Arc VI – Chapitre 51 – « La Tour des vivants, partie 2 »

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Traduit par : Ice, Nana et Furuta

Traduit de l’anglais par : Martin

Relu par : Akira

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Artistes des fan-arts : shakerizero, HaruSabin et Aramchi

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ARC VI – LE CORRIDOR DES SOUVENIRS

CHAPITRE 51 – « La Tour des vivants, partie 2 »

En entendant la voix de l’homme familier derrière lui, Subaru trembla de peur, au point d’en oublier de respirer.

Subaru : “――――”

À cet instant, il oublia même la douleur provenant de son épaule gauche déboîtée.

Son esprit était dominé par une vaste succession d’émotions négatives, telles que la peur et la lâcheté ; une tempête de sentiments sans espoir obscurcissait ses pensées, un seul mot se répétant dans sa tête : “Pourquoi ?”.

“Pourquoi”, la liste de ses questions était inépuisable.

Pourquoi son épaule gauche était-elle déboîtée ? Pourquoi la phrase “Natsuki Subaru était ici” était-elle gravée partout dans cette salle ? Pourquoi les silhouettes d’Émilia et de Ram, qui avaient capturé Subaru, n’apparaissaient-elles nulle part ? Pourquoi le corps de Meili, qu’il avait caché, était-il introuvable ? Pourquoi Natsuki Subaru avait-il perdu ses souvenirs ? Pourquoi Natsuki Subaru avait-il été invoqué dans un autre monde ? Pourquoi n’avait-il jamais pu dire la vérité à son père et à sa mère ? Pourquoi――

Homme : “Qu’est-ce tu fous recroquevillé sur toi-même ? Sois pas aussi silencieux, grossier bâtard, enfoiré.”

――Pourquoi l’homme qui n’était pas censé pouvoir descendre se tenait-il ici ? 

Homme : “――Kh.”

Soudain, l’irritation monta dans la voix de cet homme, provoquant une réaction de panique de la part de Subaru.

Regarder directement la personne derrière lui était une notion effrayante. Dans la plupart des cas, c’était la peur de l’inconnu qui déclenchait ce sentiment d’agitation ; cependant, la peur qu’inspirait cet homme ne venait pas seulement du risque immédiat que représentait le fait de regarder.

C’était bien plus profond que le simple malaise d’être incapable de voir, car l’intention de cet adversaire spécifique n’était pas seulement d’inspirer la peur. Subaru ne pouvait s’empêcher d’y voir quelque chose de bien plus proche d’une franche envie de mutiler ou même de tuer.

Homme : “Haa. Qu’est-ce tu r’gardes, enfoiré. Avec ce visage. T’as si peur qu’ça, enfoiré ? On dirait qu’tu vas chialer, enfoiré. T’es un bâtard dégoûtant dans cette salle bordélique, enfoiré.”

Souriant narquoisement en direction de Subaru, qui s’était fait une raison, l’homme vêtu d’un kimono masculin dévoila effrontément ses dents blanches.

De longs cheveux rouges, un cache-œil couvrant son œil droit, un torse nu enveloppé d’un sarashi blanc, un corps musclé et bien bâti, il regardait de haut le pitoyable Subaru.

Le gardien du deuxième étage de la Tour de Guet des Pléiades――Reid était l’homme qui l’interpellait. 

Subaru : “――――”

Reid : “…Ta bouche fonctionne pas, enfoiré ? Tu m’entends pas parler ? Ou bien t’essaies d’montrer qu’t’as pas l’intention d’me parler ? Si c’est l’cas, ça m’dérange pas vraiment, mais quand même, j’imagine qu’ce s’rait plus digne d’cette façon.”

En prononçant ces mots à voix haute, avec une arrogance extrême, Reid fixa Subaru avec une expression de colère sur le visage. Alors qu’il était submergé par l’hostilité de Reid, Subaru força ses lèvres à faire un marmonnement.

Subaru : “Oeil… droit…”

Reid : “Haaah ?”

Subaru : “Ton cache-œil n’était pas… sur ton œil gauche… ? Pourquoi… est-il sur ton œil droit… ?”

