Arc V – Chapitre 4 – « Sur la route »

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Traduit par : Summary Anon

Traduit de l’anglais par : Jolly

Relu par : Garf

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Artiste du fan-art : りと

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Arc V – les étoiles QUI ÉCRIVENT L’HISTOIRE

Chapitre 4 – « Sur la route »

Il leur avait fallu trois jours avant de se mettre en route pour Pristella.

Roswaal : “Je respecte la décision d’Émilia-sama, eeeet il n’y a rien d’urgent à faire pour elle ici, doooonc je suis favorable à cette idée. Bien que ce soiiiiiiit inquiétant que leurs intentions soient iiiiindéchiffrables.”

La Réunion des Seigneurs de l’Ouest——une conférence entre le Margrave Roswaal et les autres seigneurs sous cette bannière allait avoir lieu dans la résidence du plus neutre d’entre eux. Les seigneurs se pliaient généralement au rythme de Roswaal, mais certains d’entre eux exprimaient clairement leur opposition et leur malaise quant à son soutien envers Émilia.

La plupart des seigneurs étaient favorables à la politique de Roswaal concernant la promotion des demi-humains, ou plutôt l’égalité avec les demi-humains, mais la moitié d’entre eux avaient peu de considération envers eux. Durant l’année précédente, ils avaient réussi à obtenir le soutien superficiel de quelques seigneurs par le biais de discussions et d’accords. Cette assemblée visait, entre autres, à lui donner une tribune pour parler avec les seigneurs qui s’entêtaient encore à la refuser. Roswaal laissait le manoir vide pour organiser ce projet.

Émilia : “Je suis désolée. Je voulais sincèrement y assister aussi, mais…”

Roswaal : “Celaaa se serait retourné contre nous. Le but de cette rencontre est de vous permettre de leur parler plus tard, ce qui signifie qu’il serait peu judicieux de vous exposer à ce stade… Ceeeeependant, si vous pouviez calmer la confusion et faire taire les seigneurs rebelles avec une magistrale éloquence, ce seraiiiit bien.”

Émilia : “… Je ne pense pas que je puisse encore y parvenir. Entendu. Je me débrouillerai.”

Émilia se pinça les lèvres et jeta un regard frustré. Roswaal acquiesça, satisfait. Subaru souhaitait s’opposer au ton quelque peu sarcastique de Roswaal, mais au moins cela signifiait que ce type lui parlait plus sincèrement. C’était infiniment meilleur que l’année précédente, où Roswaal avait manifestement tenu Émilia comme un accessoire à l’écart des questions politiques——Émilia l’avait alors divulgué à Subaru après qu’il s’en soit plaint.

Roswaal était un soutien beaucoup plus fiable maintenant qu’il se montrait entreprenant. Mais comme ses motivations étaient douteuses, elles n’étaient que la moitié de ce qu’elles semblaient être au départ.

Subaru : “En supposant que Pétra aille à la réunion… qui restera au manoir ?”

Roswaal : “Anne-Rose et ses compagnons seroooont présents. Je doute qu’il y ait des problèmes si Clind-kun est présent, en raison de son penchant pour Pétra. J’avais l’intention de laisser Frédérica ici, puisqu’elle s’entend mal avec lui… qu’en est-il de toi, Ram ?”

Ram : “Je vous accompagnerais comme vous le désirez, Roswaal-sama.”

Subaru : “Tu dis “comme vous le désirez”, mais ce sont tes désirs qui parlent…”

Ram restait toujours une fervente partisane de Roswaal, mais elle hésitait beaucoup moins à insister sur ses propres désirs maintenant. Roswaal semblait l’accepter sans trouver cela étrange. Leur relation de dépendance unilatérale semblait avoir changé. L’atmosphère de dépendance mutuelle qui les entourait avait disparu, et il semblait qu’ils se comprenaient vraiment maintenant. Bien qu’il ne soit pas certain que ce soit bénéfique d’avoir quelqu’un autour de soi qui ait de la sympathie pour Roswaal.

