Arc VI – Chapitre 27 – « Le mur d’Electra »

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Traduit par : Ice et Ringo

Traduit de l’anglais par : Lucifer

Relu par : Akira

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Artiste du fan-art : 贯穿之角

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ARC VI – LE CORRIDOR DES SOUVENIRS

CHAPITRE 27 – «Le mur d’Electra»

——Une femme, une unique femme existait.

Cette femme était une villageoise banale, née et ayant grandi de façon ordinaire. Aimée de ses parents, aimée de ses frères et sœurs, la femme aimait aussi sa famille, c’était une femme tout à fait normale.

Avec un fiancé choisi par sa famille, elle allait finir sa vie dans un coin d’un village pauvre, comme beaucoup d’autres villageoises. Pour elle, cela signifiait la vie, l’ordre établi des choses ne laissant aucune place au doute.

Cette banalité fut écrasée par les hommes puissants et sordides qui apparurent dans le village. Qu’est-ce qui la rendait adaptée, ou était-ce simplement le vice des humains, sans connaitre la vérité définitive, la femme était désirée de manière coercitive par les hommes puissants.

Peu importe qu’il s’agisse d’un village pauvre d’un petit pays, il existait une disparité impossible à éliminer avec les hommes puissants. La femme ne pouvait pas s’opposer à la demande des hommes puissants. Elle n’avait d’autre choix que de céder à l’irrationalité du destin.

Cependant, la femme était aimée. Par sa famille, par son fiancé, par les gens de son village.

Bravant l’oppression des puissants, la rage du peuple s’enflamma et donna rapidement naissance aux flammes de la guerre.

Le feu se propagea, les habitants du village s’organisèrent en armée et, enfin, les puissants et le petit château furent réduits en cendres.

En une seule soirée, la position de la femme changea du tout au tout.

Une banale villageoise, son fiancé à la tête d’un seul groupe de soldats.

La rage de l’embrasement incessant, les alentours qui considéraient cela comme dangereux se tournèrent vers leurs propres troupes les uns après les autres.

Ceux qui s’étaient soulevés en affirmant que c’était pour le bien de la femme, se retrouvèrent battus à leur propre jeu.

Le feu se propagea tandis que les flammes de la guerre crépitaient, réduisant le petit pays, les pays voisins et un grand pays à néant en peu de temps.

L’existence de la femme, qui était censée être à l’origine de tout cela, était réputée, la rumeur voulant qu’il s’agisse d’une belle jeune fille venue des cieux.

Les illusions s’empilaient les unes sur les autres, et à cause de l’intérêt et des attentes, le petit corps de la femme était sur le point de se briser.

Personne n’y prêta attention. Ni sa famille, ni son fiancé, ni les gens, personne ne portait son regard sur cette femme.

Les acclamations lorsqu’elle bougeait une main, les piétinements lorsqu’elle marchait dans une rue, les larmes de joie lorsqu’elle prononçait un mot, étaient tous tournés vers la femme.

Femme : “C’est… étrange. V-vous avez to… rt…”

Se voilant la face, elle nia. Ce n’était pas possible, ce n’était pas supposé être le cas.

Elle n’était qu’une banale villageoise, ni une beauté des cieux, ni une charmante sirène, mais une simple et maigre villageoise.

Où se trouvait en elle une telle valeur ?

Les gens étaient intoxiqués de rêves. Bercés d’illusions, dansant avec des idéaux.

Très vite, sans respecter la moindre limitation, même un grand pays fut réduit en cendres avec la femme qui en était à l’origine.

Le grand pays en ruine, le château dévalisé, à son sommet le fiancé s’agenouilla devant la femme. Et, il l’informa.

??? : “――Je t’aime. Ce triomphe, les sourires du peuple, sont autant de choses offertes par toi.”

La Capitale Royale enflammée, les monceaux de cadavres, le peuple tremblant ému d’extase. Les villageois avec lesquels elle vivait aussi, la famille qui l’aimait aussi, le fiancé qui souhaitait son bien-être aussi.

Il n’y avait plus personne nulle part.

――Sans répondre au fiancé, la femme s’en alla. Abandonnant sa famille, les villageois, absolument tout.

Elle n’était pas censée en être dotée. Elle ne l’avait jamais souhaité. La femme avait simplement tout perdu.

Ayant perdu les jours où elle avait été aimée et qui avaient certainement existé, la femme, seule, se dirigea vers les champs brûlés.

Pourtant, les rêves, les illusions, les idéaux ne permirent pas à la femme de s’échapper.

Où qu’elle aille, tout le monde aimait la femme, se consacrait à la femme, désirait la femme, tout était amené à la ruine.

Tout le monde aimait la femme. Comme une malédiction. Tout en ignorant l’existence d’un véritable amour à l’intérieur d’eux-mêmes.

――La Sorcière de la Luxure rechercha l’amour qu’elle avait perdu et continua à être aimée par l’amour qui convoquait la ruine.

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――La maîtrise à l’épée qui débordait de lui transperçait sans retenue Subaru et les autres qui avaient défié Electra.

L’homme était vêtu d’une tunique cramoisie, les deux bras en dehors des manches, et le haut du torse était dénudé à l’exception du sarashi qui l’enveloppait.

(Note de Traduction : Sarashi : Un long tissu blanc qui peut être enroulé autour du corps sous un kimono.)

Il y avait une lueur de folie dans les yeux du Manieur de Bâton après qu’il leur ait adressé cette terrible annonce.

L’examen du deuxième étage――en somme, il s’agissait de faire en sorte que leur examinateur, le Manieur de Bâton, reconnaisse leurs qualifications pour passer à l’étage supérieur. Cela s’était déjà soldé par l’abandon de deux personnes en raison des compétences atypiques de l’homme.

Même dans ces conditions, Émilia avait réussi à arracher la victoire grâce à sa force de combat, sa persévérance, sa ténacité et l’utilisation de nombreuses armes. Cependant――

Subaru : “――Les conditions ne disent-elles pas que c’est acceptable si une seule personne l’emporte ?”

Manieur de Bâton : “Aaahn ? Qui a dit ça p’tain, arrête de sortir des trucs de ton cul, enfoiré. Pourquoi est-ce que si une personne pouvait monter, alors toutes les autres le pourraient ? Utilise ton bon sens, utilise-le ! Est-ce qu’l’intérieur d’ta tête est aussi celui d’un menu fretin, enfoiré ?”