C’était une question qu’il n’aurait pas dû formuler maintenant. Comme Subaru le lui demandait, les yeux de Reid s’agitèrent légèrement. Et juste après, l’homme entrechoqua ses dents,

Reid : “Une lubie, c’est une lubie ! L’un ou l’autre œil me convient, enfoiré. C’est comme ça, j’le mets juste quand j’ai envie de déconner. Si j’le mets pas, j’finis par voir beaucoup trop d’conneries. C’est juste ce genre de choses.”

En disant cela, Reid retourna avec ses doigts le cache-œil qui couvrait son œil droit. Sous le cache-œil, il n’y avait aucune blessure ; son œil était en bonne santé, exactement comme il l’avait indiqué.

Et bien sûr, il n’y avait aucune trace de blessure sur son œil gauche découvert. En bref, ses paroles étaient tout à fait vraies, il comprenait que son cache-œil ne servait vraiment qu’à faire quelque chose parce qu’il en avait envie.

Malgré tout, pour lui, c’était un passe-temps nécessaire pour combler le fossé de puissance entre lui et les autres―― 

Reid : “――Quoi, enfoiré. Oy, ton épaule elle est pas déboîtée ? J’me disais bien qu’elle avait l’air un peu bizarre.”

Subaru : “――Kuh ?!”

Immédiatement après avoir ressenti une émotion aussi profonde, une sensation de brûlure rongea la paroi du cerveau de Subaru, avec un impact soudain. 

Subaru : “Gi, gah… !”

Sa gorge était serrée par une douleur aiguë, et son champ de vision autour de lui vacillait, transpercé par une grande angoisse.

Sans aucune considération ou hésitation, Reid avait saisi l’épaule disloquée de Subaru avec sa main droite. D’une simple rotation du poignet, il avait replacé l’os disloqué dans sa cavité au niveau de l’épaule.

L’os disloqué avait été remis en place, faisant résonner un claquement sourd à travers la pièce, et l’épaule gauche de Subaru avait retrouvé sa liberté de mouvement.

Cependant, la douleur qui était devenue négligeable l’espace d’un instant lui revint. Des larmes coulèrent sur les joues de Subaru alors que la douleur lui donnait envie de maudire le monde qui l’entourait.

Reid : “Arrête d’être dans l’abus, enfoiré. On dirait que j’m’en prends à toi quand tu réagis comme ça, bordel. En réalité, c’est pas moi qui te brutalise, enfoiré. C’est plutôt cette bombasse !”

Subaru : “Bombasse ?”

Reid : “Cette bombasse aux cheveux argentés, enfoiré. La cage de glace derrière toi, j’peux l’dire en la regardant, sans compter ton épaule déboîtée. Tu t’es disputé avec tes amis, hah, qu’est-ce qu’on s’marre !”

Reid ricana en réponse à Subaru, ce dernier se tenant l’épaule gauche en gémissant de douleur. Ayant entendu ces mots, Subaru comprit qu’il avait fait référence à Émilia en parlant de “bombasse”.

Et en même temps, concernant ce qui s’était passé dans la pièce entre Subaru et tous les autres――Subaru craignait que l’œil observateur de Reid ait saisi ce qui s’était passé.

Subaru : “Comment… le sais-tu ?”

Reid : “Coincé dans cette Tour déprimante, les choses entre un homme et une femme vont soit s’améliorer au-delà d’l’imagination, soit décliner au-delà d’l’imagination, ce sont les deux seules options. En s’qui t’concerne, t’es du genre à agacer les gens comme pas possible. C’est pas si difficile à comprendre.”

En toute honnêteté, aucune de ces conclusions n’était fausse. Par conséquent, Subaru n’avait aucun moyen de réfuter ces mots. Détachant son regard de Subaru, Reid se tourna pour jeter un coup d’œil à la cage de glace d’Émilia.

Subaru : “――――”

Tordant son cou, il s’éloigna du flanc de Subaru, observant la cage de glace pendant un moment avant de la piétiner, appliquant de la force rien qu’un bref instant.