Ram : “Qu’est-ce que tu regardes. Dis un mot irréfléchi et je t’écraserai les yeux pour en faire de la pâte, Barusu.”

Subaru : “Nee-sama, dans ton esprit, à quel point suis-je incommode exactement ?”

Ram : “…”

Ram afficha une expression extrêmement compliquée.

Ce n’était pas parce que c’était une question délicate. C’était juste son expression lorsque Subaru l’appelait “nee-sama”. Elle ne le détestait pas, mais cela ne lui semblait pas légitime. Parce qu’elle n’avait pas encore retrouvé ses souvenirs de Rem, ces années d’adoration par sa petite sœur étaient encore perdues dans le néant.

Roswaal : “Cela me préoccuperait si seulement Émilia-sama et toi partiez, mais je suis certain que vous serez bien accompagné par Garfiel et Otto-kun. Otto-kun vous empêchera de tomber sur des accords terriblement horribles, et Garfiel résoudra les pires problèmes en les pulvérisant pendant que vous fuyez.”

Émilia : “Mais je pense que cela causerait vraiiiiment beaucoup de problèmes… Je ferai de mon mieux pour ne pas en arriver là.”

Subaru : “Laisse-moi leur mettre la pression, Émilia-tan. Je m’occuperai d’eux, que ce soit d’Anastasia-san ou de Julius. Je connais une Sorcière bavarde qui m’a tout appris sur les gens qui esquivent les sujets importants dans les conversations.”

Émilia : “Je ne suis pas sûre que ce soit quelque chose dont on puisse se vanter…”

Subaru adressa à Émilia un pouce levé et un sourire, les dents étincelantes. Naturellement, Émilia savait que Subaru plaisantait pour la détendre. Ils avaient établi suffisamment de confiance au cours de l’année écoulée pour faire preuve d’autant de compréhension, au moins.

Roswaal : “À préééésent, Béatrice. Je peux avoir confiance en toiiii pour t’occuper d’eux ?”

Béatrice : “Bien sûr, en fait. Tu ne pourrais pas te reposer sur ces gens si Betty n’était pas avec eux, je suppose.”

Les perceuses de Béatrice s’agitèrent alors qu’elle gonflait sa poitrine. Son attitude adorable mit un sourire sur le visage de chacun. Bien qu’elle ait l’air contrarié.

——Quoi qu’il en soit, une fois la conversation terminée, ils décidèrent de partir pour Pristella.

Joshua : “Demandez le Pavillon du Sylphe Marin dès votre arrivée. C’est là que vous attend Anastasia-sama.”

Mimi : “Ne la faites pas attendre !”

Sur cette note, les subordonnés d’Anastasia quittèrent le manoir de Roswaal. Ils retournaient en premier à Pristella pour informer Anastasia que l’invitation avait été acceptée.

Garfiel : “Ouais, faites gaffe.”

Mimi : “Prends soin de toi aussi, Garf ! Je vais être super nerveuse en t’attendant, alors tu ferais mieux de venir !”

Garfiel : “Tu m’tapes sur l’système. Mais j’ai pigé. Ces personnes sont foutus sans mon incroyabl’ personne. On va régler ça là-bas. Prépare ton cou pour la corde.”

Mimi : “Hein ? D’accord ! Je vais le préparer à fond !”

Ce mignon petit échange entre Mimi et Garfiel était particulièrement remarquable. Garfiel s’était méfié des deux personnes pendant leur séjour, mais si l’on en croyait l’attitude de Mimi, il semblait que ses craintes étaient mal placées. Ou plutôt, il semblait que Mimi était extrêmement affectueuse lorsqu’elle se faisait des amis. Elle avait commencé à l’appeler “Garf” de nulle part, alors peut-être que l’invitation d’Anastasia n’était pas vraiment hostile.

Joshua : “Vous avez peut-être conquis Mimi, mais ma personne… ma personne ne cédera pas si facilement.”

