Arc V – Chapitre 31 – « Le prix d’une erreur »

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Traduit par : Nanashi-tan

Traduit de l’anglais par : Akira

Relu par : Martin

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Artiste du fan-art : ONiE

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ARC V – LES ÉTOILES QUI ÉCRIVENT L’HISTOIRE

Chapitre 31 – « Le prix d’une erreur »

Mimi : “J’ai compris~ !”

Garfiel : “T’es bruyante, arrête de dire ça !”

Le lendemain matin, Garfiel, qui semblait être en assez mauvais état, se promenait dans les rues avec Mimi.

Gloussant, Mimi toucha la poitrine de sa robe, tachée par les larmes et la salive de Garfiel. La puanteur était telle qu’elle provoquait une douleur physique au nez de Garfiel. Pour Mimi, qui avait le même odorat aiguisé, cette puanteur devait être insupportable, mais en entendant le conseil de Garfiel de la laver, elle avait répondu――

Mimi : “Mmm, c’est bon ! Après être retournée à l’hôtel, je pourrai me changer~. La dame sera vraiment furieuse que je ne sois pas rentrée la nuit dernière. Oh, et Hetaro et Tivey aussi~ !“

Garfiel : “…C’est d’ma faute.”

Mimi : “Mimi n’est pas inquiète à ce sujet~ ! Mimi dira seulement que Garf est un très bon garçon quand il sanglote et pleure !”

Mimi répondit aux faibles excuses de Garfiel avec un sourire innocent.

La nuit précédente, Garfiel avait retrouvé sa mère et lui avait fait ses adieux une seconde fois. Marqué par une série de blessures, il avait honteusement fini par pleurer sur la poitrine de Mimi, sur un toit. Et, plus gênant encore, les sanglots avaient tellement épuisé ses forces qu’il avait fini par s’endormir.

Le matin suivant, alors qu’il dormait encore sur les cuisses de Mimi, il avait été réveillé par une voix forte qui pouvait être entendue dans toute la ville.

Garfiel avait tenté de garder son calme, mais on pouvait facilement remarquer qu’il était gêné en présence de Mimi, qui, elle, continuait à se comporter normalement.

N’ayant pas trouvé d’excuse, il s’était fait engueuler par le propriétaire de l’immeuble sur lequel il avait passé la nuit, et ils avaient repris le chemin de leur logis.

Mimi : “Tu te sens mieux ?”

Garfiel : “C’est, on pourrait dire, euh… Que’que chose comme ça.”

Mimi : “C’est comme ça, pas vrai ?”

Garfiel : “…Ouais, comme ça.”

Incapable d’exprimer sa véritable gratitude, Garfiel fronça les sourcils. Cependant, l’attitude de Mimi ne changea pas à cause de son manque de mots.

Il se souvint de la nuit dernière, lorsque Mimi avait déclaré sans détour qu’elle s’intéressait à lui.

Involontairement, ses yeux suivirent la silhouette de Mimi. Auparavant, il pensait que Mimi ne faisait que le suivre, se sentant proche de lui en raison de leur héritage non-humain commun. Mais contre toute attente, elle le suivait avec des intentions romantiques.

Et, même après avoir fait sa déclaration, elle avait agi comme elle l’avait toujours fait.

Même s’il avait fait de même avec Ram, dès que les rôles étaient inversés, il se sentait déstabilisé. Maintenant qu’il était le destinataire de ces sentiments, Garfiel entrevoyait une autre faiblesse honteuse.

Mimi : “Bon, qu’est-ce qu’on devrait faire ce matin ? On va voir ta mère ?”

Ses pensées ayant été détournées, Garfiel sursauta, surpris à la fois par la soudaineté des paroles de Mimi et par leur contenu.

Garfiel : “Attends, quoi ? Pourquoi on irait la voir ?”

Mimi : “Hmm ? Parce que Reala est la mère de Garf, pas vrai ? Alors vous devriez parler correctement, pas vrai ?”

Garfiel : “S’te naine sait vraiment pas lire entre les lignes…”

Mimi semblait ignorer les subtilités de leur relation, alors qu’elle avait repéré d’instinct la partie la plus importante de celle-ci.

Il s’était retrouvé dans une position délicate, incapable de savoir s’ils étaient une famille ou non. Garfiel avait tout de suite compris qu’il était inutile d’essayer d’expliquer, puis il avait renoncé. Et il s’était rendu compte qu’il s’agissait là d’un autre problème.

Garfiel : “C’est bon… y’a pas b’soin… d’lui faire savoir qu’mon incroyabl’ personne est son fils.”

Mimi : “C’est vraiment acceptable ?”

Garfiel : “Ouais… Ah, faut que j’réfléchisse pour savoir si j’dois l’dire à ma frangine…”

Frédérica était intelligente. Une fois le choc initial et la confusion passés, elle parviendrait certainement à la même conclusion que Garfiel, même plus rapidement que lui.

Et même si elle n’arrivait pas à la même conclusion que lui, elle avait tout de même le droit de savoir que leur mère avait survécu. Mais serait-il juste qu’elle éprouve les mêmes souffrances que lui ?

Garfiel : “Il reste du temps avant d’prendre une décision.”

Mimi : “C’est vrai~. C’est vraiment difficile~, Mimi~ ne connaît pas sa mère non plus, alors Mimi comprend~.”

Garfiel : “Des trucs sur les mamans… t’comprends ?”

Ses oreilles tremblant à la déclaration inattendue de Mimi, Garfiel répondit par une question. Mimi se contenta de hocher la tête d’un air détendu, en commençant par “Ouep~”.

Mimi : “Mimi, Hetaro et Tivey n’ont jamais connu papa et maman. Ils ont probablement pensé qu’avec des triplés, élever une famille super nombreuse, c’est trop dur, alors ils nous ont laissés quelque part~. Ensuite, nous avons été recueillis par le Capitaine, donc il fait partie de la famille, et la dame aussi !”

Garfiel : “――Donc… t’as vraiment une grande famille.”

Sans en connaître la raison, il sentit soudain que l’atmosphère s’était détendue alors qu’il caressait la tête de Mimi. À cet instant,

Mimi : “――Waah !”

Mimi écarta rapidement sa main et s’éloigna d’un bond.

Garfiel écarquilla les yeux devant son visage rougi, tandis qu’elle lui tournait le dos, émettant un “Uh, uhh” en se frottant la tête.

Mimi : “Pour une raison ou une autre, depuis hier, être trop proche de Garf est bizarre.”

Garfiel : “Ah, désolé… T’veux qu’mon incroyabl’ personne s’en aille ?”

Mimi : “Je ne veux pas ça non plus, quelque chose de pas trop proche et pas trop loin me semble le mieux~.”

Elle se traîna à côté de lui à petits pas, s’arrêtant à un endroit hors de sa portée.

Garfiel fronça les sourcils, complètement perplexe, tandis que Mimi affichait son sourire habituel. À l’instant même, son propre visage semblait se teinter d’une légère rougeur.

Mimi : “Hey, oh oh, sowaré ! Il y a le sowaré ! Mangeons le sowaré !”

Garfiel : “O-ouais, bien sûr…”

Comme si elle était pressée de changer de sujet, Mimi sortit le sachet de sucreries de sa poche. C’est ce que Reala avait donné à Mimi la nuit dernière, avant qu’elles ne se séparent.

Une douleur semblable à un engourdissement lui traversa momentanément la poitrine lorsque Mimi déposa des bonbons sur sa paume ouverte. Il renifla l’arôme qui s’approchait doucement de son nez. Ce sowaré était une sucrerie cuite au four, faite de pâte à pain avec des condiments sucrés, farcie de crème et de pâte de haricots rouges à l’intérieur.

Il y avait deux gros sowarés ronds dans la boîte, un pour Mimi et un pour Garfiel, ce qui leur servirait de petit déjeuner.

