Arc VI – Chapitre 38 – « Qui es-tu »

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Traduit par : Ice et Jaerek

Traduit de l’anglais par : Akira

Relu par : Akira

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Artiste du fan-art : Barusuthegoat

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ARC VI – LE CORRIDOR DES SOUVENIRS

CHAPITRE 38 – « Qui es-tu »

Subaru parcourut la salle du regard, ne sachant pas ce qui lui était arrivé. Il n’arrivait pas à comprendre la moindre parcelle de la situation.

Subaru : “――――”

C’était une salle qu’il s’était habitué à voir maintenant, même s’il hésiterait à la qualifier de “familière”. 

Les murs, le sol et le plafond étaient couverts de lierre, même le lit dans lequel il s’était réveillé était tissé de lierre.

Devant lui se tenaient deux filles――une belle dame et une belle petite fille, qui se penchaient toutes deux pour le regarder. Un énorme lézard était agenouillé à côté de son lit. Sur l’autre lit de la salle, une fille aux cheveux bleus et aux yeux fermés était allongée.

Il n’y avait absolument rien qui sortait de l’ordinaire ; c’était la Salle Verte de la Tour de Guet des Pléiades. 

Subaru : “Mais… Hein ? Pourquoi suis-je encore ici ?”

Il ne savait même pas s’il s’était réveillé.

Les mains sur la tête, Subaru se rappela ce qui s’était passé juste avant.

Ils avaient parlé de défier l’examen du deuxième étage tandis qu’il avait essayé de confirmer s’il possédait des capacités spéciales. Après tout cela, après avoir conclu qu’il ne possédait aucune capacité, Subaru avait traversé la Tour pour rejoindre Émilia et les autres――

Subaru : “Errr ? Que s’est-il passé ensuite ?”

Il ne se souvenait pas très bien de ce qui s’était passé par la suite.

Il s’était réveillé sur ce lit tout d’un coup, cette impression avait été forte. Et, alors qu’il cherchait à se remettre les idées en place, une voix vint briser le fil de ses pensées, 

Émilia : “Hey, Subaru, tu vas bien ?”

Subaru : “Uwahhh ! Émilia-chan, tu es si proche !”

Le beau visage d’Émilia avait soudainement surgi juste à côté du sien ; elle était si proche de lui qu’il pouvait sentir son souffle contre son visage. En voyant ses yeux couleur améthyste, bordés de longs cils, s’approcher de nulle part, Subaru recula jusqu’à l’autre côté de son lit.

Les yeux d’Émilia s’écarquillèrent de surprise devant sa réaction excessive.

Émilia : “Tu n’as pas à avoir l’air si effrayé… D’ailleurs, c’est moi qui ai eu peur tout à l’heure…”

Subaru : “Peur… ?”

Béatrice : “Certainement, en fait. Nous pensions que tu avais disparu, alors nous t’avons cherché et nous t’avons trouvé effondré, je suppose. Il serait malvenu de ne pas s’inquiéter, en fait.”

Subaru : “Sérieusement ? Je me suis encore effondré ?”

Béatrice croisa les bras et renifla d’exaspération. Subaru fut surpris par ses paroles ; il se leva et se tapota le corps pour s’assurer que tout allait bien.

Pourtant, il ne sentait aucune anomalie. Bien qu’il soit peu probable qu’il remarque une différence étant donné son amnésie, il n’y avait pas de signes évidents de traumatisme.

Subaru : “C’est quand même dangereux de s’effondrer deux fois en si peu de temps… Même si ça ne fait que quelques heures, dois-je me sentir chanceux de ne pas avoir perdu mes souvenirs à nouveau ?”

Béatrice : “Qu’est-ce que tu racontes… Subaru, tu as quelque chose à dire à Betty, je suppose.”

Subaru : “Quelque chose à dire… ?”

Béatrice lui lança ces mots, alors qu’il fixait ses bras tendus. Subaru se retourna pour voir Émilia et Béatrice qui le regardaient fixement.

Il était un peu inquiet de ce qu’il allait devoir leur dire.

Subaru : “Eh bien, je suis désolé. Je m’excuse de vous avoir inquiété. Vous m’avez encore sauvé toutes les deux.”

Béatrice : “Tu t’en sors très bien jusqu’à présent.”

Émilia : “Heh, il n’y a pas de quoi. Mais je suis heureuse qu’il ne te soit rien arrivé. Je suis soulagée.”

Subaru : “Ah, oui. Désolé Émilia-chan, c’est inexcusable de te causer autant d’ennuis tout le temps.”

Levant la main en signe d’excuse, Subaru exprima sa gratitude envers Émilia. Cependant, en entendant les mots de Subaru, Émilia fronça ses sourcils galbés.

Ses yeux améthystes semblaient absolument déconcertés.

Émilia : “Eh bien, attends… Subaru, qu’est-ce qui s’est passé à l’instant ?”

Subaru : “Ce qui s’est passé, c’est une question vague. Quel est le problème ?”

Émilia : “Eh bien, à l’instant, tu m’as appelée Émilia-chan. D’une certaine façon, si tu m’appelles ainsi, je me sens vraiment mal à l’aise.”

En disant cela, Émilia commença à triturer ses longs cheveux argentés tout en observant nerveusement Subaru. Son regard semblait être rempli de solitude, causant à Subaru un glapissement interne involontaire.

Une fille ouverte et amicale, et une apparence qui correspondait aux goûts de Subaru――cependant, en ce qui concerne ses émotions actuelles, Subaru avait l’impression qu’il y avait un profond fossé entre eux.

Béatrice : “Les blagues de Subaru reprennent de plus belle, je suppose. Plus important encore…”

L’humeur de Béatrice commençait à se dégrader après avoir entendu l’échange des deux. Secouant ses splendides perceuses, elle claqua des doigts en direction de Subaru.

Et, en gonflant ses joues rouges, elle déclara,

Béatrice : “Il est grand temps que tu en parles à Betty et à Émilia, en fait. Pourquoi es-tu allé à la Bibliothèque de Taygeta hier soir, je suppose ? Pourquoi t’es-tu effondré là-bas, en fait ?”

Subaru : “Attends, attends, attends, attends ! Attends, quoi, je me suis encore effondré à Taygeta ?”

Béatrice : “Encore ?”

Subaru : “Sérieusement, Taygeta est un endroit vraiment horrible… Je ne sais pas ce que j’y faisais encore. Après tout, c’est un endroit avec une histoire assez louche, c’était imprudent de ma part, je présume.”

Subaru avait été informé d’un incident dont sa propre mémoire ne se souvenait pas, et, déconcerté par ce fait, il commença à se sentir un peu déstabilisé.

Il était certain qu’il ne se souvenait de rien avant et après avoir perdu connaissance. Pourtant, aucune raison ne justifiait qu’il se rende à nouveau à Taygeta.

Il était plutôt probable que quelqu’un l’ait trouvé effondré ailleurs dans la Tour et l’ait amené à Taygeta. Mais il ne voyait pas l’intérêt d’une telle démarche.

