Arc V – Chapitre 37 – « Gestion de la défaite »

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Traduit par : Nanashi-tan

Traduit de l’anglais par : FireSun

Relu par : Akira

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Artiste du fan-art : takana

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ARC V – LES ÉTOILES QUI ÉCRIVENT L’HISTOIRE

CHAPITRE 37 – « Gestion de la défaite »

Des voix distantes et féroces.

Des voix, leur propriétaire inconnu. Des voix, leur source inconnue.

Étaient-elles masculines ? Féminines ? Venaient-elles d’en haut ou d’en bas ? Tout cela était inconnu.

??? : “――――”

Une voix en colère. Et une voix endeuillée. Et également, quelque chose comme une voix accusatrice. Et était-ce une voix en pleurs ?

Des voix. Elles se déversaient comme une cascade de sons, ses vagues rugueuses étaient un tourbillon emprisonnant. Comme s’il avait enfin dit tout haut quelque chose de profondément ancré dans son cœur, à quelqu’un qu’il avait enfin rencontré.

Son identité trouble fut emportée, perdue dans ces marées boueuses.

Mains et pieds, tête, fesses, poitrine, dos. Se mélangeant, fusionnant, se fondant les uns dans les autres.

Même sa propre existence, aussi incompréhensible soit-elle, fut engloutie par la cascade sonore, s’écoulant comme si elle était perdue à jamais. Son corps, dispersé.

Il ne connaissait que la stagnation noire qui engloutissait le monde qu’il pouvait percevoir. C’est ainsi qu’il se rendit compte que la stagnation noire envahissait son corps, ne lui laissant aucune forme de résistance, amenant progressivement une fin.

Mais, à cet instant précis, un nœud, tellement enchevêtré qu’il ne pourrait jamais être défait, résista à cette érosion. Ce nœud refusait de se rétracter. Il ne serait jamais démantelé, jamais ratatiné, jamais nié.

Son être entier n’avait en aucun cas succombé à la stagnation dans son corps, son être entier ne s’était en aucun cas abandonné à l’obscurité, dans le champ de bataille que l’on pourrait appeler son corps.

Et finalement, finalement――

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??? : “――――!!”

Le premier son qui lui parvint aux oreilles fut le rugissement furieux de quelqu’un.

Après avoir entendu cette voix perçante, il ouvrit les yeux et fut accueilli par un plafond blanc. Au même moment, il se rendit compte qu’il était allongé sur une surface dure.

??? : “――Inutile !!”

Sa conscience retrouvée fut accompagnée par le son clair d’une insulte. La voix était empreinte d’une colère insupportable, accompagnée d’actions correspondant à une explosion émotionnelle. Il entendit distinctement le bruit d’une main frappant la peau.

??? : “Arrête ! Tu devrais comprendre que la responsabilité de ce blâme n’incombe pas à une seule personne ici.”

??? : “Tais-toi ! Je ne veux pas entendre ce jeu de langage stupide ! Un tiers ne devrait pas interrompre !”

Des voix accusatrices et une colère inextinguible. Un signe de conflit.

D’après ce qu’il pouvait entendre, des alliés semblaient se disputer dans une pièce spacieuse. Il tendit sa main gauche, essayant de s’appuyer sur le mur pour se lever.

Mais à mi-chemin, son cerveau fut submergé par le choc et la douleur, et sa respiration se bloqua soudainement. Ses yeux semblaient être des bâtons de dynamite en combustion, et son champ de vision se colora soudainement d’un rouge sang éclatant.

Alors que l’impact de la douleur le ravageait, il redressa finalement le haut de son corps, observant la scène de la querelle.

――Trois hommes et femmes se disputaient au milieu d’une salle… Non, plutôt, tous les trois étaient des hommes.

Félix, en larmes, tentait de frapper Wilhelm avec ses poings, tandis que Julius l’arrêtait en désespoir de cause. Le bruit qu’il avait entendu tout à l’heure était celui d’un coup porté à Wilhelm sur le côté du visage. Et en suivant le champ de vision de Félix, il put voir que le vieil homme, les joues légèrement teintées de rouge, baissait la tête en signe de honte.

Wilhelm : “Du plus profond de mon cœur, je te présente mes excuses.”

Félix : “Donne-moi au moins une excuse ! Donne-moi une raison que je puisse accepter, que tu étais impuissant pour l’empêcher, quelque chose pour me convaincre ! S’excuser ne signifie rien !”