Mimi : “Yay ! C’est sucré~ ! Bon ! Délicieux, super délicieux~ !”

Garfiel : “Ah, c’est délicieux !”

Garfiel exprima son accord sous les applaudissements nourris de Mimi.

C’était légèrement sucré, mais pas trop, et la pâte était moelleuse et douce. S’il avait été consommé peu de temps après avoir été cuit, il aurait été encore plus délicieux. Ou bien était-ce la spécialité de sa mère ?

Dans ce cas, Garfiel aurait pu avoir plus d’occasions de le goûter.

Mimi : “Garf~ ?”

Garfiel : “C’est vraiment pas l’genre d’mon incroyabl’ personne, hein ?”

Devant l’inquiétude de Mimi, Garfiel repoussa ces pensées et s’éloigna. Tournant le dos à l’endroit où vivait sa mère, il reporta ses pensées sur ses amis, qui devaient l’attendre. Comme Mimi, Garfiel était resté dehors sans permission.

À cause de cela, il serait certainement sévèrement réprimandé――

??? : “――Bonjour, bonjour ? Est-ce que c’est bon ? Tout le monde entend ? Les créatures de viande qui peuvent entendre, tant mieux pour vous ! La viande sans valeur qui ne peut pas, allez pourrir et mourir, ça m’aiderait beaucoup. Gahahahaha――”

Garfiel : “Ah ?”

Mimi : “Hmm~ ?”

Alors qu’ils venaient de faire un petit pas en avant, une voix assaillit soudain les tympans de Garfiel et de Mimi. Les deux se regardèrent et levèrent les yeux au ciel en même temps.

La voix semblait venir du ciel.

Garfiel : “S’te voix sonne comme…”

??? : “Eh bien, eh bien, eh bien, est-ce qu’il y a un idiot qui est mort sous le choc à l’instant même ? Si ce n’est pas le cas, ça n’a pas vraiment d’importance, mais s’il y a quelqu’un d’assez courageux pour oser ignorer cette charmante dame, alors mon humeur sera gâchée !”

Ignorant les émotions de Garfiel, la voix continua à parler à ce volume agaçant.

Les autres personnes qui marchaient dans ce paysage urbain matinal regardaient toutes le ciel, abasourdies comme Garfiel. On aurait dit une voix très forte――mais cette conclusion serait erronée.

Garfiel, qui possédait une ouïe différente de celle d’un humain ordinaire, pouvait dire que cette voix n’était pas forte et ne provenait pas d’une seule source. Au contraire, elle imprégnait toute la ville, se propageant comme le ferait un écho.

Cependant, savoir cela n’apporterait aucune réponse à ses questions. Tout ce qu’il savait, c’était que――

??? : “Vous, créatures ennuyeuses, ne faites rien d’autre que de ruiner mon humeur. Il n’y a aucune valeur ici――vous n’êtes que des déchetsdéchetsdéchets ! Si tout ce que vous envisagez de faire, c’est d’avoir cette respiration dégoûtante, ces pensées dégoûtantes et de baver tout au long de votre vie, il vaudrait mieux que vous plongiez votre tête dans un fossé et que vous vous y noyiez ! S’il vous plaît, mourez vite, s’il vous plaît, je vous en supplie ! Gahahaha !”

――La propriétaire de cette voix avait l’âme la plus vile.

Garfiel : “C’est quoi s’te blague ? Arrête d’faire chier !”

Mimi : “Garf… J’ai l’impression que c’est super, super désagréable…”

Tandis que Garfiel poussait un juron d’irritation, Mimi affichait une expression anxieuse. Face à son attitude, Garfiel traça la cicatrice sur son front en faisant claquer ses crocs.

Cette expression ne lui convenait pas. Cette expression, il ne voulait pas la voir de sa part.

??? : “Eh bien, eh bien, puisque les créatures de viande pourrie un peu ternes ne semblent pas comprendre, je vais leur expliquer. J’ai le contrôle de la radio ! Ce qui signifie, ce qui signifie, ce qui signifie――!”

Garfiel : “Accouche, qu’est-ce ça veut dire ?”

??? : “Que――je, non, NOUS avons le contrôle de cet Hôtel de Ville, pas vrai ? Ah, au fait, connaissez-vous ces tours de contrôle, à la périphérie de la ville ? Elles sont aussi à nous maintenant !”

Garfiel : “Tour de contrôle… Celles dont parlait Ottobro ?”

Que la propriétaire de cette voix dise ou non la vérité, Garfiel ressentit cette menace et retint son souffle.

Avant et après son arrivée dans la ville, il avait entendu parler de la structure de Pristella de la bouche d’Otto. En tant que cité Aqueuse, Pristella était entourée d’eau et avait autrefois servi de piège à un ennemi très puissant, et cette fonction était toujours opérationnelle.

Et les tours de contrôle situées au nord, au sud, à l’est et à l’ouest de la ville permettaient de contrôler le fonctionnement de la voie navigable――si celles-ci étaient désormais sous le contrôle de cette animatrice, qui possédait le caractère le plus vil qui soit, cela signifiait que la population de toute la ville avait été prise en otage.

Arrivant à la même conclusion que Garfiel, la panique et l’anxiété commencèrent à se répandre parmi les civils. Tout le monde hurlait d’effroi, et dans la ville résonnaient des rires bruyants, toxiques et joyeux.

??? : “Kahahahaha――! Dès maintenant ! À cet instant ! C’est seulement maintenant que vous réalisez que vous allez tous être décimés ! C’est choquant de voir à quel point vous êtes tous sans cervelle ! C’est trop pour moi ! Ah, déchetsdéchetsdéchets ! Gahahaha――”

Garfiel : “――――”

??? : “Oh, ça ne va pas le faire, je suis désolée. Si je continue sans donner mon nom, vous allez tous essayer de fuir la réalité, pas vrai ? Pourquoi ne pas laisser cette douce et bienveillante dame vous enseigner ce qui est réel d’une manière très simple ?”

Dans une ville de panique, Garfiel serra fermement la main de Mimi. Puis il écouta attentivement ce que disait la voix.

??? : “Je suis l’Archevêque du Péché du Culte de la Sorcière, représentant la Luxure――”

Garfiel : “Culte de la Sorcière――!”

Capella : “Capella Emerada Lugunica-sama ! Gahahaha ! Respectez-moi ! Vénérez-moi ! Puis pleurez, suppliez et mourez tragiquement comme des vers ! Bande de boules de viande pourries ! Kahahahaha――!”

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Après avoir entendu la diffusion, Garfiel fut contraint de faire un choix.

Bien que la diffusion de la cultiste autoproclamée ait provoqué la panique, les citoyens de Pristella avaient agi de façon très ordonnée. Même dans la tourmente, ils avaient gardé à l’esprit les procédures d’urgence et s’étaient réfugiés dans l’abri le plus proche.

Des passants avaient tenté de guider Garfiel et Mimi vers un abri. Mais ils avaient refusé de se laisser guider et avaient préféré se rendre immédiatement ailleurs.

Toutefois, cela avait conduit Garfiel à faire un autre choix.

Et le résultat de ce choix――

Reala : “Ah, Gorgeous-san !”

Garfiel : “――――”

Dans l’abri où il était arrivé, Reala avait couru vers Garfiel en le voyant, soulagée de retrouver une connaissance.

Garfiel endura la douleur dans son cœur et parvint à tourner son visage vers elle.

――C’était le résultat de son choix.

Dès l’instant où Garfiel avait refusé d’être conduit dans un abri proche, il avait été contraint de prendre une décision. Il devait choisir entre retourner là où il devait être, aux côtés d’Émilia et de Subaru, ou faire des pieds et des mains pour s’assurer que sa mère soit en sécurité, même après avoir décidé de s’en séparer pour de bon.