Joshua déclara cela, essayant de rester stoïque tout en suivant son joyeux garde du corps. Mimi tenait fermement son bras, le tirant vers le bas et vers l’avant alors qu’elle s’en allait. Son expression était très sérieuse tout au long des événements, ce qui était plutôt comique. Mais même Subaru avait accumulé assez de gentillesse au cours de l’année pour ne pas l’en informer.

Émilia : “Joshua-kun, est-ce que ça ira ? Tu as une si belle tenue, mais la manche est à deux doigts de se déchirer…”

Joshua : “S-S’il vous plaît, ne vous inquiétez pas. Il n’y a pas de raison de s’inquiéter !”

Si Subaru pouvait comprendre les sentiments du pauvre garçon, l’ange présent ne le pouvait pas. Émilia avait parlé avec une sincère inquiétude pour Joshua, qui ne pouvait pas élever la voix et essayait plutôt d’éloigner Mimi, l’air misérable. Mais Mimi étant plus forte que Joshua, ses efforts n’avaient servi à rien.

Joshua : “Mon frère vous appelle peut-être son ami, mais je crois qu’il est beaucoup trop bon. Ce qui est l’une de ses vertus. Je crois qu’il est de mon devoir, en tant que frère cadet, de compenser cela, donc n’attendez aucune clémence de la part de la famille Juukulius.”

Subaru : “Quoi, tu as déjà arrêté avec ton “ma personne” ?”

Joshua : “S-S’il vous plaît, faites attention à ce que je dis ! Vous essayez de vous moquer de moi ! Vous n’êtes pas un homme très agréable, n’est-ce pas ?”

Subaru : “Je suis plus inquiet pour toi, et comment tu oublies ta place de serviteur auprès de ta maîtresse. Si tu te moques des gens en public, cela finira sûrement par causer du tort à la famille Juukulius.”

Joshua : “——!”

Le visage de Joshua pâlit, mais Subaru n’essayait pas uniquement de le critiquer. Et puis, Subaru risquait bien plus d’insulter les gens en public de toute façon. Joshua ne le savait pas, et Natsuki Subaru étant Natsuki Subaru, il avait des raisons de ne pas le lui dire.

Émilia : “Subaru, cesse d’intimider les enfants plus jeunes. Je suis sincèrement désolée, Joshua-kun. Subaru… il peut être comme ça.”

Joshua : “——N-non… J’ai été vraiment impoli. Je m’excuse.”

Subaru : “Juste « Je” ? Aïe ! Aïe, ça fait mal, Émilia-tan !”

Subaru se remettait de nouveau à critiquer Joshua, quand Émilia lui attrapa l’oreille et la tira. Joshua vit des larmes monter dans les yeux de Subaru, et, satisfait, décida de quitter la conversation.

Avec un profond soupir, Joshua monta dans sa calèche. Mais puisque c’était des ligres qui tiraient le véhicule plutôt que des dragons, il s’agissait en fait d’un attelage de chiens dans lequel il montait. Peut-être que les courses de chiens existaient ici ?

Subaru : “Cela pourrait valoir la peine d’introduire certaines formes de divertissement, comme les courses de chevaux et autres…”

Les idées de Subaru qui exploitaient ses connaissances singulières du 21ème siècle n’étaient jamais sorties de sa tête. Mais il aurait peut-être dû envisager plus sérieusement de mettre à profit ses connaissances. Premièrement, il devait évaluer les avantages et les inconvénients que présenteraient la diffusion des courses de chevaux, et,

Émilia : “Que se passe-t-il, Subaru ? On dirait que tu prépares quelque chose de vraiiiment tordu.”

Subaru : “J’ai eu un rare déluge d’idées issues de mes connaissances personnelles du 21ème siècle. Comme une poussée de Subaruisme.”

Émilia : “Oh, tu as réfléchi à une nouvelle garniture ? J’ai bien aimé la mayonnaise, et j’ai aussi aimé la sauce tartare.”

Subaru : “Cette fois, je pense à quelque chose d’unique que les gens ne concevraient jamais.”

