Arc VI – Chapitre 31 – « Un encouragement à la coopération dans la Tour »

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Traduit par : Hedge

Traduit de l’anglais par : Akira

Relu par : Akira

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ARC VI – LE CORRIDOR DES SOUVENIRS

CHAPITRE 31 – « Un encouragement à la coopération dans la Tour »

――En fin de compte, la conclusion de la réunion de capture du deuxième étage Electra fut mise en suspens.

Bien qu’ils n’aient pas réussi à trouver une idée qui permettrait à tout le monde de se sortir de leur situation actuelle, le facteur le plus important dans leur décision de tout remettre à plus tard venait d’une seule chose――l’estomac de Subaru avait commencé à gargouiller.

Subaru : “En y repensant, j’ai été inconscient pendant deux jours entiers avant de me lever, et de m’attaquer immédiatement aux examens de la Tour… Pas étonnant que mon estomac touchait presque mon dos.”

Ce n’est que lorsque la conversation se calma que l’estomac de Subaru gronda, et pour la première fois, il réalisa exactement à quel point il était affamé.

Être incapable de se battre avec un estomac vide n’était pas vraiment vrai, mais ce qui l’était, c’est que cela affectait la capacité à réfléchir correctement. Par conséquent, lorsque l’estomac de Subaru commença à gargouiller pour faire connaître son mécontentement, tout le monde en profita pour clore leurs discussions pour l’instant.

Subaru : “Honnêtement, une partie de moi se sent secourue parce que mon estomac a fait du bruit…”

En laissant de côté le plan de déblocage pour le deuxième étage, il y avait un certain schéma observé dans les questions proposées par les examens de la Tour de Guet.

Parallèlement à la prise de conscience de la bassesse de l’examinateur, la nature exacte du danger que représentait Shaula était également apparue――Subaru était censé se méfier d’elle en raison de ses prouesses au combat, mais son étourderie et son attachement massif à son égard l’avaient poussé à baisser sa garde.

Shaula : “――Il n’y a pas de mal à rester ici et à s’amuser avec moi !”

Peu importe le nombre de jours, d’années ou même de centaines d’années――

En effet, la déclaration audacieuse de Shaula avait rappelé à tout le monde le danger qu’elle représentait. Comme il se devait.

Subaru : “Ce n’est pas comme si je m’y préparais, mais si nous faisons une pause au milieu de notre conquête de la Tour, il semble qu’il y ait une règle qui ferait qu’elle devienne définitivement notre ennemie, n’est-ce pas…”

En fouillant dans son esprit, il se souvint d’une des nombreuses règles dont Shaula avait parlé.

Abandonner en plein milieu de l’examen, violer les règles de l’examen, manquer de respect à la Bibliothèque et détruire la Tour. Si l’une de ces règles devait être enfreinte, Shaula redeviendrait l’ennemie qu’elle avait été en les empêchant de pénétrer dans la Tour de Guet.

Il souhaitait éviter cela. Que ce soit en termes de capacité à atteindre leur but, ou simplement au niveau émotionnel.

Subaru : “Mais, tu sais. Rester ici pendant des années comme Shaula l’a dit ne semble pas vraiment réaliste, alors j’aimerais vraiment passer mon tour, sauf que…”

En considérant sobrement le sujet de la conquête de la Tour, de nombreux types d’anxiété allaient naturellement se manifester.

Subaru et la bande avaient déjà passé plus d’un mois sur le chemin de la Tour de Guet des Pléiades. Même s’ils passaient les examens les uns après les autres sans problème et conquéraient la Tour, puis prenaient le même temps pour retourner à Pristella, leur voyage aurait duré environ trois mois.

Bien sûr, se retirer à mi-chemin était, parce qu’elle ferait de Shaula une ennemie, une décision peu souhaitable à prendre, mais il fallait tenir compte de l’échéance de la Sélection Royale à laquelle Émilia et Anastasia participaient.

Trois ans au total――un peu plus d’un an s’était déjà écoulé, ce qui laissait moins de deux ans à disposition.

Bien sûr, le temps qui pouvait être accumulé et le temps qui pouvait être dépensé, étaient en fait tous les deux impossiblement limités.

Béatrice : “Mais si tu continues à te préoccuper d’après-demain, tu n’arriveras à rien, en fait. Pour l’instant, c’est demain qui est important, je suppose. Pour cela…”

Subaru : “Je dois manger jusqu’à ce que je sois rassasié. C’est vrai.”

Béatrice : “Exact, en fait.”

Béatrice pointa son doigt vers Subaru alors qu’il prononçait ces mots.

Comme les discussions étaient interrompues au profit de la préparation des repas, Subaru en profita pour aller se promener dans les différentes parties de la Tour――passant son temps libre à déambuler dans le quatrième étage, l’endroit que tout le monde désignait comme étant leur quartier résidentiel.

Béatrice l’accompagnait en lui tenant la main aussi fermement qu’elle le pouvait.

La raison pour laquelle ils se tenaient la main de temps en temps résidait dans le fait que le Portail de Subaru avait été brisé, et qu’en tant qu’Esprit contractant, Béatrice recueillait le Mana qu’il refoulait. Mais même en mettant cette raison de côté, Subaru voulait tenir la main de Béatrice, et Béatrice elle-même ne refusait jamais.

Subaru : “En plus, tu t’es vraiment inquiétée pour moi quand je suis resté inconscient pendant deux jours entiers, pas vrai ? Alors détends-toi aujourd’hui et laisse-moi te gâter.”

Béatrice : “Arrête avec tes commentaires stupides, je suppose. Je ne fais que récupérer le Mana que je n’ai pas pris la peine de récupérer quand Subaru dormait, en fait. Betty veut toujours être au mieux de sa forme, surtout dans cette Tour, je suppose. Je veux éviter un manque de préparation, en fait.”

Subaru : “Tu dis ça, mais finalement, n’est-ce pas toi qui m’as tenu la main pendant que je dormais, même si tu n’as pas collecté mon Mana ?”

Béatrice : “C’était en effet sans rapport avec le Mana, mais un acte dans le but de recharger le coeur de Betty, donc ça ne compte pas, je suppose.”

Subaru sourit en voyant Béatrice se gonfler la poitrine en énonçant fièrement ses intentions sans rapport avec le Mana, et décida de ne pas souligner à quel point c’était une chose bien plus embarrassante.

En tout cas, Subaru leva la main en signe d’accord avec Béatrice.

Ils devaient garder l’examen du deuxième étage à l’esprit. Il ne voulait en aucun cas imaginer que l’examen du premier étage nécessitait également une grande puissance de combat, mais il ne pouvait pas exclure cette possibilité.

De plus, le duo Subaru et Béatrice disposait de fonctionnalités même en dehors des combats. Et pour cela, il avait besoin que Béatrice soit au meilleur de sa forme à tout moment.

Subaru : “Très bien, Béako ! Je vais bien maintenant, donc tu n’as pas à te soucier de moi. Continue d’aspirer mon Mana jusqu’à ce que tu sois ronde et dodue… !”

Béatrice : “Betty ne va pas se gonfler comme une boule même si beaucoup de Mana est collecté, en fait ! D’ailleurs, es-tu conscient de la quantité de Mana que tu as même si tu te sens bien, je suppose. Il ne faut pas que tu t’effondres à nouveau parce que j’ai pris le peu de Mana que tu possèdes encore, je suppose.”

Subaru : “Oi oi, si c’est le cas, que suggères-tu de faire ?”

Béatrice : “Par conséquent ! Au minimum, tu dois manger à ta faim, te reposer, récupérer tes forces et ton Mana, et aussi travailler dur et tenir compagnie à Betty, je suppose. C’est ta mission, en fait.”

Subaru : “Je suis presque sûr que je me porte bien actuellement, et je suis aussi presque sûr que tes vrais sentiments sur le fait de se sentir seul ont été mélangés là-dedans… Ah…”

Subaru arbora habilement sur son visage un mélange compliqué de chagrin et de charme. En entendant les pas de quelqu’un venant d’un peu plus loin dans le passage, il s’arrêta de marcher.

Ce bruit n’était produit par nulle autre qu’Émilia, à l’autre bout.

Remarquant la présence de Subaru et de Béatrice, elle s’approcha, surprise. Elle tenait dans ses mains un récipient métallique peint de couleur argentée――un seau.