Julius : “Ferris, tu crées une agitation inutile. Tu ne vois pas que Wilhelm-sama éprouve d’immenses remords ?”

Félix : “Des remords… ?! Que peuvent bien faire des remords ? Inutile ! Futile ! Tout le monde, tout le monde… Pourquoi… ? Pourquoi personne n’a pensé à sauver Crusch-sama… ?!”

Le regard de Félix transperça Wilhelm et Julius dans un nouvel accès de colère, mais presque immédiatement après, il s’effondra sur le sol, vaincu et affaibli.

Et alors que Félix, en pleurs, prononçait une condamnation, les deux hommes ne purent rien dire. Sous le regard de Wilhelm et de Julius, Félix frappa le sol de ses mains gantées avec dédain.

Félix : “Suis-je censé être Bleu… ? Je ne peux même pas faire quoi que ce soit en ce moment… ! Inutile, inutile, inutile, inutile, inutile…”

Félix sanglotait, tout en continuant à proférer des jurons de colère. Cette fois, cependant, ces insultes étaient dirigées contre lui-même. C’était une autre option qu’il pouvait prendre. Après tout, personne ne pouvait interférer avec lui, après avoir réalisé qu’il était surtout en colère contre lui-même.

Julius : “――――”

Le soupir de Julius se mêla aux sanglots de Félix. Wilhelm resta silencieux, et une atmosphère écrasante enveloppa la pièce autour de ces trois personnes. Puis,

Garfiel : “Yo, Cap’taine. T’es enfin réveillé ?”

Garfiel apparut dans l’embrasure sans porte, remarquant l’état de Subaru qui était passé inaperçu aux yeux des trois autres personnes. En réponse à sa voix, Julius suivit le regard de Garfiel et contempla l’agitation de Subaru, arborant une expression de soulagement.

Julius : “J’en suis ravi. Ferris, Subaru semble s’être enfin réveillé.”

Félix : “…D’accord.”

À l’appel de Julius, Félix s’essuya le visage avec sa manche en se levant. Son attitude disgracieuse disparut alors qu’il se dirigeait vers Subaru, examinant son corps avant de fixer fermement ses yeux sur ceux de Subaru.

Félix : “Eh bien, tu sembles aller bien. Ton esprit est clair, pas vrai ? Connais-tu ton nom et ton lieu de naissance ?”

Subaru : “Je m’appelle Natsuki Subaru et je viens du Japon.”

Félix : “Un pays dont je n’ai jamais entendu parler… Je suis né dans les territoires de Crusch-sama.”

L’expression de Félix révéla qu’il croyait que la réponse de Subaru était une plaisanterie inutile. Il se leva et se tourna immédiatement vers la sortie. Personne n’était disposé à lui adresser des mots d’accusation, et tout le monde le regardait donc en silence. Seul Wilhelm suivit Félix. Avant de partir, cependant, le vieil homme se tourna vers Subaru pour lui faire une révérence cérémonieuse.

Après leur départ, l’atmosphère tendue qui régnait dans la salle se dissipa enfin. Mais parallèlement, une atmosphère de plus en plus sombre s’installa.

Garfiel : “Cap’taine, même si tu peux t’lever, tu devrais pas t’forcer à faire quoi qu’ce soit pour l’instant.”

Subaru : “…Tu as l’air le plus mal en point de nous tous.”

S’appuyant contre le mur, Garfiel appela Subaru, qui répondit à l’adolescent à l’air hagard en le saluant à son tour.

Ses joues et ses cheveux blonds étaient saturés de sang, et ses vêtements étaient déchirés à bien trop d’endroits pour qu’on puisse les compter. Sa pâleur était aussi affreuse que lorsqu’il était arrivé dans l’abri avec Mimi blessée.

Alors qu’il considérait cela, les pensées léthargiques de Subaru finirent par le saisir.

Subaru : “Nous sommes en vie, hein.”

Garfiel : “C’est vrai. Mon incroyabl’ personne et le Cap’taine ont survécu, c’est bien, mais on peut même pas l’fêter. Au diable tout ça.”

Affirmant le murmure de Subaru, Garfiel grinça des dents avec amertume.

Alors qu’il observait Garfiel, Subaru confirma une fois de plus sa propre survie――à savoir qu’il avait compris que la Mort Réversible n’avait pas été déclenchée, et que l’opération de capture de l’Hôtel de Ville avait pris fin.