Rationnellement, Garfiel savait qu’il aurait dû immédiatement retourner auprès d’Émilia et des autres. Malgré tout, il s’était dit qu’étant donné que cet abri était relativement proche de l’endroit où il se trouvait juste après avoir entendu la diffusion, il pouvait se permettre de s’assurer de la sécurité de la femme.

Reala : “Je suis ravie que Mimi-san aille bien aussi. Cette diffusion m’a inquiété.”

Mimi : “Ah, rien ne nous est arrivé~ ! Le sowaré était délicieux, merci pour le régal !”

Reala : “Ah, c’est bien, je suis contente que ce soit à votre goût.”

Et Mimi ne s’était opposée à aucun des choix de Garfiel et avait suivi le mouvement.

Bien sûr, elle avait voulu retourner auprès d’Anastasia et de ses jeunes frères. Pour elle, Reala était une étrangère, et elle n’avait aucune obligation d’aller s’assurer de sa sécurité.

Garfiel : “――――”

Tout en écoutant sa propre excuse, Garfiel, ayant enfin confirmé la sécurité de Reala, était libre de partir. Il devait immédiatement retourner aux côtés d’Émilia, et mettre au point un plan.

Si le nom du Culte de la Sorcière venait à apparaître, Garfiel protégerait Émilia. C’était la promesse virile qu’il avait faite à Subaru, une promesse qu’il ne romprait jamais.

Même s’il ne pouvait pas se protéger lui-même en tant que tigre, il ne pourrait jamais oublier qu’il était un homme.

Garfiel : “Il semblerait qu’tout aille bien, alors mon incroyabl’ personne va…”

Reala : “Attendez… Gorgeous-san, avez-vous…”

Alors que Garfiel s’apprêtait à partir, il entendit les murmures timides de Reala. Voyant Garfiel froncer les sourcils devant cette attitude inhabituelle, elle poursuivit tranquillement.

Reala : “Avez-vous vu mes enfants… ? Ils sont partis tôt ce matin… et ils ne sont pas dans cet abri…”

Garfiel : “――?!”

Levant précipitamment les yeux, Garfiel scruta les alentours. Cependant, les silhouettes qu’il cherchait n’étaient nulle part visibles. Les visages de son frère et de sa sœur ne se trouvaient pas dans cet endroit.

Reala : “Même mon mari… Non, oubliez, j’ai dit quelque chose de superflu…”

Garfiel : “Qu’est-ce qu’il y a ? Mon incroyabl’ personne s’ra dérangée si vous essayez d’cacher quoi qu’ce soit maintenant.”

Reala : “――La diffusion provenait de l’Hôtel de Ville. Mon mari devait se rendre à son travail à l’Hôtel de Ville… Donc, si quelque chose s’est passé là-bas…”

Garfiel : “――――”

L’Hôtel de Ville était un grand bâtiment situé au centre de Pristella.

Lors de la diffusion, l’Archevêque du Péché avait annoncé qu’ils s’étaient emparés de l’Hôtel de Ville, un lieu censé assurer le fonctionnement de la ville. Il était fort probable que Garek s’y trouve.

Garfiel : “Haaa… haa…”

Le cœur de Garfiel s’accéléra, et il eut l’impression qu’il allait s’effondrer tant il battait fort.

Garek, qui se trouvait à l’endroit le plus dangereux, et son frère et sa sœur disparus. En confirmant la sécurité de Reala, il avait appris que sa famille était en danger.

Garfiel : “Cap’taine, Émilia-sama…”

Leurs visages, ainsi que ceux d’Otto et de Béatrice, défilèrent dans l’esprit de Garfiel. Il devait retourner auprès d’eux et devenir leur force.

Mais, comme s’il s’agissait d’une queue de poisson, les visages de son frère et de sa sœur, ainsi que celui de Garek, lui revinrent à l’esprit.

Reala : “Je suis désolée de vous avoir dérangé, Gorgeous-san. Oubliez ce que j’ai dit.”

Garfiel : “…”

Reala : “À l’instant, j’ai eu un peu trop peur. Mes enfants et mon mari connaissent bien les procédures d’urgence de cette ville.”

Reala affichait un solide sourire, mais ses mains étaient jointes, comme dans une prière tremblante.

Il ne faisait aucun doute que son geste était réticent, et qu’elle jouait désespérément la comédie pour éviter que Garfiel ne s’inquiète.

Garfiel : “――――”

Silence, silence, silence.

En silence, serrant les dents, l’esprit de Garfiel s’enflamma. Mimi lui faisait face, également silencieuse, attendant sa décision. En silence, elle se contenta de lui tenir la main.

Garfiel : “…Vous inquiétez pas, laissez-nous vos enfants et votre mari.”

Reala : “――Gorgeous-san ?!”

Cette réponse inattendue laissa Reala bouche bée de surprise. Avec conviction, Garfiel acquiesça, puis baissa les yeux vers Mimi.

Garfiel : “C’est mon problème à partir d’maintenant, alors tu d’vrais rentrer.”

Mimi : “Hiiiiiiiiii-ya !”

Garfiel : “Owww !”

Lorsqu’il lui demanda de rentrer, Mimi abattit son pied sur celui de Garfiel, qui poussa un grand cri de douleur. Mimi en profita pour se redresser.

Mimi : “Garf a dit quelque chose de très cool, alors comment Mimi pourrait-elle ne pas l’égaler~ ? Je viens définitivement avec toi~ !”

Garfiel : “Bât… Non, c’est bon. J’suis désolé.”

Mimi : “Tu devrais offrir ta grititude !”

Garfiel : “――Merci.”

Mimi : “De rien !”

Mimi gloussa gentiment, et Garfiel se mit à rire lui aussi, se sentant sauvé.

Puis, se retournant vers Reala, stupéfaite, Garfiel prit la parole.

Garfiel : “Mon incroyabl’ personne va partir à la r’cherche d’votre famille, alors restez ici avec tous les autres et attendez-nous.”

Reala : “Mais… pourquoi feriez-vous autant pour nous ?”

Garfiel : “――――”

Pourquoi faisait-il cela ?

Le regard vacillant de Reala interrogeait Garfiel sur ses véritables intentions.

Et Garfiel lui sourit, montrant ses dents.

Garfiel : “Parce qu’mon incroyabl’ personne est un tigre doré ! Gorgeous ! Tiger !”

Mimi : “Alors Mimi est aussi Gorgeous Mimi~ !”

Criant leurs répliques stupides, leur légèreté choqua les personnes rassemblées dans l’abri. Garfiel et Mimi prirent la pose, à la grande surprise de Reala, puis, d’une vaillante pirouette, s’élancèrent hors de l’abri.

Mimi : “Garfiel, qu’est-ce qu’on fait ?”

Garfiel : “Utilise l’odeur pour les traquer. Ces deux-là et Garek, tu t’souviens encore clairement d’leur odeur, pas vrai ?”

Le problème résidait dans le fait que la ville était très étendue et que l’eau coulait partout.

Les conditions environnementales n’étaient pas optimales pour trouver leurs odeurs avec précision. Dans une ville aussi peuplée, un odorat puissant ne pouvait pas tout faire. Néanmoins, le sens olfactif des deux demi-humains pouvait donner quelques résultats.

D’abord, ils retournèrent à la maison de Reala, en suivant son odeur. S’ils les sentaient, ils chercheraient son frère et sa sœur en suivant leur odeur.

Pendant ce temps, l’évacuation des habitants de la ville s’était déroulée sans heurts. La ville, de façon assez désagréable, semblait être une ville fantôme. Dans ce genre de situation, il fallait s’attendre à des pillages, mais l’absence de ce genre de comportement immoral était probablement due à la réputation du Culte de la Sorcière.

Mimi : “Hmm, c’est celle-là ? Gaaarf, je les sens !”

Garfiel : “…Bien, on s’dirige vers s’te odeur.”