Béatrice : “Attends, je suppose. Subaru.”

Toutefois, Béatrice lui avait dit d’attendre, alors que la confusion s’emparait de lui. 

Subaru : “Ouais ?”

Béatrice : “Je crois que nous ne sommes pas sur la même longueur d’onde, en fait. Subaru, raconte-nous l’histoire avec précision, je suppose.”

Subaru : “Précisément… ? Qu’est-ce que tu veux dire ?”

Béatrice : “Essaie de nous parler de la situation dans laquelle tu te trouves en ce moment.”

Patiemment, Béatrice énonça lentement cela à Subaru. Il hocha la tête en sentant l’intimidation dans son ton alors qu’elle prononçait ces mots lourds et pressants.

Et, tandis qu’Émilia le regardait avec une expression inquiète sur le visage, Subaru sollicita sa mémoire en pensée.

Subaru : “Eh bien, je crois que je vous l’ai dit… quand je me suis réveillé, je n’avais aucun souvenir. Mais ça ne veut pas dire qu’ils sont complètement absents. Mes souvenirs depuis que j’ai été invoqué dans ce monde parallèle sont…”

Béatrice : “Attends, attends, attends, attends, attends, en fait ?! Des souvenirs ? Qu’est-ce que tu entends par “souvenirs”, je suppose ?”

Subaru : “Hein ?”

Les manières habituellement dignes de Béatrice furent brusquement brisées lorsque Subaru commença son explication.

Il fut surpris par sa réaction inattendue. Émilia avait posé sa main sur l’épaule de Béatrice, paniquée, pour la stabiliser. Mais Émilia n’était pas calme non plus. Elle fixait également Subaru avec étonnement.

Émilia : “Subaru, je suis désolée, je ne comprends pas ce que tu dis…”

Subaru : “Non, je me sentirais gêné si je m’arrêtais là, vous êtes ici toutes les deux…”

――Il était supposé savoir quoi dire ensuite, il essaya de continuer, mais ses mots se perdirent.

Béatrice & Émilia : “――――”

Émilia et Béatrice observaient Subaru avec un air de perplexité dans les yeux. Il était évident pour lui qu’elles ne jouaient pas la comédie.

Et parce qu’il pensait qu’elles ne jouaient pas, cela rendait les choses encore plus terrifiantes pour lui. 

Pourquoi avaient-elles oublié la fois où il leur avait parlé de son amnésie ?

Ce n’était sûrement pas parce que la Tour avait la capacité d’absorber les souvenirs, et pourtant, Subaru n’était pas le seul à se retrouver sans mémoire. Une pensée terrifiante lui vint à l’esprit, à savoir que cette Tour était redoutable, aspirant progressivement les souvenirs de chacun, rendant la conversation impossible――

C’est alors que Subaru réalisa.

Subaru : “Quand je me suis réveillé, je parlais à ces deux-là…”

Et pour couronner le tout, il s’était peut-être souvenu de quelque chose――non, pas “s’était peut-être”. Il s’était définitivement souvenu de quelque chose.

La première fois qu’il avait rencontré Émilia et Béatrice――pour Subaru, la première fois qu’il les avait rencontrées, puis qu’on lui avait dit qu’il avait perdu la mémoire, cette conversation avait ressemblé exactement à celle de maintenant.

En d’autres termes, se réveiller dans la Salle Verte, allongé sur le lit de lierre, n’était-ce pas une copie conforme de la situation antérieure, lorsqu’on lui avait dit qu’il avait perdu la mémoire ?

Subaru : “――――”

En réfléchissant à ce fait, Subaru grogna bruyamment.

En observant Émilia et Béatrice, leurs comportements respectifs n’avaient pas changé.

Cependant, ce n’était pas par méfiance qu’elles regardaient Subaru dans l’incompréhension, mais plutôt parce qu’elles s’inquiétaient sincèrement pour “Subaru”.

Le fait qu’il n’y ait pas de tromperie dans leurs regards apaisa Subaru.

En toute honnêteté, le cœur de Subaru était très agité, comme s’il avait été ballotté par une vague gigantesque. Mais après avoir deviné la situation actuelle――

Subaru : “Je revois les mêmes événements――en d’autres termes, ce sont des rêves prémonitoires.”

Compte tenu de sa situation au réveil, n’était-il pas raisonnable de penser cela ?

Si c’était le cas, cette perte de conscience――devrait-il plutôt dire qu’il s’était réveillé ? Au moment où il s’était extirpé de son sommeil, ses souvenirs avaient été incroyablement flous. Les rêves, pour une raison ou une autre, glissaient entre les doigts, même lorsqu’on essayait de les empêcher de se désagréger.

Ou peut-être que ces rêves prémonitoires avaient été une capacité spéciale accordée à Subaru lorsqu’il avait été invoqué dans ce monde――

Subaru : “C’est difficile à utiliser, c’est une capacité plutôt picky…”

Cependant, il ne faisait aucun doute que s’il parvenait à la maîtriser, ce serait une capacité assez puissante.

En fin de compte, un rêve prémonitoire lui permettrait de prévoir l’avenir. Plus il lui montrerait la vérité longtemps, plus il aurait de chances de trouver un indice pour surmonter la situation

Malheureusement, il ne pensait pas avoir tiré beaucoup d’informations utiles de ce rêve prémonitoire――

Subaru : “――Vous deux, j’ai besoin que vous vous calmiez un peu, et que vous écoutiez ce que j’ai à dire.”

Se redressant, Subaru, qui comprenait maintenant la capacité qu’il possédait, se tourna vers elles et prononça ces mots. Émilia et Béatrice observèrent toutes deux Subaru et acquiescèrent.

Regardant les deux, des expressions sérieuses sur leurs visages, Subaru prit la parole avec un léger soupçon d’hésitation, 

Subaru : “Je ne sais pas si vous pouvez le croire, mais il semble que j’ai perdu mes souvenirs.”

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――Subaru s’était effondré dans la Bibliothèque de Taygeta, et avait perdu la mémoire.

Il fallut autant de temps que dans le rêve prémonitoire pour qu’Émilia et Béatrice digèrent les révélations de Subaru.

Émilia : “Eiiiiii !”

Avec un bruit à fendre l’air, Émilia claqua de toutes ses forces ses paumes sur ses propres joues blanches. Ses yeux anxieux s’écarquillèrent sous la douleur et le choc, et elle se motiva avec un “Voilà”.

C’était une façon courageuse, presque virile, de l’accepter, ce qu’il avait également vu dans son rêve prémonitoire.

Émilia : “J’ai retrouvé mes esprits. Être comme ça n’est pas bon, n’est-ce pas ? Comment pouvons-nous continuer à faire ce visage troublé alors que Subaru doit se sentir encore plus troublé que nous. Vite, Béatrice aussi !”

Ayant rassemblé ses forces grâce à un discours vigoureux, Émilia secoua l’épaule de Béatrice. Devant la prestance revigorée d’Émilia, Béatrice posa son regard sur elle, incapable de cacher son désarroi.