À ce moment, la structure produisit un craquement sec ; l’instant d’après, la force destructrice s’étendit à l’ensemble de la prison résistante, brisant entièrement le treillis.

Inutile de dire que Subaru avait eu beau essayer, il n’avait pas réussi à déplacer la cage de glace, même légèrement ; l’intégrité de la cage avait refusé de céder.

Que ce soit en termes de magie ou de force, la disparité entre eux avait été immédiatement révélée d’un simple regard, laissant Subaru abasourdi. Mettant de côté la réaction de Subaru, Reid étira légèrement ses mains et ses pieds.

Reid : “――Eh bien, on dirait qu’tu peux la remuer à nouveau, sans problème. Excellent, excellent en effet.”

En marmonnant cela, s’assurant qu’il ressentait bien quelque chose, il sortit lentement de la salle.

Il ne remarqua absolument pas Subaru, qui restait immobile, perplexe face à cette attitude. La confusion ne s’était toujours pas dissipée, il n’était pas en mesure de saisir complètement ce qui s’était passé, mais il savait que, dans cet endroit, détourner les yeux de Reid n’aboutirait à rien de bon.

Tout d’abord――

Subaru : “Attends ! N’as-tu pas… n’as-tu pas dit que tu ne pouvais pas descendre de l’étage supérieur ? Pourquoi te promènes-tu à cet étage comme si c’était normal ?!”

Alors que Reid marchait dans le couloir du quatrième étage avec une indifférence totale, Subaru sortit précipitamment de la salle.

Sans prétention, fixant le dos de Reid qui marchait sur le sol d’un air majestueux, Subaru lança la seule question qui lui trottait dans la tête depuis le début.

En réponse, Reid fit un signe de la main sans regarder derrière lui,

Reid : “Quand ai-je dit que j’pouvais pas sortir du deuxième étage ? Si c’est s’que tu dis… alors c’est pas un peu injuste ? T’inquiète pas. Ton hypothèse selon laquelle j’peux pas sortir contient un peu d’vérité. J’peux partir que depuis peu.”

Subaru : “Depuis peu… Attends, je peux te demander pourquoi l’hypothèse s’est effondrée ?”

Reid : “J’vais pas t’faire un cours complet et tout t’expliquer. J’peux me promener. T’es sur le point de t’pisser dessus. C’est ça, la fin——ah, attends, c’est pas encore la fin.”

Suivant Reid dans son sillage, Subaru le rattrapa. Changeant le ton de sa voix, Reid plissa les yeux vers lui. Le corps de Subaru se contracta sur place, tandis que Reid déformait ses joues en sa direction ; on aurait dit qu’il pouvait le tuer rien qu’avec ses yeux aiguisés.

L’épéiste aux cheveux rouges, qui ne portait pas d’armes, désarmé――avec une simple lueur dans les yeux, le regard de cet homme suffirait à passer quelqu’un au fil de l’épée. Subaru prit donc une grande inspiration.

Subaru : “Q-qu’est-ce que…”

Reid : “Excellent, continue d’fanfaronner comme ça, enfoiré. Si t’es même pas capable d’faire ça, t’as pas le droit de prétendre que t’es un homme. Alors, j’ai une question pour toi, espèce de raté marginal. Je m’apprête à dire adieu à cette Tour déprimante, mais où sont passés tes potes avec qui tu t’es brouillé ?”

Subaru : “Hein ?”

Alors que l’hostilité qui se dégageait de l’homme tout proche lui comprimait le cœur, cette remarque surprenante tomba dans les oreilles de Subaru, ce qui lui fit écarquiller les yeux. Voyant la réaction échevelée de Subaru, Reid enchaîna naturellement avec un “Enfoiré”,

Reid : “J’ai l’intention d’sortir d’ici, mais j’ai besoin d’nourriture, d’eau et d’saké. Sans même parler des femmes. Parmi tes amis, cette bombasse et cette femme sexy sont certainement d’bonnes candidates. Mais comme j’me sentirais coupable d’séduire la bombasse, c’est la femme sexy qui est la meilleure candidate.”