Garfiel capta également l’odeur de Mimi et suivit la trace du frère et de la sœur. Ces deux-là semblaient avoir suivi l’itinéraire de la veille, en partant de leur maison dans la Troisième Rue, et en se dirigeant vers la Première Rue.

En songeant à la Première Rue comme destination, une pensée traversa l’esprit de Garfiel.

Garfiel : “S’deux-là sont partis au parc pour voir la Chanteuse…”

La veille, le garçon avait dit qu’il était parti trop tard et qu’il avait raté son objectif. Ayant appris sa leçon, il était parti tôt ce matin, bien décidé à ne plus manquer la musique de la Chanteuse.

Cette fois, sa sœur avait dû l’accompagner.

Garfiel : “Dans s’cas, si nous allons à la Première Rue…”

S’ils y allaient, ils pourraient se dépêcher de rejoindre Subaru et les autres.

Garfiel se réjouit légèrement, pensant que la situation s’était retournée en sa faveur de façon surprenante――et puis il le sentit.

Garfiel : “――――”

Mimi : “Est-ce leur père… ?”

Mimi remarqua la même chose que Garfiel, simultanément.

Une odeur qui se séparait du frère et de la sœur, à mi-chemin de la Première Rue. L’odeur de Garek, qui s’était dirigé dans une autre direction――vers l’Hôtel de Ville, au milieu de la ville.

Une fois de plus, une décision s’imposait à Garfiel.

S’il se rendait directement dans la Première Rue, il trouverait probablement le frère et la sœur. S’ils étaient arrivés à temps pour le spectacle de la Chanteuse, ils seraient certainement en sécurité.

Mais qu’en était-il de l’Hôtel de Ville ?

Plus le temps passait, plus les personnes présentes dans l’Hôtel de Ville, où le Culte de la Sorcière avait déjà mené son attaque, étaient en danger. Garek se trouvait dans un endroit où, à tout moment, la probabilité de sa mort augmentait.

Mimi : “Garf… qu’est-ce qu’on fait ?”

Garfiel : “――――”

Garfiel était à nouveau contraint de choisir.

Il pourrait choisir de confirmer la survie du frère et de la sœur, puis de retrouver Subaru. Dans ce cas, il abandonnerait Garek à l’Hôtel de Ville.

Comment la relation entre Garfiel et Garek pouvait-elle être décrite ?

Contrairement à Reala, ou Reshia, et aux enfants qu’elle avait mis au monde, il n’y avait pas de lien direct entre Garfiel et Garek. Si le lien du sang était utilisé comme critère de sauvetage, Garfiel n’avait aucune obligation de sauver Garek.

Cependant, qu’adviendrait-il de Reala si elle le perdait ?

Elle passerait des années à porter le deuil avec ses enfants, une éventualité née du fait que Garfiel avait abandonné l’Hôtel de Ville ici. Cette famille verserait des larmes à n’en plus finir.

Garfiel : “…L’Hôtel de Ville est l’endroit où s’trouve l’Archevêque du Péché, pas vrai ?”

Mimi : “Ouaip~ !”

Garfiel : “Ces tours d’contrôle sont très dangereuses, mais si nous pouvons attraper l’Archevêque et la tuer, alors…”

Mimi : “Tout le monde sera sauvé~ ? Génial~ ! Trop génial~ !”

Rebondissant sur place, Mimi applaudit l’opinion de Garfiel. Cependant, elle s’arrêta immédiatement de sauter sur place,

Mimi : “Ce n’est pas un gros problème, mais… je me sens un peu mol à l’aise…”

Garfiel : “Mal à l’aise ?”

Mimi : “C’est très dangereux. Ce genre de sentiment. Ce n’est pas clair, mais c’est ce sentiment.”

Ce qu’elle voulait dire, c’est qu’elle n’avait aucune justification pour ressentir ces sensations désagréables.

Garfiel se sentit déconcerté par son attitude timide, à un moment où les enjeux étaient importants.

Jusqu’alors, Mimi l’avait toujours soutenu par derrière, approuvant ses moindres jugements. Et il pensait qu’une fois de plus, elle lui apporterait son soutien.

Garfiel : “Quelle impudence… Attendre des autres qu’ils fassent rien d’autre que d’me sout’nir.”

Mimi : “Garfiel, qu’est-ce que je peux faire ?”

Garfiel : “Ce s’rait stupide d’pas faire attention à ton mal-être, et le Cap’taine et les autres vont m’envoyer au diable pour ça, mais…”

Il serait honteux que le plus fort du camp d’Émilia tourne les talons et s’enfuie par peur à cause de ça. Et, peu importe à quel point il luttait, pour sauver la ville, ils devraient finir par attaquer l’Hôtel de Ville.

Garfiel : “Tout d’abord, nous d’vons confirmer la situation à l’Hôtel de Ville. Par exemple, si y’a quelqu’un qui garde l’endroit. Ensuite, on va arracher l’cou de l’Archevêque, voilà s’qu’on va faire.”

Mimi : “Tu veux dire “faire du repérage” ? Hmm… Hmm ! D’accord, on va faire du reporage~ !”

Bien que Mimi soit encore un peu réticente, elle était d’accord avec la mesure de sécurité de Garfiel.

La voyant sortir sa chère baguette de sa robe, Garfiel sortit également ses boucliers jumeaux de sa taille et les attacha à ses poignets. Ses bras étant recouverts d’une armure d’argent, il se déclara prêt.

Garfiel : “Allons-y.”

Mimi : “Très bien~ !”

Sur cette réponse aux brèves paroles de Garfiel, le duo se dirigea vers l’Hôtel de Ville.

D’après les informations de Subaru, la Paresse du Culte de la Sorcière avait disposé de plusieurs sous-fifres qui se battaient à ses côtés. Même s’ils n’arrivaient pas à la cheville de Garfiel, les cultistes expérimentés au combat étaient capables de représenter une menace, surtout s’ils étaient suffisamment nombreux.

Sur la route, à l’affût des gardes qui auraient pu y être affectés, le duo se dirigea prudemment vers l’Hôtel de Ville.

Garfiel : “C’est… étrange, qu’est-ce qui s’passe ?”

Loin d’un nombre écrasant de cultistes, ils ne trouvèrent personne qui montait la garde.

Peut-être les avaient-ils manqués――non, ils ne pourraient pas tromper le nez de Garfiel et de Mimi. Dans ce cas,

Garfiel : “C’est comme s’ils pensaient qu’des gardes n’étaient pas nécessaires !”

Mimi : “…”

Alors qu’il se remémorait la voix diffusée, la colère de Garfiel à l’égard de l’Archevêque du Péché atteignit son paroxysme.

Ils ne pensaient pas que quelqu’un les attaquerait. Peut-être considéraient-ils que leur maîtrise des tours de contrôle était absolue et que leur victoire était déjà acquise.

L’arrogance à l’état pur. Il allait les déchirer avec ses griffes et les broyer avec ses crocs.

Mimi : “Hmm, hmm~”

Alors que Garfiel grinçait des dents, Mimi laissa échapper un doux gémissement. Elle se frottait la nuque sans relâche, l’air troublé, son nez tressautant sans cesse.

Garfiel : “Qu’est-ce qu’y a ?”

Mimi : “Je ne sais pas~, mais je pense que quelque chose cloche. Garf, quelque chose ne va pas.”

Garfiel : “Plaisante pas !”

Saisissant l’ourlet du pantalon de Garfiel, Mimi prononça soudain des paroles décourageantes. Garfiel s’énerva contre Mimi qui voulait battre en retraite après avoir fait tout ce chemin jusqu’ici.

Le Culte de la Sorcière n’avait même pas installé d’avant-poste. Se retirer simplement parce que l’atmosphère semblait mauvaise n’était pas quelque chose qu’ils pouvaient faire. S’ils partaient maintenant, la possibilité que la famille de Reala soit victime d’une tragédie ne ferait qu’augmenter.