Émilia : “Je suis choquée aussi, et je comprends également la tristesse… mais pour l’instant, il faut penser à celui qui subit ça le plus durement. Nous devons faire quelque chose pour lui, n’est-ce pas ?”

Béatrice : “B-Betty est…”

Subaru : “――――”

Subaru lutta contre une douleur dans sa poitrine alors qu’il observait Béatrice lutter pour sortir ses mots.

Subaru savait exactement ce que Béatrice allait dire, et quel genre de visage elle allait faire. Mais il se trompait en pensant que cela lui apporterait une certaine tranquillité d’esprit.

Devoir trahir le sentiment d’espoir de quelqu’un était difficile, c’était même terrifiant.

Peu importe le nombre de fois qu’il devait le faire, peu importe si c’était le même problème pour la deuxième fois, c’était du pareil au même.

Et maintenant, Subaru connaissait Béatrice bien mieux que la première fois. C’est pourquoi la situation était beaucoup plus difficile pour Subaru que précédemment.

Béatrice : “…Auuuuggghhh, franchement ! Subaru est le Contractant le plus irrécupérable du monde, en fait !”

Sur ces mots, Béatrice sortit de son embarras et le motif constitué par les ailes de papillon qui ornaient ses iris se mit à papillonner dans ses yeux.

Bien qu’il en soit soulagé, Subaru ressentit un fort sentiment de haine envers lui-même.

――Est-ce que c’était correct ? Était-il satisfait de cette situation ? Ouais, Natsuki Subaru.

――Pourrait-il vraiment ériger un château sur le sable, par-dessus les liens et la foi qu’il avait déjà construits ?

Subaru : “――――”

Subaru serra les dents en voyant la détermination déchirante, bien que douce, d’Émilia et de Béatrice.

Subaru ne leur avait pas confié qu’il était capable de faire des rêves prémonitoires.

Pour ce qui est de la conversation après son réveil, puisqu’il s’était souvenu de leurs noms, il avait insisté sur le fait que tous ses souvenirs n’avaient pas été perdus.

En fait, le rapport de Subaru avait porté sur la répartition de ses souvenirs manquants, et pas seulement sur le fait qu’il avait perdu ses souvenirs. Il ne pouvait pas se permettre de douter des deux personnes qui l’accompagnaient, et de plus, Subaru lui-même ne souhaitait pas s’engager dans une conversation improductive.

Par-dessus tout, il voulait savoir dans quelle mesure ses rêves prémonitoires montreraient correctement la vérité.

Pour cette raison, il ne voulait pas créer une situation qui dévierait de ce que son rêve prémonitoire lui avait révélé. Bien que certains changements aient eu lieu au début, ces déviations n’étaient pas majeures.

Cependant, ce n’était pas la seule raison pour laquelle Subaru ne divulguait pas ses rêves prémonitoires.

Subaru : “――――”

Ni Émilia, ni Béatrice, ni Ram, ni Julius, ni Echidna, ni même personne, n’avait expliqué à Subaru qu’il avait cette capacité de rêves prémonitoires. Shaula et Meili ne l’avaient pas fait non plus.

Il était difficile d’imaginer qu’ils l’avaient intentionnellement caché à Subaru. Même dans les circonstances précédentes, il était difficile de croire qu’ils possédaient tous la même intention ; cela n’avait aucun sens.

Il était donc inévitable qu’il n’y ait qu’une seule raison pour laquelle ils ne connaissaient pas ses rêves prémonitoires――à savoir que Natsuki Subaru ne leur avait jamais révélé sa capacité.

Subaru : “…À quoi pensais-tu, Natsuki Subaru.”

Subaru prononça son nom comme s’il s’agissait d’une autre personne.

――Non, exprimer son nom “comme s’il” s’agissait d’une personne différente était une erreur. Il s’agissait réellement d’une personne différente.

Pour Subaru, “Natsuki Subaru” était une personne inconnue qui n’existait pas. Il ne pouvait pas deviner ce qu’il pensait et il ne pouvait pas interagir avec lui. Il n’avait aucune chance de le comprendre.

Pourquoi “Subaru” n’avait-il pas parlé de son pouvoir à Émilia et aux autres ?

Était-ce parce qu’il ne voulait pas changer le développement de ces rêves prémonitoires autant que possible ? Même si c’était pour cette raison, une fois la situation surmontée, il aurait sûrement eu le temps de le confier ?

Sinon, y avait-il une raison pour laquelle il ne pouvait pas le dire, ou pour laquelle il souhaitait ne pas le dire ? La méfiance à l’égard de l’ancien “Subaru” ne cessait de croître en lui.

Subaru : “Tu…”

――À quoi pensais-tu, “Natsuki Subaru” ?

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――Après cela, les événements se déroulèrent comme prévu, suivant à peu près ce qu’il avait vu dans ses rêves prémonitoires.

Émilia : “Je suppose que tout le monde est choqué… Subaru est dans une situation difficile en ce moment. Mais même dans une telle situation… non, c’est justement parce que la situation est telle que nous devons lui apporter notre soutien.”

Émilia expliqua aux autres comment Subaru avait perdu ses souvenirs. Bien que ce ne soit pas la meilleure des explications, il était désormais impossible de changer les choses au cas où il modifierait radicalement les événements. Ainsi, à la place d’Émilia, qui se révélait nulle en paroles, c’est Béatrice qui finit par se charger de la lutte.

Et puis――

Ram : “Est-ce une sorte de farce, Barusu ?”

Ram avait soupçonné que la situation de Subaru pouvait être une plaisanterie――

Shaula : “Dis, Maître… tu n’es toujours pas fatigué de jouer de la sorte~ ? Combien de fois devras-tu m’oublier avant d’arrêter çaaaa ?”

Shaula avait accepté avec indifférence qu’il ait perdu ses souvenirs, comme si elle pensait que c’était quelque chose qui ne pouvait pas être arrangé――

Meili : “Vraiment, onii-san est un tel mal de tête-san.”

Désintéressée ou non, Meili sourit face à la plaisanterie, comme si elle appréciait l’atmosphère de confusion―― 

“Anastasia” : “Juste, donne-lui un peu de temps pour se ressaisir. Ça devrait aller, non ?”

Inquiète pour Julius, qui était devenu extrêmement bouleversé en apprenant que Subaru avait perdu ses souvenirs, Echidna suggéra peu après qu’ils prennent une courte pause pour rassembler leurs pensées.

Subaru accepta l’invitation de Ram et quitta la salle pour aller chercher de l’eau. Une fois seuls, Ram saisit Subaru par le col et le poussa contre le mur.

Ram : “…S’il te plaît, crache tout.”

Elle ne s’était pas séparée de sa noblesse. Cependant, cela ne voulait pas dire que son noyau même n’avait pas été ébranlé. Après avoir entendu les sanglots silencieux de Ram, Subaru retourna à l’endroit où tout le monde se trouvait avec une conviction.