Subaru : “Quitter… ? Cette Tour ? Mais, qu’en est-il… de ton examen, non, qu’en est-il de tout le reste ? Qu’est-ce que tu vas faire à propos de cette situation et de tout ce qui se passe ?!”

Reid : “Rien, tout ce que t’as dit n’a rien à voir avec moi. Tes problèmes doivent être résolus par toi-même, j’ai rien à voir avec ça. Ah, stop. Il reste une dernière tâche dégoûtante à accomplir.”

Subaru : “Si c’est dégoûtant, laisse-le――GAH ?!”

Alors que les sourcils de Subaru s’étaient froncés en une grimace à ces mots, l’expression faciale de Reid changea soudainement, frappant le front de Subaru avec son doigt. Le dos de Subaru s’écrasa contre le mur du corridor à cause de la force du coup. Observant Subaru qui gisait douloureusement à ses pieds, Reid poussa un “Hmph”.

Reid : “J’te l’ai déjà dit. Crois pas qu’tu pourras avoir une réponse à tout, p’tite poule mouillée. T’es un menu fretin, ou une poule mouillée ? Resserre la prise sous tes pieds, enfoiré.”

Subaru : “C’est un problème de ta propre définition…”

Reid : “Te sers pas d’moi, qui suis si opportunément apparu d’vant toi, comme d’un outil pour dissiper tes inquiétudes, tes questions ou tes regrets. C’est à toi d’résoudre tes problèmes. M’utilise pas comme une béquille.”

Subaru : “――――”

Qualifier ces mots d’irrités n’était pas tout à fait juste.

Les sentiments d’irritation avaient une certaine valeur émotionnelle, mais Reid ne se souciait pas du tout de l’existence de Subaru. Une personne ne se laisserait pas émouvoir par quelqu’un dont elle ne se soucie pas. Sa voix était donc dépourvue de toute irritation.

Cependant, ces mots prononcés par-dessus l’épaule suffirent à Subaru pour avoir l’impression qu’un couteau avait été planté dans son cœur.

Gémissant de douleur, une fois de plus, les questions laissées en suspens remplirent l’esprit de Subaru, comme si elles allaient ensevelir son cœur. Mais, juste avant que cela ne se produise,

Reid : “――Ahhh, ça arrive.”

Pivotant la tête pour regarder en direction du bout de l’allée, Reid grommela comme si quelque chose ne tournait pas rond.

Levant la tête, les yeux de Subaru furent aussi attirés vers cette direction, se dirigeant vers l’endroit où Reid observait, mais il ne put rien remarquer de différent. Cependant, il s’en rendit compte tardivement.

Accroupi, les fesses contre le sol, il le remarqua.

Un léger tremblement. La Tour tremblait. Faiblement, pas tout à fait à l’échelle d’un tremblement de terre, mais il sentait tout de même des secousses.

Reid : “KAH.”

Claquant des dents et riant, les yeux brillants, Reid s’avança, ses sandales foulant fermement le sol. Voyant du coin de l’œil son attitude inébranlable, Subaru le suivit avec panique.

Reid avait déclaré qu’il ne devait pas se servir de lui comme d’un outil pour dissiper ses propres inquiétudes.

C’était indéniable, il ne faisait aucun doute pour Subaru que les mots de Reid avaient touché son cœur fragile de plein fouet. Les problèmes de Subaru ne pouvaient pas être résolus en se contentant de s’en plaindre à Reid.

Cependant, au-delà de cela, Subaru avait maintenant la responsabilité de découvrir la raison pour laquelle Reid se promenait au quatrième étage, et ce qui se passait dans la Tour en général.

Subaru : “Reid !”

Reid : “――――”

Subaru : “Hey, attends ! Attends un peu ! Au moins, dis-moi ce que tu vas faire… ?”

À grandes enjambées, et d’un pas rapide, le dos de Reid avançait fièrement, et il ne daigna pas s’arrêter pour répondre à la question de Subaru.

