une servante depuis deux ans déjà… à cause de ça je suis devenue une adulte !”

Remuant ses cheveux auburn, les joues de Pétra s’empourprèrent et ses lèvres se rétrécirent dans son embarras. Devant cette figure d’adorable petite sœur, Subaru caressa la tête de la fille souriante. Cette dernière plissa alors les yeux de bonheur et laissa échapper un soupir réticent.

Pétra : “Donc, qu’est-ce que vous allez faire ce matin ? Il est toujours trop tôt pour le petit déjeuner, mais…”

Subaru : “Ahh, pour l’instant je vais juste finir ma routine habituelle et si ça se passe bien, nous pourrons prendre le petit déjeuner avec tout le monde. En revanche si ça ne se passe pas bien… bah, comme d’habitude.”

Pétra : “…D’accord.”

Elle baissa un peu les yeux à la réponse de Subaru, son visage arborait désormais une expression plutôt sérieuse. Versant des larmes silencieuses en voyant une jeune fille si douce adopter une telle attitude, Subaru caressa la tête de la fille mignonne tandis qu’elle faisait avait une expression pareille,

Subaru : “Quoi qu’il en soit, merci pour aujourd’hui également. Surtout pour être venue me réveiller.”

Pétra : “…”

Subaru : “Pétra ?”

Pétra : “Subaru-sama est vraiment maladroit.”

À ces mots, elle soupira d’exaspération, en réponse à Subaru qui essayait maladroitement de changer de sujet. Puis la fille secoua la tête, et sourit comme une fleur épanouie.

Pétra : “Non, même ça c’est mon travail. D’ailleurs, c’est bien mieux, car Subaru-sama ne dort pas trop…. Même s’il ne devrait pas être aussi négligent.”

Subaru : “Hein ?”

Pétra : “Ce n’est rien. Bon eh bien, je vous reverrai plus tard. Excusez-moi.”

Chaque matin, après avoir servi de réveil à Subaru, Pétra lui faisait une révérence avec sa jupe. Et ensuite, elle quittait la pièce. La porte se fermait, et Subaru hochait la tête à la satisfaction de voir la jeune servante grandir.

Subaru : “Pétra est devenue splendide également. En tant que grand frère, j’en suis fier.”

“Echidna : Mais de son côté, elle ne semble pas te voir comme un grand frère.”

Subaru : “Je ne t’avais pas dit de rester silencieuse à moins que j’aie besoin de toi ? Sorcière-sama est bien rapide pour briser les promesses.”

Dans son monologue, Subaru était frappé par la persistance de la sorcière et sa faiblesse à ne pouvoir tolérer le silence. Mais, durant un soupir résigné, il se retourna pour regarder la porte par laquelle Pétra était partie.

Subaru : “Je suis le grand frère de cette fille, tu sais ? Donc, Pétra est ma petite sœur mignonne. C’est pourquoi je veux la rendre heureuse――je vais absolument le faire.”

“Echidna : Tu vas absolument la rendre heureuse tu dis…? Ces mots pourraient subitement devenir de terribles mots.”

À entendre le ton ferme de Subaru, Echidna prononça ces paroles sans se moquer de lui. Ignorant les mots de la sorcière, Subaru quitta la pièce, non sans faire quelques légers étirements. Le couloir du manoir était devenu plutôt froid comme un signe que c’était le début de matinée. Subaru frissonna, et sortit. 

――Sa ‘routine’ quotidienne était sur le point de démarrer.

※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※

Depuis quelques mois, les matinées dans le manoir Roswaal commençaient toutes avec un intense ‘Massacre’. Même si, l’appeler ‘Massacre’ était plutôt surprenant compte tenu des personnes concernées.

Pourtant, en ce qui concernait Subaru, qui en était témoin, les échanges étaient suffisamment violents pour être qualifiés de ‘Massacre’. En fait, nul doute que l’un des deux qui se battaient avait défié l’autre à mort. Mais malheureusement, son opposant esquivait cet esprit combatif avec facilité.

La disparité de puissance entre les deux était complètement évidente pour n’importe qui aurait daigné regarder. Bien sûr, ils continuaient chaque matin cette dangereuse habitude à cause de ça,

??? : “RHHHHHAAAAARRRGH !!”

Un fier grondement de rage, accompagné par une explosion à hauteur de pied qui souffla la pelouse de la cour. Enfonçant profondément son pied, c’est avec cette propulsion tempétueuse que la silhouette dorée s’élança, ses griffes bestiales fonçant droit sur la silhouette de son adversaire.

C’était un coup qui pouvait déchirer une plaque d’acier épaisse, un coup qui pouvait transformer un corps humain en viande hachée――les griffes de la bête délivrèrent une myriade d’assauts violents, qui fondaient sur leur proie pour l’empêcher de s’échapper. Toutefois,

??? : “Je suis désolé, mais l’écart est bien trop conséquent.”

??? : “GHHA―!?”

L’autre silhouette esquiva sans peine le déluge d’attaques fatales venant des griffes bestiales. Et immédiatement après, les longues jambes qui avaient sauté laissèrent échapper un grand cri, et le corps de la bête fut transpercé par le bas.

Cette dernière poussa un cri d’angoisse lorsqu’elle reçut ce coup, et le flanc qui s’était coincé était arqué vers le haut――

??? : “GHHAGHK―!?”

――Ou plutôt, c’est ce qui était supposé se passer, mais ce ne fut pas le cas.

Le corps qui avait été propulsé en l’air fut intercepté par le talon de son adversaire qui s’était élancé vers le bas comme pour tendre une embuscade, et l’envoya s’écraser sur le sol. L’impact produisit un cratère circulaire sur la surface de la pelouse, laissant la bête parfaitement silencieuse, étalée sur le sol sans bouger.

??? : “Tu veux continuer ?”

??? : “Aurgh”

Le victorieux lui demanda s’il voulait continuer tandis que le vaincu laissait échapper un gémissement. Cela n’était ni du sarcasme ni de l’ironie que de demander cela ; c’était des mots prononcés uniquement vis-à-vis de la bataille. C’est pourquoi ils blessèrent fatalement l’esprit du perdant. Cependant,

Subaru : “Tu ne le réalises probablement pas, mais les mots comme ça sont dévalorisants, tu sais. Arrête avec cette fichue pitié de Samouraï.”

À son entrée sur la scène où victoire et défaite étaient déjà décidées, Subaru prononça ces mots alors qu’il se grattait la tête. En les entendant, le jeune homme qui avait regardé de haut son adversaire étalé au sol fit volte-face pour le regarder avec un sourire qui apparaissait sur son visage.

Le jeune homme avec des cheveux d’un rouge flamboyant leva sa main en direction de Subaru.

??? : “Bonjour, salut, Subaru. Tu t’es levé tôt ce matin, hein ?”

Subaru : “Pas aussi tôt que vous deux. Quand même, ça ne vous ennuie pas ou vous n’en avez pas marre de faire ça tous les jours… Tu n’as pas à toujours agir de manière aussi franche, Reinhard.”

Reinhard : “Il n’y a rien de mal à son ambition qui brûle en lui. De plus, c’est également vrai qu’il s’améliore de jour en jour. D’ici peu, n’arrivera-t-il pas à me rattraper ?”

Subaru : “Ah bon ? J’ai du mal à m’imaginer ça.”

Le jeune homme aux cheveux rouges――les mots de Reinhard donnaient l’impression que ce n’était ni une blague ni un acte de modestie. Un œil fermé suite à cette estimation, Subaru baissa les yeux vers la chose qui était toujours couchée sur le sol. 

Un garçon avec de courts cheveux dorés se roulait de douleur là. Ce dernier sifflait d’angoisse, il n’était toujours pas à un niveau suffisant pour rivaliser en combat, mais malgré tout, l’esprit combatif qui luisait dans ses yeux verts n’avait pas du tout faibli.

Toutefois son corps ne pouvait obéir à ses intentions, tout ce qu’il pouvait faire était grincer les dents de frustration. Comprenant le sentiment d’amertume qu’il ressentait, Subaru tendit la main à ce garçon. 

Subaru : “Hey, tu peux te lever, Garfiel. N’abandonne pas maintenant. Tu es…”

Garfiel : “…M’touche pas si facilement. Pas b’soin d’m’lever avec ta p’tain d’main t’sais.”

Sans prendre la main tendue de Subaru, le garçon blond, Garfiel, lui montra les crocs. Cependant, il était évident aux yeux de tous que ça n’était qu’une bravade. La douleur était gravée sur son visage, et sa respiration difficile. Néanmoins, Subaru n’était pas puéril au point de pointer cela du doigt.

Pendant qu’il remuait légèrement le bras qui venait d’être écarté, Subaru soupira en direction de Garfiel qui s’était relevé.

Subaru : “Bon, si tu le dis, fait comme tu veux. Mais, va prendre un bain avant le petit déjeuner, et essaye de te laver de la sueur et de la boue. Sinon, Ram va finir par te détester.”

Garfiel : “…Ferme-la. J’le sais d’jà sans avoir eu b’soin qu’tu m’le dise.”

Il secoua la tête à la suggestion de Subaru, puis Garfiel fronça les sourcils en une grimace colérique et se leva. Ses genoux tremblaient toujours, mais pas au point de ne plus pouvoir marcher. Ayant récupéré avec son incroyable ténacité, il jeta un regard noir à Reinhard qui se tenait là aussi imperturbable que jamais. 

Garfiel : “P’chaine fois, j’vais vraiment t’d’foncer.”

Reinhard : “J’attends de voir ça.”

Garfiel renifla à la réponse de Reinhard qui ne contenait nulle trace de mensonge. Et après ça, le garçon commença à s’éloigner péniblement, et lorsqu’il passa au niveau de Subaru, il jeta un rapide regard noir en sa direction.

Garfiel : “――Hmph.”

Claquant les lèvres d’irritation, il continua à boiter depuis la cour jusqu’au manoir. Avec un sourire ironique sur son visage, Subaru l’observait rentrer juste comme ça ; il secoua sa tête.

Il devait se sentir plutôt mal avec sa fierté blessée. Toutefois, ses sentiments aigres devraient disparaître avec sa sueur lorsqu’il allait se laver avant le petit déjeuner. Vraiment, il était à un âge turbulent. 

Subaru : “Ce gars, désolé de te le laisser rien qu’à toi. Tu dois te sentir fatigué également, n’hésites pas à aller te laver… En parlant de ça, le croiser dans le bain serait gênant.”

Reinhard : “C’est vrai, ce serait difficile pour lui. Heureusement, je n’ai pas assez bougé pour suer, donc je vais m’abstenir de faire cela. Il serait dommage de présenter Garfiel tartiné de boue devant Ram-san.”

Après avoir vu Garfiel rentrer, Reinhard sourit à Subaru qui avait prononcé ces mots. Comme il le pensait, les effets de l’entraînement matinal ne pouvaient être vus sur le Maître Épéiste. Il gérait un enfant, Garfiel, qui le défiait de “colère” ; il était parfaitement capable de le tuer s’il le désirait. Et par-dessus tout, il affichait un visage nonchalant en piétinant l’endroit de la pelouse où avait été vaincu son adversaire. Et, d’une manière ou d’une autre, l’herbe retourna à son état d’origine, propre.

Était-ce également l’une des innombrables Protections Divines qu’il possédait ? ――De plus en plus, la pensée de l’avoir pour ennemi le fit frissonner.

Par conséquent, faire en sorte qu’il quitte son propre camp était probablement la plus grande réussite de Subaru.

Le Maître Épéiste Reinhard van Astrea.

Là où il appartenait maintenant, était le camp qui supportait la candidature au trône d’Émilia, avec le soutien de Roswaal. Rapidement après le début de la Sélection Royale, le Maître Épéiste était devenu le chevalier de Felt. Il aurait été le plus grand adversaire qu’il aurait eu à affronter, et ce à cause de sa proéminence distinguée dans le Royaume, il avait toujours été leur plus grande menace… mais――

Subaru : “――Cela dit, si Felt venait à revenir, nous serions à nouveau des amis qui sont ennemis. Cette pensée me fait frissonner.”

Reinhard : “…”

Subaru : “Qu’est-ce qu’il y a ?”

Reinhard : “Non, rien, je comprends ton inquiétude, mais j’ose dire que je serais incapable de redevenir le chevalier de Felt-sama. Cette dame m’a jugé indigne. Sinon, elle ne m’aurait pas jeté comme ça pour disparaître dans un endroit inconnu.”

Reinhard remua sa tête, afin de se détourner des mots de Subaru. Ce dernier ferma les yeux à cette réponse, il dissimula ses pensées les plus profondes et laissa échapper un long soupir.

――Cela faisait déjà environ un an depuis que la maîtresse de Reinhard, une des Candidates à l’Élection Royale, Felt, avait disparu.

La fille féline avait quitté la Maison Astrea, et quitté l’Élection Royale, sans oublier d’emmener avec elle le vieil homme qu’elle considérait comme sa famille. Ainsi, elle avait rejeté le Maître Épéiste qui s’était dévoué à elle.

Telles étaient les rumeurs circulant dans le pays, et elles n’étaient pas loin de la réalité.

En fait, Reinhard n’avait jamais entendu parler de Felt, avant de l’embarquer dans l’Élection Royale. Le fait que sa maîtresse à laquelle il avait juré sa loyauté ait disparu sans un mot avait apporté un incommensurable sentiment d’impuissance au Maître Épéiste.

Subaru lui avait alors tendu la main, et l’avait ramené dans son nouveau camp. Avec sa conscience souillée, et son grand sentiment de responsabilité, Reinhard avait répondu à l’appel désespéré de Subaru, et avait offert son épée à Émilia en tant que nouveau roi.