Subaru : “T-tu fais cette remarque au gars qui ne souhaite pas qu’on lui donne des leçons de bon sens plus que tout au monde… !”

Subaru grogna devant la remarque parfaitement raisonnable de l’homme, qui avait maintenant croisé ses baguettes, une dans chaque main, avec un claquement.

En fait, celui qui avait tiré des conclusions hâtives sur les conditions claires de l’examen était Subaru lui-même.

L’examen du troisième étage avait consisté à résoudre une énigme et, une fois résolue, la structure de la salle elle-même avait changé ; on pouvait donc dire qu’il avait tiré cette conclusion hâtivement. Il avait supposé à tort qu’une nouvelle bibliothèque se matérialiserait si l’un d’entre eux réussissait l’examen du deuxième étage.

Si sa supposition s’était effondrée et que la réussite de l’examen nécessitait la force de chacun d’entre eux au combat, alors il était assez certain que vaincre celui-ci serait futile.

La condition qu’Émilia avait réussi à remplir――à savoir “déplacer l’homme d’un seul pas”, ils avaient vu à présent à quel point il était difficile de la remplir, contrairement à ce qu’elle semblait être.

En clair, Émilia était actuellement la plus forte parmi tous ceux qui étaient venus défier la Tour de Guet des Pléiades aux côtés de Julius――même si, tant que le Contrat de Julius avec ses Quasi-Esprits était rompu, il pouvait objectivement dire qu’elle était la plus forte d’entre eux.

L’homme avait été extrêmement négligent lors de leur premier affrontement, ce qui avait permis à Émilia de le vaincre.

En résumé, ils avaient opposé leur plus forte avant-garde à leur ennemi au moment où il était le plus faible.

Ils avaient réussi à le battre une fois, mais maintenant que c’était devenu un tournoi où tout le monde devait le battre, ils allaient devoir aligner tous les autres, moins bons combattants, contre cet homme qui n’avait plus de faille dans son armure.

Déplacer l’homme d’un pas――allaient-ils vraiment pouvoir remporter une victoire comme celle qu’Émilia avait arrachée en combinant la chance et une attaque de ce calibre ?

Béatrice : “――Attends, en fait. Il y a une erreur essentielle dans ce que tu dis, je suppose.”

Manieur de Bâton : “Une erreur ?”

Subaru, tremblant à cette idée, essayait de trouver une lueur de victoire au milieu de leur terrible situation. Béatrice, qui se trouvait juste à côté de lui, lui serra fermement la main afin de le calmer et s’adressa à l’homme.

L’homme devint maussade en entendant ses paroles et pointa son œil découvert vers Béatrice,

Manieur de Bâton : “Qu’est-ce tu racontes, minette. T’es arrivée dix ans trop tôt, minette. Non, au moins cinq, minette. T’pourras v’nir ici quand tes jambes, tes bras et ton corps auront grandi et quand t’auras des nichons et du cul, minette.”

Béatrice : “…Je n’ai jamais eu l’intention de participer à tes conneries, mais là, tu m’as fait renoncer complètement à ces intentions, en fait. C’est pour ça que je vais te l’enfoncer dans ton crâne épais, je suppose.”

Manieur de Bâton : “Mon crâne épais… Qu’est-ce tu veux p’tain de dire ?”

Béatrice : “Ça a déjà été décidé, en fait――Émilia t’a dit que si tu étais déplacé ne serait-ce que d’un pas, alors ce serait notre victoire, je suppose. En d’autres termes, la victoire d’Émilia était une victoire pour nous tous, en fait !”

Subaru : “――Hk !”

Subaru retint son souffle et regarda instinctivement Émilia.

Il ne s’attendait pas à ce qu’elle ait planifié si longtemps à l’avance leurs négociations effrénées ; il fut surpris par la nature mégère qu’elle cachait au fond d’elle. Depuis le coin de son œil, Émilia plaça sa main contre sa bouche et déclara “Oh”. Non, elle n’était pas mégère. Elle était pure. Elle était EMT.

Émilia : “Oui, maintenant que tu le dis, j’ai bien déclaré cela ! J’ai bien dit “notre” ! Qu’est-ce que tu en penses ? Quand tu prends ça en considération, ça ne veut pas dire qu’on a tous réussi ton examen ?”

Manieur de Bâton : “C’est une question de sémantique, minette. Ça veut pas dire ça du tout.”

Émilia : “Oh… je vois. Subaru, Béatrice, je suis désolée. Il a dit que ça ne marcherait pas…”

Béatrice : “Tu abandonnes bien trop vite, je suppose !!”

Béatrice hurla en direction d’Émilia, qui avait baissé les épaules d’un air dépité et signifié son abandon d’un air docile. Pourtant, Subaru avait lui aussi trouvé ce tour d’esprit déraisonnable, une fois qu’il y avait réfléchi.

Et c’est parce qu’il avait été tellement désespéré par la hauteur du mur devant eux qu’il avait voulu s’accrocher à cette possibilité.

Manieur de Bâton : “S’que dit cet avorton est pas dénué d’sens. Je crois aussi m’souvenir qu’au début, on pouvait embarquer autant d’personnes qu’on voulait tant qu’on essayait d’m’affronter――mais suivre les règles, c’est un peu ennuyeux, alors j’ai dû m’forcer à m’réveiller.”

Subaru : “Quand tu dis que tu as dû te forcer à te réveiller… Tu veux dire que ce truc au début, c’était toi qui piratais le système ?”

Manieur de Bâton : “J’sais pas, enfoiré. Utilise des mots que j’peux comprendre, enfoiré. On parle pas comme cette personne qui a des ch’veux blancs à un jeune âge, enfoiré.”

L’homme n’arrêtait pas d’osciller entre bonne et mauvaise humeur. Alors que Subaru hochait la tête paresseusement aux paroles de l’homme pour montrer qu’il était attentif, il réussit à déduire quelque chose à propos de la partie système de l’examen――quelque chose à propos de la vraie nature de l’homme.

Il avait déduit cela en observant les examens du troisième et du deuxième étage, puis en observant ce que l’homme, qui semblait dépourvu de toute raison, avait dit après son apparition et son comportement par la suite. Sa déduction reposait sur les choses qui semblaient déplacées à partir de chacun de ces points.

En bref, il y avait une différence vitale entre l’examen original et l’examen qui se déroulait actuellement.

Subaru : “En vérité, ça aurait dû être un examen où les choses se seraient bien passées si tout le monde avait travaillé ensemble pour remplir la condition, mais parce que tu t’es “réveillé”, il est maintenant devenu nécessaire que chacun remplisse la condition ?”