Subaru : “Un seau, hein. Même dans des moments pareils, Émilia-tan donne le meilleur d’elle-même, hein. Tu vas t’entraîner à chanter ?”

(Note de Traduction : Il s’agit d’une référence à une série d’histoires annexes “La relation maître-serviteur mouvementée d’Émilia et de Ram” ou “Emilia and Ram’s Bumpy Master-Servant Relationship” en anglais.)

Émilia : “Fufu, qu’est-ce que tu dis, Subaru. C’est vrai que Seau-sensei m’a beaucoup aidé à chanter, mais ce n’est pas vraiment le moment, tu sais ?”

Subaru : “D’accord, d’accord. Alors, c’est quoi ce seau du coup ?”

Émilia : “Eh bien… je fais faire à Seau-sensei son travail habituel, bien sûr.”

Souriant à la question de Subaru, Émilia lui tendit le seau. Et, il était plein d’eau, donc en effet, Seau-sensei faisait bien son travail initial.

Cependant, même si le seau avait rempli son rôle, une question se posait.

Subaru : “Euh, mais d’où vient l’eau ? La Tour est entourée d’une mer de sable, non ?”

Émilia : “Oh, non non, c’est là que tu te trompes, Subaru. Si tu vas au-delà de la Tour, vraiiiiment très très loin, la Grande Cascade est censée être là. Et il y a vraiiiiment beaucoup d’eau là-bas, alors…”

Subaru : “Tu as fait tout ce chemin, juste pour un seau d’eau. Tout ça pour moi.”

Émilia : “Si c’est pour toi, Subaru, ça ne me dérangerait pas du tout de faire ça, mais ce n’est pas le cas. À vrai dire, l’Esprit de la Salle Verte peut nous donner de l’eau fraîche et propre.”

Pour une raison quelconque, elle portait de la fierté sur son visage tandis qu’elle parlait, mais Subaru se sentait étourdi pour le peu qu’elle avait dit avant de lui donner la vérité de la situation.

Si c’était pour Subaru, elle irait chercher de l’eau même à la Grande Cascade. Cela le rendait incroyablement heureux.

Subaru : “Pendant qu’on y est, heureux et tout, tu sais… L’Esprit de cette pièce est vraiment remarquable. Il va aussi loin malgré la guérison des blessures, n’est-ce pas ?”

Émilia : “Si c’est juste produire de l’eau, Béatrice et moi on peut le faire aussi avec de la magie mais…”

Béatrice : “Le Miasme est trop dense au niveau des Dunes de Sable et de la Tour, je suppose. Il serait plus judicieux d’éviter de boire l’eau créée à partir du Mana affecté par le Miasme, en fait.”

Émilia : “Il en va ainsi.”

Subaru : “Je vois, je vois.”

Béatrice appuya les réticences d’Émilia, et Subaru reconnut le problème.

Le problème consistant à sécuriser une source d’eau potable pour le voyage jusqu’à ce point, ce qui devrait être considéré comme important dans un voyage normal, avait été plus ou moins résolu en s’appuyant sur la magie.

Tant que l’on disposait de Mana, il n’était pas nécessaire de transporter une grande quantité d’eau potable, car elle pouvait être produite autant que nécessaire, seuls les récipients étaient indispensables. La magie rendait les choses extrêmement pratiques dans ce cas.

Subaru : “Ce n’est pas la pollution de l’air, mais plutôt la pollution du Mana, hein. C’est donc mauvais pour la santé ? Boire cette eau ?”

Béatrice : “Je ne sais pas si l’on peut observer des changements immédiats dans le corps, je suppose. Mais plus tu bois, plus le Miasme pénètre en toi, en fait. Si cela se produit, dans le pire des cas, il est possible de développer une condition physique comme Subaru et attirer l’attention des bêtes démoniaques, je suppose. J’ai des frissons rien qu’en y pensant, en fait.”

Subaru : “C’est bizarre venant de moi, mais c’est vraiment difficile de vivre avec et tout…”

Il avait souvent utilisé cette propriété spécifique à divers moments, mais c’était plus un dernier recours et pas quelque chose qui pouvait être utilisé fréquemment. De plus, s’il partait en randonnée dans les montagnes pour une raison ou une autre, il risquait de se retrouver accidentellement entouré de bêtes démoniaques.

S’il avait le choix, ne pas avoir une telle condition physique serait bien mieux que de l’avoir.

Émilia : “C’est pourquoi nous utilisons autant que possible l’eau de source purifiée de l’Esprit de la Salle Verte. Nous avons fait la même chose lorsque Subaru a dormi pendant deux jours d’affilée.”

Subaru : “Hmm, c’est donc comme ça que ça s’est passé.”

Il se sentait impressionné par l’explication des conditions de vie inconnues dans la Tour de Guet des Pléiades.

Et, alors qu’il réfléchissait à la question de l’eau de source, une question naturelle vint à l’esprit de Subaru. Elle avait même un rapport avec la prudence qu’il avait ressentie à l’égard de Shaula auparavant.

Subaru : “En mettant de côté le problème de l’eau, où en est-on avec la nourriture ? Nous avons fait le plein de provisions dans la ville au-delà de la mer de sable, mais nous avons eu des problèmes entre-temps.”

Émilia : “Tu peux te détendre. Malgré toute cette agitation, la nourriture ne s’est pas envolée n’importe où. Tout est encore dans le carrosse draconique. Mais, hum…”

Subaru : “Peu importe la façon dont tu la distribues, elle ne va pas durer ne serait-ce qu’un mois, n’est-ce pas ?”

Même si l’eau potable avait été mise de côté, il y avait une limite de poids à ce qui pouvait être transporté dans l’attelage draconique. De plus, les besoins en nourriture ne se limitaient pas à Subaru et à la bande. Leurs partenaires, Patrasche et Gian, avaient également besoin de nourriture. En gardant cela à l’esprit, ils avaient fait des réserves de nourriture pour un mois.

S’échapper de justesse de la Tour n’était pas le seul sujet à l’ordre du jour. Ils n’avaient qu’un mois pour conquérir la Tour de Guet des Pléiades à proprement dite et se rendre dans la ville la plus proche en toute sécurité.

La date butoir accordée à Subaru et aux autres pour s’emparer de la Tour de Guet des Pléiades était seulement ce mois-là.

Émilia : “――――”

Subaru : “Cela dit, je n’ai vraiment pas l’intention de rester ici un mois entier.”

Émilia : “Subaru…”

Remarquant une pointe d’inquiétude dans ses yeux, Subaru sourit.

Ils avaient une date limite, et leurs défis étaient nombreux, mais ils pouvaient commencer à s’en éloigner.

Subaru : “Quoi qu’il en soit, en une seule journée… Ah, eh bien, j’ai commencé en retard, alors pour être juste, c’est le troisième jour depuis que nous sommes arrivés à la Tour, mais nous avons déjà passé le premier examen et Émilia-tan a facilement dérobé la victoire dans le deuxième.”

Émilia : “C-ce n’était pas vraiment “facilement dérobé”, pourtant…”

Subaru : “Tu es censée assaisonner cette partie avec un bon bluff, donc c’est tout à fait correct.”

Il pointa son doigt vers une Émilia sérieuse, arborant une arrogance à plein régime, puis rapprocha Béatrice de lui et posa son menton sur le sommet de sa tête.

De cette façon, Subaru et Béatrice regardaient tous les deux Émilia.

Subaru : “Peu importe que l’adversaire soit l’ancien Maître Épéiste le plus fort ou quoi que ce soit d’autre. Béako et moi allons fustiger le visage de ce borgne harceleur sexuel à baguettes avec nos brillantes stratégies.”

Béatrice : “En effet, je suppose. Lui fustiger le visage, en fait.”

Émilia : “Fustiger, fustiger…”

Subaru : “Qui dit “fustiger” de nos jours ?”

Émilia : “Ça ne compte pas ! C’est tellement injuste ! Subaru et Béatrice n’arrêtaient pas de le dire alors… !”

Tombée dans le piège collaboratif de Subaru et Béatrice, Émilia gonfla ses joues teintées de rouge sous l’effet de la colère.

Alors qu’ils ajoutaient une nouvelle configuration à leur va-et-vient habituel, Émilia soupira comme si elle n’y pouvait rien, son inquiétude s’estompant un peu plus.

Émilia : “Hum, d’accord, j’ai compris, j’ai très bien compris. En l’entendant de la bouche de Subaru, on a l’impression que ce sera vraiment facile. Mais ça te rend tout aussi fiable.”