Et depuis, le Maître Épéiste était devenu l’épée de la faction Émilia. Il jouait un grand rôle dans la Sélection Royale, en tant que descendant du Maître Épéiste qui avait scellé la Sorcière de l’Envie, il avait rejoint les soutiens de la très méprisée Émilia, la Demie-Sorcière. Ce que cela impliquait était bien plus grand qu’il ne l’avait imaginé.

De plus, avoir Reinhard pas loin aidait énormément dans de nombreuses choses en plus de la Sélection Royale. En appartenant au même camp, Reinhard avait donné un coup de main à propos du rebelle Garfiel.

Subaru : “Je ne peux pas atteindre votre niveau à toi et Ram. Je ne peux imaginer combien de fois Garfiel m’aurait écrasé à l’heure qu’il est.”

Reinhard : “Il n’y a pratiquement rien de tel. Bien sûr, Garfiel est rude en surface, ce qui est en fait pour indiquer qu’il reconnaît ta force. Mais, la tienne n’est pas quelque chose que l’on peut comprendre, et ça, quoi qu’il arrive, il ne peut arriver à l’accepter.”

Subaru : “Eh bien, personne n’aurait particulièrement apprécié se faire avoir par autant de petits tours vicieux. Mais, il n’y avait pas d’autre moyen, donc ce n’est pas comme si je l’avais regretté ou m’y étais attardé.”

Haussant les épaules à la défense de Reinhard, Subaru se remémora les événements qui s’étaient déroulés dans le Sanctuaire. Là-bas, la fuite des résidents était devenue impossible à cause de la barrière connectée au tombeau. Puis, il y avait le danger de la bête démoniaque, le Laphydre, qui y fourmillait――pour vaincre tous ces problèmes, Subaru avait fait usage de nombreux tours.

On pouvait dire que celui qui avait eu le plus peur de la libération du Sanctuaire était Garfiel, et qu’il était celui qui avait tout donné pour stopper Subaru. Alors qu’Émilia et les autres étaient ceux ayant profité des fruits de sa Mort Réversible avec toute son âme.

C’était précisément la cause du contrat entre Subaru et Echidna. Le garçon avait choisi de prendre la main de la sorcière et avait répété sa Mort Réversible un nombre inimaginable de fois, et était passé par tous les essais et erreurs possibles au Sanctuaire.

Comme résultat, Subaru avait réussi à prendre le contrôle des actions de tous ceux qui restaient dans le Sanctuaire et à garder Garfiel à l’écart des autres villageois afin de l’empêcher d’interférer avec les événements.

Il avait surmonté les Épreuves du Tombeau et avait brisé la barrière. Pendant ce temps, Roswaal avait fait les préparatifs nécessaires concernant Lewes, et avait dirigé l’évacuation. Les habitants avaient été libérés avant que le danger du Laphydre n’ait assailli le Sanctuaire. Dans le même temps, Garfiel s’était efforcé de ralentir le moment de la libération, mais ses efforts avaient été vains.

Après tout, c’est une fois que tout était fini que Garfiel avait comprit ce qui était arrivé. Même lorsqu’il avait appris qu’il était trop tard pour intervenir, après que l’évacuation des habitants du Sanctuaire se soit terminée, il avait encore essayé de résister pour ne pas avoir à quitter ce dernier. 

Cependant, le Sanctuaire avait été attaqué par le Laphydre et le jeune homme aurait fini au bord de la mort si Subaru et Roswaal ne l’avaient pas sauvé.

Alors qu’il manquait de force et qu’il avait fait des erreurs de jugement, les problèmes qui pesaient obstinément sur son jeune cœur depuis une décennie avaient été résolus par des étrangers, ce qui l’excluait totalement. La volonté de Garfiel avait été profondément blessée. 

Après ça, ses sentiments de dépression se muèrent en rage, et il était tout naturel qu’il en vienne à haïr Subaru. Sans les persuasions de Ram et de sa grande sœur, Frédérica, Garfiel n’aurait jamais fait le choix de rejoindre la faction d’Émilia. Le nouveau venu Reinhard était devenu un exutoire de colère pour le garçon.

Finalement, c’était probablement son propre manque de force qu’il ne pouvait absolument pas pardonner. En prenant la force du Maître Épéiste en tant qu’objectif, petit à petit, des signes de changement étaient nés en Garfiel, qui devenait de plus en plus fort.

De cette manière, il arriverait peut-être à la réponse qu’il n’avait pu obtenir au Sanctuaire.

Subaru : “Quand même, je serais plutôt heureux s’il était un peu plus sympa avec moi.”

Reinhard : “Un jour il comprendra tes sentiments. Pas besoin d’être impatient.”

Reinhard secoua la tête en un geste qui semblait vouloir consoler la conclusion sans conviction de Subaru. Puis, le chevalier aux cheveux rouges porta son regard vers le manoir.

Reinhard : “Je voudrais que tu me laisses encore un peu Garfiel. …Seulement si tu as encore des attentes à mon égard, moi qui n’ai même pas été capable d’acquérir la confiance de Felt-sama.”

Subaru : “Ne sois pas si pitoyable. Je pense qu’il n’y a personne qui ne croit pas en toi. Ouais, j’ai des attentes envers toi.”

Reinhard : “Compris. Alors, toi aussi tu devrais faire ce qu’on attend de toi… C’est le devoir d’un Meilleur Chevalier.”

Ce fut seulement dans ces derniers mots que Reinhard montra une certaine d’émotion.

Le Meilleur Chevalier, ce terme n’était permis que dans une relation maître-serviteur où ceux-ci étaient reliés par le plus puissant des liens. Reinhard n’avait pas réussi à le devenir pour Felt.

Pour Subaru, il n’avait pas voulu le devenir, c’est ce qu’il ressentait. 

Reinhard : “Bon, on se voit plus tard.”

Sans même dévoiler une once de ces émotions sur son visage, Reinhard donna à Subaru une tape sur l’épaule et quitta le jardin. Alors qu’il marchait, il n’y avait nulle trace du combat qui venait de prendre place quelques instants avant, sur le gazon sous ses pieds qui aurait dû être abîmé. 

Debout sur la pelouse qui était revenue à la normale, Subaru s’assura que Reinhard avait complètement quitté le parc et laissa échapper un long soupir.

Subaru : “J’ai laissé Garfiel entre… tes mains, hein.”

“Echidna : Oh la la, quel talent d’acteur. Ta peau s’épaissit de jour en jour.”

Subaru : “…”

Une fois encore, il entendit la voix de la sorcière qui continuait de briser sa promesse. Mais, Subaru ne répondit rien. Son silence pris comme un accomplissement, Echidna transmit ses ondes-pensées depuis sa pierre cristalline,

“Echidna : Prendre en pitié Garfiel est ton privilège. Mais discutons de la solution du Sanctuaire. À force de répéter tentative après tentative, tu as trouvé la solution optimale. Empêcher tout le monde de souffrir, de mourir… et finalement sauver leurs vies. N’est-ce pas ça ?”

Subaru : “Je sais. C’est pourquoi je n’ai rien dit.”

“Echidna : Reinhard également, t’absout de culpabilité. À l’origine, cette fille——Felt n’était pas intéressée le moins du monde par cette élection. Donc, tu lui as montré une porte de sortie, qui lui permettrait de ne plus avoir besoin de s’embêter. Et maintenant, elle vit tranquillement avec ce vieux géant à Kararagi.”

Subaru : “…”

Echidna détailla doucement les choix de Natsuki Subaru, comme si elle caressait de vieilles blessures.

La stagnation de Garfiel, l’angoisse de Reinhard——tout ça était un résultat des choix de Subaru. La situation de Garfiel avait été décente. Cela avait été le processus nécessaire pour résoudre les problèmes dans le Sanctuaire sans avoir à sacrifier qui que ce soit. Mais, la situation de Reinhard était différente.

C’était un plan de Natsuki Subaru pour complètement le séparer de sa maîtresse. Il ne serait pas capable d’éviter le blâme et le dédain si les gens connaissaient la vérité. C’était ce genre de plan. Mais même ainsi――

“Echidna : Afin d’empêcher le malicieux Culte de la Sorcière de prendre Émilia pour cible, tu as besoin d’une puissance réelle. Le charme seul ne suffit pas. Donc au final, tu as fait le bon choix.”

Subaru : “Assez !”

“Echidna : Sauver Pristella avec succès n’a été possible qu’avec ce choix. Pour s’occuper du désastre qui s’est abattu sur la Cité Aqueuse, quelles auraient été tes chances sans Reinhard ?”

Subaru : “….”

“Echidna : Bien sûr, si tu avais concentré ton pouvoir combatif là-bas, tu aurais peut-être trouvé un moyen de les repousser par d’autres moyens. Cependant, avoir été capable de vaincre plusieurs Archevêques du Péché sans victimes, c’est arrivé précisément parce que tu avais Reinhard disponible pour toi.”

Les mots d’Echidna étaient implacables et répétés, et cet essai de consolation rencontra l’effet inverse. Avec une tentative pour justifier ses actions, ce qui tombait des centaines voire des milliers de fois était cette lame connue sous le nom de mots. Utiliser cette méthode pour couper son cœur en des pièces ébréchées n’était pas son but, mais c’était comme si. Utilisant une lame de langage, elle condamnait les actes et supercheries de Natsuki Subaru.

Peu importe combien de fois, peu importe combien de douzaines de fois, peu importe combien elle le répétait, ce n’était jamais assez.

Sa force était bien trop insuffisante. Et ce pouvoir ne compensait jamais les expériences de Subaru, qui ne cessait de répéter la Mort Réversible à maintes reprises.

Souvenirs et expériences de l’avenir, dans ce monde il y avait du désespoir qui ne pouvait être surmonté avec cela seulement. Pourtant, les difficultés auraient peut-être pu être dépassées s’il s’était investi. Mais Subaru regrettait de ne pouvoir être ni assez fort ni assez faible pour permettre des sacrifices.

Cela aurait été sans intérêt s’il avait fermé les yeux devant les personnes devenant des victimes, cela aurait été sans intérêt s’il avait accepté les condoléances, cela aurait été sans intérêt s’il avait accepté les compromis. S’il avait arrêté de risquer sa vie, avoir pris la main de la sorcière n’aurait plus eu aucun sens.

Donc, il faisait tout ce qu’il pouvait pour obtenir le pouvoir nécessaire et une bonne force de combat. Finalement, il avait eu la meilleure épée, Reinhard van Astrea, et en avait fait un allié.

Concernant le retrait de Felt de la Sélection Royale――il était impossible de décrire tous ses essais, et toutes les erreurs qu’il avait répété afin que cela puisse se réaliser.

Face à l’hostilité de Reinhard, face à son épée, tomber même dix ou vingt fois ne suffisait pas. Quand bien même, il avait fini par accomplir cette tâche tranquillement sans sacrifier qui que ce soit. Seul ce résultat était une salvation pour Natsuki Subaru.

Peu importe combien de fois son cœur serait blessé, du moment qu’il pouvait sauver leurs vies――

Subaru : “Il y a de la vie, et s’il y a de la vie, il y a un futur, et s’il y a un futur, il y a de l’espoir, et s’il y a de l’espoir, alors il y a des possibilités. S’il y a des possibilités, alors――”

“Echidna : Alors des personnes seront sauvées. Tu es dans le vrai. Tu n’as pas tort. Je te le promets.”

Subaru : “Je n’ai pas vraiment besoin de tes garanties, tu sais…”

Subaru exprima ses pensées les plus profondes pour s’encourager, et pour se mettre en garde. La sorcière affirma, comprit, partagea et admira cela. 

Alors qu’il répondait de manière agressive à ses mots, c’était un fait que les mots de la sorcière l’avaient aidé. 

La vie était la vie.

S’il était vivant, il pouvait recommencer. Il avait des possibilités. Cela lui donnait de l’espoir.

Les sacrifices étaient des choses différentes dans la vie de Subaru. Cela valait la peine de continuer à utiliser la Mort Réversible tout le temps si cela protégeait tout le monde sauf la propre vie de Subaru, qui n’était plus incluse dans ses calculs.

――Même si ceux que je veux sauver fondent en larmes, je veux quand même les sauver.

C’était la salvation que Subaru avait décidé de recevoir en prenant la main de la sorcière.

※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※

Après avoir reçu le cruel réconfort de la sorcière, Subaru quitta le parc. Observer les exercices matinaux de Reinhard et Garfiel n’avait en fait, rien à voir avec la routine matinale de Subaru. Il était juste arrivé lors de cette scène, et n’avait donc pas eu d’autre choix que de les interpeller. La vraie routine matinale de Subaru démarrait dans la bibliothèque du manoir.

Subaru : “――Heya, Béatrice. Désolé de l’intrusion.”

Tout au fond de l’aile Est du manoir, se tenait une bibliothèque ordonnée. Une fois que l’on poussait l’une des lourdes doubles portes, la première chose qui se dégageait de l’intérieur était l’odeur envahissante du papier. Dans la lumière blafarde d’un cristal magique, les étagères étroites étaient totalement remplies, noyées sous d’épais tas de lourds ouvrages.

Le nombre de livres pouvait être considéré comme non inférieur à ce qui avait autrefois existé dans la Bibliothèque Interdite.

Donc, dans ce cas, même en sachant que cet endroit n’était pas la Bibliothèque Interdite qu’elle aurait dû garder, la petite fille restait ici, capable de voir les fragments de son ancien chez-soi parmi les débris.

Béatrice : “….”

Dans les tréfonds de la pièce sombre, dans un coin de la bibliothèque, reposait la silhouette d’une jeune fille qui serrait ses genoux contre sa poitrine. Dès qu’il entra dans la pièce, il la vit assise sur un escabeau en bois. Ce souvenir encore vivace de sa posture accroupie, ce sentiment de violation ne disparaissait pas, continuant à brûler et à éroder le cœur de Subaru.