Bien sûr, puisqu’il était encore en vie, il avait dû être secouru par quelqu’un, mais――

Subaru : “Que s’est-il passé à l’Hôtel de Ville… ? Comment suis-je arrivé ici ?”

Julius : “Nous sommes toujours dans l’Hôtel de Ville actuellement. Le Culte de la Sorcière l’a abandonné, et nous avons capturé le bâtiment que nous ciblions. Si l’on s’en tient aux résultats, on peut dire que l’opération est un succès, mais…”

Julius s’agenouilla à côté de Subaru, tandis qu’il commençait à répondre à ses questions.

En y regardant de plus près, le plus grand des Chevaliers avait l’air en piteux état. Ses cheveux étaient inhabituellement en désordre, et son visage et son cou étaient couverts de blessures. Son uniforme de Chevalier était également maculé de sang. Au vu de tout cela, il était difficile de dire qu’il était sain et sauf.

Mais surtout, ses traits normalement gracieux étaient actuellement tordus par les remords et l’humiliation.

Julius : “Tout d’abord, je me réjouis de te revoir sur pied. S’il t’était arrivé quelque chose, nous aurions perdu notre source de motivation.”

Subaru : “…Ne dis pas de choses inutiles comme ça. Qu’est-ce qui s’est passé ? Je ne me soucie pas du moral des troupes ou de ce genre de choses. Le Culte de la Sorcière a choisi d’abandonner le bâtiment… Qu’est-ce que c’est que ce bordel ?”

Julius : “Tu as bien entendu. Comme indiqué précédemment, le Culte de la Sorcière a abandonné le bâtiment, et nous avons repris l’Hôtel de Ville. Mais les otages ont été transformés en choses inhumaines, et les cultistes qui ont causé tout cela ont réussi à s’enfuir après avoir atteint leurs objectifs. On ne peut pas dire que ce soit un bon résultat.”

Julius exposa la situation sur un ton doux. Un contraste saisissant avec l’anxiété de Subaru.

Cependant, ce ton raide et ces yeux baissés… Il était évident que les circonstances que Julius expliquait étaient si graves qu’il ne pouvait retenir son indignation de transparaître dans sa voix.

Et Subaru ne pouvait pas ignorer ce qui venait de lui être dit.

Subaru : “Choses inhumaines, c’est-à-dire…”

Julius : “Tu as dû le voir toi aussi, à l’étage supérieur de l’Hôtel de Ville. Ce spectacle interminable et cauchemardesque.”

En secouant la tête, Julius affirma cette cruelle réalité.

Subaru se souvenait parfaitement des yeux rouges brillants et du bruit des ailes battant désespérément pour appeler à l’aide. Sa nausée était contenue par le fait qu’ils attendaient un salut de sa part, de celle d’un autre humain.

Son cœur sembla se serrer sous l’effet de sentiments qui n’étaient ni vraiment de la sympathie ni vraiment de la peur.

L’Archevêque du Péché de la Luxure du Culte de la Sorcière, Capella, était un monstre vraiment méprisable qui piétinait librement la dignité et les valeurs humaines, tout en crachant son lot de ridicule. Ce avec quoi ce monstre jouait, ce n’était ni l’esprit humain, ni le cœur humain, mais quelque chose de plus sacré encore.

Julius : “La place, ainsi que l’intérieur et l’étage supérieur de l’Hôtel de Ville… Tout, y compris notre répartition des tâches, n’était qu’un stratagème pour gagner du temps. Nous avons dansé dans la paume du Culte de la Sorcière pendant tout ce temps… Ils auraient pu facilement, petit à petit, nous tuer tous. Si cela ne s’est pas produit, c’est grâce à ton jugement et aux efforts de l’humain qui a été transformé en dragon noir.”

Subaru : “Mon… jugement ?”

Julius : “Tu as activé le Miroir de Conversation, tu t’es déplacé au dernier étage et tu as réussi à communiquer l’état de l’Hôtel de Ville à Anastasia et à Ferris. L’arrivée rapide de nos renforts, le Croc de Fer et Ferris, est uniquement due à tes actions.”

Subaru : “Penses-tu que ces mots me réconfortent ?”

Julius : “…Ce n’était pas mon intention. J’ai simplement dit la vérité telle qu’elle est. C’est à ton propre cœur de décider comment interpréter ces mots.”