Manieur de Bâton : “Kah ! Comme si j’le savais, enfoiré. Mais j’ai pas la moindre idée d’celui qui aurait été le plus facile. J’sais pas qui d’me tuer en utilisant tous vos efforts combinés ou d’me laisser caresser tes seins et de me frapper une fois aurait été le plus facile… !”

Subaru : “――Ne dis pas des choses aussi inconsidérées, espèce de bâtard pervers. Je vais te faire taire.”

Subaru amena sa main près de son fouet afin de pouvoir le frapper de colère pour ses paroles insensibles.

Il le sortit de l’arrière de sa taille et le fit claquer aussi vite qu’il le pouvait en utilisant seulement son avant-bras. Cependant, l’homme attrapa facilement le fouet, qui aurait dû voyager presque à la vitesse du son, entre ses baguettes et le secoua.

La probabilité de l’atteindre avait été faible, mais son attaque surprise avait fini par échouer de façon très spectaculaire――

Manieur de Bâton : “Kah ! J’savais que t’étais pas du genre à manier des bâtons, mais vraiment, un fouet, enfoiré ? C’est quoi s’goût-là, enfoiré ? Les coups d’fouet sont bons qu’pour tes ennemis et ta femme.”

Subaru : “On dirait bien que tu es mon ennemi ! En plus, j’ai prévu de parcourir les bases correctement quand il s’agit d’Émilia, et ça ne me laisse pas le choix quant à l’utilisation des fouets avant de toutes les passer en revue !”

Béatrice : “Subaru, Subaru, calme-toi, en fait. Je comprends à peine ce que tu dis, je suppose. Et en plus tu te laisses emporter par le rythme de l’ennemi, en fait !”

Émilia : “C’est vrai Subaru ! Il ne faut pas s’énerver comme ça ! Il a juste touché ma poitrine, ce n’est pas comme s’il avait fait quelque chose de bizarre.”

Subaru : “C’est quelque chose de bizarre, Émilia-tan !”

Manieur de Bâton : “En général, ya d’quoi s’énerver, bombasse.”

L’homme et Subaru répondirent en même temps à Émilia, qui avait tenté de les calmer. Émilia écarquilla les yeux devant leurs remarques synchronisées et Béatrice poussa un profond soupir.

??? : “――Je me demaaaande~, puis-je dire quelque chose très rapidement ?”

Après avoir gardé le silence pendant si longtemps, quelqu’un parla finalement d’une voix tremblante vers les quatre d’entre eux――qui avaient été pris dans leur échange, et qui avaient maintenant l’air plutôt décontenancés.

??? : “…Je n’aime pas diiiire~ ça, mais je peeeense~ que nous devrions faire demi-tour.”

La petite fille qui avait parlé et levé sa petite main avait des cheveux tressés bleu foncé――Meili. Elle secoua lentement la tête, toujours perchée sur les épaules de Shaula (qui s’était effondrée à genoux, évanouie).

Les yeux vert olive de Meili étaient remplis d’une peur indubitable de l’homme qui s’y reflétait et qui se tenait plus loin à l’arrière, mais elle parla tout de même.

Meili : “Je ne sais pas comment tu peux parler de façon si fluide avec ce gars onii-saaan~… Notre Chevalier onii-san, notre onee-san portant le foulard et même notre onee-san nue ont été blessés par lui.”

Subaru : “Parmi eux, Shaula s’est effondré pour d’autres raisons, mais… c’est définitivement bizarre.”

Bien que la position de Meili soit pessimiste, son évaluation était naturelle si l’on prenait en compte leur force de combat actuelle.

C’était plutôt Subaru qui, en essayant de rester ici et de continuer leur défi, avait complètement perdu son sang-froid. Ils avaient été complètement aplatis par les talents d’épéiste du Manieur de Bâton.

Il n’avait pas réussi à rester objectif avec l’influence que l’effondrement d’Anastasia et Julius et le harcèlement sexuel d’Émilia exerçaient sur lui, cependant――

Subaru : “――Ce n’est que pure hypothèse, mais si nous partions et revenions plus tard, est-ce que tu reconnaîtrais toujours sa victoire ?”

Manieur de Bâton : “――――”

Il aurait même pu dire que son esprit sportif en ayant reconnu qu’Émilia avait remporté l’examen était non rétractable――mais, même s’il l’avait démontré, les autres éléments qui l’accompagnaient n’étaient pas si faciles à comprendre.

Même en appliquant la conclusion raisonnable de Meili, si leur adversaire ne l’acceptait pas, ils ne pourraient pas éviter de se battre. Jusque-là, leur adversaire avait pris soin de ne pas les tuer. Mais maintenant qu’il se comportait comme s’il venait de passer à la vitesse supérieure, ils n’avaient aucune garantie que leurs vies ne seraient pas en danger la prochaine fois qu’ils le défieraient.

Si cela devait arriver, il serait hors de question de le défier. Au lieu de cela, il devrait utiliser jusqu’à la dernière parcelle de sa force pour les faire sortir d’ici.

Sans aucune exagération, la force réelle du Manieur de Bâton approchait des niveaux cataclysmiques.

Il s’était débarrassé de Julius avec ses baguettes, s’était battu avec Émilia et avait encore beaucoup d’énergie à revendre――sa force réelle était sans exagération du niveau de Reinhard. Quelle sorte d’intention avait le seigneur de cette Tour en plaçant un tel monstre ici ?

Il lui semblait qu’il n’avait pas l’intention de laisser les choses se résoudre si l’on prenait en compte la solution de l’énigme du troisième étage sur le thème des constellations.

Subaru : “Alors, qu’en est-il ?”

Déplaçant ses talons alors que sa patience commençait à s’épuiser, il s’approcha des silhouettes effondrées de Julius et d’Anastasia. Prenant acte de ce que faisait Subaru, Béatrice et Émilia se mirent subtilement en position à leur tour.

Si le Manieur de Bâton montrait les crocs, Émilia lancerait à nouveau instantanément son Icicle Line et ils n’auraient d’autre choix que de ramasser les trois qui s’étaient effondrés à l’aide du Murak de Béatrice et de sprinter pour s’enfuir. Dans le pire des cas, il devrait envisager de lancer également le troisième atout encore incomplet avec Béatrice――

Manieur de Bâton : “――Assez.”

Subaru : “Hein ?”