Béatrice avait enfoui son front dans ses genoux, toujours vêtue de la même robe. Recroquevillée comme ça, la petite fille n’avait même pas remué, réagi ou dit quoi que ce soit à Subaru tandis qu’il entrait dans la pièce.

Mais elle ne dormait pas, cela se voyait aux doigts de son petit corps, qui se serraient avec tant de force qu’ils en étaient blanchis.

A l’époque, elle aurait accueilli Subaru de mauvaise humeur, mais au moins, quand elle l’aurait salué, ça aurait été avec la dignité d’une bibliothécaire. Il ne restait aucune trace de cette expression glaciale qui avait été soutenue par la fierté de sa responsabilité.

Plissant les yeux en voyant la jeune fille dans un tel état, Subaru les cligna rapidement pour se débarrasser des émotions qui y avaient flotté l’espace d’un instant. Puis, après avoir affiché un sourire ridiculement animé, il ouvrit les rideaux de la bibliothèque.

Contrairement à la bibliothèque interdite, cette pièce avait une existence physique. Naturellement, comme il y avait une fenêtre, la porte ne pouvait servir de barrière pour empêcher les intrusions. Par conséquent――

Subaru : “Heyy, Béako. Quelle belle matinée aujourd’hui. Il y a une brise agréable qui souffle. Tu devrais arrêter de te cacher dans cette vieille pièce moisie ; tu n’as pas envie de jouer dehors ?”

Béatrice : “….”

Subaru : “Si tu ne veux pas salir ta robe en jouant dehors, s’il te plaît au moins viens manger avec tout le monde. Viens à la salle à manger comme avant. Ce n’est pas trop demander, n’est-ce pas ?”

Béatrice : “……”

Les rideaux de la bibliothèque étaient grands ouverts, et la lumière du soleil pénétrait dans la pièce. Tout comme le soleil rayonnant, Béatrice restait silencieuse et inclinait sa tête vers le bas à chaque demande de Subaru, qui souriait toujours ouvertement. Subaru avait l’impression que ses bras, qui étaient toujours serrés contre ses genoux, faisaient office de punition.

Subaru : “Hey, Béako….”

Béatrice : “… juste ferme-la, en fait.”

Subaru : “…….”

Ne supportant pas de le regarder, Béatrice prononça ces mots à voix haute alors que Subaru tentait de s’approcher d’elle.

Sa voix sombrait lourdement, comme si elle devenait rauque. Mais, après avoir entendu sa voix, Subaru se sentit soulagé. Parce que récemment, entendre sa voix était un événement rare.

Quand elle déprimait, les jours pendant lesquels il ne pouvait échanger ne serait-ce qu’un seul mot avec elle étaient nombreux. Alors même les mots de rejet et de dénégation lui faisaient plaisir. 

Mettant de côté ce que Subaru pensait, Béatrice continua sans relever son visage.

Béatrice : “Betty est fatiguée. J’ai déjà abandonné, je suppose. Je suis allée contre les instructions de mère… J’ai brisé le contrat… et malgré cela, je suis encore en vie… pourquoi ?”

Subaru : “Béatrice…”

Béatrice : “Si seulement tu m’avais laissé tomber à l’époque… Pourquoi es-tu venu m’aider ? Clairement, tu n’es pas… tu n’es pas Cette Personne !”

C’était un ressentiment qui ne disparaîtrait jamais, une rancune qui ne s’estomperait jamais, une pénitence qu’elle ne pourrait jamais pardonner――

Au cours de ses quatre cents ans, Béatrice avait porté ces sentiments seule, sa conscience héroïque qui avait refusé de renoncer à de telles pensées avait été piétinée, amenant naturellement la haine.

Au sein de la Bibliothèque Interdite, se trouvait un esprit qui avait donné sa vie pour sa mission, sans aucune place dans son cœur pour l’espoir.

Sa vie éternelle l’avait privée d’espoir, et tout ce qu’on lui avait donné était du temps pour vivre une vie dénuée de sens.

Lorsque la Bibliothèque Interdite avait brûlé en même temps que le manoir, l’endroit qu’on lui avait désigné pour demeurer avait été perdu à jamais.

Mais malgré cela, Béatrice n’avait jamais oublié sa responsabilité, celle qui avait été abandonnée. Son cœur qui avait porté un tel sens implacable de la responsabilité, avait été marqué par des blessures permanentes, imprégné de misère.

C’est pourquoi depuis la nuit où la Bibliothèque Interdite avait été réduite en cendres, tout ce qu’elle pouvait faire était de s’accroupir dans un coin de la bibliothèque, sanglotant sans cesse dans son impuissance.

Et pourtant――

Béatrice : “――hk ! Va-t’en ! Éloigne-toi de moi, je suppose ! Ne touche pas Betty…―tch !”

Incapable de supporter la vue de sa petite silhouette, Subaru avait enveloppé son petit corps dans un câlin. Criant sur lui en sentant ses bras l’enlacer, Béatrice n’essaya pas de cacher son dégoût et sa rage, marquant le cou de Subaru avec ses ongles. Pris dans son attaque impitoyable, des gouttes de sang suintèrent de sa blessure. Mais il ne la lâcha pas pour autant.

Il l’avait serré dans ses bras pour tenter de réconforter son corps frissonnant. Mais peut-être que c’était en fait Subaru qui cherchait du réconfort en faisant cela.

Béatrice : “Pourquoi es-tu venu me voir, je suppose…! Tu es si… tu es si…!”

Subaru : “Je serai comme ça, peu importe le nombre de fois où tu te défouleras sur moi, c’est bon. Même si les flammes du regret ne semblent pas s’évanouir pour le moment, si tu continues à les déverser, peut-être qu’elles disparaîtront un jour.”

Béatrice : “Elles ne sont pas…. supposées disparaître…! Betty l’est !”

Subaru : “Je suis si heureux que tu sois en vie. Donc, je vais toujours attendre avec impatience le jour où tu vas à nouveau bouder devant moi. ――Parce que cet espoir vit toujours en moi.”

Béatrice : “――hk”

Tranquillement, après que ces mots sincères aient été épuisés, la résistance de Béatrice diminua. Faisant un visage surpris, Béatrice se mit à sangloter, présente dans son corps mais pas dans son esprit. C’était un signe qu’il ne pouvait plus continuer cette conversation.

――Une fois toutes les deux semaines, Subaru et Béatrice échangeaient colère et calme de la manière suivante.

Après l’avoir lâchée, Béatrice enfouit à nouveau son front dans ses genoux. Et après cela, Subaru ne pouvait plus rien dire à la jeune fille qui s’était repliée dans sa propre coquille. Les mots de Subaru ne parvenaient toujours pas à ouvrir la porte de son cœur têtu.

Néanmoins, s’il frappait sans relâche contre ces portes, peut-être qu’un jour, elles s’ouvriraient. ――La simple possibilité de cet espoir, était l’espoir lui-même.

Subaru : “…À l’époque, je me demande si j’aurais dû lui dire que j’étais Cette Personne même si c’était un mensonge.”

Après avoir quitté la bibliothèque et laissé Béatrice derrière lui, tout en accolant son dos à la porte, Subaru se remémora cela.

Béatrice avait été brisée en s’accrochant à l’espoir que Subaru était Cette Personne en question lors de l’attaque du manoir. Elle avait été préparée à la fin de sa longue, très longue mission, mais ses espoirs fragiles et son acceptation douloureuse avaient été réduits en miettes.

Subaru aurait-il été capable de mentir à celle qui avait tant attendu la visite de Cette Personne pendant 400 ans en disant qu’il était Cette Personne juste parce qu’il le pouvait ? Et dans ce cas, son cœur aurait-il pu être préservé sans être brûlé en même temps que la Bibliothèque Interdite ?

“Echidna : Le fait que les Archives Interdites aient été perdues ne peut être annulé. Accepter la perte irrémédiable de toutes les connaissances sans héritage est assez douloureux pour moi, mais je ne peux rien y faire. Bien que pour toi, comparé à cette connaissance, le fait que la vie de Béatrice ait été sauvée est ce qui compte le plus.”

Subaru : “C’est inapproprié que tu dises cela. Toi seule, n’a aucun droit de dire ça.”

Echidna, qui était encore dans le monde onirique, protesta à l’encontre de Subaru qui avait mentionné ses regrets en passant.

Mais, n’était-ce pas Echidna qui avait confié la Bibliothèque Interdite à Béatrice, et l’avait laissée mener une existence si solitaire pendant 400 ans ?

En conséquence du don de ce devoir par Echidna, le cœur de Béatrice s’était graduellement émietté. Et malgré cela――

Subaru : “Si seulement tu ne lui avais pas dit d’attendre Cette Personne… !”

“Echidna : Attends une seconde. Peu importe comment tu le regardes, n’est-ce pas une façon de contourner la logique ? J’avais mes propres raisons, et il y avait un besoin pour que cela soit fait. Bien sûr, la responsabilité de la longue solitude de Béatrice me revient. Mais, mon intention n’était certainement pas de forcer le malheur sur cette enfant. J’espère que tu comprends.”

Subaru : “Ghg…”

Recevant les objections d’Echidna, Subaru hésita à éclater de colère. Les mots de la sorcière étaient corrects. En fin de compte, quand il blâmait Echidna, il ne faisait que déplacer la responsabilité de ce qu’il ne pouvait pas faire lui-même.

Subaru : “Au final, qui était Cette Personne ?”

“Echidna : À mon grand regret, je ne peux pas laisser cela sortir de ma bouche. Puisque les Archives Interdites sont perdues, en discuter n’aurait aucun sens. Même si nous découvrions qui c’est, il ne le saurait plus.” 

Subaru : “Il… donc c’est un homme ?”

“Echidna : ――Est-ce que ma langue a fourché ? Cependant, tous les moyens de le trouver ont disparu maintenant. En premier lieu, si tu le trouvais, que ferais-tu ? Tu laisserais Béatrice le voir ? Ou as-tu l’intention de lui infliger une sanction ? Dans ce cas, en vertu de quel crime. Le concerné ne serait certainement pas au courant, un crime qui n’existe pas ne peut être sanctionné. De plus, ce n’est pas comme si tu en avais le temps.”

Les tactiques de conversation d’Echidna étaient irréfutables, ce qui amena Subaru à claquer la langue.

En fait, tout ce qui avait été dit par la sorcière était probablement correct. Il n’avait pas trouvé d’erreurs. Il ne pouvait pas les juger. Subaru n’avait pas le temps de faire une telle chose.

“Echidna : Béatrice a vraiment passé ce temps à s’apitoyer. Mais, cela ne veut pas dire que l’avenir restera ainsi, et rien n’indique que nous devrions penser ainsi. C’est inattendu, c’est exactement comme tu l’as dit.” 

Subaru : “…”

“Echidna : Même si elle est dévastée par le regret en ce moment, il viendra un jour où cet enfant sera libéré. À ce moment-là, quelqu’un viendra accepter cet enfant. Peut-être que cette personne est toi, peut-être que cette personne ne l’est pas. C’est la possibilité que la vie offre.”

C’était du sophisme.

C’était simplement une façade de bienveillance.

Mais, c’était sans doute aussi de l’espoir.

Cela ressemblait à de la cajolerie de la part d’Echidna, mais s’il y avait cette possibilité, Subaru n’avait d’autre choix que de la croire.

Ainsi, la sorcière avec laquelle il était sous contrat, même s’il voyait clairement qu’elle le cajolait, il ne pouvait pas nier ce qu’elle disait. Il ne pouvait que s’accrocher à elle, compter sur elle. Sa présence constante était son seul complice, empêchant Subaru d’oublier ses péchés.

Subaru : “Comme des lignes parallèles.”

“Echidna : Ah, comme des lignes parallèles en effet.”

En fin de compte, terminer ainsi leur conversation, était la manière de Subaru et Echidna d’affronter leurs péchés. Ils avaient confié leur espoir en l’avenir, croyant aux voies du possible, attendant l’arrivée du jour idéal.

Peu importait le nombre de chances qu’il avait, Subaru s’était toujours retrouvé à cet endroit. Il avait traîné la désespérée Béatrice alors qu’elle tentait de rester dans le manoir en flammes. Même si elle avait perdu sa Bibliothèque Interdite, même si chaque jour elle était confrontée à des larmes incessantes ; il avait quand même voulu qu’elle vive.

Même avec des essais et des erreurs répétés dans plusieurs milliers de répétitions de ce monde, Subaru n’avait pas trouvé le moyen de sauver Béatrice sans laisser personne mourir.

Ainsi, s’accrochant à l’espoir, il avait continué à avancer envers et contre tout, contre vents et marées.

Je les ai sauvés, je les ai sauvés.

Aujourd’hui encore, il faisait de ces mots sa motivation pour l’avenir ; il voulait que l’espoir fleurisse.

※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※

??? : “Oh laaaa laaaa ! Mais si ce n’est pas Subaru-saaaaaaama ! Revenez-vous d’une visite auprès de Béatrice ?”

Subaru : “……………….”

Soudain, il entendit une voix venant de derrière lui alors qu’il marchait le long du couloir. Subaru s’arrêta après une rapide réflexion. Il réalisa immédiatement à qui appartenait cette voix de par le ton de cette dernière. C’est à cause de ça qu’il regrettait de s’être arrêté, mais il ne pouvait plus l’ignorer, car il ne marchait déjà plus. Il se tourna alors avec réticence, l’autre silhouette se tenait tranquillement, directement derrière Subaru.

Subaru : “Est-ce que c’est toi, Roswaal ?”

Roswaal : “Mhhm. C’est bien moi. Bien le bonjour. Comment allait Béatrice aujourd’hui ?”