Subaru était irrité par la réaction posée de Julius. Cependant, la réponse froide de Julius était aussi la preuve qu’il n’était pas calme non plus.

Confirmant que l’état mental de ni l’un ni l’autre était impeccable, Subaru prit une profonde inspiration.

Subaru : “Encore une chose à propos de ce que tu viens de dire, qu’est-il arrivé au dragon noir ?” 

Julius : “Ça s’est passé au dernier étage, alors je n’en sais peut-être pas plus que toi… Une personne a été transformée par l’Autorité de la Luxure. Aussi dégoûtante que soit cette Autorité, ce qui est bien plus surprenant, c’est la façon dont elle reproduit les choses. L’homme qui avait été transformé en dragon noir s’est rendu au sommet du bâtiment, alors qu’il était au bord de la mort, et a craché du feu pour faire reculer la Luxure. C’est probablement grâce à cette intervention céleste que nous avons pu te sauver la vie.”

Celui dont parlait Julius était le dragon noir qui avait été tailladé et jeté hors de la salle par Crusch. Puisque Capella avait le pouvoir de muter et de transformer, ce dragon noir était très probablement l’un des otages de l’Hôtel de Ville. Subaru et Crusch avaient ignoré son appel à l’aide et l’avaient attaqué sans relâche.

Et malgré ces circonstances, cette personne s’était battue de toutes ses forces.

Subaru : “Celui qui a été transformé en dragon noir, est-il…”

Garfiel : “Il peut pas mourir.”

Alors que Subaru s’inquiétait de la sécurité du dragon, Garfiel l’interrompit soudainement d’une voix calme. Il ne rencontra pas le regard de Subaru, mais fixa directement le plafond.

Garfiel : “Mon incroyabl’ personne le laiss’ra pas mourir. On peut pas le laisser mourir. On doit l’sauver… Il doit être sauvé… sinon…”

Julius : “Il est comme ça depuis un certain temps. Apparemment, il s’agit de quelqu’un qu’il connaît. Bien que son odeur ait changé, Garfiel a semblé le reconnaître d’après ses actions. Quoi qu’il en soit, sa guérison est maintenant terminée. Il va bien, même s’il est un peu anxieux. Il se repose à l’arrière.”

Subaru : “Une connaissance ? Garfiel, est-ce quelqu’un que tu connais de la ville ?”

Garfiel : “――――”

Le choix de Garfiel de rester silencieux surprit Subaru. Garfiel ne se retourna pas non plus.

En tout cas, il était soulagé que la vie de leur sauveur, le dragon noir, n’ait pas été interrompue. Mais les autres, les mouches, ils――

Julius : “Nous ne pouvons pas dire s’ils vont bien, mais au moins leur sécurité est assurée. Ferris a fait son diagnostic, mais…”

Subaru : “Autrement dit, il ne s’agit pas d’une blessure ou d’une maladie que Ferris peut soigner… Bordel !”

Ne pouvant s’empêcher de frapper le sol de sa main, Subaru songea aux sentiments de ceux qui avaient perdu leur corps. Quelle était la force du sentiment de perte qu’ils ressentaient ? Ils avaient été transformés en quelque chose d’inhumain, l’horreur et la cruauté n’ayant rien à voir avec la perte de la vie.

La perte de la vie signifiait simplement que l’on n’avait vécu que jusqu’à ce moment-là. Mais la perte de la forme humaine ne signifiait que la perte de l’identité… alors que l’existence n’avait pas encore pris fin.

Ceux qui avaient été torturés par cette malédiction incurable étaient également rassemblés dans l’Hôtel de Ville. Étaient-ils au-dessus de lui ? Ou en dessous ? Regrettant de ne pas pouvoir se souvenir du nombre de personnes souffrant de ce sort, Subaru ne put que penser à d’autres choses qui devaient être confirmées.

Puisqu’il savait qu’il était encore en vie, la question suivante s’imposa d’elle-même.

Subaru : “Garfiel et toi êtes tous les deux indemnes ?”

Julius : “Comme tu peux le constater, Garfiel et ma personne n’avons pas été blessés de manière significative, pas plus que Ricardo. En revanche, on peut dire que nous avons été humiliés… mais c’est un détail.”

Subaru : “――――”

Même en disant cela, les dents de Julius se serrèrent sur sa lèvre, sa voix étant teintée de honte. Voyant sa colère, Subaru fut consumé par un sentiment de frustration similaire, pensant à l’adversaire que Julius avait affronté.