――Les rêves prémonitoires étaient exacts. Ils étaient terriblement précis et anticipaient complètement les événements.

Subaru ne connaissait pas tout ce qu’ils allaient dire et faire, mais l’impression qu’ils avaient donnée était à peu près inchangée. S’il y avait un problème――

“Anastasia” : “Natsuki-kun est très calme malgré la situation.”

Se présentant à nouveau à tout le monde, tout en faisant sa révélation, avec la conscience d’Anastasia actuellement écrasée par celle d’Echidna, cette dernière dit cela à Subaru.

Subaru : “――――”

Subaru sentit sa bouche s’assécher après avoir entendu les mots d’Echidna.

Pour être honnête, l’observation d’Echidna était compréhensible. Subaru, lui, n’y pouvait pas grand-chose.

Tout le monde était choqué et en état de panique. Pourtant, en la voyant essayer d’arranger cette situation absurde, il ne pouvait s’empêcher de ne pas ressentir beaucoup d’empathie au fond de son cœur pour eux. C’était comme lorsqu’on regarde un film pour la deuxième fois, les émotions ressenties ne sont pas aussi fortes que la première fois.

Ce qu’il ressentait davantage, c’était un flot d’émotions négatives, à savoir de la sympathie envers eux pour avoir fait si bonne figure, de la culpabilité pour les avoir laissés tels quels malgré le fait qu’il savait, et un sentiment de répulsion envers “Subaru”, qui aurait probablement continué à agir de la sorte.

Il n’était pas étonnant que Subaru ait une expression sombre sur le visage et une attitude taciturne, même s’ils croyaient qu’il restait calme. Quoi qu’il en soit――

Subaru : “Je suis heureux que les choses se soient calmées. J’étais le genre de gamin à qui on mettait toujours “il ne se calme jamais” dans son bulletin.”

“Anastasia” : “Bulletin, je ne comprends pas bien ce que ça veut dire… c’est quelque chose qui vient de ce “monde parallèle” ?”

Subaru : “Ouais.”

En plissant les yeux, Subaru hocha la tête à la question d’Echidna.

Les questions concernant le “monde parallèle” avaient été posées à nouveau, et les réponses de Subaru n’avaient pas changé. Il avait expliqué comment il avait été invoqué dans ce monde différent, et s’était retrouvé dans cet endroit.

Et la même interprétation que précédemment vint d’Émilia, d’Echidna et des autres, qui conclurent que son origine se trouvait au-delà de la Grande Cascade.

Peut-être que même si les événements de ses rêves prémonitoires n’étaient pas reproduits à l’identique, les événements qui avaient une certaine importance pouvaient quand même être réalisés avec quelques légères modifications. C’était quelque chose que l’on trouvait typiquement dans les jeux et les mangas qui impliquaient une sorte de mécanisme de prédiction du futur, d’après les souvenirs de Subaru.

Bien que la réponse à une situation soudaine puisse changer, ce qui serait décidé ne s’effacerait pas si facilement. Une personne qui aurait décidé de demander à quelqu’un de sortir avec elle, le ferait d’une manière complètement différente qu’avant, car il y aurait des obstacles notables sur le chemin――c’était le sentiment qu’il avait.

En d’autres termes, Echidna allait poser des questions sur l’autre monde, qu’il ait perdu ses souvenirs ou non.

Subaru : “Même si je ne l’ai pas expliqué jusqu’à maintenant, je n’ai pas fait attention en mentionnant le mot “monde parallèle”… Ma compréhension de ce que je pensais continue de diminuer.”

En raison de la nature de ses rêves prémonitoires, il était difficile de se confier sur ses capacités, et en plus, il était incroyablement étrange que son ancien lui n’ait pas parlé de ce monde différent. C’était presque comme s’il avait abandonné, jugeant inutile de se confier.

――Comme s’il avait eu peur de le faire.

“Anastasia” : “Après tout, il est étrange que tu sembles le moins troublé d’entre nous. Nous sommes tous mal à l’aise ici, et nous pensons qu’il faut faire quelque chose.”

Subaru : “C’est peut-être ce qu’ils veulent dire quand ils parlent de panique générale, mais que le groupe en question reste calme. Même moi, je suis nerveux et je me dis qu’il faut faire quelque chose. Alors, rassurez-vous.”

Émilia : “J’ai l’impression qu’on ne peut pas du tout se sentir soulagé avec ça…”

Sur ces paroles légères, Echidna haussa les épaules, tout comme Subaru. Émilia avait l’air assez dépitée en assistant à cet échange ; l’ambiance était toujours, d’une certaine manière, en train de toucher le fond.

Après tout, l’attitude de Subaru y était pour beaucoup. Il avait essayé d’imiter les actions de sa personne du rêve autant que possible, mais en toute honnêteté, son comportement manquait de clarté.

Il était très difficile d’imiter sa personne confuse qu’il avait vue dans son rêve. Alors, avant de débiter d’autres absurdités――

Subaru : “Quoi qu’il en soit, je comprends la situation dans laquelle nous nous trouvons. Je sais qu’il y a beaucoup de confusion, mais surmontons-la ensemble. Faisons quelque chose à ce sujet.”

Frappant ses mains l’une contre l’autre, Subaru essaya de faire avancer la conversation avec force.

Que s’était-il passé après cette dernière discussion ? Béatrice hocha la tête en guise de réponse, et comme si elle obéissait au rêve prémonitoire, elle prit la parole,

Béatrice : “Tu veux vérifier la Bibliothèque de Taygeta, je suppose.”

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Shaula : “Ueeeh~.”

Avec un sourire décontracté, la belle femme séduisante émit un cri.

Si elle se redressait et se montrait plus digne, sa beauté ferait chavirer le cœur de nombreux hommes. Son visage se détendit cependant, alors qu’elle essayait de se blottir contre Subaru.

Shaula : “Maître, Maître. Je suis heureuuuuse~. Je jure que je te rendrai heureuuuux !”

Subaru : “Hey, ne dis pas ça. N’enlace pas mon bras. Tu es d’une douceur effrayante !”

Shaula : “Ahhhn~, je veux juste l’avoir pour que tes vilains côtés soient écrasés, tu sais.”

Subaru continua de la repousser par le front tandis que Shaula essayait de s’accrocher désespérément à ses bras.

En toute honnêteté, se faire agripper par une belle femme qui avait une apparence alléchante dès le départ était quelque chose que Subaru préférait éviter, à la fois en termes de force en tant qu’humain, et en tant que garçon.

Subaru et les autres étaient maintenant arrivés au troisième étage de la Tour de Guet des Pléiades, où se trouvait la Bibliothèque de Taygeta. Comme dans son rêve, ils allaient fouiller la Bibliothèque pour tenter de découvrir comment Subaru avait perdu ses souvenirs, et si possible, les restaurer.

Cependant, Subaru savait que leur recherche serait infructueuse, et qu’aucun résultat ne serait obtenu. Cela allait être une période irritante pour lui maintenant, puisqu’il n’avait pas été autorisé à participer à la recherche.