Subaru : “Ça faisait longtemps qu’elle ne m’avait pas traité de manière si hautaine. Bon, j’anticipe un certain progrès.”

Roswaal : “Je vois. …On dirait que vous avez pris un saaaaaaacré coup, au passage ?”

Roswaal plissa ses yeux de différentes couleurs quand il reçut la réponse sans conviction de Subaru. Il observait son visage et son cou. Sur eux, se trouvaient les douloureuses blessures que Béatrice lui avait infligé avec ses ongles un court instant auparavant.

Roswaal : “Malheureusement, je n’ai jamais été vraiment doué pour traiter les blessures, et je ne vais pas être capable de traiter ces plaies. Ceux qui peuvent utiliser la Magie de Soin sont justes… Béatrice, Garfiel et Émilia-sama.”

Subaru : “Il me semble un peu difficile de le demander aux deux premiers. Je pourrais demander à Émilia… bien j’y penserai.”

Roswaal : “Si vous lui demandez, je suis sûr qu’elle va définitivement vous soigner. Ou alors, se pourrait-il que vos blessures douloureuses vous apportent un peu de réconfort en ce moment ?”

Subaru : “….”

En présence du réticent Subaru, chacun des mots discursifs de Roswaal était douloureusement tranchant comme un rasoir. Et plus particulièrement lorsque l’homme prononça ses derniers mots ; Subaru plissa les yeux, et Roswaal haussa les épaules dans une gestuelle clownesque. 

Le maquillage et la tenue excentrique du clown, l’apparence de Roswaal et son attitude n’avaient en rien changé, mais il était définitivement différent.

Derrière la façon dont il s’adressait à Subaru et son attitude à son égard, il y avait un certain respect. Cela constituait pour Roswaal, vis-à-vis de l’existence imprévisible de Natsuki Subaru, la preuve qu’il reconnaissait son utilité.

Roswaal : “Mais, ne vous inquiétez pas pour ça. Si vous mettez votre temps à profit, je suis sûr que vous trouverez une solution ; quelle que soit la méthode, vous vous consacrerez à trouver le moyen optimal. Si votre désir est de sauver le cœur de Béatrice, une telle méthode sera un jour à votre portée. Il n’y a pas besoin de se seeeeentir anxieux.”

Subaru : “Plus simple à dire qu’à faire. Il n’y a rien de si commode.”

Roswaal : “Vous êtes trop modeste. ――De plus, je ne pense pas que cela soit facile, si ? Mais, ce simple fait n’entache pas vos exploits, c’est tout ce que je disais.”

Roswaal fit un éloge des plus complets des accomplissements de Subaru suite à une courbette respectueuse.

En réalité, seule Echidna qui avait passé un contrat avec Subaru savait à propos de sa capacité de Mort Réversible. Mais, Roswaal comprenait que cette capacité était similaire à ‘Rembobiner’. Roswaal évaluait ce fait et les exploits du jeune homme ensemble.

Comme Echidna n’avait pas de pouvoir concret dans le monde réel, il n’était pas exagéré de dire que Roswaal était celui qui estimait le plus Subaru au sens propre.

Roswaal : “Dans la Capitale Royale, dans mon manoir, et encore une fois à la Capitale Royale. Et ensuite, au Sanctuaire, à Pristella. ――Vous avez survécu à ces épreuves sans faute, sans perte. Indiscutables, sont les prouesses de vos exploits. Un jour viendra, où vous réaliserez mon vœu tant désiré, et pour cela, je ferai tout mon possible pour vous soutenir. S’il vous plaît, souvenez-vous en.”

Subaru : “Tu es vraiment optimiste. … Ne sois pas si sûr de pouvoir me conserver dans la paume de tes mains.”

Roswaal : “Mais, vous avez besoin du sang du dragon. Sans ça, cette fille――Rem ne va jamais se réveiller. D’après cette conclusion, vous avez besoin qu’Émilia-sama devienne reine. Je me trompe ?”

Subaru répondit avec un regard vif, et froid à l’expression inquisitrice de Roswaal. 

Il s’agissait d’une relation de coopération mutuelle établie sur un terrain houleux, où chacun d’eux connaissait les points sensibles de l’autre.

Roswaal atteindrait son but en utilisant la Mort Réversible de Subaru puisqu’il mettait ce dernier dans des situations lui permettant d’y parvenir. Et bien que Subaru connaissait ces intentions, il n’avait pas d’autre choix que de les suivre pour sauver Rem, qui dormait encore.

Roswaal : “Ce n’est en aucun cas un mauvais accord. Vous faites vos affaires, je fais les miennes, et de toute façon, nous aurons tous les deux nos désirs qui deviendront réalité. C’est pourquoi nous nous servons l’un de l’autre à cette fin. C’est tout.”

Subaru : “….”

Roswaal : “Ma force devrait être utile. J’ai dévoué environ quatre-cents ans à attendre ce moment. Et pour moi, votre pouvoir est ce qui m’aidera à accomplir mon souhait… n’est-ce pas ?”

Subaru ne pouvait pas émettre d’objection face à la conviction de Roswaal. C’était la réponse qu’il avait donnée lorsqu’il avait découvert la trahison de Roswaal au Sanctuaire. Que ce soit pour le bien de l’Élection Royale, ou comme un moyen de bloquer les entraves à venir, se passer de la présence de Roswaal, était absolument inadmissible.

Même s’il projetait juste d’utiliser Subaru pour exaucer ses propres vœux.

Subaru : “Si tu étais honnête à propos de tes vraies intentions, et si tu m’avais dit ce que tu voulais, je ne serais pas si têtu, je voudrais même peut-être t’aider.”

Roswaal : “Quel dommage, j’ai bien peur que ce ne soit pas possible. Vous n’auriez pas choisi ça.”

Afin d’atténuer légèrement le sentiment d’urgence, Roswaal donna son rejet à Subaru, qui avait tenté de l’approcher dans un compromis. Roswaal afficha un sourire ostentatoire au jeune homme qui venait d’entendre ça avec des yeux grands ouverts.

Roswaal : “En prendre conscience serait un désastre, vous devez toujours faire prévaloir votre seule priorité. Tout obstacle, toute raison de trébucher, tout sera jugé, et quoi qu’il en soit pourra être écarté sans arrière pensée. Et si cela est fait, ce sera la fin. Tout cela était déjà décidé, d’où la raison pour laquelle vous êtes devenu ma carte maîtresse.”

Subaru : “….”

Roswaal : “N’est-ce pas merveilleux ? Je m’occupe de ma part, vous vous occupez de la vôtre, et nous réalisons librement nos souhaits. Si c’est impossible même de cette façon, cela indique simplement que le désir était insuffisant de la part de celui qui ne l’a pas réalisé.”

Subaru : “…Ah, il en est ainsi ?”

Un dévouement acharné, c’est pourquoi Roswaal avait soutenu le sien, c’était déjà clair. Alors, d’où venait la racine de tout cela, son refus d’en parler honnêtement était aussi ainsi. Avec cela en tête, Subaru mit fin à la conversation avec Roswaal et commença finalement à s’éloigner. Avec une posture qui montrait à quel point Roswaal était détaché de son cœur, celui-ci s’arrêta de marcher,

Roswaal : “Ahhh, oui. En ce moment même, Ram se trouve dans la chambre de Rem. Je vous le fais savoir, juste au cas où.”

Subaru : “…..”

Incapable de répondre, Subaru tourna à l’angle et s’échappa de son regard.

※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※

Ram : “Merci beaucoup d’avoir pris la peine de visiter ma sœur solitaire, Natsuki Subaru-sama.”

Depuis l’accord dans le Sanctuaire, ou plutôt, il serait plus exact de dire depuis que Natsuki Subaru avait décidé de faire les choses de cette façon.

Depuis lors, il était inévitable que de nombreux changements se produisent dans le manoir, et à l’extérieur, mais parmi eux, le plus grand changement était peut-être le sien.

La personne qui avait salué Subaru en entrant dans la pièce était une servante aux cheveux roses qui lui avait fait une profonde révérence. La personne qui avait prononcé cette salutation était très certainement Ram.

Bien qu’elle ait été une fille qui était l’image même de l’arrogance, après qu’il ait surmonté les événements du Sanctuaire, elle avait eu un changement soudain dans son attitude envers Subaru.

Subaru : “Peu importe combien de temps passe, je ne me ferai jamais à ton attitude.”

Ram : “Encore une fois, je suis vraiment désolée d’avoir été aussi grossière par le passé. L’ignorance et les discourtoisies de Ram ont causé de grands désagréments à Natsuki Subaru-sama. Mais depuis que Roswaal-sama et Émilia-sama m’ont ordonné de montrer à Natsuki-sama le plus grand respect, cela ne se reproduira plus ; soyez-en sûrs.”

Sans changer d’expression, Ram répondit à Subaru d’une manière aussi digne que n’importe quelle servante. Il n’y avait aucune trace de familiarité ou de proximité qui aurait pu être interprétée comme de l’amitié dans son comportement, comme cela avait été le cas auparavant. Il y avait un mur――non, s’il y avait un mur, il aurait pu l’escalader. Ici, il n’y avait aucun moyen de le franchir ; pour être exact, il s’agissait plus d’une distance entre deux mondes que d’un mur.

Ram tenait Roswaal en haute estime et l’adorait. Lorsque Roswaal avait changé sa façon d’agir envers Subaru, la valeur de Subaru avait aussi beaucoup changé aux yeux de Ram. En conséquence, elle considérait maintenant Subaru comme quelqu’un digne de respect.

Détournant son attention de cette Ram, Subaru se dirigea vers le milieu de la pièce――la raison pour laquelle il était venu dans cette pièce était la fille aux cheveux bleus qui dormait dans le lit.

Elle était allongée sur le dos, sa silhouette inchangée après deux ans――cette fille, c’était Rem. Il avait juré de la réveiller, et maintenant il n’avait toujours pas atteint la conviction qu’il accomplirait ce vœu. Le temps laissait cruellement la fille derrière lui.

Subaru : “Y a-t-il des changements chez Rem ?”

Ram : “Non j’en ai bien peur. Elle continue toujours de dormir… Vous avez tout un lot de problèmes en tête, Ram n’a pas le temps d’accorder de l’attention à sa petite sœur.”

Subaru : “Ne dis pas de telles choses. Il n’y a absolument… il n’y a absolument aucune futilité dans le fait de penser à Rem. Ne redis plus jamais cela.”

Ram : “――Compris monsieur.”

Ram répondit sèchement à l’ordre ferme de Subaru. Il n’y avait ni mécontentement ni plainte, pas plus que de soulagement ou de gratitude. En ce qui concernait sa jeune sœur appelée Rem, Ram n’avait aucun sentiment réel ou d’appréciation pour elle. Elle reconnaissait formellement que Rem était sa sœur, mais au plus profond de son cœur, elle n’avait probablement aucune place pour elle.

Son cœur était complètement basé sur sa loyauté envers Roswaal. Les effets des actions de Subaru étaient vraiment forts pour avoir réussi à l’impliquer dans les plans de Roswaal, mais aussi pour avoir freiné les vœux auxquels elle s’accrochait.

Même si Rem venait à se réveiller, son cœur regagnerait-il de la place pour sa petite sœur ? Ces sœurs redeviendraient-elles la grande sœur tant aimée, et sa petite sœur mignonne ?

Subaru : “――Ukh. Ram, désolé mais laisse-moi être seul avec Rem.”

Ram : “…comme vous le souhaitez. Appelez-moi si vous avez besoin de quoi que ce soit.”

Grinçant des dents à cette pensée frissonnante, Subaru était terrifié à l’idée d’être dans la même pièce que Ram. Miraculeusement, avant que sa voix tremblante ne s’échappe, elle avait quitté la pièce. Heureusement, Ram était partie gracieusement, ne lui laissant qu’une élégante révérence sans émettre la moindre objection aux paroles de Subaru. Et ainsi, seuls Subaru et Rem étaient restés dans la pièce.

Subaru : “….Rem.”

“――”

Allongée sur le lit, la jeune fille se contentait de respirer encore et encore d’une manière qui ne pouvait être un simple sommeil ; elle ne répondait pas. Le fait que sa poitrine se soulève et s’abaisse doucement, et que le sang dans son corps soit chaud étaient les seuls signes de vie chez Rem.

Tout ce que Subaru pouvait faire pour Rem en visitant cet endroit était de prendre sa main et de vérifier son faible pouls. Et c’est tout ce que Subaru pouvait trouver comme réconfort, à ce moment.

Subaru : “…Echidna.”

“Echidna : Le fait que tu m’appelles est vraiment une rareté.”

Echidna répondit à son appel alors qu’il s’asseyait au chevet de Rem, lui tenant doucement la main. La sorcière qui ne semblait que trop bien connaître sa façon de parler sans forcément être appelée, attendait silencieusement que les mots de Subaru soient plongés dans l’eau chaude de ses émotions. Le silence se termina après une dizaine de minutes.

Subaru : “Le moyen de réveiller Rem est bien celui dont tu m’avais parlé avant, pas vrai ?”

“Echidna : Ouais. Tu pourrais interroger l’Archevêque du Péché de la Gourmandise qui l’a plongée dans ce sommeil. Mais, je dois dire que les chances que ça arrive sont assez faibles. Trouver ces gars-là est presque impossible, et même si tu les attrapes, trouver un moyen de leur tirer les vers du nez… Cependant si tu étais juste capable de trouver un moyen de leur parler, peut-être serait-il facile de trouver une façon de leur faire ouvrir la bouche, si tu en avais le pouvoir…”

Subaru : “Ah, c’est vrai. C’est vrai, bien sûr. Si j’arrive à les trouver, à les attraper et à leur arracher leurs secrets pour réveiller Rem, je peux les défier des dizaines de milliers de fois. Quand bien même…”

Ils étaient introuvables. L’Archevêque du Péché de la Gourmandise, ces méprisables blasphémateurs ne s’étaient jamais manifestés nulle part. Même lorsque les Archevêques du Péché de la Colère, de la Luxure et de l’Avarice s’étaient réunis dans la Cité Aqueuse de Pristella, l’Archevêque du Péché de la Gourmandise ne s’était pas montré.