Subaru : “Ouais, il suffit d’avoir la foi, de continuer à espérer et de continuer à m’aimer. C’est pour ça que je suis ton Chevalier, après tout.”

Émilia : “Tout à fait, n’est-ce pas ? Dans ce cas, je serai sous ta responsabilité, mon très cher Chevalier.”

Subaru : “Euh, à l’instant, tu n’as pas nié la partie sur l’amour, alors je suis un peu ébranlé…”

Émilia : “――?”

Le murmure d’amour qu’il avait mêlé à leur badinage habituel semblait avoir été balayé d’un revers de main, ce qui le décevait un peu. Bien sûr, même si on lui avait répondu correctement, son sentiment d’agitation n’aurait pas disparu, alors c’était mieux ainsi.

Quoi qu’il en soit――

Subaru : “Je sais que c’est un peu tard pour demander, mais n’est-ce pas un peu bizarre que ce soit Émilia-tan qui ait été chargée d’aller chercher de l’eau ? C’est le genre de travail qui est censé être… pas vraiment fait par ton Chevalier mais, n’est-il pas censé être le genre de travail que font les subalternes ?”

Émilia : “Ça ne pose vraiment pas de problème. Subaru est peut-être mon Chevalier, mais je ne veux pas que notre relation soit celle d’un maître et d’un serviteur. Je veux juste que Subaru reste à mes côtés. C’est tout ce qu’il faut pour te protéger, tu es en train de te rétablir, alors sois obéissant et fais-toi gâter.”

Subaru : “Qu’est-ce qui te prend, Émilia-tan ?! Si tu me gâtes autant, je vais mourir de bonheur !”

Émilia : “En plus, c’est moi qui m’occupe du dîner d’aujourd’hui ! Je veux tout faire toute seule !”

Béatrice : “On dirait qu’elle est sérieuse à propos de ces deux affirmations, c’est ce qui la rend si difficile à cerner, je suppose.”

Béatrice laissa échapper un petit soupir à la déclaration d’Émilia. Puis, alors que Subaru gardait son menton posé sur sa tête, elle fit un signe de la main à Émilia,

Béatrice : “Écoute, Émilia. Subaru ne va pas se détendre tant que tu seras là, en fait. Tu retardes aussi les préparatifs de notre repas, alors dépêche-toi et va-t-en, je suppose.”

Émilia : “Vraiment ? D’accord, à tout à l’heure. Réjouissez-vous d’avance, d’accord ?”

Béatrice : “Nous attendrons avec “impatience”.”

Béatrice renvoya Émilia à la place du velléitaire Subaru. Sa réponse aux paroles d’Émilia reflétait une subtile différence dans leurs perceptions.

Émilia : “Je vous appelle quand c’est terminé, alors ne vous éloignez pas trop, d’accord ?”

Béatrice : “Nous irons au quatrième étage, je suppose. Quant à savoir si nous pouvons entendre tes appels ou non…”

Émilia : “J’ai compris. Je vais utiliser une voix plus forte.”

Béatrice : “…D’accord, d’accord en fait.”

Après avoir échangé un sourire, Émilia reprit son chemin, seau à la main, en faisant un signe de la main alors qu’elle disparaissait au coin du couloir. Voyant cela, Béatrice leva les yeux vers Subaru, toujours le menton posé sur sa tête.

Béatrice : “Maintenant, j’espère que tu t’es calmé, je suppose.”

Subaru : “…Ouais, ça va maintenant. Je ne comprends pas vraiment, mais j’ai soudain trouvé Émilia-tan très mignonne, tu sais. Comme tout le reste, mais Émilia-tan n’a plus de couleur, alors je me sens tout à fait bien maintenant que j’ai pu la voir vraiment sourire.

Béatrice : “Je ne comprends pas un mot de ce que tu dis, c’est même pire que d’habitude, en fait ! Et en plus de ça…”

Subaru : “En plus de ça ?”

Il avait parlé de ses véritables sentiments pour Émilia, sous forme de poème, en gardant son sérieux. Béatrice appuya donc son dos contre le torse de Subaru et,

Béatrice : “C’est injuste que tu sois autant épris d’Émilia, je suppose. Betty est la partner de Subaru, en fait. S’il te plaît, agis en connaissance de cause, je suppose.”

Subaru : “Tu… tu es vraiment une petite chose mignonne, hein ?”

Béatrice : “Mmgyah――, en fait !”

Comme elle lui semblait trop mignonne tout d’un coup, Subaru la prit dans ses bras et la fit tourner en rond dans le couloir en frottant ses joues contre les siennes.

Subaru : “C’est bon, détends-toi. Je t’aime aussi. Comment dire, euh, en ce moment, tout ce qui m’entoure semble si beau, mais tu es particulièrement spectaculaire. Je t’aime, Béako !”

Béatrice : “A-att-att-attends, j’ai compris, j’ai compris, d’accord, alors lâche-moi ! Laisse-moi déjà descendre, je suppose ! J’ai déjà compris, alors laisse-moi descendre, en fait――!”

Mais même si Béatrice criait, le visage rouge comme la betterave, Subaru ne la laissait pas descendre.

Ainsi, il déambulait dans les couloirs du quatrième étage, filant dans chaque espace disponible avec allégresse, Béatrice toujours dans ses bras.

Les voix du duo continuèrent à peindre les couloirs de cris de joie pendant un certain temps encore, jusqu’à ce que le cri d’Émilia, “Le repas est prêt !”, se fasse entendre.

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Le temps qui avait précédé leur repas n’avait pas été littéralement passé à tourner en rond.

Béatrice lui avait fait visiter le quatrième étage à pied, étant son aînée ici, puisqu’elle avait passé deux jours de plus que lui à vivre activement dans la Tour.

Malgré tout, cet endroit s’appelait d’abord une “Tour de Guet”.

Cependant, il n’y avait pas lieu de s’inquiéter de son habitabilité, et en fait, il n’y avait rien à faire de plus pour améliorer le confort de vie, même dans la zone résidentielle désignée, le quatrième étage. Les seules pièces spéciales étaient la Salle Verte, qui était devenue leur centre de soins, et la grande salle où se trouvaient les escaliers menant aux troisième et deuxième étages.

En dehors des grands escaliers menant à l’étage inférieur, il n’y avait que de nombreuses petites pièces dispersées ici et là, sans aucun agencement notable.

Subaru : “Ça fait bizarre de ne pas avoir de carte, mais je suis sûr que je me sentirais encore plus bizarre si nous en avions une. Cette tour a un design effrayant, j’en suis absolument sûr. Je ne suis vraiment pas fan de ce genre d’agencement de bâtiments…”

Béatrice : “Qu’est-ce que tu racontes… Quand on voit à quel point le contenu des examens est répugnant, il ne sert à rien de se plaindre de la terrible personnalité de leur créateur, je suppose. Il est trop tard pour cela, en fait.”

Shaula : “Ah ! Ça, c’est dire du mal de mon Maître ! Mordeuse de chevilles, tu dis du mal de mon Maître ! C’est lui qui a construit cette tour, tu sais ! Ça ne te dérange pas, Maître ? Si tu la gâtes juste parce qu’elle est petite, elle va grandir toute pourrie, tu sais ! Tu devrais les réprimander comme s’ils étaient des adultes ! Et puis, et puis, tu pourrais me gâter autant que tu veux après ! Viens par ici !”

Subaru : “Tais-toi donc…”

Débitant ses paroles comme si elle avait tué un ogre, Shaula essaya de trouver des défauts à Béatrice. Mais en fait, Béatrice n’avait rien dit de particulièrement mauvais, mais il sentait que ce serait pénible à expliquer.

Il était inutile d’essayer de faire la différence entre Subaru, son Maître et le Sage à chaque fois. D’autant plus qu’ils utilisaient ce malentendu à leur profit.

Émilia : “Heeey, arrêtez de faire des bêtises tout le temps. Shaula aussi, s’il te plaît, tais-toi.”

Shaula : “Ehh, je ne peux pas accepter ça. C’est de la discrimination. De la discrimination entre les mordeuses de chevilles.”

Émilia : “Si elle fait vraiment quelque chose de mal, Subaru la grondera correctement et ne se contentera pas de la gâter. Et comme il ne le fait pas, ça veut dire que Béatrice n’a rien fait qui mérite d’être grondée. De plus, il est normal que les plus jeunes soient plus chéris. Nous devons être patients, Shaula.”