Toutefois, il avait l’impression que Shaula se comportait de façon beaucoup plus familière que ce que son rêve lui avait révélé―― 

Shaula : “Après tout, Maître, tu nous as choisi plutôt que cette mordeuse de cheville, n’est-ce paaaaas ?”

Subaru : “Ce n’est pas comme si je t’avais choisi spécifiquement ! À cause de ce qui se passe, je ne pouvais pas faire autrement que d’être coincé avec toi !”

Shaula avait prononcé ces mots avec une expression idiote, en parlant de leur chemin vers Taygeta. Bien que la distance jusqu’à la Bibliothèque n’ait pas été longue, Subaru s’était arrangé pour ne pas avoir à tenir la main d’Émilia et de Béatrice.

Sa véritable intention derrière cela, avait été portée par un sentiment de conscience envers Béatrice et Émilia. Sachant ce qui allait se passer grâce à son rêve prémonitoire, il n’avait pas révélé qu’il s’agissait probablement d’une perte de temps et, adoptant une vue d’ensemble de la situation, Subaru avait traité les deux filles de la sorte.

Il était donc maintenant assis à côté de Shaula, la tête en l’air, en attendant que le groupe ait fini de fouiller Taygeta.

Shaula : “Enfin, le Maître a reconnu à quel point je suis charmante et attirante ! J’ai dû attendre quatre cents ans pour cela ! Je suis si heureuse, je suis si heureuse ! Je vais te donner un tel deep kiss !”

Subaru : “Ce n’est pas ce que je voulais dire ! C’est effrayant ! Vraiment, arrête !”

Shaula pressait son corps contre le sien, et Subaru essayait désespérément de la repousser, mais à cause de sa force inhabituelle, il se retrouva coincé contre un mur. Loin d’être un kabe-don, c’était un kabe-gowaa ! C’est dire à quel point c’était intense.

(Note de Traduction : Le Kabe-don est l’acte de “frapper avec sa main contre le mur devant quelqu’un”, où “kabe” (壁) signifie “mur”, et “don” ( ドン) est censé représenter un coup ou un bruit sourd. Il s’agit d’un procédé courant dans les animés. Kabe-gowaa est un jeu de mots, où “gowaa” (ゴワァ) est un effet sonore pour quelque chose de plus fort que le “don” conventionnel. Il est également possible qu’il s’inspire du mot “ゴワゴワ”, qui a des nuances de “malaise”. Puisque Shaula se lance directement tête baissée dans cette action.)

Et, juste avant que la virginité des lèvres de Subaru, qui n’avaient jamais connu l’amour d’une femme, ne soit dérobée de force――

??? : “Hey, hey, onii-san n’a pas l’air d’aimer ça. Arrête de faire la pitre.”

Shaula : “Ow, ow, ow, ow, ow !”

C’était Meili qui avait arraché Shaula hors de lui en la tirant vers l’arrière par sa queue de cheval. Même avec la force d’une petite fille, en y mettant son poids, cela causerait une douleur massive.

Cependant, Shaula récupéra sa tresse avec une torsion du cou, et cala soigneusement ses longs cheveux noirs contre sa poitrine.

Shaula : “Qu’as-tu fait à mes cheveux ? Qu’as-tu fait à mes précieux cheveux, horrible petite fiiiille !”

Meili : “Je ne veux pas qu’onee-san aux cheveux argentés ou Béatrice-chan soient en colère. Je faisais attention à ce qu’onee-san nue ne fasse rien de mal à onii-san.”

Shaula : “Grrrrr ! Si ennuyeux ! Maître, s’il te plaît, fais quelque choooose !”

Subaru : “Shaula, ne t’avise pas de t’approcher à moins de deux mètres de moi. Tu es effrayante.”

Shaula : “Le Maître est un tel idioooot~.”

Shaula tourna le dos à Subaru, feignant de fondre en larmes.

Subaru se gratta les joues de confusion en observant son dos exposé, puis il se retourna pour faire face à Meili qui tenait ses mains derrière son dos.

Subaru : “Ah, tu m’as vraiment sauvé… c’est une chose étrange à dire à une tueuse à gages.”

Meili : “Ne t’inquiète pas. Cette tueuse a cessé son activité, maintenant je fais ce que onii-san, onee-san et leurs amis me disent de faire. Onii-san et les autres peuvent faire bon usage de moi, comme lorsque j’aide avec les mauvais animaux-chans.”

Subaru : “――――”

Elle parlait sans malice ni arrière-pensée, c’est pourquoi Subaru ne réagit pas à ses paroles.

Meili ne semblait pas particulièrement affectée par des problèmes de conscience lorsqu’elle parlait. Ceux-ci représentaient la différence entre les valeurs de son monde et celles de celui-ci.

Meili : “――――”

Elle ne répondit rien au silence de Subaru, et continua à le regarder silencieusement, avec une expression insondable sur le visage. Meili se tourna ensuite pour observer d’un air indifférent Émilia et les autres, toujours en train de fouiller la Bibliothèque.

La jeune fille était assez petite, avait un visage juvénile, ses bras et ses jambes étaient encore minuscules, et il y avait encore beaucoup de chemin à parcourir avant qu’elle ne possède les courbes d’une femme――en fin de compte, elle était encore une enfant.

C’était insupportable pour lui qu’elle ait des valeurs si brisées à propos d’elle-même.

Subaru : “Peut-être bien qu’il y a encore beaucoup de choses pour lesquelles on peut se fier à toi, alors je compte sur toi !”

Meili : “――? Eh, c’est donc ça que tu dis ? Que tu feras bon usage de moi.”

Subaru : “Non, pas utiliser. Se fier. Tu n’es pas un outil que l’on peut simplement utiliser, pense à ça comme une… amitié ?”

Meili : “…Hmmm~.”

Pendant une seconde, Meili avait considéré les mots de Subaru en état de choc, mais comme ce n’était qu’un moment passager, elle détourna rapidement les yeux par la suite. Subaru était soulagé de constater qu’elle n’avait pas réagi avec inconfort ; au contraire, il semblait qu’une faible lueur de réconfort avait traversé son visage.

Même si dans son cœur elle avait des valeurs brisées à propos d’elle-même, cela ne signifiait pas que tout ce qu’elle pouvait ressentir finirait par être en décalage avec ce que Subaru connaissait.

Le fait qu’ils pouvaient tous les deux faire des compromis à propos de ces circonstances inconnues, aidait Subaru à se sentir un peu mieux.

Meili : “…Onii-san ne se souvient vraiment de rien, pas vrai ?”

Subaru : “Ouep ? Malheureusement. Tu avais quelque chose en tête ?”

Il avait inopinément suscité quelque chose à propos de ses souvenirs auprès de Meili, et Subaru posa donc une question en retour. À sa question, Meili mit simplement ses doigts sur ses lèvres, laissa échapper un “Oh ouais”, et afficha un sourire très doux.