Garfiel : “T’peux rester ici si t’veux pas y aller. Mon incroyabl’ personne arrachera la tête de l’Archevêque sans problème !”

Mimi : “Garf !”

Se débarrassant des doigts de Mimi qui s’agrippaient à l’ourlet de son pantalon, Garfiel bondit hors de leur cachette.

Suivant le cours de la voie navigable venant de la place, il s’élança immédiatement vers le bâtiment, l’Hôtel de Ville, qui se trouvait juste en face de lui.

La distance se réduisit. L’atmosphère restait stagnante. Leur arrogance était réelle, quelle plaisanterie. Rien ne se passait. Dix pas restants. Neuf pas. Huit pas. Sept pas. Il escalada un mur, trouvant un chemin plus facile pour attaquer le dernier étage. Six pas. Cinq p――

Mimi : “Garf――!”

Garfiel : “――?!”

Et lorsqu’il mit de la force dans son pied pour le prochain pas, Garfiel sauta non pas en avant, mais sur le côté.

Immédiatement après, la lueur acérée du tranchant d’une lame terriblement aiguisée passa devant son regard, et le pavé à ses pieds fut entaillé.

L’énergie destructrice était restée totalement silencieuse. Les marches de pierre qui avaient été coupées en biais étaient restées à leur place, comme si elles n’avaient pas conscience d’avoir été coupées. Une fumée blanche flottante et houleuse était le vestige de la friction créée par cette coupure tranchante.

Garfiel : “――――”

Sans le cri d’avertissement de Mimi, Garfiel aurait été frappé par cette épée. Un coup d’épée magnifique et exquis avait manqué de peu la tête de Garfiel. Si cette entaille artistique avait atteint la tête de Garfiel, celle-ci aurait été mise sur un piquet pour être exposée sur la place.

Sueurs froides.

À ce moment-là, Garfiel se retourna, et quelque chose atterrit.

??? A : “――――”

??? B : “――――”

Sous ses yeux, deux silhouettes apparurent soudainement d’en haut.

L’un d’eux était un homme gigantesque, si grand que Garfiel devait pencher la tête en arrière pour le contempler, portant tranquillement une grande épée dans chaque main. L’autre était une femme mince et délicate, tenant une longue épée à lame unique.

Tous deux étaient vêtus de robes noires couvrant leur visage, de sorte qu’il était impossible de discerner leur identité.

Garfiel : “…C’est pas un bon accueil, vous savez ?”

Se grattant la nuque, couverte de sueur froide sous l’effet du choc, Garfiel prit la parole, tentant de détourner l’attention de ses interlocuteurs afin qu’ils ne déterminent pas sa propre force de combat.

Cependant, aucune des deux ombres ne répondit aux paroles de Garfiel.

Mimi : “Garf, ces deux-là…”

Les contournant, Mimi se précipita aux côtés de Garfiel. Garfiel n’osa même pas regarder Mimi, gardant les yeux rivés sur les deux silhouettes.

Garfiel : “Ouais, ils sont forts.”

La voix de Mimi était tendue, et Garfiel répondit silencieusement en posant sa main sur ses épaules, la soutenant.

Les deux ombres qu’ils affrontaient donnaient l’impression d’être des démons lugubres et inquiétants. Le niveau de danger surnaturel qu’elles dégageaient était impossible à mesurer avec précision. L’atmosphère inconnue piquait la peau de Garfiel, privait sa bouche de salive, et il sentait sa gorge s’assécher rapidement.

Il était évident que la force de l’ennemi dépassait de loin le domaine humain. Ils étaient clairement supérieurs à cette machine à tuer féminine, avec laquelle Garfiel s’était déjà battu.

Garfiel : “Seul’ment deux personnes… ?”

Aucune autre ombre ne rôdait dans les parages.

Les seuls gardes étaient les deux qui se trouvaient devant lui. Ils avaient dissimulé leur existence à Garfiel jusqu’à présent, il n’y avait donc pas d’autres présences potentielles. Les plus forts avaient déjà choisi de ne plus se cacher.

En d’autres termes, les deux qui se trouvaient devant eux étaient les barrières qu’ils devaient franchir pour reprendre l’Hôtel de Ville. Dès qu’il comprit cela, Garfiel frémit, les coins de sa bouche se soulevant.

Garfiel : “Heh, intéressant… !”

Mimi : “Garf ?”

Garfiel : “Si on gagne, on peut passer… !”

Son cœur s’agita avec vigueur tandis que Garfiel refusait de se laisser dominer par la peur, frappant ses boucliers l’un contre l’autre sur sa poitrine. Des sons aigus et des étincelles s’éparpillèrent, enflammant son âme au moment où elle commençait à se refroidir.

Cependant, en saisissant le pantalon de Garfiel, Mimi cria――

Mimi : “Non, non ! Garf, non ! Ces deux-là, on ne peut pas ! Ils sont super~ forts ! Mimi et Garfiel ne peuvent absolument pas gagner seuls ! On ne peut pas !”

Garfiel : “Hmm. On saura pas tant qu’on n’aura pas essayé. Je m’avouerai jamais vaincu comm’ça. D’ailleurs――”

Mimi tenta de le décourager, mais, pour Garfiel, le contenu de sa déclaration semblait impliquer sa propre faiblesse. Garfiel claqua cependant la langue, faisant un geste du menton en direction des deux ombres hostiles.

Garfiel : “――Même si on s’enfuit la queue entre les jambes, ils nous rattraperont.”

Mimi : “Alors, alors, une fois ! Nous les frappons une fois, nous esquivons et nous nous enfuyons. S’il n’y a que nous, nous devons partir ! Sans le Capitaine ou Julius――!”

Garfiel : “――――”

Devant les paroles frénétiques de Mimi, Garfiel se mordit la lèvre et réfléchit.

En effet, Garfiel avait également compris que Mimi avait raison. Ces deux-là avaient des capacités de combat qui dépassaient celles d’Elsa. Affronter deux tels ennemis en même temps ne pouvait être qualifié que d’acte suicidaire.

Puisqu’il n’y avait pas d’autre solution, le retrait était-il la meilleure chose à faire ?

Les deux silhouettes devant leurs yeux constituaient une barrière. Une puissance écrasante se dressait sur leur chemin, une barrière qu’il fallait surmonter.

Garfiel, après avoir été vaincu par Reinhard, s’était rendu compte qu’il était loin d’être le plus fort.

Conscient qu’il devait devenir le bouclier de ceux qui comptaient le plus pour lui, il fallait emprunter le chemin pour devenir le plus fort. Un voyage nécessaire pour qu’il devienne un tigre doré.

Il avait retrouvé sa mère de façon inattendue et rencontré sa nouvelle famille, même si ce n’était pas comme il l’avait espéré. Et s’il se retirait ici, Garek――

Mimi : “――――”

Mimi, dominée par des pensées tumultueuses, saisit à nouveau l’ourlet du pantalon de Garfiel, qui gardait une expression troublée. Soudain, Garfiel se souvint de leur douce nuit. Elle avait été sa gentille gardienne.

C’est à ce moment-là que ses sentiments obstinés commencèrent à se dissiper progressivement.

Garfiel : “…D’accord, on va faire s’que t’as dit. On va les frapper et s’enfuir, et trouver d’autres personnes pour nous aider――c’est bon ?”

Mimi : “Ouais ! Ouais ! C’est ça――faisons-le~ !”

Mimi poussa un soupir de joie, après que Garfiel eut retiré ses idées téméraires.

Après avoir unifié leurs points de vue, ils se tournèrent vers les silhouettes qui se trouvaient devant eux. Les ombres attendaient en silence depuis qu’elles les avaient interceptés. La brève dispute entre Garfiel et Mimi avait été l’occasion de lancer une offensive. S’étaient-ils retenus par honneur ? Compassion ? Par prudence ?