Manieur de Bâton : “A-S-S-E-Z ! Assezassezassezassezassezassezassez ! J’suis pas d’humeur pour ça !”

L’homme leur cracha brusquement cette phrase alors qu’ils s’acharnaient corps et âme sur leur plan d’évasion. Alors qu’ils restaient bouche bée devant son attitude puérile, l’homme remit son bras dans sa manche gauche et redressa sa tunique comme il l’avait portée la première fois. Puis il commença à marcher d’un air maussade, loin de Subaru et des autres qui restaient sur leurs gardes――il se dirigea vers l’Épée de Sélection qui avait été repoussée d’un coup de pied.

L’homme piétina l’épée tombée, la souleva d’une pichenette et s’en empara nonchalamment. Ensuite, il enfonça vigoureusement la pointe de l’épée dans le sol blanc et celle-ci retrouva l’état dans lequel elle se trouvait au début de l’examen. Et puis――

Manieur de Bâton : “J’ferme boutique. Dégagez, enfoirés. Ça m’fatigue. Grouillez-vous.”

Il s’écroula sur place dans un bruit sourd et cracha ces mots, assis avec un genou levé.

Subaru : “――A-attendsattendsattends ! Tu es en roue libre, c’est quoi cette histoire ? Tu vas vraiment décider des détails de l’examen en fonction de ton humeur !?”

Manieur de Bâton : “T’es vraiment bruyant, enfoiré. Le pouvoir décisionnel m’a été laissé depuis l’début, enfoiré. Si j’dis non, c’est non.”

Subaru resta instinctivement sans voix en entendant cette façon arrogante de parler. À la surprise de Subaru, l’homme poursuivit par “En plus”.

Manieur de Bâton : “――Quand j’ai pas envie d’faire que’que chose, j’le fais pas. Alors, t’vas faire s’que j’t’ai dit, enfoiré ?”

Subaru : “――――”

Le corps entier de Subaru fut baigné de frissons en raison d’une rafale de vent intense qui passait par là.

L’homme avait mis de côté toutes ses armes et même rangé ses baguettes dans la poche de sa poitrine ; et ses lèvres s’étaient retroussées. Cela ressemblait à un sourire, mais il était d’une autre nature que celui qu’il avait affiché jusqu’à présent.

Aussi féroce soit-il, ce n’était pas un sourire qui dégageait une atmosphère ensoleillée. Son sourire était plutôt celui d’une bête folle qui dégageait une sombre, sanguine et effroyable intention de tuer.

??? : “…Ah.”

Un petit gémissement se fit entendre.

Pas de Subaru, mais d’Émilia qui aurait dû être à ses côtés. Elle tenait une de ses mains contre sa gorge pâle et ses yeux semblables à des bijoux étaient agrandis par la surprise.

Ses genoux se dérobèrent sous elle et elle s’affaissa sur le sol. On aurait dit qu’elle avait remarqué à ce moment qu’elle était incapable de se tenir debout toute seule et qu’elle avait oublié comment respirer――

Subaru : “Ha――”

Et c’était la même chose pour Subaru également, qui avait soudainement pris conscience de sa respiration dès qu’il avait vu la réaction d’Émilia. Avant même qu’il ait pu s’en rendre compte, Subaru s’était mis à genoux de douleur et tout son corps était trempé de sueur.

Il était dans le même état qu’Émilia――non, il était encore plus mal en point qu’elle. Il avait été complètement intimidé par la présence de l’homme.

C’était comme s’il avait commencé à oublier que son cœur battait, et qu’il avait commencé à être tué.

S’il n’y avait eu personne autour de lui pour lui rappeler cela, il serait mort de la seule puissance des yeux de l’homme.

Manieur de Bâton : “Va t’creuser la tête pour voir si tu peux trouver un moyen d’gagner, enfoiré. Le même tour que celui utilisé par la bombasse suffira pas. Même la femme sexy endormie fera pas l’affaire. Maint’nant, dégagez d’ma vue, j’vais m’pieuter.”

Sa voix s’était faite plus grave, indiquant qu’il ne plaisantait pas lorsqu’il avait dit cela, et ensuite, sa tête se baissa d’un coup, par somnolence. Au bout d’un moment, ils purent entendre le ronflement de l’homme, qui semblait aussi assourdissant que lorsqu’il était éveillé.

En ce sens, son ronflement bruyant n’était pas du tout contraire à sa personnalité――cependant, aucun de ceux qui étaient encore debout ici n’étaient capables d’en rire.

Meili : “Faisons demi-tour aussi vite que possiiible~.”

Il voulait quitter cet endroit aussi vite que possible.

Répondant aux paroles de Meili qui avait insisté pour qu’ils le fassent, Subaru et les autres attrapèrent lentement leurs membres à terre et furent forcés de se retirer de l’examen.

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??? : “Je vois. C’est donc la raison pour laquelle vous êtes revenu avec un air si sombre du second examen.”

Subaru : “…Toujours aussi rude, eh, nee-sama ?”

Ram : “Arrête de parler comme ça. Chaque fois que tu le fais, la théorie que tu es le Maître-sama de la femme endormie prend plus de poids.”

Subaru : “C’est de la folie ! Fais attention à ce que tu dis.”

Ram poussa un court soupir en haussant faiblement les épaules à son avertissement déplaisant.

Ils étaient au quatrième étage, dans la pièce adjacente à la Salle Verte. Subaru et Ram étaient face à face, et Émilia, Béatrice et Meili étaient là aussi. Le nombre était passé à six avec l’inclusion de Shaula, qu’ils avaient fait venir ici comme dernier membre.

Le groupe avait descendu le long, très long escalier et s’était enfui du deuxième étage. La première chose qu’ils avaient faite consistait à porter leurs blessés jusqu’à la Salle Verte et à les confier aux soins de l’Esprit.

Leur diagnostic en cours de route était que Julius s’était simplement évanoui, tandis que pour Anastasia, la raison sous-jacente était l’épuisement dû à l’utilisation d’une trop grande quantité de magie ; en somme, leurs vies n’étaient pas en danger.

Ils les avaient donc installés dans des lits, et avaient changé de salle avec Ram pour qu’il puisse lui expliquer la situation, et également pour contourner la limite de personnes imposée par la salle. Cependant――

Ram : “J’ai entendu dire qu’il y avait aussi un examinateur ridicule, mais… C’est seulement Émilia-sama qui a été reconnue par lui, pas vrai ? N’était-ce pas possible pour une seule personne de consulter la bibliothèque ?”