Meili : “Pétra-chan pleurerait si elle apprenait ça.”

Subaru : “Ugh… Le nom d’une fille que je ne connais pas, encore.”

Meili : “Pétra-chan est une fille qui aime onii-san. Elle était inquiète que tu fasses tout ce chemin jusqu’ici, j’ai presque l’impression de l’entendre dire “Tu vois, je te l’avais bien dit.”

Subaru : “Maudit soit ce moi d’hier, quelles choses irréfléchies a-t-il fait…”

Subaru considérait la situation avec amertume, pensant avec détresse aux sentiments de cette jeune fille, Pétra, qu’il n’avait encore jamais vue. Jusqu’à quel point finirait-il par apprendre les traces que le “Subaru” inconnu à ses yeux avait laissées ?

Meili : “Vraiment, je pense honnêtement que l’opinion que je me suis faite d’onii-san d’hier se résume à dire qu’il a été assez imprudent aussi.”

Meili s’étira en disant cela, ignorant le trouble qu’elle avait laissé dans le cœur de Subaru. Dans son esprit, il avait l’impression que ce qu’elle avait dit était accompagné d’une émotion très étrange.

De toute façon, Émilia et les autres reviendraient plus vite qu’il ne pourrait le confirmer.

Comme prévu, aucun indice n’avait été trouvé, et ce fait ne faisait que renforcer la justesse de son rêve prémonitoire.

※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※

Puisque la recherche de Taygeta s’était soldée par un échec, ils se préparaient maintenant à monter au deuxième étage.

En d’autres termes, cela représentait toute l’étendue du rêve prémonitoire dont Subaru disposait, de sorte que tout ce qui se passait au-delà était inconnu――Subaru n’avait jusqu’à présent jamais douté de l’exactitude de sa capacité à prédire l’avenir.

Les événements s’étaient déroulés exactement comme Subaru les avait vécus auparavant. Si un problème survenait à ce stade, il ne pourrait pas y répondre en utilisant la connaissance du futur montrée par son rêve prémonitoire.

Subaru : “Je suis capable de prédire le futur, n’est-ce pas incroyable que j’aie réussi à le confirmer ?”

Toutefois c’était aussi étrange.

Tout d’abord, Subaru ne savait pas comment, ni quelles conditions étaient nécessaires pour activer ses rêves prémonitoires. S’activeraient-ils s’il s’endormait, ou avaient-ils besoin d’une sorte de déclencheur ; ou étaient-ils tout simplement aléatoires ?

Il était peu probable qu’il ait le temps de trouver un endroit pour dormir en raison de l’urgence de la situation actuelle, mais pour cette raison, il voulait dépendre du pouvoir de sa clairvoyance. Il lui faudrait certainement trouver plus de détails à ce sujet.

Il allait devoir étudier à fond ce qu’il pouvait faire avec sa clairvoyance.

Subaru : “Pour l’instant, comme dans mon rêve, j’ai réussi à forcer Béatrice à me laisser tranquille, mais…”

Subaru avait poussé jusqu’au bout sa demande à Béatrice de le laisser tranquille, afin qu’il puisse expérimenter les poses de transformation via des essais et des erreurs.

Il semblait que la ténacité de Béatrice à essayer de rester proche de lui était plus grande par rapport à ce qu’il avait vu dans son rêve. C’était probablement une conséquence du fait qu’il l’avait moins côtoyée que dans son rêve, notamment sur le chemin de Taygeta.

En tout cas, il avait une raison d’être seul.

Subaru : “Je dois découvrir pourquoi je me suis réveillé et ce qui m’est arrivé juste avant de me réveiller.”

Il se pourrait qu’il se soit réveillé normalement, attiré par le monde réel. Mais il se pourrait aussi qu’il y ait eu quelque chose dans son rêve qui l’ait poussé à se réveiller.

Quelque chose comme une expérience horrible ou douloureuse.

Subaru : “Je suis un peu effrayé en ce moment… et si je commençais à avoir des rêves prémonitoires, des représentations ; c’est effrayant, c’est comme si je rêvais d’être un papillon.”

(Note de Traduction : Cela semble faire référence à une célèbre fable chinoise “Le Rêve du papillon”)

Rêver d’être un papillon, c’est rêver d’être physiquement un papillon, mais au réveil, on ne sait pas vraiment si c’est un papillon qui rêve d’être une personne, ou une personne qui a rêvé d’être un papillon.

C’est comme une boucle vicieuse, sans fin, comme une prophétie auto-réalisatrice qui pousserait les bases de sa propre personne dans un coin d’incertitude, comme quelque chose de peu fiable.

Si cela devait s’appliquer à la situation actuelle de Subaru, était-ce vraiment une réalité dans laquelle il s’était réveillé suite à un rêve prophétique, ou était-ce un rêve prophétique qu’il croyait être la réalité dans laquelle il s’était réveillé ?

Pas question, il préférerait ne pas être réveillé en sursaut par Émilia et Béatrice dans la salle verte où tout avait commencé une fois de plus, mais――

Subaru : “――Pour éviter cela, je dois aller au-delà de l’endroit où mon rêve s’est terminé. Si j’y parviens, alors je devrais pouvoir parler à Émilia et aux autres de mes rêves prémonitoires.”

Le “Subaru” d’avant la perte de ses souvenirs avait malheureusement évité de confier cette information à Émilia et aux autres. Cependant, Subaru était maintenant impatient de changer cette situation et de révéler à tout le monde ce qu’il pouvait faire.

S’il faisait une chose aussi imprudente, il ne savait pas ce qu’il adviendrait ; effrayé par cette anxiété, il ne voulait pas provoquer une situation où il retarderait les choses maintenant.

Subaru : “――Je me suis décidé.”

Regardant vers le passé pour réévaluer sa position, Subaru avait finalement décidé qu’il leur parlerait de ses rêves prémonitoires.

Néanmoins, ce qui se profilait à l’horizon lui était inconnu. Après le départ de Béatrice, ses souvenirs, y compris ceux des poses de transformation, étaient assez flous.

Il lui serait donc difficile de prouver qu’il pouvait faire des rêves prémonitoires. De plus, il ne savait pas comment les activer. Il aurait besoin d’eux pour coopérer avec lui lorsqu’il essaierait d’expliquer sa capacité.

S’il parvenait à les maîtriser, ils deviendraient une arme extrêmement puissante à sa disposition. Ou peut-être était-ce l’arme nécessaire pour conquérir la Tour de Guet des Pléiades.

Avec ces pensées en tête――

??? : “――Quant à Natsuki-kun, n’est-il pas dangereux pour lui de nous accompagner dans l’état de folie où il se trouve en ce moment ?”

??? : “――――”

Arrivé devant la salle, dans le but de rejoindre tout le monde, Subaru retint son souffle en entendant ces mots.

La voix intelligente qu’il avait entendue était celle d’Echidna.