Pourquoi, pourquoi, pourquoi, pourquoi, pourquoi, pourquoi, pourquoi――

Subaru : “Si traquer la Gourmandise est sans espoir, qu’en est-il de la tour du Sage ? Si le Sage Shaula sait tout, alors…”

“Echidna : En tant que sorcière, je dirai ceci. Même si tu vas à la Tour de Guet des Pléiades, tu ne feras qu’une erreur de parcours. Le Sage ne correspondra pas à tes attentes. Au contraire, il y a même la possibilité que le Sage n’autorise pas ta présence. Même toi, tu ne souhaites pas t’y rendre pour mourir en vain, je me trompe ?”

Il avait été refusé une fois. Il avait été refusé deux fois. Il était coincé. Obtenir de l’aide de la part du Sage était impossible. Les Archevêques de la Gourmandise étaient introuvables. Les souhaits de Subaru avaient été poliment refusés par la Sorcière de l’Avarice. Alors, que pouvait-il bien faire――

“Echidna : Donc, tu n’as pas d’autre choix que d’obtenir le sang du dragon.”

Subaru : “Avec le sang du dragon, nous pouvons réveiller Rem.”

“Echidna : Je me réfère à celui du Dragon Divin. Grâce au pouvoir omnipotent contenu dans son sang, je pense que tu devrais être capable de libérer l’âme de cette fille de son sommeil.”

Les mots d’Echidna n’étaient rien de plus qu’une conjecture. Mais c’était une conjecture convaincante. Bien qu’elle les ait dites en évitant de les considérer comme des faits, les paroles de la sorcière étaient plutôt encourageantes. Ainsi, pour le moment, Subaru croyait que c’était le moyen de sauver Rem.

Le sang du dragon était considéré comme l’un des trésors que le Dragon Divin Volcanica avait accordé au Royaume de Lugnica. Il apportait des récoltes abondantes aux terres, éloignait toutes les maladies, et avait la possibilité d’accorder des miracles.

Il ne pouvait être utilisé que par les personnes ayant le plus haut rang de statut social dans le royaume. En d’autres termes, c’était ceux qui――

Subaru : “Tu l’obtiens si tu accèdes au trône.”

“Echidna: Bien sûr. C’est pourquoi tu dois faire d’elle… Tu dois absolument faire d’Émilia la reine.”

Subaru : “…….”

“Echidna : Soutiens Émilia, soutiens-là et fais d’elle la reine pendant que tu aides les personnes que tu souhaites sauver. Et quand tu auras mis la main sur le sang du dragon, tu pourras sauver Rem.”

Les mots d’Echidna se déversaient dans l’esprit de Subaru comme du poison. Il devait faire d’Émilia la reine afin de sauver Rem. C’était l’un des objectifs que Subaru voulait compléter pour accomplir les vœux d’Émilia.

C’était de la plus haute importance. Soutenir Émilia allait amener à sauver Rem.

Faire d’Émilia la reine, sauver Rem. Au final, Rem serait sauvé grâce à la volonté de Subaru de faire d’Émilia une reine. Par conséquent――

“Echidna : Cependant…”

Subaru : “Arrête, idiote. …N’essaie pas de balancer ma détermination comme ça chaque fois que tu le peux. Pourquoi essaies-tu de placer Émilia en dessous de moi comme ça ?”

“Echidna : Mais ce n’était pas mon intention ?”

Subaru : “Tu n’es pas très convaincante. Nous avons répété cette conversation de nombreuses fois, des dizaines de fois, des centaines de fois.”

La sorcière déversait souvent du poison dans son esprit comme si elle lui lavait le cerveau. Dans un essai de changer les objectifs de Subaru, ou de baisser la valeur d’Émilia. Mais c’était quelque chose que Subaru ne pouvait laisser passer. S’ils divergeaient sur ce point, Natsuki Subaru perdrait sa qualification pour marcher sur ses propres cadavres qui avaient été massacrés jusqu’à présent.

Subaru : “Tu ne devrais pas nous coincer entre ton propre égoïsme. Peu importe ce que tu as contre Émilia.”

“Echidna : Tu te méprends sur mes propos. Peu importe ce que je dis, tu ne le croiras pas… comme des lignes parallèles.”

Subaru : “Il serait plus précis de dire que nous ne sommes jamais d’accord entre nous, comme des lignes parallèles, même si c’est une conversation que nous répétons beaucoup.”

Il y avait des choses qui ne pouvaient être abandonnées dans sa relation de coopération avec Echidna. La sorcière prétendait être la complice de Subaru, et en lui prêtant sa sagesse comme contribution, elle prévoyait d’utiliser non seulement la Mort Réversible de Subaru, mais aussi son mode de vie. Bien que, grâce à son côté ingénieux, ces crocs empoisonnés ne l’atteignaient pas, et ils étaient donc dans une impasse.

Subaru : “Je vais mettre la main sur le sang du dragon. En faisant d’Émilia la reine. ――Mais ce n’est pas quelque chose que je fais juste pour sauver Rem. Réaliser l’objectif d’Émilia est intrinsèque avec le sauvetage de Rem, donc mes intentions originales n’ont pas changé. Ne te méprends pas.”

“Echidna : Oh la la. Comme si j’avais à me plaindre de danser à ton rythme de temps en temps. Tu sais, j’ai besoin que tu baisses un peu ta garde, sinon je ne pourrai pas garder la face en tant que sorcière.”

Subaru : “La manière dont tu exécutes ta fin de partie est douce. Ou plutôt, peut-être, en ce qui te concerne, je dirais que tu es douce au plus profond de toi. Tu n’es pas faite pour être une vilaine complète. C’est ainsi que je suis sauvé.”

“Echidna : Je vois. Je vais essayer de m’en souvenir.”

Echidna admit sa défaite sans grande objection. Même si elle pouvait profiter de cette leçon la prochaine fois, elle n’y parviendrait probablement pas. Quant à savoir pourquoi, la réponse serait la suivante. Parce que ce n’était pas quelque chose qui pouvait être changé.

Natsuki Subaru était Natsuki Subaru, peu importe ce qui lui arrivait.
La Sorcière de l’Avarice Echidna ne pouvait être que la Sorcière de l’Avarice Echidna.

Utilisant comme armes la nature qu’ils ne pourraient jamais être capables de changer.
Parce que dans la vie, la victoire ou la défaite ne pouvait être trouvée que dans les cartes qui leur étaient distribuées.

Subaru : “――Attends-moi, Rem. Je te le promets, je te réveillerai. C’est pourquoi…”

――Peu importait le nombre de fois qu’il mourrait.

Sa détermination n’était pas exagérée, les enjeux qu’il présentait étaient assez insignifiants. Peu importe le nombre de fois qu’il la gaspillerait, il continuerait à donner de sa vie inépuisable. Si cela devait aboutir à son réveil, il n’éprouverait aucun regret.

Seulement ça, seulement ça, seulement ça serait suffisamment bon.

※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※

――Au retour de la bibliothèque de Béatrice, et de la chambre de Rem, il avait maintenant atteint la fin de sa routine journalière. 

Subaru frappa sur la porte de la pièce avec un toc-toc-toc. Puis il y eut un coup depuis l’intérieur en guise de réponse. Sans un mot, ils avaient frappé. En réponse, Subaru toqua à nouveau. Et l’autre personne toqua immédiatement en retour. Toc toc toc toc toc――

??? : “――Bon sang, combien de temps vas-tu encore faire ça ! Ça me rend vraiiiiiiment anxieuse.”

Celle qui avait perdu patience il y a quelques instants était celle qui se trouvait dans la pièce. La porte s’ouvrit de l’intérieur, et le visage d’une belle fille aux yeux d’améthyste et aux cheveux d’argent apparut――elle était l’incarnation de la beauté suprême qui continuait éternellement à tout captiver.

Artiste du fan-art : Harusabin

Si elle montrait son visage en gonflant ses joues roses, elle donnerait une impression de tendresse plutôt que de beauté. Soudain, Subaru se mit à rire.

Émilia : “Ah, pourquoi tu ris ? Ugh, Subaru est vraiment un crétin.”

Subaru : “Crétin… plus personne ne dit ce mot de nos jours. C’est Émilia-tan qui a commencé à rendre les coups juste avant. J’ai juste suivi le mouvement.”

Émilia : “Tu le dis comme ça. Hmph, peu importe. Alors si c’est comme ça, je ne laisserai pas Subaru entrer dans ma chambre.”

Émilia essaya de fermer la porte, son visage était marqué par l’agacement alors qu’elle entendait Subaru parler à travers ses rires. Voyant cela, Subaru devint anxieux et mit sa main dans l’entrebâillement de la porte――

Subaru : “OWWW !”

Émilia : “Ah ! Subaru, tout va bien ?!”

Émilia sursauta en entendant le cri de douleur exagéré de Subaru qui s’était coincé les doigts dans la porte. Bondissant rapidement hors de la pièce, elle s’empressa d’attraper la main droite douloureuse de Subaru, et,

Émilia : “Nom nom nom

Subaru : “Ehh, Émilia-tan !? N’est-ce pas un peu osé !?”

Émilia : “Mmphphnn, mmhmhhmhpphhnomnomnomnomnom.”

Tout ce qu’il disait était étouffé par la réaction furieuse d’Émilia, et par ses yeux améthyste aiguisés. Les lèvres douces d’Émilia s’enroulèrent autour des doigts douloureux de la main droite de Subaru. Entre ses lèvres douces, il réalisa que la langue chaude d’Émilia suivait doucement la douleur engourdie qui torturait ses doigts.

Un frisson sensuel parcourut l’échine de Subaru.

Émilia : “Mhm…. ça devrait aller je pense. Subaru, ça a dû faire mal…. Hey, pourquoi ton visage est rouge vif ?”

Subaru : “Je ne peux pas m’empêcher d’agir comme un jeune adolescent, ou comment dire… c’était un développement tellement inattendu… uhh, eh bien, je vais bien. Merci beaucoup. Ça devrait être suffisant pour moi.”

Émilia : “――? Je ne suis pas sûre d’avoir compris, mais je devrais commencer à utiliser ma magie de guérison, non ?”

Le visage d’Émilia éclata de confusion alors que Subaru baissait la tête, levant ses doigts qui avaient été léchés. Cependant, elle changea immédiatement sa prise de conscience, et commença à guérir les doigts de Subaru avec une vague de magie bleu clair. Elle avait complètement guéri la douleur qui avait été adoucie par sa langue.

Après cela… tout ce qui restait pour Subaru était de savoir comment il allait nettoyer ses doigts trempés de salive.

Subaru : “Je vais les essuyer sur mes vêtements… Attends, non, ce serait dégoûtant. Cela dit, je ne suis pas assez expérimenté pour les lécher aussi majestueusement… !? Mais, si je laisse passer cette chance…” 

Émilia : “Ah, désolée. Je les ai recouverts de ma bave. Yep, tout est propre maintenant.”

Subaru : “Bordel――!? C’était un choix avec une limite de temps――?!”

Sans même prendre note de l’étonnement de Subaru, Émilia avait essuyé les doigts de Subaru avec son mouchoir et était ravie. Et après cela, elle regarda soudainement le cou de Subaru ; ses yeux clignèrent rapidement.

Les marques de Béatrice avaient été laissées là sans être soignées. Émilia les avait remarquées avec ses yeux aiguisés, elle posa doucement ses doigts blancs sur ces blessures,

Émilia : “Subaru, ça semble douloureux. Qu’est-ce qu’il s’est passé ici ?”

Subaru : “Ah, aaaah, ça ? Je me suis juste coincé le cou dans quelque chose en venant ici…”

Émilia : “Menteur.”

Elle avait interrompu les paroles de Subaru qui tentait d’aplanir la situation ; Émilia n’avait prononcé que ce seul mot. Elle ouvrit grand les yeux et caressa les blessures de Subaru avec ses doigts, encore et encore. Et puis, elle murmura une seule chose.

Émilia : “C’était Béatrice, n’est-ce pas ?”

La voix d’Émilia était froide et vide de toute émotion alors qu’elle prononçait cela.

En un instant, une grande quantité de pure force blanche surgit du corps d’Émilia. Elle balaya le couloir du manoir d’un seul coup et la peau de Subaru fut caressée par un grand froid brûlant.

L’air s’était gelé, le froid faisait crépiter l’air, et Subaru déclara en panique :

Subaru : “Émilia ! Émilia, calme-toi ! Tout va bien, tout va bien !”

Émilia : “…..”

Subaru : “Émilia ! Regarde-moi !”

Émilia : “――Ah.”

Il étendit de force ses bras et étreignit le corps tremblant de la fille en l’appelant. Il cria le nom d’Émilia plusieurs fois à son oreille. Il était serré juste contre elle pendant qu’il criait, son propre reflet étant visible dans ses yeux améthyste.

À sa voix, les yeux d’Émilia perdirent leur concentration et un petit gémissement s’échappa de sa bouche.

En un instant, l’air froid qui se répandait dans tout l’étage supérieur du manoir disparut. Même la pression accablante qui était omniprésente s’effaça. Les choses redevinrent ce qu’elles étaient avant.

Subaru : “C’ét-c’était dangereux. Un peu plus, et Reinhard aurait accouru.”

Émilia : “Je… Je… m-maintenant… eh…?”