Par ailleurs, le manoir Roswaal disposait d’un stock de sauce tartare, tout comme de mayonnaise. Globalement, tout le monde ici l’aimait, mais cela ne satisfaisait pas tout à fait Subaru.

Pendant que toutes ces jacasseries se poursuivaient, Joshua et Mimi se préparèrent à partir et leur carrosse commença à se mettre en mouvement. Ils ne conduisaient pas depuis le siège du cocher, Mimi ne faisait que monter sur un des deux ligres pour contrôler directement leur parcours. Sa robe blanche ondulait tandis qu’elle souriait gaiement.

Mimi : “Bon ! À plus tard, vous deux et Garf !”

Ils regardèrent paisiblement Mimi partir, et saluèrent également par la fenêtre un Joshua méfiant. Deux jours après leur départ, Subaru et ses compagnons partirent pour Pristella.

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Otto : “Nous mettrons plus de dix jours pour y arriver, même si nous nous dépêchons. Nous n’avons pas réellement besoin de nous presser non plus, alors détendons-nous et prenons notre temps.”

Personne n’avait d’objection sur le plan d’Otto. Il était le plus habitué aux voyages parmi eux, et il représentait probablement la résistance physique moyenne du groupe. S’il voyageait à un rythme qui ne lui imposait aucune contrainte, alors tout le monde pourrait profiter d’un voyage sûr.

Otto : “En tenant compte du chargement de l’attelage, nous allons faire tirer le carrosse par Frufoo et Patrasche-chan. Et puisque nous ne prévoyons de camper nulle part, nous devrions nous contenter du strict minimum de fournitures d’urgence.”

Garfiel : “S’pas bon pour l’corps d’rester assis tout l’temps dans l’chariot, Otto.”

Otto : “Si c’est ce que tu penses, tu es toujours libre de quitter le carrosse et de courir.”

Garfiel : “Ouais, c’est s’que j’vais faire.”

Émilia : “C’est ce que tu vas faire ?”

Avec cette petite scène où les plaisanteries habituelles de Garfiel et Otto bouleversaient Émilia, le voyage vers Pristella commença.

Mais, ceci dit, le voyage lui-même se déroula sans accroc. Ils eurent quelques problèmes lorsqu’ils franchirent les frontières des territoires non-Mathers, ou lorsqu’ils passèrent les frontières d’autres seigneurs, mais le problème fut plus ou moins résolu en montrant le blason de la famille Mathers ou la présence d’Émilia. Cela aurait pu causer des problèmes également, mais ils ne croisèrent personne qui complotait quelque chose de néfaste pendant le voyage.

Lorsque des chiens sauvages ou des bêtes démoniaques apparaissaient sur la route, essayant bêtement d’attaquer le carrosse,

Garfiel : “Parfait. J’voulais taper quelques bestioles.”

Garfiel déchiquetait violemment les groupes, terrorisant les animaux menaçants. Son travail parfait de garde du corps rendait en fait ces pauvres bestioles sympathiques. Mais même le terrifiant Garfiel devait tuer le temps libre en mâchant un couteau qu’il avait apporté. Et c’était toujours déroutant de le voir mâcher de l’acier dur en morceaux.

Béatrice : “Hum. Ce dragon n’est pas mauvais, en fait. Je suis prête à le reconnaître, je suppose.”

Béatrice déclara cela, assise à côté de Subaru, qui tenait les rênes. C’était peut-être une surprise, mais Otto n’était pas le seul à être chargé de la conduite. Il avait fallu un an d’efforts et un dragon qui connaissait les particularités de Subaru, mais il pouvait maintenant conduire un attelage.

Cependant, les dragons en question étaient Patrasche et le dragon d’Otto, Frufoo, qui étaient tous deux bien connus de Subaru. En dehors d’eux, les seuls autres dragons que conservait le manoir de Roswaal étaient Rascal et Peter. Manifestement, Subaru les connaissait suffisamment pour aller jusqu’à les nommer.