Pour une raison quelconque, dans son esprit, Subaru avait hésité à annoncer sa présence, et avait décidé de se cacher derrière le mur. Sans remarquer la présence de Subaru, la conversation dans le corridor continua.

Émilia : “Echidna, qu’est-ce que tu entends par dangereux ?”

“Anastasia” : “Il n’y a rien d’autre à dire, pas vrai ? En considérant son état actuel, il est certain qu’il a perdu la mémoire. Cependant, ce qu’il a dit ensuite était vraiment fou. La façon dont il a expliqué le terme “monde parallèle” en est la preuve.”

Émilia : “Monde… parallèle…”

Julius : “Tu ne crois pas sincèrement qu’il vienne d’au-delà de la Grande Cascade ?”

 Julius et Émilia semblèrent choqués en entendant les paroles d’Echidna.

Le cœur de Subaru s’emballa, que signifiaient les remarques d’Echidna à l’instant ? Il voulait sauter de sa cachette et lui demander, mais pour l’instant, il réprimerait cette émotion.

Même si Subaru ne demandait pas, quelqu’un d’autre le ferait sûrement―― 

Ram : “C’était certainement une explication absurde.”

Émilia : “Ram… Toi aussi tu doutes de ce qu’a dit Subaru ?”

Émilia réagit avec surprise au ton froid et indifférent de Ram. En réponse à sa question, Ram répondit sèchement : “Émilia-sama”,

Ram : “Ce n’est pas comme si je doutais de I’argumentation de Barusu depuis le début. En effet, les connaissances, le comportement et les coutumes étranges de Barusu sont des choses qui nous sont inconnues. Il est clair qu’il vient peut-être d’un endroit qu’aucun d’entre nous ne connaît.”

Émilia : “Eh bien, dans ce cas…”

Ram : “Mais ses origines sont limitées à ce monde. La Grande Cascade… Venir d’au-delà de cet endroit peut certainement être adapté pour désigner le terme de Barusu, “monde parallèle”, mais je ne peux pas croire à l’existence d’un tel endroit… Il n’y a plus aucune raison de croire aux paroles de Barusu, du tout.”

Émilia : “Ram…”

La voix d’Émilia s’éteignit faiblement en entendant l’explication de Ram, qui donnait l’impression d’y endurer de l’amertume. Mais il n’y avait pas de réponse ; alors Émilia se racla tranquillement la gorge,

Émilia : “Je crois en Subaru, alors Béatrice aussi, s’il te plaît, essaie de croire ce que Subaru a dit.”

Julius : “…Émilia-sama, Echidna n’est pas en train de suggérer que Subaru tente de nous tromper volontairement. Elle dit simplement qu’il est dans un état de confusion terrible.”

Béatrice : “Avec cette déclaration, tu es toujours d’accord avec cet Esprit, je suppose ?!”

Julius tenta d’expliquer rationnellement leurs pensées à Émilia, cependant, Béatrice n’en avait que faire, car elle comptait bien rester du côté de Subaru dans cette affaire. Elle s’était considérablement emportée.

À ce moment, un silence troublant s’installa dans la pièce ; le front de Subaru commença à transpirer.

Shaula : “Heeeey, il est préférable que vous arrêtiez de vous battre et que vous vous calmiiiiez. Même si vous êtes en train de vous disputer ici, en ce moment, le Maître n’est pas là, alors il ne sera pas content.”

Meili : “Je ne pense pas qu’il s’agisse encore d’une discussion à cette échelle… Mais, ouais, c’est vrai.”

Il entendit les voix de Shaula et Meili, qui semblaient encore être des spectatrices. Riant d’un air plutôt condescendant pendant un court instant, Meili poursuivit son discours avec “Devenir fou”,

Meili : “Pourquoi ne pas demander directement à onii-san ? Onii-san, tu deviens fou ?”

Subaru : “――Hk.”

Subaru serra les molaires à ces mots venimeux. Il se retira du mur avec un calme surprenant ; tout en prenant soin de ne pas faire de bruit en marchant, il s’éloigna de la pièce.

Subaru : “――――”

Après avoir mis de la distance entre eux, ses pas prudents accélérèrent le rythme, qui se transforma en course.

Puis, arrivant à un passage où il n’y avait personne, il appuya son front contre le mur. 

Subaru : “Putain… !”

Ne sachant pas ce qu’il devait dire à qui, Subaru frappa le mur, laissant sortir les sentiments qui couvaient en lui.

La discussion qui avait eu lieu en l’absence de Subaru avait été un choc inattendu pour lui.

Il n’avait pas été assez prétentieux pour penser qu’il avait gagné leur entière confiance. Au contraire, il pouvait dire sans risque que ce point n’avait pas été dans ses pensées.

Subaru avait estimé que la confiance était un principe de base.

Émilia et Béatrice avaient été trop gentilles et attentionnées envers Subaru.

Tout en insistant sur le fait qu’il s’était senti bien trop mal à l’aise, il avait réussi à se convaincre que c’était vrai. Il ne faisait aucun doute pour lui qu’il venait d’un autre endroit, et que cela les aurait aidés à conquérir la Tour.

Avec le handicap de la perte de ses souvenirs et de ses pensées calmes et réfléchies, il avait perdu toute son utilité.

En y réfléchissant objectivement, il se rendit compte à quel point il était sans-gêne.

Qu’était-ce que la confiance dans cette Tour au milieu du désert ? Lui-même n’y comprenait pas grand-chose. 

Il se demanda s’il pourrait jamais assumer ce que “Natsuki Subaru” avait gagné.

Subaru : “Dans cet état, il est inutile de leur parler de mes rêves prémonitoires.”

Le fait qu’ils aient cru en sa perte de mémoire était la preuve de la vertu de ces gens.

Mais dans le même temps, il s’agissait de personnes sensées qui ne croyaient pas à l’existence d’un “monde différent”.

Par conséquent, il n’avait même pas besoin d’envisager la réaction provoquée par l’explication de ses rêves prémonitoires.

Subaru : “Dès le début, j’ai tout gâché…”

Foiré, il avait foiré.

En attendant, comment Subaru allait-il renverser les jugements qu’ils portaient sur lui, en démontrant qu’il pouvait être fiable à ce stade.

Ce qui était recherché maintenant, ce qui était nécessaire maintenant, c’était “Natsuki Subaru”. Pas Natsuki Subaru.

Serait-il acceptable qu’il feigne l’ignorance et qu’il retourne auprès d’eux ? De même, dans un état d’ignorance du type d’échange qui avait eu lieu, serait-il correct qu’il se joigne sans vergogne à leur capture du deuxième étage ?

Ou bien Émilia et Béatrice y opposeraient-elles leur veto et l’obligeraient-elles à rester en arrière ? Et qui garderait un œil sur lui là-bas ?

Au moins, il aimerait espérer que ce soit Shaula ou Meili, étant donné qu’il n’y avait pas de problème de conversation avec elles. 

Subaru : “…Putain, je suis vraiment un idiot.”

En disant ces mots à voix haute, Subaru sortit abruptement du passage qu’il empruntait.