Garfiel : “――Allons-y !”

Mimi : “Hah !”

――S’ils étaient simplement prudents, ils seraient écrasés.

Sans attendre de signal, Garfiel et Mimi s’élancèrent en tandem dans la mêlée. Garfiel vola vers la femme et Mimi attaqua le géant.

Alors que Garfiel s’approchait d’elle à la vitesse d’une balle, la femme déplaça doucement le haut de son corps et, l’instant d’après, balança sa lame vers le bas à une vitesse alarmante. La beauté de l’éclair tranchant de son épée fendant l’air était telle qu’elle fascinait Garfiel et lui fit perdre momentanément ses moyens.

Garfiel : “――Gah !”

Cependant, il n’était pas assez stupide pour se relâcher et permettre à la lame de l’atteindre.

Elle rebondit sur le bouclier de son poignet droit, et il en profita pour frapper le torse de la femme. Elle évita son coup avec une agilité terrifiante, tourna autour de sa lame et porta un autre coup. Garfiel bloqua le coup avec le bouclier de son bras gauche. Immédiatement après, il donna un coup de pied à la forme qu’elle avait juste devant lui, et son corps léger s’envola facilement.

Garfiel : “Haa !”

En observant la forme de la femme, qui avait été facilement mise en déroute, Garfiel se sentit exalté.

En jetant un coup d’œil en arrière, il vit Mimi, habile à manœuvrer contre des ennemis de grande taille, esquiver avec succès le coup d’une des grandes épées et riposter par la magie――elle était sur le point de quitter la place.

Mimi semblait pouvoir s’échapper en toute sécurité. Le géant n’avait pas la vitesse nécessaire pour rivaliser avec Mimi dans sa fuite, et la femme avait la capacité de combattre Garfiel. Dans ce cas,

Garfiel : “Si on peut en gagner un――!”

S’il parvenait à l’éliminer, il serait plus facile de lancer une autre attaque plus tard. Après avoir vaincu la femme, le géant serait beaucoup plus facile à mettre en pièces.

Garfiel décolla du sol et se dirigea vers la femme, qui était toujours effondrée. Son épée était encore loin d’atteindre son bouclier gauche, et son torse était plein d’ouvertures. S’il lui assénait son poing droit, le corps de la femme serait complètement déchiqueté. Il était impossible que cette femme ait un corps immortel comme Elsa.

Garfiel : “J’t’ai eu !”

Il serait capable d’éliminer la femme.

Au moment où Garfiel en fut convaincu et éleva la voix, la mort arriva par derrière.

――Le géant, qui aurait dû être loin, s’était approché de Garfiel, apportant avec lui l’odeur de la mort. Le corps de Garfiel réagit instinctivement comme un ressort tendu.

Interrompant immédiatement son attaque, il ramena son poignet gauche dans son dos et s’éloigna d’un bond.

Néanmoins, un coup venant de l’arrière vint briser la défense que représentait le bras gauche de Garfiel, le projetant au sol avec un glapissement, les os craquant.

Garfiel : “Ahhh ?!”

Géant : “――――”

Garfiel fut submergé par le choc et gémit violemment sous le poids de ce coup inimaginable.

Après avoir rebondi sur le sol, une attaque démesurée venant du flanc assaillit à nouveau son corps en plein vol. Avec l’aide de ses boucliers jumeaux, ses bras bougeant à peine, il se défendit contre l’impact――mais son corps fut envoyé en l’air dans un élan terrifiant.

Visant Garfiel, toujours en train de planer dans les airs, sa trajectoire parallèle au sol, le géant et la femme plongèrent en même temps à sa poursuite.

Femme : “――――”

Géant : “――――”

Garfiel : “Haahhahhh !”

Garfiel était pris en sandwich entre les deux attaques parallèles.

Il repoussa au moyen d’un bouclier l’épée longue qui s’approchait de lui par devant, et parvint à bloquer de justesse le coup féroce de l’épée géante dans son dos en lui assénant un coup de pied au milieu. L’épée longue émergea à nouveau de la mêlée et fut repoussée par un bouclier, les étincelles dansantes brûlant les joues de Garfiel. Immédiatement après, la grande épée frappa le corps de Garfiel en s’abattant sur lui.

Garfiel : “Hah !”

Ses os et son sternum craquèrent, la puissance du coup colorant la vision de Garfiel en rouge sang. Il avait subi les coups de deux de ces grandes épées, mais leur lame émoussée avait épargné la vie de Garfiel.

Un cri d’agonie succéda au sang qui coulait de sa bouche, alors qu’il parvenait à s’échapper de sa situation difficile en utilisant tout son corps comme un ressort. Cependant, les deux ennemis difficiles ne lui permettraient pas de survivre.

Femme : “――――”

Silencieusement, une entaille discrète s’approcha du cou de Garfiel.

Bien que l’intensité de ce coup ne puisse être comparée à celle du précédent, le tranchant de l’épée de la femme était magnifique dans la mesure où il était imprégné du souffle de la mort, ignorant le besoin de puissance brute. Même la pointe de cette lame calme et élégante le couperait en deux, comme s’il avait été tranché par son milieu.

Géant : “――――”

Également sans paroles, le style de combat du géant était brutal et grossier.

Cependant, ce genre de brutalité n’était pas une brutalité qui laissait tout au hasard et reposait sur l’insouciance, c’était la brutalité de quelqu’un qui pouvait exploiter et optimiser sa puissance destructrice. La plupart des gens seraient à peine capables de tenir une seule de ses lourdes épées, mais il en brandissait facilement deux, chacune dans l’un de ses bras géants.

Garfiel : “Ah, ah, hah, ah, haaah!”

Une entaille comme l’écoulement de l’eau. Une entaille comme un cyclone en furie.

Bien que leurs styles soient différents, l’efficacité de leur dynamique était à la mesure de leur écrasante habileté, et ils attaquaient en parfaite coopération, Garfiel n’avait pas d’autre choix que de tenir bon et de se battre jusqu’à la mort.

Rebondissant désespérément sur les marches de pierre, esquivant une lourde entaille, sentant un vent violent siffler juste au-dessus de sa tête, se fiant à son instinct pour résister aux attaques avec ses boucliers, esquivant, rebondissant, se défendant.

――Mais, s’ils continuaient, tôt ou tard, il serait submergé par leur élan et finirait par être décapité.

Femme : “――――”

Géant : “――――”

Les deux silhouettes accablaient Garfiel sans relâche, lui laissant à peine le temps de respirer. Ainsi, sa tête privée d’oxygène ne pouvait se consacrer à la recherche d’une lueur d’espoir. Tous ses efforts visaient à éviter une blessure mortelle.

Son attention n’arriverait sûrement pas à suivre à mesure que son épuisement s’accroîtrait. Et son corps épuisé ne serait pas en mesure de suivre. Il subirait un coup fatal.

Un combat magistral, des coups transcendants. Ils pouvaient facilement et simplement faucher la vie de Garfiel, malgré sa confiance en sa force physique. Plus le temps passait, plus les échappatoires se fermaient à lui.

――Décision. Une décision s’imposait.

Le seul moyen de sortir de ce dilemme était de révéler ses véritables crocs. Ce n’est qu’à ce moment-là que Garfiel pourrait dire qui, de lui ou de l’ennemi, avait une supériorité évidente et écrasante.

Et cette pensée le ranima brièvement. Il chercha une occasion de respirer.

Garfiel : “――Huh…”

La lame de la femme tissait des taillades mortelles. Il projeta ses deux poignets en avant pour l’attraper, tordant son corps le moins possible pour éviter le plein impact de l’attaque du géant.

Comme prévu, le coup du géant fracassa l’épaule gauche de Garfiel, et sa rotule droite fut brisée. Mais, en échange d’une bouffée d’air frais, ces dégâts n’étaient rien.