Subaru : “C’est bon, c’est bon. Émilia-tan est une bonne fille, une bonne fille, tout va bien.”

Roulant des yeux, Subaru s’assit pour faire face à Émilia qui s’était assise sur le sol. Alors qu’elle se tenait la tête, incapable de digérer ce qui s’était passé, Subaru lui donna plusieurs tapes dans le dos pour tenter de la calmer.

Petit à petit, la respiration d’Émilia retrouva son calme, puis elle regarda timidement le visage de Subaru et dit :

Émilia : “D-Désolée ? Je… me suis encore comportée bizarrement…”

Subaru : “C’est bon. Parce que tous les problèmes causés par Émilia-tan ne sont pas des problèmes du tout. C’est le rôle que je veux prendre. Ne t’inquiète pas.”

Émilia : “O-ouais.”

Émilia hocha joyeusement la tête aux paroles de Subaru. Ce dernier ne voulait pas lâcher son corps jusqu’à ce que son coeur se soit vraiment calmé.

――L’instabilité émotionnelle d’Émilia était influencée par le fait qu’elle n’avait pas pu pas surmonter les Épreuves du Sanctuaire.

En fin de compte, il ne savait pas ce qu’elle avait vu dans la Première Épreuve qui montrait des aperçus de son passé. Néanmoins, quels que soient les souvenirs qu’elle avait vus, ils avaient brisé le cœur d’Émilia en morceaux et anéanti sa force pour se relever. Et comme elle ne pouvait pas surmonter les épreuves, Subaru les avait lui-même terminées.

Par conséquent, les progrès d’Émilia étaient probablement encore piégés dans le tombeau, même maintenant.

Mais, peu importe combien de temps elle rejetait tout, et peu importe combien de temps elle pleurait, le temps continuait à passer. Et ni le monde, ni son entourage, ni personne ne la laisserait s’en sortir avec sa stagnation. C’est pourquoi Subaru avait continué à prendre Émilia par la main, même lorsqu’elle s’était arrêtée.

Émilia : “Désolée, Subaru. Je te cause encore des ennuis…”

Subaru : “C’est bon, no problemo, pas de problème du tout. Au contraire, cela me fait sentir le bienvenu.”

Émilia : “…hehe, aww, Subaru. Mhm, merci. Je vais bien, je me suis calmée.”

Avec un bref câlin, Émilia leva la tête de la poitrine de Subaru. La chaleur de la fille s’éloigna et Subaru raidit ses lèvres avec un regard empli de regrets.

Subaru : “Mince. Je voulais profiter encore un peu de la douceur d’Émilia-tan.”

Émilia : “Huuh, ça serait mieux ? Si Subaru le dit, alors je vais le faire.”

Subaru : “Nonnonnon, c’est bon. Tu vois, c’est un tour que j’utilise plutôt souvent pour faire face à mon mécontentement. Se gaver jusqu’à l’épuisement, c’est pour le bétail. Je pense que plutôt qu’un cochon dans sa porcherie, je suis plutôt comme un loup qui poursuit sa proie.” 

Émilia : “C’est peut-être bien vrai. Je pense aussi que Subaru est plus proche du chien que du cochon.”

Subaru : “Mais, n’est-ce pas une histoire totalement différente quand on en vient aux chiens et aux cochons !?”

Subaru avait calmé Émilia avec cet échange absurde. Elle avait maintenant un sourire de retour sur son visage. Heureusement, il semblait qu’elle avait oublié la colère qu’elle avait montrée il y a quelques instants à cause de ses blessures.

“Echidna : Je ne peux pas supporter cette vue.”

Subaru : “Tais-toi.”

Émilia : “――Huh ?”

Subaru : “Ah, je ne disais pas ça à Émilia-tan. Désolé, je me parlais à moi-même.”

Subaru répondit instinctivement aux vagues de pensées soudaines d’Echidna, surprenant Émilia. Naturellement, les pensées à travers la pierre de cristal n’avaient atteint que Subaru. Le mépris et le dédain d’Echidna, qui exprimait ouvertement son aversion pour l’état dans lequel se trouvait Émilia, n’avaient également atteint que Subaru.

Émilia : “S-serait-il mieux pour moi de me taire ? Si c’est ce que Subaru veut, je vais faire de mon mieux pour rester silencieuse…”

Subaru : “Ce n’est pas ça ! Tout va bien, alors parlons beaucoup, d’accord ? C’est bon si tu parles.”

Émilia : “…Vraiment ?”

Les yeux améthyste d’Émilia commencèrent à se remplir de larmes. Et lorsque Subaru hocha la tête, Émilia laissa échapper un soupir de soulagement, prenant encore une fois la main de Subaru.

Émilia : “Donc, dis-moi Subaru. ――Que devrais-je faire aujourd’hui ?”

Subaru : “……..”

Émilia : “Hier, j’ai fini d’étudier dans ma chambre comme tu me l’as demandé. Si c’est quelque chose que Subaru dit, il n’y a aucun doute que je vais le faire. Alors, peux-tu me dire ce que je dois faire aujourd’hui ?”

――Elle faisait ce que Subaru disait, si c’était Subaru elle ne ferait pas d’erreur, elle croyait en Subaru.

Subaru lutta pour que son faux sourire ne disparaisse pas de son visage lorsqu’il entendit ces mots sortir de la bouche d’Émilia. L’efficacité de son sourire qu’il avait pratiqué devant le miroir s’était manifestée ici. Grâce à cela, Émilia ne nourrissait aucune méfiance ni aucun soupçon ; elle attendait simplement, les yeux brillants, la réponse de Subaru.

Émilia, qui avait été mise en échec par les Épreuves du Tombeau, essayait de protéger son cœur en s’appuyant complètement sur Subaru.

C’était tout à fait naturel.

En utilisant le pouvoir de la Mort Réversible, Subaru avait complètement éliminé tous les obstacles qui se dressaient devant Émilia. Il avait compris qu’Émilia n’avait pas renoncé à la façon dont elle avait gagné sa confiance――il était arrivé jusqu’ici en faisant cela. Le cœur d’Émilia s’était accroché à Subaru, et ayant reconnu qu’elle était dans un état terriblement instable, il avait essayé de Revenir d’entre les Morts, mais peu importe combien il avait essayé, il ne pouvait pas retourner au Sanctuaire.

Mais quand même, Subaru ne pensait pas que cette situation était la pire.

Subaru : “Eh bien, je vais demander ceci à Émilia-tan. Aujourd’hui, comme hier, continue à étudier ! Si je fais encore quelque chose d’important, je te le ferai savoir au préalable.”

Émilia : “Comme à Pristella ?”

Subaru : “Ouais, comme à Pristella. En attendant, tu dois continuer à étudier. Se préparer à une urgence, et remonter son propre moral, ce sont assurément les choses les plus importantes qu’Émilia-tan peut faire maintenant.”

Émilia : “Mhm, ça marche, compris Subaru-sensei. Je vais faire comme demandé. Donc pourrais-tu――”

Émilia acquiesça gaiement en direction de Subaru, qui avait mis en place ce discours dramatique. Émilia avait accepté son commandement avec quelque chose ressemblant à un salut qui avait interrompu ses mots à la fin.

Émilia : “Donc pourrais-tu me caresser la tête, si je fais ça ?”

Subaru : “……”

Émilia avait dit cela avec embarras et une trace d’anxiété dans ses yeux qui regardaient Subaru. Subaru déglutit en voyant sa silhouette, et pendant un instant, il resta immobile. Si ce moment se prolongeait, il serait facile d’imaginer le désespoir qui s’insinuait dans ses yeux.

Mais, heureusement Subaru avait arboré un sourire avant que cela n’arrive.

Subaru : “Bien sûr ? Mais que se passe-t-il si je demande la permission de toucher les cheveux argentés d’Émilia-tan ?”

Émilia : “――? Si Subaru veut les toucher, il peut le faire quand il veut…”

Subaru : “P―u―i―s―q―u―e ! Puisque ça ne doit pas être une récompense. Quand de bonnes choses arrivent, alors je peux le promettre. Je vais caresser Émilia-tan. Compris ?”

Émilia : “Mhm, cooompris.”

Émilia hocha maladroitement la tête à la confirmation de Subaru alors qu’il lui adressait un pouce en l’air et souriait en montrant ses dents brillantes. Et puis, tenant toujours la main de Subaru sans vouloir la lâcher――

Émilia : “Très bien, je retourne dans ma chambre.”

Subaru : “Aaah, puisque Pétra va apporter la nourriture, mangeons ensemble.”

Émilia : “Ouais, j’attendrai. Bon, on se voit plus tard !”

Retirant sa main, Émilia retourna dans sa chambre. ――En voyant ses cheveux argentés, maintenant coupés court, se mouvoir simultanément, Subaru résista à l’envie de laisser échapper un long soupir. Lorsque la porte se referma derrière elle, la connexion entre Subaru et Émilia fut physiquement coupée.

“Echidna : Bon sang, il y a des limites même pour la laideur.”

Subaru : “……”

Aussitôt que la silhouette d’Émilia disparut, Echidna commença ses injures. Subaru ne daigna pas répondre à ses paroles barbouillées de dégoût. Il avait appris à ne jamais rien dire depuis qu’il était entré dans cette relation avec Echidna, c’était une façon de supporter la façon dont la sorcière la traitait.

Ne réplique pas, et elle ne te répondra pas.
En maintenant cette attitude têtue, la sorcière percevait comme un gaspillage le fait d’ouvrir la bouche et restait silencieuse.

Ce n’est que lorsqu’il s’agissait d’Émilia qu’on ne pouvait absolument pas compter sur Echidna. Et quand il s’agissait de la relation entre Subaru et Émilia, même si elle ne semblait pas avoir changé par rapport à avant, elle restait différente, et pour l’instant, il n’avait pas le temps de la réparer.

“Echidna : Ce serait plus pratique pour toi si elle était une poupée qui ferait juste ce que tu dis, n’est-ce pas ?”

Subaru : “――hgh.”

La gorge obstruée par sa cruelle observation, Subaru regrettait d’avoir montré une réaction à cette dernière. C’était des mots auxquels il ne devait pas réagir, mais il ne pouvait pas les nier.

Protéger leur vie, protéger l’avenir, protéger l’espoir, et protéger les possibilités.

C’est pourquoi il sacrifiait le cœur d’Émilia ‘actuel’. Parce que Subaru était conscient qu’il ne s’arrêterait pas à Émilia.

Artiste du fan-art : ???

※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※

Il déclina l’invitation à prendre le petit déjeuner dans la salle à manger avec le camp d’Émilia. Pétra qui était de service aux repas semblait déçue mais elle porta les repas jusqu’à la chambre pour Émilia et Subaru.

Pendant qu’ils mangeaient, Subaru surveillait ce que la fille mentalement instable faisait et quand le repas toucha à sa fin, Émilia alla docilement à son bureau selon les instructions de Subaru.

Émilia : “Je dois faire ce que dit Subaru pour devenir une bonne reine.”

Sur ces mots, Émilia se prépara mentalement, et Subaru quitta sa chambre. Après lui avoir délégué une partie du Travail Officiel de Roswaal, les connaissances d’Émilia pour la Sélection Royale étaient bien meilleures que lors de leur première rencontre. Les fruits de ses efforts étaient prouvés jour après jour.
Cependant――

“Echidna : Pour tout ce qui arrive, au final, elle viendra toujours chercher ton approbation. Une façon terriblement intéressante d’élever un souverain.”

Subaru : “Tais-toi.”

“Echidna : Tu éprouves un malaise à ce sujet, en la laissant s’asseoir sur le trône dans cet état, tu sais que ce sera toujours agité. Néanmoins, tu n’as pas d’autre choix que de le faire.”

Ayant quitté la chambre d’Émilia, les paroles d’Echidna faisaient dégouliner du poison dans les oreilles de Subaru alors qu’il marchait dans les couloirs du manoir. Il est vrai que l’âme d’Émilia était devenue instable, et que la volonté qu’elle avait au début de la Sélection Royale avait été fortement ébranlée. Mais malgré tout, elle s’assiérait définitivement sur le trône du Royaume de Lugnica.

Et Natsuki Subaru s’en assurerait.

En répétant la Mort Réversible et en supprimant toutes les difficultés qui se dressaient devant elle, il serait capable d’éliminer tous les obstacles sur son chemin et de faire en sorte que les ambitions d’Émilia soient satisfaites.

Et ce n’était pas seulement lié aux désirs d’Émilia, mais aussi au sauvetage de Rem. Soutenir Émilia, sauver Rem, préserver les personnes de son entourage de la douleur. ――N’était-ce pas exactement l’avenir que Natsuki Subaru avait souhaité lorsqu’il avait conclu le contrat avec la sorcière ?

――Je suis désolé, Natsuki-san. C’est un adieu.

Subaru : “…..”

Soudain, une voix retentit, non pas dans ses tympans, mais dans son esprit. Subaru s’arrêta dans son élan. En tournant la tête en arrière, il ne vit personne aux alentours. Il pensa que cela pouvait être les mauvais goûts de la sorcière, mais cela ne pouvait pas être ses ondes de pensée. C’était quelque chose de bien différent, c’était un appel de ses propres souvenirs.

La voix continuait de parler.

――Je, euh, Natsuki-san. Même si les choses sont ainsi, je vous considérais comme mon bienfaiteur. Je vous considérais comme une personne envers qui j’avais une grande dette et que je voulais payer le plus vite possible.

La voix continuait de parler.

――Mais, j’ai vu votre décision et je la comprends. Vous ne voulez l’aide de personne, et au contraire, vous allez essayer de tout faire par vous-même, et vous pouvez le faire.

La voix continuait de parler.

――Donc, c’est ma façon de vous rendre la pareille. Puisque vous allez probablement essayer de protéger tous ceux qui vous sont proches, je vais prendre congé.