Subaru : “Pourquoi ne serais-tu pas un peu moins condescendante et plus encline à me donner un coup de main avec les rênes ? Patrasche déborde d’esprit maternel, je suis sûr qu’elle sera gentille avec toi aussi, Béako.”

Béatrice : “Je ne préfère pas, en fait. En vérité, ce dragon est décidément plein d’hostilité envers Betty, je suppose. Elle ne me considère pas comme une amie, en fait. Quels sont ces horribles mensonges sur l’esprit maternel, je suppose.”

Subaru : “Hey, je ne peux pas te permettre de dire du mal de Patrasche. Je ne laisserai jamais personne insulter Émilia-tan, Rem, toi ou Patrasche.”

Béatrice : “Tu m’inclus dans ta liste, mais tu ne me laisses toujours pas faire, je suppose ?”

Subaru : “Même si tu es sur cette liste, tu es vilaine !”

Béatrice tenta de s’échapper, mais c’était impossible sur l’étroite plateforme du conducteur. Subaru l’attrapa par la peau du cou et l’attira vers lui, la mettant sur ses genoux pendant qu’elle se débattait. Il tenta de lui imposer la torture des chatouilles, lorsqu’une mèche de ses cheveux lui passa sur le nez, ce qui le fit éternuer de façon dramatique——et le carrosse fit une embardée.

Otto : “Natsuki-san ! Ne les laisse pas faire quoi que ce soit de bizarre ! S’ils sortent de la Protection Divine de l’Évasion du Vent, nous allons tous passer un mauvais moment avec le mal des transports !”

Subaru : “Désolé. Béako était tellement marrante que j’ai juste…”

Béatrice : “N’essaie pas de faire endosser la faute à Betty, en fait ! Subaru a juste été… arrête de me chatouiller, je suppose ! Arrê—pffweheehee !”

Otto laissa échapper un gros soupir en regardant les deux jouer. Émilia gloussa en le voyant aussi,

Émilia : “Ils s’entendent vraiment à merveille. Il n’y a pas si longtemps, je n’aurais jamais imaginé que Subaru et Béatrice seraient si proches.”

Otto : “Sincèrement, je n’arrive pas à concevoir qu’ils étaient séparés. C’est presque maladif de voir à quel point Béatrice-chan est douce et à quel point Natsuki-san est affectueux.”

Émilia sourit majestueusement, ressemblant à une mère ou une grande sœur aux yeux d’Otto. Mais Otto n’était pas assez maladroit pour le faire remarquer, ou pour encourager les pitreries de Subaru.

Otto : “Nous allons les laisser s’amuser pendant que nous discutons de quelque chose de plus important. À savoir, nous allons discuter des objectifs de la faction d’Anastasia, et de la façon dont nous allons y réagir.”

Émilia : “Ils n’essaient pas uniquement de nous rendre redevables.”

Otto : “La première des trois années de la sélection s’est écoulée, ce qui en fait la dernière occasion d’établir un travail de fond définitif. Une fois que nous aurons pris pied ici, nous assurerons notre base de soutien à la Réunion des Seigneurs de l’Ouest. Si vous ne tenez pas compte du fait que les autres factions ont résolu cette question dès le début, nous devrions être à peu près à égalité avec eux dans notre progression.”

Émilia : “Dans quelle situation Anastasia se trouve-t-elle actuellement ?”

Émilia ne connaissait pas les agissements exacts des autres factions depuis un certain temps. En effet, ils avaient dû former Émilia à partir de zéro sur la façon d’être une politicienne, et la laisser acquérir les compétences dont elle avait besoin, plutôt que de l’affoler avec des informations inutiles.

Roswaal et Otto, le duo des affaires internes, l’avaient compris, et l’avaient présenté comme un argument pour focaliser son attention ailleurs, et maintenant ils comprenaient aussi qu’il serait sans risque de lever certaines de ces restrictions pendant ce voyage.

Otto hocha donc la tête en direction d’Émilia et commença à organiser les éléments dans sa tête.