Béatrice : “Même si Betty est plus âgée que les autres, ça ne me convient pas qu’on me traite toujours comme une enfant, je suppose…”

Subaru : “Ouais, ouais, montre juste à quel point tu es vieille.”

Il sourit en caressant la tête de Béatrice pour la calmer.

En réponse à l’appel d’Émilia pour leur repas, tous les concernés se rassemblèrent dans la grande salle du quatrième étage――l’endroit où les carrosses draconique et leur cargaison étaient gardés.

Tout le monde était présent dans la salle à manger, à l’exception de Rem et d’Anastasia, toutes deux inconscientes. Tous étaient assis face à face.

Tout le monde sauf ces deux-là, ce qui voulait dire――

??? : “――Avant de commencer, me serait-il permis de parler un peu, Émilia-sama ?”

Après avoir été le dernier à arriver dans la salle, Julius prit la parole.

Alors que Julius avait été pratiquement jeté dans la Salle Verte pour se remettre de ses blessures, la raison de sa présence ne se limitait pas à participer au repas.

Il avait refusé la proposition de faire porter son repas dans la Salle Verte.

Et pour toute réponse à sa question, Émilia, qui administrait l’endroit, acquiesça d’un signe de tête,

Émilia : “Bien sûr, tout à fait. Mais, tu n’as pas vraiment besoin de me demander la permission, tu sais.”

Julius : “Anastasia-sama étant actuellement absente, celle qui devrait être la plus respectée est Émilia-sama. De plus, mon attitude égoïste vous a déjà causé des désagréments. Que cela se limite à cette occasion, c’est quelque chose que je ne peux certainement pas dire.”

La réponse de Julius, qui secouait la tête, était élégamment formulée.

Ses manières humbles et sa disposition honnête étaient enfin conformes à sa nature habituelle. Cependant, il y avait aussi des personnes qui ne prenaient pas son discours de manière favorable.

??? : “Comme c’est admirable. Si seulement tu avais agi ainsi avant.”

Subaru : “Ram…”

Ram : “Nous avons assez de témérité et d’entêtement avec Barusu là-bas. En fait, il est bien plus naturel d’être déçu par une personne qui semble saine d’esprit. J’espère que tu veilleras à ne pas répéter cela à l’avenir.”

Ram évalua sévèrement les actions arbitraires de Julius.

Sa voix et ses yeux étaient habituellement froids, mais cette fois-ci, Subaru sentit que son expression était beaucoup plus sévère. Même si elle était rude comme à son habitude, il y avait un certain soupçon d’inquiétude dans ses paroles.

Émilia : “Ram, tu vas un peu trop loin cette fois-ci.”

Ram : “…Veuillez accepter mes sincères excuses, Émilia-sama. À partir de maintenant, je ferai plus attention.”

Elle s’excusa immédiatement pour son amertume, puis fit un signe de tête fugace à Julius. Il n’y avait donc pas lieu de s’attarder sur ce sujet.

D’ailleurs, il ne serait pas juste de reprocher à Ram de ne pas être aussi pondéré. Elle n’était pas rancunière et n’éprouvait aucune haine envers Julius. Elle souhaitait simplement sauver Rem, et faisait tout ce qui était en son pouvoir pour y parvenir.

Julius : “Mes excuses les plus sincères à Mademoiselle Ram et à tous les autres. J’ai causé beaucoup de soucis à tout le monde.”

Comprenant parfaitement que les paroles de Ram n’étaient que la récolte de ce qu’il avait semé, Julius baissa la tête et laissa tomber le sujet de son côté.

C’est ce que Julius avait voulu faire avant de commencer leur repas.

Subaru semblait comprendre le comportement antérieur de Julius. Il lui avait donc déjà pardonné, mais quant à savoir si Julius s’était lui-même pardonné, c’était une toute autre affaire.

C’était le premier pas qu’il faisait, afin de commencer le rituel pour s’absoudre.

Émilia : “Bon ! Julius s’est excusé. J’accepte ces excuses. Sur ce, j’en ai fini avec cette histoire.”

Frappant ses mains l’une contre l’autre, Émilia résuma son sentiment sur la question des excuses de Julius. Subaru, suivi par Béatrice, acquiescèrent.

Subaru : “Eh bien, je l’ai déjà pardonné de mon côté, donc je ne dirai rien d’autre par compassion du samouraï.”

Béatrice : “Betty a aussi la compachion du samouraille, en fait. C’est très bien si tu regagnes la face avec tes actions futures, je suppose.”

(Note de Traduction : Les fautes dans “compassion du samuraï” permettent d’exprimer le fait que Béatrice n’a pas compris ce que ça voulait dire.)

Julius : “――Mes remerciements.”

Ruminant les mots de ces deux-là, Julius murmura cela dans son souffle.

À la suite de Subaru et Béatrice, Meili répondit soudainement au murmure de gratitude de Julius. Assise sur le sol, les jambes tendues, elle tripotait sa tresse en parlant,

Meili : “Tout va bien, noooon~? Il n’est pas mort après touuuut~. Et je ne suis pas particulièrement inquiète pour Chevalier-onii-san de toute façoooon~.”

Shaula : “Le maître dit no problem, alors no problem pour moi aussi. No complaint.”

Subaru : “Ouais non, no complaint est quelque chose de complètement différent…”

Les pensées de Meili étaient probablement exactement comme elle les avait formulées, de l’indifférence plutôt que de la considération pour Julius. Shaula, qui était d’accord, était probablement dans le même bateau.

Tout comme Shaula, qui était affiliée à la Tour et n’avait pas montré de signes d’ouverture à d’autres personnes que Meili et Subaru, la position de Meili dans tout cela était également vague. Et donc――

Ram : “――――”

Seule Ram ne répondit pas directement aux excuses de Julius, ne disant pas un mot sur le fait qu’elle lui pardonnait ou non.

Elle se contenta de mettre sa robe blanche sur la tête et de fixer son repas.

Julius l’accepta sans mot dire. Tout le monde, en dehors de Julius, fit de même. Il s’agissait d’une affaire personnelle, et chacun estimait qu’il valait mieux ne pas s’en mêler.

Émilia : “――Eh bien, entrons dans le vif du sujet. Ram et moi étions les cuisinières pour aujourd’hui.”

Ram : “Nous ne pouvions pas utiliser de feu, alors nous y avons mis un peu de notre virilité. Autrement, ça devrait être décent.”

Émilia : “Hmm, c’est vrai. C’est vraiiiiment décent… Décent, ça sonne un peu bizarre, non ?”

Sa voix rappela à tous leur situation actuelle. Même si Émilia penchait la tête pour poser la question, ni Ram ni personne d’autre ne donna suite.

Quoi qu’il en soit, après cet échange, tout le monde s’assit pour prendre leur précieux repas.

La plupart des aliments transportés dans le carrosse draconique étaient des rations fumées ou séchées, donc naturellement, la nourriture était grossière et dure――cependant, la magie s’avéra être d’une grande utilité ici aussi.

Grâce à la magie de glace, spécialité d’Émilia, il avait été possible de créer un réfrigérateur de poche dans l’attelage draconique, ce qui permettait de conserver les ingrédients frais pendant une longue période.

Grâce à cela, le groupe avait la possibilité de disposer d’une grande quantité de fruits frais et d’autres denrées alimentaires, ce qui lui permettait de maintenir un régime alimentaire relativement équilibré.

Émilia : “Il faut quand même commencer par utiliser les ingrédients qui se périment assez vite.”

Subaru : “On a vraiment de la chance de pouvoir se préoccuper de ça, tu sais. Vraiment, tu es EMS ! Avec ce voyage et tout le reste, je suis sûr que ta cuisine s’est encore améliorée, alors peut-être que tu pourrais me faire de la soupe miso tous les matins pour le reste de ma vie ?”

(Note de Traduction : EMS = Émilia-tan, Maji Shoku no Megami qui se traduit par “Émilia est sérieusement une déesse de la nourriture”.)  

Émilia : “Désolée, je n’ai aucune idée de ce dont tu parles.”

Il était pourtant vrai que les compétences culinaires d’Émilia s’étaient améliorées.

À la demande d’Émilia elle-même, la cuisine au cours de ce voyage se faisait par rotations. Bien sûr, il était évident qu’Émilia ne cuisinait jamais seule, apprenant plutôt en suivant les pas d’un autre cuisinier.