Garfiel : “Kah, haaaaaaaaaaaaaaaAAAAAAAAAAAA…”

Femme : “――――”

Géant : “――――”

Avec un rugissement rageur, il libéra la chaleur qui bouillait dans son corps.

La même sensation de sang bouillant s’étendit à son champ de vision, qui ne devint plus que blanc pur, un craquement résonnant sous son visage tandis que ses os se déplaçaient. Son visage se tordit, ses dents s’allongèrent en crocs, et il exerça ses bras dont les muscles se développaient rapidement, son corps se couvrant de poils dorés.

Seule la partie supérieure de son corps avait changé, le laissant à l’état de demi-bête.

L’odeur du sang chassa momentanément sa rationalité, mais, dans cet état, il n’était pas complètement dépourvu de pensée. En voyant la personne en face d’eux se transformer en bête, il était impossible pour toute entité hostile de rester calme.

Femme et Géant : “――――”

Face à ces deux silhouettes sans voix, Garfiel grogna, avec l’intention de leur briser les tympans. Alors que les pas des ennemis se figeaient comme sous l’effet d’une rafale de vent, confirmant que ses ongles étaient devenus d’épaisses armes à double tranchant, il décida de leur entailler le corps.

Les pointes des ongles de sa patte avant descendirent vers la femme――juste avant cela, la forme d’un homme géant se plaça devant elle.

Peu importe. Même ces muscles épais ne valaient pas la peine d’être mentionnés, ils n’étaient que des boucliers de papier face à ses griffes. Un bouclier, c’était justement ce que le géant avait l’intention de faire――il tendit le bras, la lame de sa grande épée tournée vers le bas, dans un geste où il ne défendait ni n’attaquait, mais où il choisissait de protéger la femme.

Mignon. Mais c’était terminé.

――Ses pattes transperceraient le corps du géant, puis la forme élancée de la femme.

Garfiel : “――?!”

Ce processus avait déjà été enclenché, mais avait été interrompu lors du premier mouvement.

La patte de tigre de Garfiel s’était heurtée au géant, mais n’avait pas réussi à transpercer le corps de l’homme. Avant que cela ne se produise, il avait attrapé la patte de Garfiel dans ses propres mains.

Il avait dévoilé la partie avant de sa robe pour révéler six bras.

Le bras épais de Garfiel ayant été réprimé, la grande épée qu’il tenait fermement bloqua la pointe des griffes de Garfiel, rencontrant la violente attaque de plein fouet.

――C’était la défense absolue des Huit Bras.

Garfiel : “――――”

Trop abasourdi pour réagir, Garfiel hésita. Il n’arrivait pas à croire que le géant avait résisté à son coup écrasant sans faiblir.

Ce qui signifiait qu’à ce moment-là, Garfiel s’était laissé à découvert et complètement impréparé.

Femme : “――――”

Réapparaissant dans le dos du géant, la femme s’élança sur la demi-bête prise au dépourvu. Le dos de Garfiel, désormais large et recouvert d’une fourrure de tigre, était comme une poupée d’entraînement pour la femme qui brandissait son épée longue. Alors que la pointe de l’épée approchait, Garfiel sentit le souffle invisible de la mort sur son cou.

Cependant, avec ses pattes capturées par les mains du géant et son corps incapable de bouger, tout ce qu’il pouvait faire était d’attendre la mort――

Mimi : “Attends une seconde !”

Garfiel : “――――”

Juste avant que Garfiel ne soit coupé en deux, le coup de la femme fut arrêté par une barrière magique bleue qui se déploya, accompagnée d’un cri. Son coup rebondit sur la barrière, et le bruit irritant d’une lame raclant la glace se fit entendre, la barrière disparaissant tandis que la femme retombait sur le sol.

Le chaton au pelage orange avait sauvé Garfiel à temps.

Mimi : “Garf, tu avais dit qu’on s’enfuirait !”

Pour la première fois, quelque chose comme un reproche teintait la voix de Mimi.

Dans son statut de demi-bête, en entendant la voix venant de l’arrière, Garfiel retrouva sa rationalité et commença à reconnaître sa propre stupidité. En ignorant ses angoisses, en étant beaucoup trop négligent et en méprisant son adversaire, il s’était mis dans une situation dangereuse. Dans son moment de désespoir, Mimi l’avait sauvé.

Garfiel déglutit en constatant la solidité de la barrière de Mimi.

La violence de la lame de cette femme ne correspondait vraiment pas à son apparence, et les capacités défensives de Mimi étaient également considérables. Garfiel avait une chance inouïe qu’elle soit là.

Garfiel : “Oh, aaaaaaaaaaaaaah!”

Femme : “――――”

Immédiatement après que le soulagement se soit répandu dans sa poitrine, Garfiel se dégagea de force de l’emprise du géant. Donnant un coup de pied au corps, et voyant que son coup était bloqué par un bras, Garfiel prit Mimi par la taille et se retira du combat.

Ainsi, il s’enfuirait de cet endroit avec Mimi. Comme ils l’avaient prévu à l’origine, ils rassembleraient des renforts et reviendraient à cet endroit pour se battre à nouveau.

Femme : “――――”

Alors qu’ils s’enfuyaient, la femme rebondit à nouveau à leur poursuite. Mais une fois de plus, Mimi déploya une barrière, plus grande que la précédente. La lame de la femme fut à nouveau repoussée, et Garfiel rassembla toute son énergie dans ses jambes pour s’enfuir aussi vite que possible.

――Un souffle. La silhouette de la femme s’arrêta, projetant doucement une main devant la barrière. D’un bond, elle s’approcha.

Garfiel : “――Ah.”

Femme : “――――”

Garfiel : “Eh ?”

Un son discret accompagna un impact léger.

Sa mâchoire se décrocha alors qu’il assistait aux événements qui se déroulaient. Garfiel avait fini de faire un autre saut, pulvérisant le pavé de pierre, mais alors que la demi-bête s’envolait dans les airs, du sang frais le suivait, une ligne rouge se dessinant dans l’air.

Ce sang, d’où coulait-il ?

Garfiel : “Naine… ?”

Ses pensées de maintenir sa forme de demi-bête ayant été interrompues, Garfiel reprit rapidement sa forme humaine. Cependant, la sensation de perdre sa fourrure de tigre était noyée sous une vague de frissons qui lui parcourait le dos.

Dans ses bras, il y avait le corps affaibli et relâché de Mimi. Il tourna son regard vers le bas. En observant sa silhouette volante, il y avait une femme dont la lame fouettait l’air.

Plus de la moitié de cette épée était recouverte d’un sang rouge et visqueux.

Un liquide chaud coula sur le bas-ventre de Garfiel. Mimi restait molle et immobile dans ses bras, et il put voir la baguette qu’elle aimait lui tomber des mains.

Garfiel : “――――”

Il atterrit, sauta à nouveau. Sautant à plusieurs reprises sur les bâtiments voisins, il s’enfuit sans jeter un coup d’œil derrière lui. Heureusement, leurs adversaires ne les suivaient plus.

S’intéressaient-ils à autre chose qu’à garder la place, ou s’agissait-il d’une preuve d’humanité ? Cela n’avait pas d’importance. Après quatre, cinq longs bonds loin de la place, Garfiel écrasa le toit d’un immeuble en atterrissant, déposant le corps de Mimi toujours dans ses bras, et vérifia l’état de cette dernière.

Les yeux de Mimi étaient fermés, une grande quantité de sang s’écoulait de sa blessure à la poitrine.

Garfiel ouvrit ses vêtements pour vérifier ses blessures. Ses organes vitaux n’avaient pas été touchés. Bien sûr, cela ne permettait pas d’être optimiste. En raison de sa perte de sang, elle avait besoin d’une magie de guérison immédiate. Il devait se calmer.