Subaru : “C’est…”

Émilia : “Oh, je n’y avais pas pensé maintenant que tu le dis. C’est vrai, j’aurais pu aller au premier étage si j’avais été seule… Devrions-nous essayer de demander au Manieur de Bâton-san si je peux… ?”

Subaru : “…Non, ne le faisons pas. Je ne veux pas remuer le nid de frelons et risquer qu’il s’énerve à nouveau ; et même s’il disait à Émilia-tan qu’elle pouvait monter toute seule, ce… Ce serait dangereux.”

Émilia : “Je vais faire vraiiiment attention, tu sais ?”

Subaru : “C’est dangereux.”

Ram : “C’est dangereux.”

Béatrice : “C’est dangereux, je suppose.”

Subaru, Ram et Béatrice mirent immédiatement à mal la détermination d’Émilia. Celle-ci se tenait dépitée après avoir entendu leurs inquiétudes, mais ce n’était pas comme si Subaru avait maté sa volonté par excès de protection.

Pour l’instant, il souhaitait ne pas irriter ce Manieur de Bâton sans raison valable. Il en était absolument sûr.

Il était vrai qu’il avait envie de dire quelque chose à cet individu décomplexé, mais il serait suicidaire de le défier alors qu’il était de mauvaise humeur, quel que soit le moment où l’examen reprendrait.

Et le fait est qu’à l’heure actuelle, ils n’avaient même pas vu l’homme prendre l’épée.

Même si seule Émilia avait été capable de surmonter cet homme――

Subaru : “Je doute que l’examen du deuxième étage ne se limite qu’à cette partie. Il pourrait facilement nous rouler dans la farine… Non, c’est ce qu’il me semble parce qu’Émilia-tan l’a surmonté sans trop de problème, mais je me demande si c’est vraiment la fin ; c’est ce qui me préoccupe.”

Émilia : “Je crois que tu y songes trop. Cet individu… Même si les choses qu’il dit sont un peu étranges et grossières, parfois on n’a pas l’impression qu’il mentirait. Non, on dirait que c’est une personne qui ne peut pas mentir.”

Subaru : “Le jury est divisé en deux sur la question de savoir si c’est simplement toi qui as foi en lui ou si c’est parce qu’il est sagace qu’il ne peut pas mentir…”

Quoi qu’il en soit, il n’avait aucune raison de balayer d’un revers de main la remarque d’Émilia. Au contraire, il était d’accord avec l’évaluation qu’elle avait faite de ce Manieur de Bâton.

S’il regardait les choses sous un autre angle, la raison pour laquelle elle avait surmonté l’examen si facilement pourrait également être parce qu’Émilia était la plus forte d’entre eux. Donc, en ce qui concerne Julius, le fait qu’il se soit effondré signifiait que――

Subaru : “J’espère qu’il n’est pas déprimé…”

Émilia : “Tu t’inquiètes pour Julius ?”

Subaru : “Je n’en suis pas tout à fait sûr. Tu vois, quand il s’agit d’être inquiet, je suppose que je le suis… Mais ce n’est pas aussi simple que ça.”

Le corps à corps de Julius avec le Manieur de Bâton, sa défaite subséquente et sa silhouette battue, avaient été gravés dans son esprit. Il ne dramatisait probablement pas son anxiété lorsqu’il repensait à l’apparence de Julius dans ses derniers instants.

Son habileté à l’épée avait été loin d’égaler celle de son adversaire, on avait joué avec lui comme si c’était un jeu d’enfant, et finalement même son épée de Chevalier avait été brisée――

Subaru : “Il y a une autre épée dans notre carrosse draconique, mais j’imagine que ce n’est pas le problème ici.”

Béatrice : “Les épées peuvent être reforgées. Je ne comprends vraiment pas toute cette agitation, je suppose.”

Subaru : “Mais Béako, ne prends-tu pas bien soin du mouchoir, des mitaines et du tablier que je t’ai fait ? Ce que je veux dire, c’est que ces choses sont spéciales, et c’est comme si elles avaient été déchirées.”

Béatrice : “…Je m’excuse d’avoir dit quelque chose d’aussi stupide, en fait.”

Béatrice retira docilement sa remarque insensible et Subaru lui caressa la tête en laissant échapper un soupir.

Il était difficile d’imaginer comment Julius réagirait en se réveillant dans la Salle Verte. Même s’il ne savait pas s’il allait déprimer (contrairement à son habitude) ou s’il allait essayer de se montrer fort comme à l’accoutumée, Subaru n’avait aucune idée de ce qu’il lui dirait quand il finirait par le faire ; c’est pour cette raison qu’il se sentait plutôt abattu.

Et en matière de choses à craindre, cela ne s’arrêtait pas seulement à Julius.

Subaru : “Anastasia… Echidna… Ce désespoir, à quoi pensait-elle…”

Un doute qui s’accrochait fermement à l’esprit de Subaru était la décision d’Anastasia, ou plutôt d’Eridna, lorsqu’elle s’était interposée dans le duel de Julius contre le Manieur de Bâton et lui avait apporté son soutien.

Il ne faisait aucun doute qu’à ce moment-là, elle avait apporté son soutien à Julius. La raison pour laquelle elle avait fait tout son possible pour l’aider lorsqu’il avait été submergé de la sorte était une raison que tout le monde, y compris Subaru, aurait ressentie également.

Néanmoins, en abordant brièvement la question, ce qu’Echidna avait fait, en considérant qu’elle se déplaçait en utilisant le corps d’Anastasia qui était restée en retrait dans toute cette affaire, dépassait la surprise et méritait même l’effroi.

Même durant leur voyage et après leur arrivée à la Tour de guet, Echidna n’avait pas oublié de se comporter comme Anastasia ; elle avait continué à affirmer qu’elle ferait de son mieux pour agir en tenant compte de son corps. Il s’était dit qu’à ses yeux, au moins, elle ne s’y serait pas opposée.

Quel sens y avait-il à ce qu’elle vienne ici et qu’elle se comporte tout à coup comme ça――?

Béatrice : “L’indisposition de cette fille est gravement différente d’une petite utilisation excessive de la magie, je suppose.”

Subaru : “――Alors qu’est-ce que c’est ?”

Béatrice était la seule à partager la connaissance de la situation concernant Anastasia et Echidna, et elle murmura tranquillement ces mots à l’oreille de Subaru qui broyait du noir.