Otto : “Nous allons d’abord parler du soutien dont bénéficient les candidates à l’heure actuelle. Au départ, la Duchesse Crusch Karsten et Anastasia Hoshin étaient globalement considérées comme les gagnantes sûres et les concurrentes. Les trois autres factions, y compris la vôtre… si vous me permettez d’être franc, elles étaient en quelque sorte considérées comme des bouche-trous.”

Émilia : “… hum, je ne peux pas le nier. En revanche, à en croire ce que tu dis…”

Otto : “Exactement. L’opinion publique a évolué au cours de cette dernière année. Puisque les trois autres factions, à commencer par la vôtre, ont fait des progrès considérables.”

Les accomplissements les plus remarquables du camp d’Émilia, comme on pouvait s’y attendre, étaient la défaite de la Paresse et de la Baleine Blanche. C’était le camp de Crusch qui avait mené l’offensive contre la Baleine, mais Crusch elle-même avait publiquement déclaré à quel point la contribution du Chevalier Natsuki Subaru avait été importante. Bien que les autres factions aient apporté leur aide, Subaru avait été le fer de lance de l’offensive subséquente contre la Paresse. En un clin d’œil, ces deux réalisations avaient attiré l’attention du public sur Émilia, qui avait été initialement écartée. Émilia s’était également distinguée de manière négative en raison de ses origines. Pour le meilleur ou pour le pire, Émilia était largement reconnue comme le sujet de nombreux ragots et rumeurs.

Les autres candidates restantes, Felt et Priscilla, avaient également connu une situation similaire.

Priscilla Barielle avait fait un travail remarquable. Après avoir hérité des terres de son défunt mari, Leip Barielle, elle avait utilisé à son avantage la position malencontreuse de Lugnica en tant que nation limitrophe de l’Empire Vollachien, longtemps hostile, et s’était instantanément alliée aux territoires voisins dans la confusion. D’un coup de baguette magique, elle avait pacifié Vollachia et s’était alliée avec les seigneurs. Puis elle avait revitalisé des terres qui avaient été ruinées par la guerre. En si peu de temps, elle avait définitivement montré de bonnes perspectives. Elle avait aussi son attitude dominante et son apparence. Le Sud de Lugnica la soutenait de plus en plus chaque jour.

Pendant ce temps, par rapport aux autres candidates, Felt était éclipsé par son Chevalier, Reinhard van Astrea, et devait également composer avec les territoires de la Famille Astrea. Le titre de “Maître Épéiste”, aussi célèbre soit-il, n’était pas particulièrement utile pour choisir un nouveau monarque. L’attitude des seigneurs locaux, y compris ceux du domaine Astrea, était plus proche de la méfiance que de la prudence.

Mais la jeune fille nommée Felt avait surmonté cette mauvaise situation de manière tout à fait inattendue. Plutôt que de consulter les nobles puissants qui pourraient faire obstacle aux autres candidates, elle avait réuni les démissionnaires et les roturiers des rues. Felt était très douée pour repérer ceux qui avaient des aspirations cachées, ou des personnes talentueuses qui n’avaient jamais eu leur chance. Peu importe les rumeurs sur son sang royal, elle savait identifier les talents des gens et les affecter à un poste, ce qui était peut-être la qualité la plus importante chez un dirigeant. À partir de ce petit déclencheur, la maison Astrea et ses territoires environnants s’étaient mis à l’œuvre, tandis que les seigneurs attentifs avaient commencé à changer d’avis petit à petit. Ce n’était encore qu’une petite étincelle, mais elle se frayait définitivement une place dans l’histoire. Personne d’important dans cette nation ne l’ignorait.

Otto : “… c’est la situation où se trouve maintenant les différentes factions. Notre faction est assez réputée pour ses réalisations, mais les deux autres ont une base plus stable. Cependant, je pense que nous pourrions ne pas en tenir compte si l’attaque du Laphydre était officiellement reconnue.”