La voix continuait de parler.

――Eh bien, au revoir, Natsuki-san. Prenez soin de vous.

La voix continuait de parler.

――Je vous considérais comme mon ami.

La voix continuait de parler.

――Vous ne l’avez sûrement jamais pensé cependant.

Subaru : “――HK !”

Au moment où ses derniers mots résonnèrent dans son esprit, Subaru frappa le mur à côté de lui de toutes ses forces. Un bruit sourd résonna dans tout le couloir et la main de Subaru craqua lamentablement. Alors que le sang se répandait le long de son poing, Subaru poussa un soupir rauque et porta son autre main à sa tête.

C’était les mots qu’Otto Suwen avait laissés derrière lui et qu’il n’oublierait jamais. Subaru avait réussi à surmonter le Sanctuaire, à chasser le Laphydre, à sortir Béatrice du manoir en feu et à surmonter tous ces événements. Et puis Otto lui avait dit ça et avait quitté le manoir.

Et même si plus d’un an s’était écoulé depuis, son dos au moment où il était parti n’avait jamais disparu de l’esprit de Subaru. C’était comme s’il avait condamné Subaru pour avoir choisi de sauver tout le monde.

“Echidna : Mais, tu ne l’as pas arrêté. Le fait qu’il y ait moins de personnes à protéger a été une bénédiction pour toi.”

Subaru : “Non. Ce n’est pas à cause d’un tel motif découlant d’un simple calcul que je ne l’ai pas arrêté. Mais simplement parce que je respectais l’intention de ce type. Depuis le début, c’était un gars qui n’avait aucune raison de rester ici.”

Il avait essayé de le rembourser pour avoir acheté sa cargaison et l’avoir sauvé du Culte de la Sorcière. Mais, il avait déjà remboursé Subaru en conduisant le carrosse draconique là où Émilia était sur le point d’exploser.

Et en ce qui concernait la cargaison, même s’ils avaient échangé la bonne somme d’argent, il ne s’agissait pas d’un prêt.

Otto Suwen n’avait aucune raison de coopérer avec le camp d’Émilia. S’il était resté ici sans raison, il n’aurait plus quitté l’endroit, et aurait continué à être un marchand uniquement pour lui-même ici.

Par conséquent, il ne l’avait pas arrêté quand il avait décidé de partir. De plus, même si la ‘Protection Divine du Langage des Âmes’ d’Otto était utile, elle n’était pas indispensable pour gagner la Sélection Royale.

En premier lieu, s’il avait continué à être associé au Camp d’Émilia, il aurait été en danger à la fois vis-à-vis du Culte de la Sorcière et de la Sélection Royale. Il était préférable pour Otto de partir d’ici. Après cela, il n’avait plus jamais entendu parler de lui. Ils ne s’étaient parlé que pendant deux semaines, alors ce n’était pas si grave.

Natsuki Subaru devait protéger les autres en sacrifiant sa vie.

Subaru : “……” 

Marchant sur le sang qui dégoulinait sur ses chaussures, Subaru secoua la tête et commença à marcher. Récemment, un certain nombre de réflexions avaient perturbé ses pensées. C’était frustrant. C’était irritant. Plus que tout, Echidna en profitait.

Il y avait d’innombrables choses auxquelles penser. Il n’avait pas le temps de rester enfermé dans son propre esprit.

Il devait choisir le meilleur, le très bon, l’idéal, le choix optimal.

Et malgré cela, il――

Subaru : “…..”

Il sortit du couloir à vive allure, et se retrouva dans sa propre chambre. Il ne pouvait laisser personne voir son visage actuellement. Natsuki Subaru était calme, Natsuki Subaru était rationnel, Natsuki Subaru était optimiste, il n’y avait rien de différent chez lui par rapport à d’habitude. En l’état actuel des choses, tout le monde dans le manoir devait croire ces choses. Sinon, il ne serait pas en mesure de protéger ceux qu’il voulait protéger――

??? : “Oh la la, on dirait que vous êtes revenu précipitamment.”

Il entra dans la pièce, et ferma la porte derrière lui. Subaru leva la tête vers la voix qui venait de l’intérieur de la pièce. Regardant Subaru, la femme aux cheveux noirs était assise sur son lit et souriait doucement. Elle passa doucement la main sur ses longs cheveux noirs tressés.

Femme aux cheveux noirs : “J’aurais dû rentrer à l’heure, en vous voyant ici, il semble que je sois dans un sacré pétrin.”

Subaru : “――Elsa.”

Elsa : “Oui, en effet. La Chasseuse d’Entrailles, Elsa Granhiert, je suis venue précipitamment, comme ordonné par le Maître. ――Je me demande s’il y a un problème ?”

En disant cela, la belle femme vêtue d’un vêtement noir assez révélateur qui exposait son corps féminin inclina de manière séduisante sa tête vers lui――c’était Elsa, la séduisante assassine dont la silhouette dégageait une aura toxique.

Subaru accepta facilement la femme qui était entrée dans la pièce sans émettre aucun son ni aucune trace ; il n’était pas du tout surpris. Et c’est parce que c’était…

C’était naturel. Elle n’était pas une ennemie. Même si elle n’était pas une alliée autour de laquelle il pouvait relâcher sa garde, elle était quand même une alliée.

En tout cas――

Subaru : “Je t’ai aidé à sortir du manoir en feu. Je te donne du travail à cause de ça.”

Elsa : “Je comprends. Je n’ai aucun problème avec vous maintenant que vous êtes mon employeur. Je demande seulement que vous choisissiez des choses qui ne vont pas jusqu’à être contraires à mes loisirs…mais pour l’instant, je n’ai pas de plaintes.”

Sortant son couteau Kukri rangé à sa taille, Elsa éclata de rire, émettant un rayonnement plutôt sombre. Elle collaborait actuellement à la collecte d’informations pour le camp en travaillant en coulisse.

Émilia qui était à la tête du camp, un symbole incorruptible.
Reinhard qui était le Maître Épéiste, soumis à une opinion publique inébranlable.
Et, Natsuki Subaru, qui avait surmonté et arrêté de nombreuses situations difficiles sans aucun dommage.

Contrairement à ces trois-là, qui ne pouvaient pas agir librement de peur de ternir leur réputation, Elsa avait de nombreuses occasions de se salir les mains. Bien sûr, bien que l’on puisse appeler cela du sale boulot, le travail qu’elle faisait n’était pas nécessairement mauvais――

Subaru : “Alors, comment ça s’est passé ?”

Elsa : “Je suis désolée de vous le dire, mais, il semble que la Gourmandise n’était nulle part à l’endroit où vous m’avez envoyée. Il n’y avait rien d’autre que des groupes de cultiste de la Sorcière là-bas… bien que je les aie tous délivrés.”

Subaru : “Aah. Tu peux faire ce que tu veux. …Mais… Au final, c’était un échec ?”

Subaru fronça les sourcils, et soupira au rapport d’Elsa qui l’avait présenté en se léchant les lèvres rouges. Encore une fois, il n’avait pas été capable d’atteindre la limite. Même s’il essayait de capturer l’Archevêque du Péché de la Gourmandise, il ne pouvait pas l’atteindre, peu importe ses efforts.

Subaru : “En fin de compte, seul l’Avarice a été tué.”

Elsa : “Ça, et la Colère a été capturée. Je pense que c’est un succès, mais je suppose que ça ne l’est pas pour vous.”

Subaru : “…Quoi qu’il en soit, j’ai compris ton rapport. Pour l’instant, reste en attente jusqu’à ce que j’ai à nouveau besoin de toi. Je te contacterai à nouveau lorsque je voudrai te demander quelque chose encore une fois.”

Elsa : “Entendu. ――Eh bien, je suppose que je vais devoir attendre.”

Sans répondre aux mots d’Elsa, Subaru lui avait rapidement donné ses instructions. En recevant ses instructions, elle se leva sans y prêter une attention particulière, et se dirigea vers la fenêtre.

Comme la chambre de Subaru se trouvait au troisième étage du manoir, elle était probablement entrée par la fenêtre. Subaru n’était pas surpris par ses acrobaties――

Subaru : “Ah, attends, Elsa. Il y a encore une chose que je veux que tu me dises.”

Elsa : “――? Qu’est-ce que ça peut être, je ne sais rien de très important.”

Subaru : “Ce n’est pas quelque chose de très important. Si tu viens de l’extérieur… quel temps faisait-il au-delà de la forêt ? Est-ce qu’il pleuvait ou est-ce qu’il faisait beau ?”

Elsa : “La météo ? Eeh, il n’y a pas de problème particulier. Bien qu’il y ait des nuages, il n’y a pas besoin de s’inquiéter que cela empire. C’est tout ?”

Subaru : “Non…”

En penchant la tête sur le côté, Subaru regarda le Cristal Magique du Temps dans sa chambre. En ce moment, c’était déjà l’heure du feu――on avait déjà dépassé les 7 heures Solaires et c’était maintenant bien au delà de midi.

Pour s’en assurer, Subaru se dirigea vers l’endroit où se trouvait Elsa, les pieds posés sur le rebord de la fenêtre.

Subaru : “Je veux te demander de faire quelque chose. ――S’il te plaît, coupe-moi la tête avec ce couteau.”

Elsa : “――Votre tête… je me demande… l’avez-vous déjà perdue ?”

Subaru : “Tu me traites de fou ? Je te demande simplement de faire quelque chose qui doit être fait.”

Elsa écarquilla curieusement les yeux aux remarques de Subaru, puis laissa échapper une présence féroce. Mais, l’attitude de Subaru restait inébranlable comme les rayons du soleil qui le baignaient. Voyant cela, Elsa haussa les épaules.

Elsa : “En règle générale, les gens qui ont la tête coupée meurent, vous savez.”

Subaru : “Je suppose que je suis aussi concerné par cette règle, mais je ne sais pas pour toi.”

Elsa : “Je pense que je mourrais aussi si ma tête était coupée. …Êtes-vous sûr à propos de ça ?”

Subaru : “J’ai dû le dire quand je t’ai aidé. ――Je te demanderai une seule chose sans aucun rapport, alors écoute ce que j’ai à dire. Maintenant, c’est le moment.”

Tout à coup, Elsa plissa les yeux en voyant Subaru se répéter. Et puis, ramassant son arme de guerre, elle commença à faire tourner la lame tranchante de son couteau Kukri autour de la paume de sa main,

Elsa : “Une dernière volonté ?”

Subaru : “Fais en sorte que ce soit sans douleur.”

Elsa : “…..”

Subaru : “Ah, également, après ma mort, tu pourras faire ce que tu veux de mes entrailles, mais ne touche à personne dans le manoir. Eh bien, dans tous les cas, c’est pour ça que j’ai Reinhard dans les para―”

Avant qu’il ne puisse terminer ses mots, le bras d’Elsa fendit l’air. Pendant un instant, le champ de vision de Subaru se renversa. Alors que la vue de la chambre tournoyait, il vit du sang éclabousser la pièce familière, et,

――Aah, nettoyer la pièce va être difficile pour Pétra.

Alors qu’il pensait cela, la vie de Subaru s’éteignit.

※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※

――Quand il se réveilla de son rêve vide, Subaru éprouvait toujours une sensation d’étouffement.

Cependant, il s’en dégageait trop vite. Peut-être était-ce dû au fait que Natsuki Subaru était reconstruit d’une manière différente lorsqu’il se réveillait de son sommeil.

Subaru : “……”

Subaru se redressa violemment, plaçant sa main contre son front qui était trempé de sueur. C’était plus froid que la sueur que l’on obtenait en dormant, plus proche de la sueur froide qu’il obtenait en perdant sa vie.

Quoi qu’il en soit, le corps de Subaru était sur le canapé de sa propre chambre, et le soleil pénétrait par la fenêtre.

Subaru : “C’est… le matin ?”

Touchant son cou qui aurait dû être coupé, Subaru se leva lentement. Inclinant la tête, il s’assura que sa tête ne traînait pas quelque part sur le sol, il vérifia l’heure en utilisant le Cristal Magique du Temps qui se trouvait au-dessus de sa porte.

Le cristal brillait d’un vert clair, montrant qu’il était tôt le matin. Alors la question qui restait était de savoir de ‘Quel’ matin il s’agissait.

Subaru : “…………….”

Pour le savoir, Subaru toucha le pendentif qu’il portait. Le cristal noir était attaché par une chaîne qui reliait la réalité de Subaru à la Citadelle Onirique.

Une sensation de chaleur et une pulsation traversèrent le cristal qu’il tenait dans la paume de sa main. Lorsque le pouls de Subaru coincida avec celui-ci et que la lumière blanche apparut, cela prouvait que le monde avait complètement changé.

Subaru : “………….”

Lorsqu’il ouvrit les yeux, Subaru se trouvait à nouveau au milieu de la vaste plaine verdoyante. Quand il tourna la tête en arrière, la colline était là. Juste à côté du jardin de fleurs, sous le parasol, de l’autre côté de la table blanche, il pouvait voir la sorcière vêtue de noir qui faisait face à la table blanche en sirotant sa tasse.

En gravissant la colline, il se dirigea vers l’endroit où se trouvait la sorcière.

Artiste du fan-art : ???

Subaru : “Hey, quel jour…”

Echidna : “…….”

Plaçant ses mains sur la table, il grogna cela à la sorcière qui continuait gracieusement à prendre son thé. Cependant, elle ne répondit rien, elle désigna simplement en silence le siège en face d’elle. Cette chaise était vide, et une tasse de thé avait été préparée pour le visiteur. C’était la condition minimale pour participer à son goûter offert à Subaru――

Subaru : “Bon sang, je vais le boire, je vais le boire !”