Grâce à cela, personne ne brûlait constamment son plat de daisukiyaki.

Parce qu’elle était chargée de la cuisine qui n’impliquait pas l’utilisation du feu.

Par ailleurs, parmi les membres participant à ce voyage, les seuls à savoir cuisiner étaient Subaru, qui avait acquis cette compétence au cours de son année de service au manoir, Julius, qui était apparemment capable de faire tout ce qu’il voulait, et enfin Ram, dont la cuisine était étonnamment décente.

Même sur le chemin de Pristella, les seules personnes qui s’étaient engagées à cuisiner étaient le trio masculin composé de Subaru, Otto et Garfiel, qui avaient ensuite décidé de leur ordre en jouant à pierre-feuille-ciseaux.

Ceci mis à part――

Ram : “――En me dévisageant de la sorte, tu as quelque chose à dire ?”

Subaru : “…Non, je sais que ça fait plus d’un mois qu’on a commencé ce voyage et tout ça, mais je n’arrive toujours pas à y croire. Que Ram sait cuisiner.”

Ram : “Je me demandais ce que tu allais dire, mais c’est juste…”

Utilisant son regard significatif comme excuse, Ram soupira, refusant de cacher le dégoût qu’elle éprouvait pour lui.

Ram : “La seule raison pour laquelle Ram ne s’approche pas de la cuisine n’est pas liée au fait qu’elle ne sait pas cuisiner, mais parce qu’elle n’en a pas envie. Je ne vais pas utiliser mes compétences pour cuisiner autre chose que des patates douces cuites à la vapeur. Cette tâche peut être confiée à Frédérica et Pétra.”

Subaru : “C’est donc pour cette raison… Eh bien, c’est comme ça.”

Ram : “Hmm, c’est comme ça… Je me demande pourquoi je fais une exception juste pour les patates douces cuites à la vapeur, cependant.”

Le visage de Ram se décomposa en une expression complexe alors qu’elle s’interrogeait sur ses propres préférences. En regardant son profil, Subaru poussa un léger soupir.

Quelle que soit la tâche ménagère, Ram était toujours à la traîne par rapport à Rem.

Maintenant que toutes les traces de Rem avaient été effacées du monde, Subaru remarqua que leur lien entre soeurs n’était peut-être pas à la hauteur de leur valeur nominale.

En vérité, Ram était censée être capable d’accomplir n’importe quelle tâche qui lui était assignée, qu’elle soit présente ou non dans sa liste de tâches en tant que servante. Par conséquent, il se pourrait qu’en premier lieu, elle ne perde pas face à Rem en termes de capacités.

En d’autres termes, si Ram l’avait envisagé, elle aurait pu faire tout ce qu’elle voulait quand Rem était encore en bonne santé. La raison pour laquelle elle ne l’avait pas fait était très probablement liée à sa fainéantise――ou pas.

Subaru : “――――”

Subaru avait le sentiment qu’il ne devait pas déterrer ces choses particulières.

La Ram actuelle ne savait certainement rien de tout cela. Et si Rem revenait, il estimait qu’il ne serait pas nécessaire d’en parler.

Quand elle reviendrait, plutôt.

Subaru : “Je m’en doutais un peu, mais tu n’as vraiment pas de manières à table, n’est-ce pas ?”

Shaula : “Munch, munch… Hein ? Maître, tu viens de dire quelque chose ?”

Elle cligna plusieurs fois des yeux devant Subaru, qui la regardait avec un air renfrogné.

Le nombre de beautés de premier ordre qui gâchaient complètement leur apparence dans ce monde n’était pas négligeable, et Shaula devait être la première de ces dernières. Au point qu’elle était sur un pied d’égalité avec Liliana.

Alors qu’elle portait la nourriture à sa bouche avec sa main, Subaru se gratta la tête.

Subaru : “Oi, ne parle pas la bouche pleine. Mange ou parle, c’est l’un ou l’autre.”

Shaula : “D’accoooord, alors je vais parler avec le Maître ! Je peux parler à mon Maître pour l’éternité.”

Subaru : “Qui voudrait discuter avec toi dans ces conditions… Tais-toi et mange.”

Shaula : “D’accoooord.”

Bien qu’il éprouve un peu de respect pour son niveau de loyauté, en la voyant donner la priorité à la conversation avec lui plutôt qu’à la nourriture et au reste, il sentait que, précisément parce qu’elle était si prête à obéir, le niveau de risque de Shaula était en fait faible.

En effet, sa nature en tant que personne, ses capacités dans tous les autres domaines, et le niveau de danger qu’elle représentait pour tout le monde, étaient tous en total déséquilibre.

Meili : “Dis, onee-san nuuue~. Tu as vraiment une façon, hmm, vorace de manger, est-ce que tu avais vraiment si faiiim~ ?”

Shaula : “Non, c’est juste que cette nourriture est super savoureuse ! Je ne trouvais pas que manger était très important, mais si c’est vraiment aussi bon, ça ne me dérangerait pas de devenir la disciple de cette demi-démone !”

Émilia : “Eh ? Ma disciple ? En cuisine ?”

Au lieu de s’arrêter à la remarque de Meili, elle dépassa le sujet et fit claquer son doigt en direction d’Émilia tout en avalant ce qu’elle était en train de mastiquer. Émilia sursauta, tandis que Shaula continuait à secouer la tête de haut en bas,

Shaula : “Cette cuisine est vraiment bonne. Tu ne peux pas tromper mes yeux. Je vais me mettre à la cuisine moi aussi, devenir bonne tout de suite et me frayer un chemin dans le cœur du Maître à travers son estomac, et ne pas le laisser dormir cette nuit !”

Meili : “Tes vraies intentions se révèlent iciiiii~.”

Émilia : “Shaula, je comprends tes sentiments. Mais tu sais, la voie du cuisinier est un chemin ardu. Si tu es réellement prête, je réfléchirai sérieusement à te prendre comme disciple.”

Subaru : “Émilia-tan, tu es sacrément effrontée pour les choses les plus bizarres, tu sais.”

De plus, soixante-dix pour cent de la cuisine actuelle était probablement le résultat du travail de Ram. Il était donc hilarant de voir Émilia agir comme si elle avait percé tous les secrets de la cuisine, et Shaula qui se laissait un peu trop séduire par une cuisine de niveau amateur.

Subaru : “J’ai l’impression qu’il faut que je le dise, mais il y a beaucoup de choses savoureuses en dehors de ça. La cuisine d’Émilia-tan, c’est euh… Enfin, on lui donne la note maximale juste parce que c’est elle qui l’a faite mais, mis à part ça, c’est plutôt moyen. Qu’est-ce que tu manges d’habitude ?”

Shaula : “Merci de me poser la question, Maître. Mes habitudes alimentaires n’ont rien de spécial. Je me rassasie généralement en faisant rôtir les bêtes que j’abats.”

Subaru : “Les bêtes que tu abats… Eh, attends, tu parles des bêtes démoniaques de l’extérieur ?”

Shaula écouta la question de Subaru, puis croisa les bras sous ses voluptueuses rondeurs et hocha la tête à plusieurs reprises.

Avoir un régime régulier de bêtes démoniaques était trop bizarre pour être une chose normale. Alors pour prendre l’avis d’un spécialiste, Subaru se tourna vers Béatrice et posa la question naturelle par son regard.

Subaru : “Je sais qu’on a parlé de ne pas boire d’eau mélangée au Miasme il y a un moment, mais…”

Béatrice : “Je ne veux même pas me demander si la viande des bêtes démoniaques est bonne pour le corps ou non, en fait. Tout ce qui compte, c’est que ce n’est pas quelque chose de dangereux au point d’avoir un effet néfaste immédiat, je suppose.”

Julius : “D’après certains registres, quelques chercheurs se sont mis à manger de la viande de bête démoniaque par le passé.”

Alors que Subaru défaisait de ses doigts les rides entre les sourcils de Béatrice, Julius évoqua une information intéressante.