Émilia : “Otto-kun, tu dis les mêmes choses que Subaru. Mais peut-être faut-il adopter un point de vue plus narcissique et dire que nous sommes pratiquement au milieu.”

Otto : “Pour le moment, oui. Mais… il y a eu quelques changements en ce qui concerne la Duchesse Karsten. Des changements qui sont à notre avantage.”

Émilia : “À notre avantage ?”

Otto : “Oui. La duchesse Crusch Karsten a perdu un peu de son éclat cette année. C’est comme si elle était une autre personne. Avant, elle était sévère dans les affaires publiques et privées, quelqu’un que les partisans du précédent duc Karsten ne pouvaient qu’accepter.”

Quelque chose avait changé dans sa politique et dans sa façon de procéder. Elle était devenue moins décisionnaire, et donnait apparemment une image un peu trop douce. Des rumeurs s’étaient répandues selon lesquelles elle aurait fait de son mieux pour servir le rôle peu féminin de Duchesse, mais que finalement sa vraie personnalité serait apparue.

Elle était manifestement occupée à traiter avec des sujets et des seigneurs insatisfaits, faisant même appel à l’aide du précédent Duc retraité.

Otto : “Tout le monde était certain qu’elle gagnerait la Sélection, étant donné qu’elle avait accompli le premier exploit avec l’offensive de la Baleine Blanche… mais on ne sait pas exactement ce qui a conduit à sa chute. Émilia-sama, soyez particulièrement vigilante.”

Émilia : “――Je vois.”

Émilia baissa les yeux, pleine de mélancolie. Elle ne pouvait s’empêcher de compatir avec ses rivaux, mais Otto trouvait cette attitude dangereuse et vulnérable. Elles finiraient par s’opposer l’une à l’autre. Il était défavorable de se soutenir inutilement. Cette dernière année avait appris à Otto que la vérité s’appliquait à la fois au commerce et à la politique.

Otto : “Essayez de ne pas trop y penser. D’autres conversations de ce genre devront avoir lieu à l’avenir.”

Émilia : “Hum. Merci. Je sais que tu ne fais que veiller sur moi.”

Otto : “Excellent. Venons-en enfin à la question de la faction d’Anastasia. Ils n’ont nulle part où établir leur base à Lugnica, mais ils ont le soutien d’importants commerçants à Kararagi. Des magasins qui n’avaient été à l’origine qu’une idée sont désormais en train de naître dans tout Lugnica, grâce au soutien de la Compagnie Commerciale Hoshin.”

Émilia : “Mais qu’est-ce que cela signifie ? Il y a peut-être de nombreux nouveaux magasins, mais cela ne signifie pas pour autant de nouveaux soutiens… oh, il y a plus de personnes la connaissant, donc elle est plus visible ?”

Otto : “Ce serait un effet indirect, je pense. Son objectif est plus simple que cela. ——Elle peut utiliser beaucoup plus d’argent. Et comme l’argent est très simple, ça marche sur tout le monde. Il n’y a aucune créature de la société qui vit en paix après une crise économique.”

S’allier aux marchands signifierait se faire plus d’amis dans le monde des affaires. Et comme l’économie soutient la société, détenir le pouvoir économique signifiait qu’elle pouvait attaquer et défendre cette société.

Elle s’était fait des alliés un peu partout, rendant presque impossible de la contrer. C’était une femme d’affaires qui donnait la priorité à sa force économique.

Otto : “Il est clair que la faction d’Anastasia est celle dont nous devons le plus nous méfier. Et puis nous recevons une invitation de leur part… et tout cela donne le sentiment que nous allons finir par leur être redevables. Comprenez-vous à quel point je suis troublé ?”

Émilia : “… C’est en fin de compte vraiiiment grave. Je suis désolée d’avoir agi de façon si irréfléchie.”

Otto : “Pas de quoi vous inquiéter, tant que vous comprenez. Vous ne ferez plus jamais rien par imprudence, j’en suis sûr… j’en suis sûr… parce que je suis sûr que vous comprenez !”