Son épaule le faisait souffrir, il y avait du désarroi et de la confusion dans son cœur, il ne possédait aucune assurance. Subaru était poussé par son obligation hésitante, il n’avait pas d’autre choix que de poursuivre avec le plus grand effort le dos de l’homme qui avançait.

Et soudain, le dos de l’homme aux longs cheveux rouges qui se balançaient s’arrêta brusquement et s’immobilisa. 

Reid : “――――”

Reid s’était arrêté alors qu’il atteignait l’escalier en colimaçon présent dans l’atrium au bout du couloir――l’endroit où l’amnésique Natsuki Subaru avait été poussé vers la mort à deux reprises.

Subaru était occupé à poursuivre frénétiquement Reid, et il ne remarqua qu’à la dernière seconde l’endroit où il se trouvait. Il retint son souffle, figé sur place.

Cependant, son désir de sortir de l’impasse surpassa le sentiment d’éviter cet endroit qui avait causé sa mort, et donna à Subaru la force d’aller de l’avant.

――Ce n’était pas l’endroit qui avait tué Subaru. C’était la malveillance qui avait tué Subaru. Ce n’était pas l’endroit qui devait l’amener à nourrir ce sentiment d’évitement, mais plutôt la cause principale de cela qui devrait être attribuée au coupable.

Subaru : “――――”

Les battements de son cœur et le bruit de son sang qui circulait dans ses veines étaient terriblement bruyants. Ignorant cela, Subaru essuya une perle de sueur et continua à avancer vers la position où Reid s’était arrêté.

Reid se tenait au bord du précipice, contemplant en contrebas la scène que ses yeux observaient. Où qu’il soit, c’était un homme à qui la position de regarder les choses d’en haut convenait tout à fait. Tout en ayant cette pensée inutile au fond de son esprit, Subaru suivit son regard.

En suivant son regard, il le remarqua enfin.

Après avoir été noyé dans les battements bruyants de son cœur, un son qu’il n’avait pas entendu auparavant était maintenant audible pour lui. 

Subaru : “――――”

――Juste en dessous de lui, en bas du grand escalier, ayant surgi de nulle part au cinquième étage, un troupeau répugnant de bêtes démoniaques enflammées remplissait maintenant le hall, lui offrant un spectacle infernal absolu.

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Témoin de ce spectacle qui dépassait les limites de son imagination, les sens de Subaru se mirent à flancher.

Subaru : “――Hein ?”

Le craquement des flammes cramoisies brûlantes et le son d’innombrables nourrissons gémissants occupaient la Tour.

La connexion de ces deux facteurs menait à une seule et unique conclusion――cette terrifiante bête démoniaque, qui portait une crinière de flammes autour de son cou, n’était qu’une partie d’une horde au chaos violent.

Quatre pattes et un torse semblables à ceux des chevaux, un haut du corps avec des bras comparables à ceux d’un humain, et une gueule béante avec des crocs s’étendant à travers la moitié humaine. La chaleur épouvantable des flammes était sur le point de brûler et de dévorer l’oxygène de la Tour.

Il y avait une vingtaine de bêtes démoniaques à cet endroit, ou à peu près ; il pouvait les voir se déchaîner en dessous de lui, au cinquième étage.

L’effroyable chaleur montait d’en bas vers Subaru et Reid, qui se tenaient à des dizaines et des dizaines de mètres de hauteur. Reculant d’un bond, il fut surpris par cette vague de chaleur, à tel point qu’il eut l’impression que ses globes oculaires se desséchaient en un instant.

Qu’est-ce qui, vraiment, qu’est-ce qui se passe ?

Reid : “Alors y’a des bêtes démoniaques glauques ici, hein. T’sais ce qu’elles sont, enfoiré ?”

Subaru : “…Je ne sais pas. C’est la première fois que je vois des bêtes démoniaques, en dehors de cet énorme ver de terre… Ah ?!”

À côté de Subaru, qui ne pouvait pas quitter la scène des yeux, se tenait Reid qui observait exactement le même spectacle, lui posant cette question. Subaru secoua la tête à cette question, sa voix tremblant involontairement devant la modification de sa vision.