Lorsque Subaru posa sa question, Béatrice poursuivit en disant : “Pour faire simple,”

Béatrice : “Pucky, Betty et cette Écharpe sont spéciaux parmi les Esprits, en fait. Nous sommes tous plus puissants que beaucoup d’autres Esprits, mais nous compensons en ayant d’autres restrictions, je suppose. Je n’ai pas besoin de te l’expliquer maintenant, en fait.”

Subaru : “Mhm. Puisque tu me veux pour toi toute seule en me faisant signer un Contrat avec toi, je ne peux pas signer de Contrat avec d’autres Esprits. Tu peux être rassurée, je suis à toi, Béako.”

Béatrice : “Ce n’est pas aussi réjouissant que ça, je suppose. Il s’agit plutôt de l’Esprit-Écharpe, en fait. Il est vrai qu’elle a emprunté le corps de cette fille… Mais j’ai réalisé quelque chose en venant ici, je suppose. Cette fille n’a aucune magie qu’elle puisse utiliser autre que son Od, en fait.”

Subaru : “Aucune autre que son… Od ?”

Béatrice : “Elle est comme toi, il y a un défaut dans son Portail, je suppose. Sa valve est cassée et sa capacité à attirer le Mana de l’extérieur est fichue, en fait. Elle ne peut donc pas utiliser la magie à moins de réduire sa propre vie, je suppose.”

Subaru : “Alors ça veut dire…”

Cela pourrait être fatal, Subaru déglutit en réalisant cela.

Subaru était choqué par les problèmes que portait le corps d’Anastasia. C’était de sérieux handicaps dans un monde comme celui-ci.

Il se rappela les mots qu’Anastasia, ou plutôt Eridna, avait prononcés auparavant, “Mon atout me ronge le corps”. Elle avait employé ces mots au pied de la lettre.

Et maintenant que ce fait était devenu clair, Subaru finit par devenir de plus en plus perplexe.

Si en fait l’utilisation abusive du corps d’Anastasia par Echidna n’avait servi à rien d’autre qu’à raccourcir la vie de son hôte, alors――

Subaru : “Pourquoi essayait-elle toujours d’aider Julius ?”

Il ne semblait pas qu’elle l’avait fait dans le cadre d’un plan complexe. Sans aucun doute, prendre ce risque en s’inquiétant de l’état de Julius devait être à l’origine de cet acte de désespoir.

Echidna était-elle attirée par Julius ? Était-ce aussi l’un des pouvoirs de sa Protection Divine du Rassemblement des Esprits ?

Ram : “――Je suis inquiète pour Anastasia-sama et le Chevalier Julius, mais nous avons d’autres problèmes à régler, non ?”

Subaru : “Je suppose que tu parles de ce Manieur de Bâton.”

Ram : “C’est exact. Ça peut sembler froid, mais pour moi, ce que nous ferons au sujet de l’examen est plus important――si nous ne pouvons pas le surmonter, alors nous ne trouverons pas le moyen de récupérer Rem.”

Ram interrompit les pensées de Subaru et, dans un sens, exprima une opinion assez froide.

Tout comme elle l’avait reconnu, ses mots manquaient un peu de considération. Mais Subaru n’allait pas la blâmer pour cela.

Ram : “――――”

Il ne pouvait pas le voir, mais il pouvait sentir une pointe d’irritation cachée derrière l’expression rigide de Ram. C’est parce qu’elle était frustrée d’être maintenant à un bras de la possibilité de la récupérer, mais encore si loin ; Subaru pouvait compatir à cela.

Émilia : “Il s’habillait de façon décontractée, avait un cache-œil, des cheveux rouges, des yeux bleus… Il avait un physique terriblement affirmé et violent par contre.”

Subaru : “Est-ce que quelqu’un de familier te vient à l’esprit ? Si tu ne le vois pas en vrai, tu ne pourras probablement pas l’imaginer, mais il est sans exagération aussi fort qu’un monstre. Peut-être de l’ordre de Reinhard.”

Ram : “Un vrai cauchemar, hein.”

Émilia : “Cela dit, ce que dit Subaru n’est pas un mensonge. Je n’ai jamais vu la vraie force de Reinhard… Mais je pense qu’il était aussi fort que ça.”

Émilia poursuivit les paroles de Ram, détaillant ses pensées en ayant réellement combattu l’homme.

Il n’y avait aucun intérêt à mentir ici. D’après son évaluation, Ram plaça sa main contre son front, et déclara,

Ram : “Si nous faisons confiance aux paroles de Barusu et Émilia-sama, alors notre ennemi est du même calibre que le Chevalier Reinhard… Si, comme raconté, ils sont vraiment égaux à l’homme le plus fort du monde, alors il y en a un qui est au moins proche de son niveau dans tous les pays du monde.”

Subaru : “Basiquement, Reinhard est le plus fort du Royaume, et chacun des trois autres pays a son propre plus fort.”

Ram : “Dans l’Empire Vollachien, il y a le Premier Général, l’Éclair Bleu, Cecilus Segmunt ; dans le Saint Royaume de Gusteko, il y a le Prince Fou ; et dans les Cités-États de Kararagi, il y a l’Admirateur, Halibel. Mais chacun d’entre eux a des caractéristiques différentes.”

Subaru : “Aucun d’entre eux n’a de longs cheveux rouges ?”

Ram : “Je ne suis pas sûre parce que nous ne savons pas à quoi ressemble le Prince Fou du Saint Royaume de Gusteko.”

Subaru : “Prince, un prince, hein… ? Je suppose qu’il ne dégage pas ce genre de ressenti ?”

Mais il n’était pas sûr qu’il soit complètement différent de cet individu, lorsqu’il prenait en compte la partie “fou”. Bien qu’il ait des traits assez beaux, il ne pouvait pas dire qu’il avait une élégance royale.

C’était le genre de beauté que l’on trouvait dans les plaines, le genre que l’on trouvait dans la nature sauvage, c’était donc une œuvre d’art du genre permise.

Subaru : “Et en plus, c’est un maître d’arts martiaux dont le nom n’est pas connu dans le monde…”

Béatrice : “Les vêtements qu’il portait étaient ceux de Kararagi, en fait. Il utilisait aussi des baguettes, je suppose.”

Subaru : “Oh punaise, il les utilisait, mais bien trop différemment de la façon dont elles sont censées être employées…”

En outre, Subaru avait beau se démener, il était peu probable qu’il trouve un lien entre “un maître d’arts martiaux inconnu du monde” et cet homme.