Comme les expressions de chacun l’incitaient à continuer après qu’il se soit arrêté, Julius ferma un œil et recommença,

Julius : “Comme vous le savez déjà, les bêtes démoniaques ont l’habitude d’attaquer les gens. Que ce soit en pleine marche ou au cours d’un long voyage, si l’on a du mal à trouver de la nourriture, on peut trouver des bêtes démoniaques en abondance, errant dans des territoires dangereux. En effet, elles ne songent jamais à se cacher. Les bêtes démoniaques viennent toujours attaquer. Si l’on parvient à les vaincre, il est évident que l’on obtient une bonne source de nourriture. Il ne fait aucun doute qu’il y avait des individus qui croyaient vraiment à cela.”

Subaru : “Alors, ça s’est bien terminé pour eux ?”

Julius : “Pour améliorer leur situation en matière de nutrition, ils ont apparemment fait face à de nombreuses péripéties, et sont passés par de nombreux essais et erreurs. Cependant, aucune amélioration n’a été trouvée. Bien sûr, ceux qui en ont mangé ont trouvé que ce n’était pas toxique, mais…”

Subaru : “Mais ?”

Julius : “Il semble qu’il y avait un problème de goût.”

Subaru fut étonné qu’il s’agisse d’un problème de goût.

Si le goût était mauvais, il suffisait de le couvrir d’épices ou d’autres condiments. Il fallait bien admettre que la viande des bêtes sauvages avait ce goût cru et terreux, mais si elle n’était pas toxique, il fallait au moins faire un effort.

Julius : “C’est tout ce qu’on trouve dans la littérature. Mademoiselle Shaula, quelle est ton expérience personnelle à ce sujet ?”

Shaula : “Ça a le goût du sable qui a été rincé avec de l’eau usée. Complètement.”

Subaru : “Ah, c’est le genre de goût où les épices n’aident pas.”

Shaula : “Si le Maître veut goûter, je vais faire rôtir un Roi Cheval Affamé. C’est tellement mauvais qu’on en devient accro. Je mens.”

Après avoir découvert la chose inimaginable qu’était sa diète de quatre cents ans, tout le monde décida à l’unanimité de ne plus blâmer ses mauvaises manières à table.

Il déclina poliment l’offre de la grillade du Roi Cheval Affamé. En premier lieu, cette bête démoniaque particulièrement dérangeante était déjà en feu.

Subaru : “Je pensais qu’avoir à se soucier de la nourriture était un vrai problème, mais…”

Il s’effondra et se couvrit le visage.

Au bout de son champ de vision, il y avait Shaula, son visage entier illuminé d’un sourire si brillant qu’il pourrait faire pleurer les autres alors qu’elle fourrait une variété de nourriture dans sa bouche. De plus, Émilia observait Shaula manger, son sentiment maternel étant encore plus stimulé pourrait potentiellement l’amener à améliorer davantage sa cuisine.

Un mois, c’était le temps qu’il leur restait, ce qui représentait toute leur nourriture, y compris le surplus.

Et si Shaula continuait à manger à ce rythme, leur limite de temps pourrait bien diminuer encore plus, pensa Subaru.

※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※

Une fois le repas terminé et le bain pris dans l’eau de source (consistant principalement à s’essuyer le corps), la journée fut considérée comme terminée et il était temps d’aller se coucher.

Au vu de leur situation actuelle, il serait logique que l’Escouade de la Conquête de la Tour passe la nuit à essayer de trouver un plan pour sortir de l’impasse dans laquelle ils se trouvaient, mais pour l’instant, tout le monde sentait que cela ne fonctionnerait pas ainsi.

S’attendre à ce que les problèmes de demain soient résolus par leurs esprits de demain――était peut-être plus approprié qu’il n’y paraissait.

Subaru : “Ce n’est pas comme si c’était une urgence absolue. Prenons un peu plus de temps.”

Au vu du contenu de l’examen du deuxième étage, dans le pire des cas, ils risquaient de devoir y retourner le lendemain sans le moindre plan.

Au lieu de réfléchir à une solution de contournement, ils s’y attelleraient de toutes leurs forces――même si, en vérité, ils voulaient tous éviter d’être déchirés membres par membres. Au moins, leur examinateur, le Maître Épéiste de la Première Génération, n’avait pas l’intention de les tuer.

Ou peut-être pourraient-ils même trouver un moyen de surmonter cet obstacle particulier simplement en conversant avec lui. Tout comme Émilia avait réussi à lui soutirer ses conditions de victoire simplement en discutant.

Subaru : “Eh bien, je dois faire ce que je dois faire pour garder la tête froide. Je dois donc bien manger, bien me reposer, et toujours être au top de ma forme.”

Il pensa à cela en se pinçant les deux joues, puis mit de côté tous ses soucis pour la journée.

Pour la plupart, Émilia et les autres étaient d’accord avec le point de vue de Subaru――ou plutôt, ils étaient tellement démotivés qu’ils n’avaient pas d’autre choix que de l’être.

Et c’est ainsi que la réunion nocturne s’acheva. Chacun partit vers le carrosse draconique, qui leur servait de chambre de fortune, pour se reposer et préparer le lendemain. Du moins, c’est ce qui était censé être le cas.

Béatrice : “Subaru, Betty sera avec Émilia et les autres, en fait.”

Subaru : “O-oh, pigé. Désolé de t’avoir inquiétée, Béako. Ne te couche pas trop tard. Tu vas arrêter de grandir et rester coincée avec ta petite taille… Attends, c’est plutôt mignon. Très bien, Béako, n’oublie pas de te coucher tard.”

Béatrice : “Tu n’as pas à t’inquiéter, Betty ne grandira pas plus que ça, je suppose. Je serai toujours mignonne, en fait. Donc je serai comme ça même si je me couche tôt, je suppose.”

Après avoir bâillé, Subaru salua Béatrice en se séparant d’elle. Alors qu’elle laissait Subaru lui souhaiter bonne nuit, Béatrice tenait la main d’Émilia.

Subaru : “Émilia-tan, prends soin de Béako. À demain.”

Émilia : “Mhm, à demain… Subaru, ne te couche pas trop tard non plus, d’accord ?”

Au lieu de lui dire directement de ne pas le faire, Émilia ajouta ces mots et se dirigea vers le Grand Escalier pour rejoindre l’étage inférieur. Une fois qu’elle fut hors de vue, Subaru s’étira plusieurs fois, puis emprunta le passage du quatrième étage.

Sa destination était évidente. Une porte couverte de lierre, l’entrée de la Salle Verte. Et là――

??? : “C’est toi, Subaru ?”

Subaru : “…Ah, c’est toi.”

Devant la salle, Subaru tomba sur Julius, qui le toisait avec des yeux écarquillés.

Alors qu’il s’apprêtait à entrer dans la Salle Verte, Subaru était arrivé, il le scruta un bon moment, puis releva immédiatement le menton en connaissance de cause.

Julius : “Je comprends. Il semble que nous ayons la même raison d’entrer dans cette salle.”

Subaru : “Je suis presque sûr que nous n’avons pas les mêmes personnes en tête… Alors, dois-je te laisser la place ce soir ?”

Julius : “Pas besoin…”

Secouant la tête à la proposition de Subaru, Julius observa la porte fermée. Un moment de silence s’ensuivit, avant que la paire d’yeux jaunes ne soit à nouveau dirigée vers Subaru.

Puis Julius recula d’un pas par rapport à la porte, comme s’il y renonçait.

Julius : “Cette fois-ci, c’est moi qui dois renoncer pour toi. En y repensant, tu as été inconscient pendant deux jours entiers jusqu’à ce matin. Je l’ai informée de ton état de santé par la suite, mais je suis sûr qu’elle avait besoin de ta présence la nuit.”

Subaru : “…Ouais, eh bien, si tu y renonces pour moi, je serai ravi d’accepter ton offre.”

Imitant son style élégant, Subaru se gratta la tête tout en jetant de rapides coups d’œil en direction de Julius.

Il ne trouva aucun signe de mécontentement dans l’expression de Julius, mais Subaru n’était pas doué pour essayer de fouiller dans les sentiments de quelqu’un d’autre. Cela valait également pour les personnes qui cachaient leurs véritables sentiments. C’était pratiquement impossible pour lui à ce stade.

Subaru : “Tu es d’accord avec ça ? Je suis presque sûr que tu veux m’accompagner.”

Subaru soupira et exprima ce qu’il avait en tête de manière directe.

Julius lui répondit par un mince sourire, accompagné d’un “Tout à fait”,

Julius : “Si possible, il est vrai que je préférerais être aux côtés d’Anastasia-sama lorsqu’elle se réveillera… Seulement voilà, je sens que je ne trouverai pas les mots pour lui parler lorsqu’elle sortira de son sommeil. Il est vrai que je me sens perdu face à cet aspect. C’est tout à fait déplorable.”