Il était tombé sur le grand escalier en colimaçon qui reliait le quatrième étage aux étages inférieurs――un trou béant qui s’étendait du milieu de la Tour de Guet jusqu’à sa moitié inférieure. C’était vraiment colossal.

Subaru : “Spirale, escalier…”

Soudainement, en prêtant attention à cette scène, Subaru commença à cogiter.

En incluant son rêve, c’était la deuxième fois qu’il venait ici. Dans le rêve comme dans la réalité, Émilia et tous les autres avaient guidé l’amnésique Subaru à travers la Tour.

Reconnaître cet endroit n’était donc pas une erreur, mais―― 

Subaru : “Non, à part ça, je ressens quelque chose d’étrange…”

Son corps était parcouru par la chair de poule, il sentait les poils de son dos se hérisser.

Le sang de tout son corps était froid, et le bourdonnement dans ses oreilles était terriblement fort. Son rythme cardiaque s’accéléra, sa respiration devint saccadée et ses genoux se mirent à trembler pour une raison quelconque.

Alors que ses dents se mettaient à claquer de façon incontrôlable, Subaru prit conscience de ces anomalies.

Cependant, elles n’étaient pas dues à des changements de température ou à des causes externes.

Cette anomalie, ce phénomène inhabituel, avait été causé par le propre corps de Subaru. Plus précisément, c’était comme si l’effet sur son corps était dû à l’esprit de Subaru, ou à quelque chose de plus profond――

Subaru : “――Ah.”

Avec un léger tapotement, Subaru fit un pas en avant.

――Non, on ne pouvait pas dire qu’il avait fait un pas en avant.

Faire un pas en avant était un terme qui présumait l’existence d’un sol solide sur lequel on pouvait marcher. 

En avançant, sa jambe avait décollé.

Et son pied avait effleuré l’air. Et ainsi, il, 

Subaru : “‎A

A

A

A

A

A

A

A

A

A

――!?”

Tombait, tombait, il tombait.

Tout son corps était envahi par une sensation d’apesanteur, il perdait de vue ce qui était en haut ou en bas, une énorme rafale de vent frappait ses tympans.

À ce moment-là, Subaru comprit ce qui se passait. Il tombait.

Non, il y avait eu un léger impact précédemment. Cela ne signifiait pas nécessairement qu’il venait de tomber.

Il avait été poussé―― “AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA――!!”

Hurlant à pleins poumons, Subaru tendit désespérément les mains. Cherchant quelque part, n’importe où, à quoi se raccrocher.

Il n’y avait rien. Il n’y avait nulle part où s’accrocher. Le monde autour de lui tournait tellement qu’il était incapable de comprendre ce qui l’entourait.

Un sentiment désespéré d’envie de vomir l’envahit, alors que tout le contenu de son corps était tiré des pieds à la tête. Des morceaux de vomi jaune débordèrent de sa bouche, se répandant dans l’air autour de lui.

Cette sensation, il s’en souvenait.

Au milieu de la douleur et des vomissements, les souvenirs qui étaient auparavant ambigus devinrent soudain plus précis.

Oui, oui, c’était bien cela.

Avant de se réveiller, à la fin de son rêve prémonitoire, Subaru avait vécu la même chose. 

Il était tombé, s’était lamenté futilement sur sa situation, puis avait perdu connaissance.

Et au terme de cette situation, il s’était réveillé de son rêve prémonitoire et s’était retrouvé dans la Salle Verte――

À ce moment, un grand impact brisa le flanc droit du corps de Subaru en petits morceaux.

*CRACK*

Le son de quelque chose qui se brisait emplit l’air, son flanc droit semblait avoir été frappé par la foudre, mais les cris de Subaru furent réduits au silence.

Et, tout de suite après, même si c’était un peu tard, une douleur intense traversa son corps. 

Subaru : “GYAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !!”

En observant dans cette direction, il vit son bras droit former un angle bizarre, complètement cassé à partir du coude, l’os dépassant de sa peau. Il était couvert de sang, sa tenue était déchirée, et il pouvait voir ses propres muscles rosâtres et ses os blancs sous sa peau déchirée.

Il s’était écrasé. Le corps de Subaru s’était écrasé contre l’escalier en colimaçon en tombant vers le bas. Dans l’état actuel des choses, sa descente en spirale incontrôlée finirait par détruire le corps de Subaru, et pourtant, elle ne s’arrêterait pas.

――Non, c’était bien pire. 

Subaru : “GHA ! GHHH ! GHHUU !”

Le corps, en dégringolant, avait heurté l’une des marches inférieures de l’escalier en colimaçon, projetant du sang partout.

La malchance voulut que ce soit sa tête qui heurte la marche suivante. Son front se fissura ; il eut l’impression que quelque chose qui ne devrait pas être versé s’écoulait de l’intérieur de son crâne.

Instantanément, sa conscience partit quelque part au loin, et puis disparut――et quand tout semblait terminé, son corps entra en collision avec une autre marche, et la douleur de son bras droit cassé le réveilla en sursaut alors que son corps continuait à perdre sa forme.

Subaru : “AHHHHHHHHH !!! GYAAAAAA !!!”

Ça fait mal, ça fait mal, ça fait mal, ça fait mal, ça fait mal, ça fait mal, ça fait mal, ça fait mal, ça fait mal, ça fait mal, ça fait mal, ça fait mal.

Douleur, angoisse, vomissement, brûlure, Natsuki Subaru était brisé en petits morceaux.

Bras, pieds, visage, chaque partie de lui était frappée contre l’escalier de pierre, brisée, écrasée, si bien qu’il ne ressemblait plus à un être humain. N’étant plus une personne, il était devenu quelque chose qui n’était plus “Natsuki Subaru”.

――Les souvenirs sont ce qui façonne les gens.

Subaru : “Fuh.”

Tout en faisant couler une grande quantité de sang, Subaru entendit soudain cette voix.

Qui avait dit une chose aussi stupide, comme s’il le comprenait ?

Mais c’était une bonne chose à dire. Les souvenirs étaient ce qui façonnait les gens. C’était une belle déclaration.

Si c’était le cas, qu’est-ce que ça faisait de quelqu’un qui avait perdu ses souvenirs, et qui n’était plus ce qu’il avait été ?

Subaru : “――――”

Du sang sortait de sa bouche ; littéralement, un cri qui crachait du sang, sa gorge avait été complètement écrasée.

Natsuki Subaru se décomposait, s’effritait jusqu’à ce qu’il atteigne le sol lointain, très lointain. 

Il n’y avait aucun moyen de se réveiller de ce rêve. Natsuki Subaru avait échoué.

Il n’y aurait plus de seconde chance pour réessayer. 

La fin approchait.

Lentement, l’obscurité, les ténèbres, le monde autour de lui se teintait de noir.

――Qui es-tu ?

Et finalement, après tant de douleur et de sang chaud, Natsuki Subaru fut réduit à néant. 

※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※

-=Fin du Chapitre 38=-

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