L’homme était un peu plus âgé que Subaru――probablement dans la vingtaine. Cependant, il sentait que quelque chose n’était pas tout à fait juste en ce qui concerne le fait qu’un homme de cet âge, aussi compétent et avec une nature aussi tordue, finisse par être inconnu, et ce sentiment prenait le dessus.

Par ailleurs.

Il restait un doute qui le troublait, à savoir si l’homme qui avait été placé là par l’étrange mécanisme de la Tour de Guet des Pléiades n’était en fait vraiment qu’une personne aléatoire――

Meili : “Ah, onii-san, puis-je intervenir un instaaant~ ?”

Subaru : “Hm ?”

Meili : “N’a-t-on pas l’impression qu’onee-san nue est sur le point de se réveiiiller~ ?”

Meili, qui était occupée à fournir un oreiller avec ses cuisses à Shaula, leva la main d’un coin de la pièce. Et comme elle l’avait dit, Shaula, dont la tête reposait toujours sur les cuisses de Meili, étira son corps de façon captivante et commença à gémir, “Ummph, aaanh.”

Puis elle ouvrit lentement les yeux sous le regard de tous les autres――

Shaula : “Maîîître… Ne me laisse pas seule, s’il te plaît… Je ne veux plus être seule…”

Subaru : “Arrête de faire semblant d’être malheureuse dès le départ ! Tu étais réveillée depuis le début, n’est-ce pas ?”

Shaula : “Bon sang. Bizarrement, je pensais que tu témoignerais ton affection Maître, mais il s’avère que tu es mééééchant~ comme toujours. Maismais, j’aiiiime~ aussi cette partie de toi.”

Subaru : “On dirait que je me suis inquiété pour rien…”

Shaula souleva ses longues jambes, les balança vers le bas et se releva agilement. Elle secoua sa soi-disant queue de scorpion et observa la pièce ; puis elle inclina la tête et déclara “Oh ?”.

Shaula : “Hein ? Pourquoi sommes-nous ici ? Si je ne me trompe pas, nous avons passé l’examen avec l’un des éclats de génie dramatiques du Maître et nous sommes parvenus à monter…”

Subaru : “Oy, ce n’est pas un rêve. C’est la réalité.”

Shaula : “Tu me serrais dans tes bras, Maître, et tu as commencé à rire en me disant de ne plus te lâcher…”

Subaru : “C’était un rêve ! Tu t’es évanouie juste après le début du deuxième examen !”

Subaru cria cela en direction de Shaula alors qu’elle récitait le contenu de son horrifiant rêve. Il essaya ensuite de lui rappeler ce qui s’était passé juste avant qu’elle ne s’évanouisse. Cependant, Shaula renifla et répondit “Évanouie~ ?”, comme si elle jouait à l’idiote,

Shaula : “Moiii~, évanouie ? Il n’y a aucune chance que je fasse quelque chose d’aussi honteux. Même après que nous nous soyons retrouvés, Maître, après tant de siècles, je n’ai pas fini par m’évanouir, tu sais ? Moiii~, m’évanouir, tu vas me faire pleurer en disant quelque chose d’aussi absurde !”

Émilia : “Hum, je comprends que tu sois tentée d’en douter, mais tu t’es vraiment évanouie. Subaru et Meili étaient vraiment inquiets pour toi. Crois-moi.”

Shaula : “Huuuh~ ! Le Maître s’est inquiété pour moi !? Dhehehe, je te crois.”

Subaru : “C’était facile…”

Meili : “Le fait que j’aie été mise au placard comme figurante, ça, c’est un peuuuu~ inattendu.”

Subaru et Meili semblèrent troublés en voyant Shaula exprimer faussement son opinion alors qu’elle relâchait son expression. Néanmoins, après avoir reconnu la réalité du présent, Shaula pencha la tête dans l’autre sens et déclara “Heiiiin ?”.

Shaula : “Mais pourquoi me suis-je évanouie ? Ce n’est pas habituel de maaa~ part de m’effondrer. Dans ce genre de situation, il ne serait pas étrange que tout le monde soit mort en dehors du Maître…”

Ram : “Je comprends que tu places trop d’espoir en Barusu… Pardon, concernant ton Maître, mais ce que j’ai entendu est vraiment arrivé. Prends ton temps et repense à ce qui s’est passé tout à l’heure… Imagine le long, long escalier devant tes yeux.”

Émilia : “Le long, long escalier…”

Ram essayait-elle de l’amener à retracer ses souvenirs et à se remémorer ce qui s’était passé ? Elle parlait à voix basse, comme si elle l’hypnotisait. Le plan de Ram aurait dû se heurter au fait qu’elle n’avait pas été témoin de cette scène, mais elle démêla lentement les souvenirs verrouillés de Shaula comme si elle avait été là pour le voir.

Ram : “Tu es accueillie par une salle blanche avec une épée d’acier enfoncée dans le sol. Dès que quelqu’un pose la main dessus, une voix étrange résonne dans l’esprit de toutes les personnes présentes――”

Émilia : “Mon cœur bat la chamade…”

Shaula et Émilia revivaient toutes deux l’expérience grâce à la narration émotionnelle de Ram. En mettant Shaula de côté, Émilia était censée savoir ce qui s’était passé en détail ; mais Subaru ne s’interposa pas, de peur de briser le moule de la conversation.

Finalement, sa narration s’approcha des souvenirs scellés de Shaula――

Ram : “À ce moment-là, la silhouette d’une personne se matérialise au fond de la salle. Un homme aux cheveux longs et rouges, aux yeux bleus et vêtu d’un costume exotique…”

Shaula : “AAAAAAAAAH !!”

Shaula bondit en arrière et poussa un cri au moment où Ram atteignit cette scène cruciale. Elle se tourna vers Subaru, s’apprêtant à sauter vers lui, mais il l’avait anticipé. Il plia les genoux et la rattrapa. Cette fois, il ne tomba pas.

À la place, il était pressé contre la peau douce de Shaula comme s’il était dans un étau.

Subaru : “OWOWOWOW ! J-je suppose que tu te souviens ! Tu te souviens, pas vrai !?”

Shaula : “P-p-p-pourquoi ce gars est ici !? Malgré le fait que vous m’ayez tous dit qu’il était mort ! Il a survécu ! Je savais qu’il était pratiquement impossible à tuer !”

Subaru : “Heiiin !? Qu’est-ce que tu d…”

Alors que ses yeux se déchiraient de douleur, Subaru essaya de demander à Shaula de quoi elle parlait――et puis, il se rendit compte de ce qu’elle disait.