Les bêtes démoniaques se déchaînaient à l’intérieur de la Tour, vêtues de flammes――ressemblant à la fois à un cheval et à un homme, un terme plus pratique pour les désigner serait Centaures. Les Centaures poussèrent un cri perçant.

De leurs gueules déformées sortait un hurlement violent, un grondement strident comme s’il s’agissait d’une pure fureur. La raison en était le Chevalier solitaire qui ripostait, brandissant sa fine épée, se frayant un chemin à travers le troupeau de bêtes démoniaques.

Centaure : “――KSHEEEEEEGHHH !”

Retenant son souffle, une épée élégante se faufila à travers une brèche dans le troupeau des bêtes démoniaques qui portaient des épées de flammes.

Le sang gicla, les bras et les jambes d’une bête démoniaque furent tranchés, et son cri différé se répercuta dans les environs. Tout en écoutant cela, le Chevalier qui risquait d’être submergé par la quantité de Centaures s’élança et bondit vers la bête suivante, l’épée en position. C’était――

Subaru : “――JULIUS !”

Par réflexe, les lèvres de Subaru prononcèrent son nom, profondément ému d’avoir trouvé un survivant.

Il ne pouvait dire quelle émotion était la plus forte en lui, celle de la joie ou du chagrin.

Néanmoins, immédiatement après son revirement de conscience, il avait fait quelque chose d’inconnu. Une telle situation s’était déjà produite une fois, lorsqu’il s’était retrouvé avec le cadavre de Meili à ses côtés.

Il était incapable de dire avec certitude que la prochaine fois qu’il rencontrerait quelqu’un, celui-ci finirait en cadavre ou non. Une telle crainte l’habitait toujours. C’était donc une bonne nouvelle qu’il ait surmonté cette peur.

Subaru : “――――”

Laissant de côté l’expression de surprise venant d’en haut, sous les yeux de Subaru, Julius donna un coup d’épée et continua sa lutte contre les bêtes démoniaques.

Bien qu’il ait le désavantage du nombre, c’était une situation où la force d’un seul n’était probablement pas égale à celle de Julius. Cependant, si les bêtes démoniaques qui émettaient librement des flammes envisageaient de déferler sur Julius, le fait de ne posséder qu’une épée pour les repousser signifierait que ses limites seraient mises à rude épreuve.

――Et s’il mourait brûlé, son Livre des Morts devrait apparaître dans la Bibliothèque. 

Reid : “Où sont les autres ? ――Eh bien, j’suppose qu’c’est pratique.”

Subaru : “――Kh !”

Au moment où une sombre pensée désirant la mort de son compagnon avait traversé l’esprit de Subaru, le marmonnement de Reid, alors qu’il contemplait la scène en contrebas, ramena ses pensées à la réalité.

Mais Reid n’était pas conscient du conflit interne qui agitait Subaru. Montrant ses crocs, il fit un pas en avant. Déjà sur le point de tomber dans les profondeurs, il s’avança de nouveau.

Subaru : “H-hey, qu’est-ce que tu comptes faire ?”

Reid : “Enfoiré, est-ce qu’ton seul talent consiste à poser des questions ? Arrête de compter sur moi et essaie d’faire des trucs audacieux d’temps en temps. Parler avec toi est pas du tout amusant. T’es pas une femme sexy pour que j’me régale les yeux, ni une personne intéressante à qui parler. Enfoiré, avec quelles intentions t’essaies d’me parler ?”

Subaru : “――――”

Reid : “J’te le redemande, qu’est-ce qu’tu vas faire ? Un d’tes camarades est juste là, piégé face à une bande de bêtes démoniaques dégoûtantes, et tu restes planté là ? Dire que les faibles n’ont pas d’options n’est qu’une excuse pitoyable.”

Tout comme un carnivore se moquant d’un herbivore, la philosophie de Reid faisait l’écho de la loi du plus fort.

L’incompatibilité de cette philosophie avec Subaru ne faisait que renforcer sa véracité ; c’était la disparité entre les forts et les faibles.