Garfiel : “――――”

Plaçant sa main sur sa blessure, Garfiel fit pénétrer de la magie curative dans le corps de Mimi.

Garfiel était l’un des meilleurs utilisateurs de magie de guérison dans le Sanctuaire. Il avait toujours pensé que c’était un peu inutile, mais en cas d’urgence, il avait espéré accomplir quelque chose. C’est pourquoi Garfiel avait consacré tous ses efforts en matière de magie pour soigner, et il avait une maîtrise grossière mais complète de l’art de la guérison. Tant que la blessure n’était pas mortelle, il était presque sûr de pouvoir la guérir, même si elle était profonde.

Les blessures sur le corps de Mimi se refermeraient bientôt avec les vagues de Mana de guérison. De la sueur perla sur son front alors qu’il posait sa main sur la blessure, la dirigeant pour supprimer le débordement de sang. Il continua à dédier son pouvoir à réparer la peau coupée, les muscles, les organes internes blessés, souhaitant désespérément qu’ils soient réparés, lui donnant du Mana continuellement. Continuellement. Continuellement.

――La blessure ne se referma pas.

Garfiel : “Quoi… Quoi… ?”

Qui chuchotait d’une voix si douce ?

Quiconque pouvait émettre ce genre de son doux dans cette situation ne méritait rien d’autre que la colère de Garfiel. Il jeta un coup d’œil autour de lui, cherchant la source. Il n’y avait personne. Finalement, il comprit. Cette voix était la sienne. Il en était conscient.

Cette voix douce, c’était donc lui ? Avait-il émis ce son ? Un tel son était, était, était――

Garfiel : “Ferme-toi, ferme-toi, ferme-toi, guérisguérisguéris… !”

Épuisé, il ordonna de toutes ses forces à son corps de consacrer tout son Mana au traitement de Mimi. La vague de magie curative s’écoula dans la silhouette de Mimi, la remplissant d’un doux courant de Mana.

Malgré cela, la plaie inguérissable refusa de se refermer.

Garfiel : “――Tu t’fous d’moi, pas vrai ?”

Incapable d’accepter la réalité à laquelle il était confronté, Garfiel marmonna à nouveau d’une voix faible.

Immédiatement après, il se frappa le visage et se mordit fortement la lèvre pour se calmer. Ce n’était pas le moment d’émettre une voix aussi douce. Il devait y avoir un moyen.

Que pouvait-il faire, que pouvait-il faire, que pouvait-il faire, que pouvait-il faire ? Il n’en avait aucune idée. Mais il ne pouvait pas abandonner ici. Ne pas savoir n’était pas une raison suffisante pour abandonner. Il devait faire tout ce qu’il pouvait pour sauver cette fille.

Parce que c’était elle qui avait laissé Garfiel pleurer. Une telle enfant, qui avait été blessée en essayant de le sauver, ne pouvait pas mourir ainsi.

Garfiel : “――――”

Serrant les dents, Garfiel se mit à courir. L’une de ses mains se posa sur la blessure de la jeune fille, essayant une nouvelle fois de stopper l’hémorragie avec sa magie de guérison inefficace.

L’odeur du sang, l’odeur de la mort. Dans ces rues désertes, Garfiel ne pensait même plus à ce qui s’était passé.

Quelqu’un, n’importe qui ! S’il vous plaît, sauvez cette enfant ! Quelqu’un, n’importe qui, apportez un miracle ! Dites-moi ce qu’il faut faire ! S’il y a quelque chose que je peux faire… que puis-je faire pour la sauver ?!

Garfiel : “――――”

À bout de nerfs, Garfiel aiguisa son odorat. L’odeur de l’eau. L’odeur du sang qui imprégnait son environnement. Les émotions fortes, la viande carbonisée. Au milieu de ces odeurs nauséabondes, Garfiel trouva une odeur très familière qui le frôlait, et il la suivit immédiatement, courant, courant, continuellement, infiniment, courant.

Il vola jusqu’à un abri, suscitant un tollé immédiat en raison de son apparence ensanglantée. Mais il n’avait pas le temps de s’en préoccuper pour le moment. Ouvrant les yeux, il chercha cette silhouette. Chercher, chercher, chercher…

??? : “Garfiel ?!”

Il le trouva de l’autre côté de l’abri. Au fond de ce souterrain profond, sombre et froid, il découvrit celui qu’il cherchait désespérément.

Subaru. Natsuki Subaru.

Pour Garfiel, cette existence était miraculeuse et, dans les pires circonstances, il était capable de trouver une lueur d’espoir.

Ses jambes chancelaient. Sa tête tremblait. En raison du poids léger qu’il avait dans les mains et de sa gorge obstruée, Garfiel se balançait d’avant en arrière.

Alors qu’il s’approchait, Subaru jeta un coup d’œil autour de lui et haleta, prenant conscience de la présence de Mimi inconsciente dans ses bras. Sous le regard de Subaru, Garfiel baissa la tête en tendant Mimi, maudissant sincèrement sa propre stupidité.

Garfiel : “Désolé, cap’taine… hk ! Mon incroyabl’ personne est… sans valeur… ! Incompétente… hk !”

Il n’avait pas pu protéger cette famille, son vœu de devenir un bouclier pour eux n’avait pas été exaucé, il avait défié ces forces hostiles de son plein gré, et n’avait obtenu aucun résultat.

Subaru : “Garfiel, que… Non, ce n’est pas le moment, Ferris !”

Félix : “Je sais ! Dépêche-toi, donne-moi cet enfant !”

Mimi fut prise dans les bras tendus de Garfiel et placée dans un lit près de Subaru, une silhouette mince se tenant à côté d’elle.

L’instant d’après, une énergie curative écrasante s’écoula, imprégnant l’espace. Celle de Garfiel ne pouvait même pas être comparée à cela. Si les capacités de guérison de Garfiel étaient comparées à une goutte de pluie, celles de cette personne seraient comparables à une cascade.

Témoin d’une puissance magique capable de ressusciter même une vie perdue, Garfiel assista au traitement comme si son âme avait été extraite de son corps. Subaru posa doucement une main sur l’épaule relâchée de Garfiel. D’un coup d’œil, il put voir que Subaru avait subi une effroyable blessure à la jambe.

Subaru : “Même si je ne peux pas dire que ça s’est bien passé, tu as fait du bon travail en l’amenant à Ferris. Grâce à toi, cette fille peut être sauvée.”

Garfiel : “Grâce à moi… ?”

Que disait Subaru ?

Grâce à Garfiel, Mimi avait été sauvée ? Ridicule ! Mimi avait été si gravement blessée, et c’était la faute de Garfiel. La vie de Mimi n’aurait jamais dû être en danger. Tout cela était arrivé à cause du mauvais jugement de Garfiel.

Des pensées creuses et tordues, des remords non résolus et une stupidité consciente. Et le monde ne pardonnerait jamais la bêtise de Garfiel.

Les erreurs avaient toujours des conséquences. C’est ainsi qu’était arrivé un résultat effroyable.

Subaru : “Ferris, que s’est-il passé… ?”

L’expression de Subaru devint inquiète en sentant quelque chose d’inhabituel.

Subaru traîna la jambe et se dirigea vers le lit où le traitement était effectué, appelant le nom de la personne qui lançait ses puissants sorts de guérison.

Dans ce terrifiant torrent de magie, le guérisseur secoua la tête.

Félix : “Pourquoi ? Ces blessures, elles ne guyériront jamais… ! Si ça continue comme ça, je ne sais pas si je pourrai la sauver !”

Son cri angoissé résonna dans la salle et Garfiel tourna son visage vers les cieux. Mais il était sous terre. Le ciel souterrain n’avait donc rien à dire à Garfiel.

――La conséquence de son erreur ne pourrait être acquittée que par le sang.

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Artiste du fan-art : ToRaNo

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-=Fin du Chapitre 31=-

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