Subaru : “C’est correct si tu commences par “J’étais très inquiet, donc je suis content que vous vous soyez réveillée”. Le problème, c’est la suite. Ça… euh, eh bien, je te laisse le soin de le faire.”

Julius : “Pfft.”

Subaru : “Oi, pourquoi tu ris ? Je suis plutôt sérieux, tu sais.”

Même s’il était sérieux, il semblait que Julius ne l’avait pas pris trop à cœur. Il pivota alors sur ses talons, tournant le dos à Subaru, qui affichait une expression de surprise face à cette étrange réaction.

Julius : “Tu es capable de dire librement ce que tu veux――j’envie ça.”

Subaru : “J’ai plutôt l’impression que tu me traites d’idiot. Oi, où vas-tu ?”

Julius : “Je te cède cette place. Je vais retourner au carrosse draconique et me reposer. Je me sens un peu exténué par les activités d’aujourd’hui.”

Levant la main en gardant Subaru dans son dos, Julius déclara cela avant de partir.

Subaru ne pouvait pas dire s’il se sentait assez bien pour plaisanter sur le fait que l’examen ne le fatiguait que légèrement, ou s’il faisait simplement semblant.

Il ne pouvait pas le dire, mais――

Subaru : “――Julius, il vaut mieux que tu sois là quand Anastasia se réveillera après tout. Quand j’aurai fini mes affaires, j’irai te chercher, alors tu ferais mieux de le faire.”

Julius : “――――”

Subaru : “Je te préviendrai avant, mais je suis presque sûr que j’ai beaucoup plus de regrets sur le dos que toi. C’est donc mon conseil. Accepte-le.”

Il cria en direction du dos qui disparaissait dans le couloir. Quant à savoir si Julius avait entendu ou non, il n’en était pas certain, car il n’y avait pas eu de réponse. Cependant, Julius ne le prendrait certainement pas mal. Du moins, c’est ce que croyait Subaru.

Subaru : “Pardon du dérangement.”

Avec un hochement de tête, Subaru jeta toutes les considérations qu’il avait pour Julius, et il poussa la porte, faisant un pas dans la Salle Verte. La pièce, éclairée par une faible lueur, restait toujours dominée par la verdure, avec deux filles endormies sur un lit de lierre.

Anastasia sur le lit près de l’entrée, et Rem sur le lit plus en arrière.

Subaru : “Et toi aussi tu es au fond, hein.”

??? : “――――”

En regardant Subaru qui était venu lui rendre visite, Patrasche laissa échapper un faible grognement. Comme si le dragon noir de jais savait qu’il viendrait.

Aussi délicate soit-elle, Patrasche savait sans doute que Subaru viendrait. Spontanément, elle s’éloigna pour laisser la place à Subaru de s’asseoir sur son lit de lierre.

Subaru : “Vraiment, tu es une sacrée fille… Ces blessures guérissent bien aussi, hein.”

Avec un sourire amer, Subaru retraça ses écailles noires avec ses mains.

Les blessures qu’elle avait reçues lors du combat souterrain contre le Roi Cheval Affamé avaient bien guéri au cours des trois derniers jours. Normalement, elle n’aurait pas laissé Subaru connaître l’étendue réelle de ses blessures ; à présent, cependant, elle se concentrait vraiment sur sa guérison au lieu de faire bonne figure.

Subaru : “Franchement, je ne remercierai jamais assez cet Esprit. S’il n’y avait pas eu cette salle, qui sait à quel point tout cela aurait été difficile.”

Subaru ne dirait jamais que c’était une bonne chose que Patrasche s’en soit tirée avec des blessures superficielles, mais il était vrai que les dommages qu’ils avaient subis dans leur voyage à travers les Dunes de Sable d’Augria avaient été minimes.

Seuls Subaru et Patrasche avaient été blessés. S’ils avaient pu se remettre en état de marche, c’était grâce à cette Salle Verte.

En incluant le duo de Julius et Anastasia qui avaient été blessés lors de l’examen du deuxième étage, l’existence de la Salle Verte était vraiment miraculeuse. Comme si quelqu’un avait su que cela arriverait et l’avait préparé à l’avance.

Subaru : “Bien.”

Après avoir affirmé son amour pour Patrasche, Subaru prit une grande inspiration avant de se diriger vers le lit plus loin dans la pièce――vers Rem.

Là, le lierre se déplaça comme de la soie, se rassemblant pour former une sorte de chaise sur laquelle Subaru, debout, pouvait s’asseoir.

Subaru : “Vraiment, bon sang, il devrait y avoir une limite à la gentillesse.”

Même s’il venait d’exprimer sa gratitude éternelle pour l’Esprit de la Salle Verte, il avait l’impression que ça avait été pris comme de la flatterie permettant d’obtenir un meilleur traitement.

C’était loin d’être son intention, mais il accepta quand même l’offre, et s’assit.

Subaru : “Julius a mentionné que je manquais à Rem la nuit, hein…”

C’était une erreur.

Ce n’était pas du tout le cas. Parce que celui qui était impatient de parler tard dans la nuit, quand personne ne pourrait les déranger, n’était pas Rem, mais bien Subaru.

※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※

――Subaru remarqua que quelque chose clochait lorsqu’il sentit qu’on lui secouait légèrement les épaules.

Subaru : “――Uh ?”

Levant son visage du lit, il cligna des yeux plusieurs fois. Contrairement aux réactions physiques, l’esprit était généralement beaucoup plus lent pour réagir.

Et lentement, sa conscience lui revint. Revenant à la réalité, il constata.

Subaru : “Est-ce que… est-ce que je me suis endormi ?”

La main sur le menton, Subaru réfléchit au fait surprenant qu’il s’était endormi.

Il semblait qu’il était toujours dans la Salle Verte, toujours assis sur cette chaise juste à côté du lit de Rem, et il semblait qu’il s’était endormi dans cette même position. Cependant, il ressentait que la forme de sa chaise était différente de celle dont il se souvenait.

La chaise dont il se souvenait n’avait pas de dossier. Mais maintenant, la chaise avait un large dossier pour le soutenir dans son sommeil, et elle avait pris une forme presque ovoïde pour s’adapter le plus possible à son corps tout entier. L’hospitalité de l’Esprit était tout simplement trop forte.

C’était si confortable qu’il avait transformé les bâillements en véritable sommeil par inadvertance.

Subaru : “Ça veut dire que j’étais assez fatigué aussi… Eh, Patrasche ?”

Marmonnant au sujet de la sensation de fatigue dont il n’était pas conscient, Subaru se tourna vers la cause de son réveil――Patrasche, qui lui avait donné un coup sur l’épaule avec sa longue queue pour le réveiller.

Recroquevillé sur le lit de lierre, son dragon bien-aimé l’avait probablement réveillé pour l’avertir de quelque chose. Subaru plissa les yeux pour vérifier où elle regardait et,

Subaru : “――Pas possible.”

Suivant la ligne de mire de Patrasche, Subaru sauta de sa chaise et se précipita vers le lit qui se trouvait près de la porte d’entrée de la Salle Verte――celui qu’Anastasia était censée occuper.

“Était censée” parce qu’elle était introuvable. Et une fois que Subaru le comprit, son visage perdit ses couleurs.

Subaru : “M-même si j’en ai parlé à Julius…”

Parce qu’il s’était assoupi, Julius n’avait pas pu saluer Anastasia lorsqu’elle s’était réveillée. Il ne pourrait même pas lui faire face s’il le voulait.

――Malheureusement, ce n’était pas le seul problème.

Subaru : “Elle s’est levée, et puis… ? Où est-elle allée ? Aux toilettes ? Sans me réveiller ?”

La question n’était pas vraiment de savoir si elle était réellement allée aux toilettes. C’était qu’Anastasia――non, plutôt Echidna, s’était réveillée et était sortie de la Salle Verte, seule, sans même avertir Subaru, qui dormait juste là.

En songeant qu’elle avait disparu juste après l’examen du deuxième étage――était-elle allée défier Reid à nouveau, tout comme Julius ? Il ne voulait même pas imaginer cela.

Subaru : “Le lit est encore chaud… Je dois aller la chercher.”

Le lit d’Anastasia était encore légèrement chaud. Il y avait aussi le fait que Patrasche l’avait réveillé.