Il réalisa ce que les mots de Shaula signifiaient.

La personne en question qui correspondait à ce qu’elle avait dit depuis qu’ils étaient entrés dans la Tour était unique. Et cette personne était――

Shaula : “Le Manieur de Bâton ! Le Manieur de Bâton, Reid ! Ce sauvage ! Ce démon ! Il est revenu à la vie pour me caresser la poitrine à nouveau——!”

※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※

――Reid Astrea.

Tel était le nom de l’épéiste qui était entré dans la légende.

Un grand épéiste dont on disait qu’il avait tué des bêtes démoniaques, des maîtres à l’épée, des dragons et enfin même des Sorcières.

Il était le premier à avoir reçu le titre de Maître Épéiste, et était également l’un des trois grands héros qui avaient sauvé le monde.

Il avait donné le coup d’envoi à la gloire de la famille Astrea, la lignée des Maîtres Épéistes dont Reinhard van Astrea faisait partie ; même maintenant, il était la plus haute aspiration de ceux qui vivaient par l’épée――

La situation était difficile à croire. Son nom était celui d’une vie qui aurait dû disparaître il y a quatre cents ans. Il aurait probablement ri de cette possibilité si cet endroit n’avait pas existé depuis des siècles, une Tour construite par ceux qui étaient liés à la Sorcière.

Néanmoins, il y avait ici un témoin vivant qui savait ce qui s’était passé il y a quatre cents ans.

Néanmoins, ils se trouvaient dans une Tour construite ici par le Sage qui avait vécu il y a quatre cents ans.

En prenant en compte sa piètre personnalité, ne semblait-il pas dire quelque chose comme : “J’ai placé le Maître Épéiste de la première génération comme le garde le plus fort ici, maintenant surpassez-le”――

Subaru et les autres se dépêchèrent de retourner à la Salle Verte avec les faits qu’ils avaient recueillis.

Ils allaient devoir trouver un plan de jeu, maintenant qu’ils savaient que leur ennemi était Reid Astrea. Heureusement, il avait entendu dire que ce Maître Épéiste était un homme qui ne manquait pas d’anecdotes.

Et heureusement, ils avaient dans leur groupe une personne talentueuse qui connaissait bien les géants des temps passés.

Bien sûr, il devait s’imaginer que les séquelles de sa défaite persistaient en lui. Mais une fois qu’il aurait découvert l’identité de son adversaire, la honte qu’il nourrissait probablement devrait disparaître elle aussi. Après tout, c’était leur adversaire qui était responsable de cette situation.

En tout cas, leur ennemi était le Maître Épéiste――un homme qui portait le même nom de famille que Reinhard et qui en était devenu le fondateur, bâtissant ainsi son nom.

En y réfléchissant de cette façon, il devrait être capable de digérer facilement sa défaite face à lui――

Subaru : “――Ce crétin.”

Subaru était retourné à la Salle Verte en portant ces mots de réconfort. Mais une fois arrivé, il prononça ces paroles à voix basse.

Il y avait des lits d’herbe au fond de la pièce que l’Esprit avait disposés pour les blessés――il y en avait quatre au total, et Rem, Anastasia et Patrasche étaient allongées dans ceux qui se trouvaient à l’arrière.

Un seul de ces lits était vide, celui entre Patrasche et Anastasia.

Et sur ce lit tissé de lierre, ne reposait que son épée de Chevalier brisée.

※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※ ※

――L’homme ouvrit lentement les yeux au son des pas qui montaient les escaliers et à l’aura d’un homme prêt à se battre qui lui transperçait la peau.

Il n’éprouvait aucune colère à l’idée que son sommeil soit interrompu. Après tout, la vie était un combat permanent.

Une fois que l’on avait compris que notre chair et notre sang marchaient toujours sur la corde raide entre la vie et la mort, on vivait sans aucun trouble dans son cœur, peu importe les événements qui se produisaient.

??? : “――――”

Peu à peu, la silhouette de l’homme qui montait les escaliers se dessina. Il se souvenait des talents d’épéiste de cet homme. Il se souvenait même de ses pas et de son jeu de jambes. C’était il y a très peu de temps. Il ne pouvait pas oublier.

Seulement, il aurait dû en être de même pour son adversaire, aussi trouvait-il cela étrange.

Il pensait que son adversaire était un peu plus intelligent que cela, néanmoins――

??? : “――――”

Homme : “Kah !”

Il perdit cette impression dès qu’il observa les yeux de son adversaire. Une pulsion l’avait traversé et l’avait poussé à se moquer.

Il la laissa somptueusement résonner sur le dessus de sa langue, puis gratta vivement ses cheveux rouges. Et――

Homme : “J’vais pas m’contenter d’jouer cette fois-ci, enfoiré.”

??? : “――――”

Il ne pensait pas qu’il y aurait un sens à dire cela, mais il lança ses mots par courtoisie, juste au cas où.

Lorsque son adversaire les reçut, il ferma les yeux un instant et chassa instantanément toute cette émotion.

Puis, son adversaire tendit la main sans aucune hésitation――et sortit l’épée qui avait été enfoncée dans le sol et la tendit devant lui.

Julius : “Appartenant à la Garde Royale du Royaume de Lugnica, Julius Juukulius.”

Homme : “――――”

Après avoir décliné son nom, le Chevalier s’élança dans une course effrénée, ses yeux s’étant rétrécis. L’homme――Reid Astrea plia ses lèvres en un sourire tordu.

Reid : “T’pourras même pas espérer être mon compagnon d’jeu tant qu’tu continueras à utiliser s’titre ennuyeux.”

(Note de traduction : Traduction approximative d’une note de Tappei à la fin du chapitre : “Lorsqu’ils se sont retirés de la salle, Subaru a porté Julius sur son dos, Émilia a porté Anastasia comme une princesse, et Béako et Meili ont porté Shaula ensemble par les bras et les jambes, comme une sorte de civière. Shaula semblait plus légère que prévu, mais Béako et Meili étaient épuisées et l’ont laissée tomber à mi-chemin dans les escaliers et Émilia-tan a dû frénétiquement la rattraper tandis qu’elle tombait. Finalement, Émilia a porté Anastasia et Shaula contre ses deux épaules, et il semble qu’elle soit descendue avec elles tout en maintenant le moral de Béako et de Meili.”)

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Artiste du fan-art : Kaaraaaaage

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-=Fin du Chapitre 27=-

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