Émilia inclina la tête, et Otto secoua la sienne en signe de soumission, puis soupira.

L’explication claire d’Otto rendait les choses très faciles à comprendre. Émilia hocha la tête encore et encore.

En effet. Le monde de la politique était complexe et délicat.

Elle savait déjà que ses pensées “Je ferai de mon mieux” et “Faisons de notre mieux” ne lui assureraient pas la victoire, mais cela la déstabilisait de penser qu’elle devait faire attention à ce que les autres faisaient. Elle était heureuse qu’il lui ait révélé ces secrets, mais cela la rendait aussi beaucoup plus mal à l’aise.

Otto : “Vous n’avez pas à vous en préoccuper seule.”

Otto déclara cela, en imaginant ce que devait ressentir Émilia. Celle-ci leva les yeux, alors qu’Otto tripotait ses cheveux gris.

Otto : “Vous êtes peut-être la figure centrale, mais ça ne veut pas dire que vous devez tout faire vous-même. Vous avez tout ce carrosse avec vous.”

Émilia : “Tout ce carrosse ?”

Otto : “Natsuki-san est aux rênes. Béatrice-chan est sur ses gardes pour s’assurer qu’il ne se relâche pas. Garfiel fait le guet au sommet du carrosse, et c’est moi qui ai planifié notre itinéraire. Vous n’avez qu’à remercier chacun d’entre nous pour notre travail, et nous nous fraierons un chemin jusqu’à Pristella.”

Les yeux d’Émilia s’élargirent lorsqu’elle comprit ce qu’Otto voulait dire. Et c’était drôle, parce que cette manière de parler indirecte lui rappelait quelqu’un d’autre.

Émilia : “Otto-kun. Tu parles vraiiiiment comme Subaru.”

Otto : “Quoi !? Vraiment ? Oh non… il a dû m’infecter pendant tout ce temps passé avec lui… n-non, s’il vous plaît non, cette pensée terrifiante——”

Subaru : “Hey, Otto ! De quoi parles-tu si gaiement avec Émilia-tan ? Les sourires d’Émilia-tan sont mon alimentation, alors tu ferais mieux de ne pas en voler !”

Les épaules d’Otto s’élèvent alors que la personne en question s’immisçait dans la conversation. La réaction d’Otto fit sourire Émilia, et Otto sourit en retour, l’air vaincu.

Subaru : “Allez ! Qu’est-ce qui est si intéressant ? Ce n’est pas juste ! Béatrice, prends les rênes. J’y vais.”

Béatrice : “Ah ! Non, en fait ! Arrête-toi, je suppose ! Je ne peux pas… Ça va se renverser ! Ça va se retourner, en fait ! Regarde, elle va le retourner, je suppose !”

En entendant les cris depuis le siège du conducteur, Otto se leva résigné. Un certain Chevalier impatient devait avoir atteint ses limites. Il était temps d’échanger les places et de rendre visite aux dragons.

Émilia : “Otto-kun.”

――Quand soudain Émilia interpella Otto par derrière alors qu’il se préparait à se mettre à la place du conducteur. Il jeta un coup d’oeil vers elle, et son souffle se coupa. Le sourire confiant d’Émilia l’avait poignardé en pleine poitrine.

Émilia : “Je sais que je vais occasionner des problèmes, mais je vais tout de même faire de mon mieux. Je compte sur toi.”

Otto : “——Oui, je vous en prie. Je trouverai mon propre plaisir parmi les restes.”

Émilia : “Cela ressemblait aussi à Subaru.”

Avec un sourire amer, Otto s’avança vers la plateforme du conducteur. Subaru et Émilia étaient tous deux sournois. Pour Otto, atteint d’une maladie qui l’obligeait à répondre aux attentes que l’on avait placées en lui, ils étaient une combinaison mortelle.

Au fur et à mesure de tout ce vacarme, douze jours s’écoulèrent depuis leur départ.

Le groupe d’Émilia arriva sain et sauf à la cité Aqueuse, Pristella.

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-=Fin du Chapitre 4=-

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