Reid : “Haaaaah.”

Sans un mot ni un regard pour Subaru, Reid se mit enfin en mouvement, se penchant légèrement en avant.

Il était impossible de l’arrêter. Ainsi, Reid tomba en avant, en apesanteur, traçant le chemin que Subaru avait suivi jusqu’à sa mort.

Tout droit, tout droit, tout droit, Reid tomba. À l’époque, la conscience de Natsuki Subaru l’avait quitté avant qu’il ne s’écrase sur le sol, et il n’avait même pas pu voir le moment qui l’avait mené à sa perte.

L’épéiste aux cheveux rouges, Reid, tomba de la même façon, tombant, tombant――

*BOUM BOUM*

Le dos frappé par des sandales tombant d’une telle hauteur, le corps équin d’un Centaure fut broyé. Ses membres, incapables de supporter cet impact, se brisèrent. Il était incroyable de voir à quel point le corps de la bête démoniaque avait été écrasé, du sang de la couleur de l’encre noire s’écoulant, tachant le sol du cinquième étage.

Pour compléter cette scène, la violence de Reid Astrea était tombé d’une hauteur qui aurait dû être fatale à Subaru et avait écrasé énergiquement les restes de la bête démoniaque.

Subaru : “――――”

Les bêtes démoniaques, qui ne possédaient probablement pas d’intelligence à en juger par leur apparence, cessèrent leurs mouvements. Remarquant l’apparence chaotique de cet homme aux cheveux rouges, leurs gémissements semblables à ceux d’un bébé s’arrêtèrent.

En y regardant de plus près, Subaru supposa que ces bêtes démoniaques sans tête utilisaient leurs sens non visuels pour jauger leur adversaire.

L’anomalie de Reid leur apparaissait clairement, utilisant uniquement leurs organes restants dépourvus de vue.

Cette observation était tout aussi évidente pour le Chevalier, dont les cinq sens étaient intacts, et qui s’était engagé dans un combat vigoureux contre ces créatures.

Julius : “Toi, pourquoi… es-tu ici…”

Reid : “Pourquoi, pourquoi, pourquoi. Y a-t-il autre chose que vous puissiez d’mander, bande d’enfoirés ? Quel est le secret pour être populaire auprès des femmes, quel est le meilleur type d’alcool, comment es-tu devenu aussi fort, par exemple ?”

Debout devant Julius, dont les yeux étaient écarquillés de stupeur, Reid écarta les morceaux de viande sur la semelle de ses sandales. Il tourna la main vers un autre Centaure qui se tenait à ses côtés.

Comme s’il s’agissait d’une plaisanterie, il tenait dans sa main un mince bâton de bois――il pouvait voir qu’il tenait une baguette.

Reid : “Le secret pour être populaire auprès des femmes, c’est mon visage. Le meilleur alcool c’est l’cognac Granhiert――et pour s’qui est d’savoir comment j’suis le plus fort du monde ? Tout simplement parce que j’suis moi.”

S’arrêtant un instant après avoir fini de parler, Reid bougea légèrement les baguettes au bout de ses doigts.

L’instant d’après, le corps du Centaure figé explosa dans une pluie de sang. Lente à détecter l’effondrement de son corps, la bête démoniaque laissa enfin échapper son râle d’agonie. Ces cris, qui rappelaient ceux d’un bébé s’accrochant désespérément à ce monde, étaient en effet de très mauvais goût.

Cependant, un sourire restait fermement accroché au visage de l’homme qui était à l’origine de tout cela. Il leva à nouveau ses armes non ensanglantées, ses baguettes, cette fois-ci non pas en direction des bêtes démoniaques, mais de Julius.

Puis, observant les iris jaunes du lointain Julius, qui semblait redouter ces baguettes bien plus qu’il n’y paraissait, Reid montra les crocs.

Reid : “C’est vrai, reprenons l’reste de l’examen. Essaie d’me les arracher avant que j’m’ennuie, enfoiré.”

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Artiste du fan-art : yowaikomax

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-=Fin du Chapitre 51=-

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