Attrapant la tasse tout en se pinçant les lèvres, Subaru engloutit tout son thé d’un trait. Et juste au moment où il ouvrait grand les yeux à cause de la chaleur du thé fraîchement préparé,

Subaru : “Ghhhuaa――!?”

Echidna : “Whoaa―!? Une seconde, une seconde. Tu sais que tu n’étais pas obligé de faire ça ?”

Subaru : “Tais-toi ! Tu joues le rôle d’une sorcière difficile à satisfaire, tout cela n’est arrivé que parce que tu insistes sur des processus aussi problématiques….. ――Ghha, ghhk gh.”

Subaru s’étouffait avec son thé qui était descendu dans sa trachée, même Echidna s’était levée précipitamment de son siège. Puis elle posa sa main sur le dos de Subaru et continua à le frotter jusqu’à ce que sa toux s’apaise. Tout en bredouillant, Subaru demanda,

Subaru : “Eh, et pour le thé ?”

Echidna : “Hh, c’est bon cette fois. De plus, le thé que j’ai travaillé si dur à préparer a été vomi par toi, je ne peux vraiment rien te reprocher. Et la table aussi, c’est dommage de la laisser souillée comme ça.”

Echidna secoua la tête en voyant Subaru qui essayait de corriger sa transgression tout en s’essuyant la bouche. La sorcière regarda la table qui avait été souillée par le thé que Subaru avait craché et claqua légèrement des doigts. Et alors, la table commença à se désagréger comme si elle fondait, jusqu’à ce qu’elle disparaisse sous forme de poussière.

Echidna : “Allons, tu as même sali un peu la chaise. Un homme qui ose me faire rester debout tout en parlant, c’est rare en effet… vraiment, tu es un homme pécheur.”

Subaru : “S’étouffer et recracher le thé, ce n’est pas si grave ! ――En comparaison, nous avons des choses plus importantes à discuter.”

Mettant de côté ses chamailleries avec Echidna qui le taquinait, Subaru pointa son doigt vers le haut. Ce qu’il avait à confirmer était une seule chose.

Subaru : “On est quel jour aujourd’hui ? On doit être… le 14 de Kisdam, pas vrai ?”

Echidna : “….”

Subaru : “Echidna ?”

Echidna : “Je voulais juste te rendre un peu anxieux. Si tu es trop impatient, les choses vont t’échapper.”

Subaru : “――Echidna.”

Il n’avait pas de temps à perdre avec les jeux de la sorcière. Echidna répondit à Subaru par un haussement d’épaules et déclara,

Echidna : “C’est exact. Ne t’inquiète pas. Ta ‘Mort’ t’a ramené au matin de ce jour. On dirait que ton dernier point de départ était fixé au matin de ce jour. En étais-tu sûr ?”

En réponse à la question de Subaru, Echidna contre-attaqua à son tour. D’un autre côté, Subaru était soulagé d’avoir confirmé qu’il s’agissait du même matin que celui où il était Revenu d’entre les Morts. Et avec cette tranquillité d’esprit, il secoua la tête à la question d’Echidna.

Subaru : “Non, je n’étais pas particulièrement sûr. Au pire, je pensais que j’étais retourné au point de sauvegarde précédent.”

Echidna : “Ton point de sauvegarde précédent était fixé il y a deux mois. Tu as fait tellement de bonnes choses en utilisant tes pouvoirs.”

Subaru : “Peut-être. Même Elsa est surprise à chaque fois, quel sentiment insondable.”

Néanmoins, même l’assassine Elsa avait mis en doute la santé mentale de son employeur, lorsqu’il lui avait demandé de le tuer. Malgré cela, elle avait immédiatement mis de côté son indécision et obéi ; elle était un excellent moyen d’utiliser la Mort Réversible en cas d’urgence.

Subaru : “Il se trouve que ma Mort Réversible remonte à ce matin.”

Echidna : “C’est exact. Il semble donc… Si c’est le cas, on dirait que les problèmes vont bientôt ressurgir.”

Fermant les yeux, Echidna approuva les remarques de Subaru qui fronçait les sourcils. Le point de départ de sa Mort Réversible, et le déplacement de son nouveau point de sauvegarde. C’était le signe avant-coureur d’épreuves à venir qui ne pourraient être surmontées sans l’aide de la Mort Réversible.

En d’autres termes, cela signifiait――

Subaru : “Je vais quand même devoir emprunter ta force, non ?”

Echidna : “Ce n’est rien, c’est notre contrat. D’ailleurs, jusqu’à présent, te prêter ma force n’a pas donné grand chose. ――Au mieux, je peux essayer de me mêler de tes affaires d’ici de toutes mes forces.” 

Subaru : “De toutes tes forces… ce serait bien si tu pouvais m’aider juste avec ça.”

Echidna : “…Une sorcière ne se laisse pas manipuler par quelqu’un. Si je fais simplement ce qu’on me demande, ce serait un mauvais exemple pour les autres sorcières.”

Détournant son regard, Echidna laissa échapper ses mots avec quelque chose comme de l’embarras alors qu’elle passait ses doigts dans ses longs cheveux blancs. Bien que Subaru ne se souvienne pas d’avoir perçu dans sa silhouette quelque chose comme le tintement de sa poitrine, il avait l’impression d’avoir vu quelque chose d’agréable avant le début de la bataille.

Subaru : “Quoi qu’il en soit, je compte sur toi, Sorcière de l’Avarice.”

Echidna : “Je suis sûr que tu le feras. J’attendrai ici que tu affrontes la tourmente imminente. Si tu en es capable, être plus coopératif pour satisfaire ma curiosité sans fin me rendrait vraiment heureuse…”

Subaru : “Je refuse de faire ça. Si j’accepte de satisfaire ta curiosité sans fin, ce ne sera qu’une question de temps avant que la partie humaine de mon corps ne dépérisse et ne meure. Qui essaierait de te satisfaire en essayant des choix infinis ?”

Echidna : “Vraiment dommage.”

Il semblait qu’avec le geste léger d’Echidna, la pause thé avant la bataille à venir était terminée. Le point de départ de la Mort Réversible avait changé de façon inattendue, mais dans un sens, cela signifiait qu’il avait eu la chance de donner le premier coup.

Subaru : “Si j’utilise la Mort Réversible pour porter le premier coup, pourrais-je faire une attaque surprise ?”

En pensant à cela, Subaru descendit la colline et se dirigea vers la porte qui le ramènerait à la réalité. Echidna éleva doucement la voix vers lui, derrière son dos.

Echidna : “Maintenant que j’y pense…”

Subaru : “Ouais ?”

Echidna : “Si tu n’avais pas compris que le point de départ de la Mort Réversible avait changé, pourquoi l’avoir expressément utilisé ?”

Subaru : “Aah, c’était parce que――”

Parce que――

※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※

En passant la porte du monde onirique, la conscience de Natsuki Subaru revint en spirale vers la réalité.

Subaru : “……”

En regardant au-dessus de la porte, l’heure indiquée par le Cristal magique du Temps n’avait pas changé depuis le début. Comme toujours, Subaru se dirigea vers la salle de bain. Il se lava le visage, se brossa les dents, prit la peine d’arborer son faux sourire, et enfin changea rapidement de vêtements. Et, juste au moment où il terminait…

??? : “…Subaru-sama, êtes-vous réveillé ?”

Le son d’un toquement provenant de l’extérieur de sa chambre lui parvint, et Subaru se leva du canapé à temps. Puis, mettant sa main sur la porte, il l’ouvrit.

??? : “Je―”

Subaru : “Hey, bonjour, Pétra. Tu es aussi très jolie ce matin.”

La porte s’ouvrit brusquement et Pétra se tenait de l’autre côté, les yeux grands ouverts. Mais, après avoir réalisé que Subaru était juste en train de la taquiner, elle rit.

Pétra : “Mince, s’il vous plaît ne me surprenez pas comme ça.”

Subaru : “Désolé, désolé. Eh bien, Pétra. Tu ne vas pas me saluer ?”

Pétra : “Sérieusement, vous ne pouvez pas le regretter même un peu ? Hmph… d’accord, bonjour, Subaru-sama. Aujourd’hui est une fois encore une splendide matinée, vous savez.”

Sans mentionner l’attitude frivole de Subaru, Pétra continua à lui offrir son beau sourire. Ses paroles étaient exactement les mêmes que le matin précédent la Mort Réversible. De ce fait, les prochaines choses qu’elle allait dire seraient exactement les mêmes.

Subaru : “Je suis d’accord, c’est une matinée splendide. Aujourd’hui aussi, Pétra est mignonne, je n’ai même pas besoin de le dire.”

Pétra : “Subaru dit encore des choses pareilles. …Ah, mais il y a des nuages en suspension dans le ciel au-dessus de la forêt, on dirait que la météo risque de se dégrader cet après-midi. J’avais prévu d’aller faire les courses, j’espère qu’il va encore faire beauuuuuuu.”

Il écouta la fille parler de ce qu’elle voulait faire, parlant d’une manière qui convenait à son âge. Subaru commença à rire. Voyant cela, Pétra gonfla ses joues, mais Subaru s’empressa de répondre avec un, “Désolé, désolé” et continua à parler,

Subaru : “Mais, rassure-toi Pétra. La journée restera ensoleillée. Les nuages donnent une fausse impression et ne seront pas un problème. Je peux le dire avec certitude.”

Pétra : “Hein ? Vraiment ? C’est super utile. …Mais, comment le savez-vous ?”

Subaru : “Eh bien, c’est parce que…”

Pétra inclina la tête en signe de doute et écarquilla les yeux devant l’affirmation de Subaru. Lui adressant un sourire en coin, Subaru répondit à la question de la jeune fille.

Subaru : “――Parce que je suis revenu pour cela, en mettant ma vie en jeu.”

※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※

Une étendue de verdure, un parfum de jardin flottant dans la colline, un parasol blanc et une table blanche en position fixe, une robe noire comme pour un deuil, une jeune fille aux cheveux blancs inclinant élégamment sa tasse de thé.

Tout en savourant le goût chaud du thé, la sorcière laissa échapper un soupir d’insouciance.

Echidna : “Utiliser sa propre vie, pour les sauver, pour les protéger, pour empêcher quelqu’un de les approcher, y contribuer ainsi. Comme c’est vertueux, comme c’est noble, sûrement digne de l’exaltation de tous. En outre, ne pas se contenter d’une seule fois, mais défier un cycle sans fin d’épreuves, voilà l’impression que ça ne peut pas manquer de susciter.”

Pressant ses mains sur sa poitrine, la sorcière songea au garçon avec qui elle avait conclu un contrat.

Cherchant désespérément son idéal, continuant à avancer malgré le fait que la réalité le frappait sans cesse. Possédant le plus misérable des pouvoirs de Revenir d’entre les Morts, tout cela dans le but d’aimer quelqu’un.

Echidna : “――Mais dédier sa vie à la Mort Réversible, pour protéger son entourage, est une arme à double tranchant. Trop méprisant à l’égard de sa propre vie, trop obstiné quant à la valeur des autres vies. Parce que la valeur de sa propre vie ne peut plus être perçue, la vie de ces précieux autres individus devient trop désespérément conséquente. Désormais, tout ce qui n’est pas la vie de ces autres précieuses personnes est indiscernable. C’est-à-dire, carrément…”

Peu importe quand, peu importe où, cette attitude singulière de s’accrocher à ce qui ne pouvait absolument pas être balayé, était carrément stupide.

Echidna : “――Tu es vraiment quelqu’un qui peut me satisfaire.”

Les joues rougies comme une jeune fille en proie à l’engouement, la sorcière se languissait du garçon absent.

A travers la pierre précieuse du cristal, il avait franchi le portail, apportant absolument tout du monde dans sa paume. Et lorsque les afflictions et les épreuves le brisaient, à chaque fois, il en venait inconsciemment à s’en remettre à la sorcière.

Pour maintenir son esprit à flot, en supportant la tentation de la sorcière, même s’il devenait une marionnette.

Afin de simplement vérifier la météo, adoptant une mentalité qui n’hésitait pas à utiliser la Mort Réversible, même cela était passé inaperçu.

Echidna : “Mais, je veux que tu sois rassuré. Les vies de ceux que tu chéris, je vais aussi mettre en jeu toute ma sagesse pour les protéger. Donc, pour cela, pour toi aussi――”

――Pour satisfaire cette curiosité inépuisable d’une sorcière, je veux continuer à être ta complice.

La souffrance et le destin déraisonnable, à partir de maintenant, s’abattraient également sans fin sur le garçon.

Bien que les épreuves soient ardues, que les hauteurs soient insurmontables, le garçon avec l’aide de la sorcière, se prêtant mutuellement force et sagesse, se trouveraient capables de les surmonter.

Présenté par la Sorcière de l’Avarice était cet amour de flammes ardentes.

Echidna : “Ah, quand bien même――”

Le garçon avait franchi le grand portail, le garçon s’était élancé pour offrir sa protection, la tutelle du garçon avait porté ses fruits ; sentant de nombreux cœurs meurtris résultant de la protection du garçon, la sorcière soupira.

Une proposition qui resterait éternellement non résolue, et pourtant une énigme qui la captiverait éternellement, même dans la mort.

Ah, quand bien même――

Echidna : “――Pourquoi l’amour doit-il toujours se ternir ?”

Artiste du fan-art : Harusabin

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FIN

3 commentaires sur « Kasaneru IF – Re:répéter sa vie dans un autre monde à partir de zéro »

    1. Non ce n’est pas dans ce sens-là qu’elle parle d’amour, c’est une métaphore pour représenter sa soif de connaissances en utilisant la Mort Réversible. Donc tout comme l’amour qui s’estompe avec le temps, ce pouvoir ne la satisfait plus dans sa quête de savoir.

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