Cela signifiait qu’il ne s’était pas écoulé beaucoup de temps depuis le départ d’Anastasia, probablement.

Subaru : “Patrasche ! Je te laisse Rem ! Et, bien sûr, merci de m’avoir réveillé !”

Patrasche : “――――”

Raccourcissant sa réponse autant qu’il le pouvait, Subaru salua Patrasche avant de sortir.

Incapable de déterminer où exactement elle pourrait aller, son coeur palpitait plus rapidement. Si Subaru était à sa place, il voudrait d’abord s’assurer qu’Émilia et Béatrice allaient bien――si c’était le cas, alors naturellement, elle se dirigerait vers l’endroit où se trouvait Julius.

Subaru : “Non, attends, c’est Eridna qui est en elle en ce moment. Il n’y a aucune chance que ce soit simple. Mais alors…”

Il n’avait pas assez d’effectifs pour s’attaquer à ce problème. Quitte à exposer sa gêne de s’être assoupi aux autres, pour l’instant, il devait tendre la main vers les autres et obtenir leur aide pour retrouver Anastasia――

Subaru : “――Hein ?”

Et alors qu’il descendait les escaliers pour appeler les autres, il s’arrêta.

Il était abasourdi et stupéfait, une expiration muette s’échappant de sa réaction. C’était la voix muette qui sortait des lèvres quand on trouvait quelque chose d’incroyablement anormal, quelque chose qui ne pouvait définitivement pas exister.

Subaru : “――――”

Cette chose traversa rapidement le champ de vision d’un Subaru étonné.

Avec ses ailes blanches déployées dans le couloir étroit, un oiseau volait glorieusement.

Subaru : “Pourquoi y a-t-il… un oiseau à l’intérieur de la Tour ?”

Les mots sortirent de sa bouche à la vue d’un oiseau, une existence qui ne devrait pas se trouver là.

Les murs de la Tour de Guet des Pléiades n’avaient aucune fenêtre donnant sur l’extérieur. La Tour était un bâtiment complètement fermé au monde extérieur, avec pour seul lien la porte géante du cinquième étage.

C’était du moins ce que croyait Subaru, et son guide pour le quatrième étage, Béatrice elle-même, avait affirmé que la présence d’une fenêtre pouvant donner sur l’extérieur était quelque chose dont elle n’avait pas l’ombre d’une idée.

Subaru : “――Tch ! A-attends !”

Sentant que quelque chose n’allait pas, Subaru se mit à la poursuite de l’oiseau qui s’envolait.

Pendant un moment, il hésita. Devait-il suivre l’oiseau ou appeler quelqu’un en raison de l’absence d’Anastasia, puis ensuite discuter du problème de l’oiseau ?

Subaru choisit de suivre l’oiseau. Perdre de vue cet oiseau ici, pensait-il, pourrait entraîner un danger encore plus grand plus tard. C’était tout simplement une intuition.

Subaru : “――――”

Bien sûr, les oiseaux n’étaient pas des créatures aussi gentilles, capables d’écouter Subaru et d’arrêter de voler simplement parce qu’il les appelait. Doucement, il s’éloigna de Subaru, de plus en plus loin, plus profondément dans le couloir.

Il le poursuivit, le poursuivit et le poursuivit, et en peu de temps――

Subaru : “――!? Il a disparu ?! C’est quoi ce bordel !”

Il cria en arrivant au bout du couloir.

Le couloir du quatrième étage lui-même était circulaire, reprenant la forme de la Tour de Guet. Cependant, il n’était pas relié comme ça, car à la moitié du cercle, un mur arrêtait la progression.

C’était comme une horloge. Si l’on commençait à douze heures, on pouvait aller jusqu’à six heures dans le sens des aiguilles d’une montre et dans le sens inverse, mais pas plus dans un sens comme dans l’autre.

Subaru en était conscient, et tant qu’aucune des portes des salles n’était ouverte, il était certain de pouvoir attraper l’oiseau, mais――

Subaru : “On ne dirait pas qu’il a heurté le mur et qu’il est tombé. Qu’est-ce qui se passe ici… ?”

Confus quant à l’endroit où cette paire d’ailes avait disparu, il examina son environnement encore et encore.

Malheureusement, il n’y avait aucune pièce ouverte dans laquelle l’oiseau pouvait entrer. Il était apparu soudainement et avait disparu tout aussi soudainement. Il avait l’impression d’être enveloppé dans le voile enfumé d’un rêve.

Mais il se rendit vite compte qu’il ne rêvait pas.

Subaru : “――Ce sont des plumes, pas vrai ?”

En quittant le couloir, Subaru trouva des plumes blanches tombées sur le sol. Même s’il avait encore des doutes, en considérant la situation, ces plumes blanches appartenaient sans aucun doute à l’oiseau qu’il avait poursuivi.

Elles étaient la preuve que l’oiseau existait bel et bien. Il pouvait très bien les apporter à Émilia et aux autres et dire “Il y avait un oiseau à l’intérieur de la Tour !”, mais cela ne mènerait finalement à rien.

Et surtout, cela ne mènerait pas à l’endroit où Anastasia avait disparu――

Subaru : “Attends, attends… S’il y a des plumes qui traînent ici, alors…”

Il devrait y avoir quelque chose ici.

Subaru fouilla le mur et le sol autour de l’endroit où les plumes étaient tombées en pensant cela. Il examina le sol et le plafond de pierre, vérifia les pièces voisines, et pressa même les briques des murs.

Cependant, il ne trouva rien qui ressemble à une astuce, et il sentit son pouls s’accélérer au fur et à mesure que le temps passait. Il avait vraiment besoin d’aide――et ce fut précisément à ce moment.

Subaru : “Ah――!?”

Ce fut au moment où il passa sa paume sur l’endroit où les plumes étaient tombées. Ses doigts avaient effleuré le mur juste à côté, ou du moins c’est ce qu’il pensait. En réalité, il se rendit compte que ses doigts avaient glissé à travers le mur, comme s’il s’agissait d’une illusion.

Même lorsqu’il essaya soigneusement de presser ses doigts contre le mur, ils passèrent au travers, ce n’était donc pas une illusion d’optique.

Subaru : “Mais, je suis presque sûr que j’ai bien vérifié les murs autour d’ici.”

Cela ne signifiait pas qu’il n’avait pas cherché correctement, mais seulement que le mur au-dessus de sa taille était solide, et qu’une illusion avait été mise en place plus bas que cela.

Un mur illusoire qui couvrait l’entrée――la dernière fois qu’il avait vu quelque chose de semblable, c’était lorsque Petelgeuse et le Culte de la Sorcière s’étaient cachés dans cette caverne.

(Note de Traduction : Un détail présent dans le volume 5 explique que la cachette de Petelgeuse était dissimulée par un rocher illusoire, paraissant solide à l’extérieur, mais transparent à l’intérieur, et fonctionnait en quelque sorte comme un hologramme.)

Subaru : “Tout risquer pour tout gagner, hein ?”

Si l’on se mettait à ramper, on pouvait passer à travers le mur illusoire.

Après un bon moment d’hésitation, il décida de ramper pour atteindre l’autre côté. L’oiseau était probablement entré par là.

Si cela menait à l’extérieur de la Tour, ou peut-être à une autre partie de la Tour, alors――

Subaru : “Puah !”

L’obscurité au-delà du mur ne dura pas aussi longtemps qu’il s’y attendait.

Subaru plongea hors du mur illusoire et prit une grande inspiration, comme quelqu’un qui remonterait d’un plongeon sous l’eau. Il avait retenu sa respiration à l’intérieur de l’obscurité sans raison apparente.

Il remarqua rapidement l’air extérieur qui passait sur son visage――une brise fraîche.

Subaru : “――Woah.”

Il ouvrit les yeux, les ajustant lentement à l’obscurité du monde extérieur.

Les Dunes de Sable s’étendaient dans toutes les directions sur le vaste horizon et sous la nuit, vues d’une hauteur insondable. Le ciel sombre, parsemé d’innombrables étoiles scintillantes, veillait sur ce spectacle. Et là――

??? : “――――”

Anastasia attendait à l’endroit supposé être le balcon de la Tour de Guet, ses cheveux mauves flottant dans la brise, entourée d’une ribambelle d’oiseaux.

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Artiste du fan-art : ぱるぴん

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-=Fin du Chapitre 31=-

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