Julius s’était battu contre la détestable Gourmandise, Alphard.

En toute honnêteté, Subaru ne voulait rien de plus que de déchirer cet Archevêque du Péché de ses propres mains. Mais même en supposant que Subaru soit resté pour le combattre, sa fuite aurait été totalement inévitable.

Mais il ne pouvait rester calme, sachant que son ennemi juré s’était échappé.

Julius : “…Je m’excuse de ne pas avoir rempli le rôle que tu m’avais assigné.”

Subaru : “Si tu le dis, mais je n’ai aucun problème avec ça… Ils ont diffusé quelque chose, pas vrai ? Ça veut dire qu’ils ont atteint leur objectif.”

Julius : “C’est exact. Comme avant, la voix était celle de la Luxure. Juste… Non, c’était inévitable. Passons à la suite, leurs demandes ont été formulées. Nous devons également en discuter.”

D’après l’expression de Julius, Subaru pouvait dire que les demandes de la Luxure n’avaient rien de correct. Bien qu’il ne veuille pas l’entendre, se boucher les oreilles ne servirait à rien. Il devrait l’apprendre tôt ou tard. Mais avant cela――

Subaru : “La diffusion mise à part… Qu’est-il arrivé à Crusch-san ?”

Julius : “――――”

Subaru : “Crusch-san est aussi allée au dernier étage avec moi… Et elle s’est retrouvée dans une situation pire que la mienne, à souffrir entre les mains de la Luxure pendant bien plus longtemps…”

L’image de Crusch crachant du sang, ne laissant apparaître que le blanc de ses yeux, traversa l’esprit de Subaru. Elle avait subi une telle blessure sans souffrir d’aucun traumatisme visible. Il avait dû se passer quelque chose de grave.

Et les pleurs angoissés de Félix. Bien qu’il ne veuille pas croire au pire, la conclusion la plus évidente était――

Subaru : “Ferris… a dit quelque chose qui ne sonnait pas bien, alors…”

Julius : “Crusch-sama est toujours en vie. Il n’y a aucun doute à ce sujet.”

Subaru : “Ne le formule pas avec de telles implications !”

Pendant ce bref instant, Subaru entrevit une vague lueur d’espoir. Mais elle disparut dès qu’il vit l’expression de Julius. C’était l’expression d’une personne ayant quelque chose d’insupportable à l’esprit, dépourvue du soulagement d’avoir sauvé une vie. Au contraire, il semblait que quelque chose de plus terrifiant était en train de se produire――

Julius : “Ferris a fait de son mieux, mais la situation actuelle est loin d’être bonne.”

Subaru : “Loin d’être bonne… Qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce qui ne va pas avec Crusch-san… Si Ferris ne peut rien faire, pourquoi n’essayons-nous pas de nous unir pour essayer de l’aider ?!”

Julius : “Calme-toi. Peu importe à quel point tu t’énerves, la situation ne changera pas. Alors, calme-toi.”

Julius réagit sèchement face à l’emportement honteux de Subaru. Mais son calme ne faisait qu’attiser la rage de Subaru.

Subaru : “Bâtard, comment peux-tu être aussi calme ? Nous avons perdu si lourdement contre ces gens-là ! Comment peux-tu ne pas être en colère ?!” 

Julius : “――Bien sûr, je suis aussi en train de bouillir de rage !”

Julius écarta d’un coup sec le bras que Subaru avait tendu pour l’attraper. Subaru se tut en voyant le regard de Julius vaciller après son rugissement.

Julius : “…Mes excuses pour ma violence inappropriée. Il semble que je ne sois pas encore assez mature pour me contrôler.”

Julius tendit la main à Subaru, qui était tombé après que son bras ait été bloqué avec force. Bien qu’il comprenne clairement les sentiments de Julius, Subaru avait délibérément attaqué son attitude, et il ressentit une grande honte en entendant les excuses de Julius.

Subaru : “Crusch-san, elle…”

Julius : “…a été attaquée par la Luxure, pas vrai ? Un agent étranger a contaminé son corps. Et il est en train de faire des ravages à l’intérieur d’elle. La réaction désemparée de Ferris est tout à fait appropriée.”

Alors que Julius parlait, une image claire de l’incroyable douleur de Crusch, dans ses derniers souvenirs de l’agression, revint à l’esprit de Subaru

Cette douleur ultime, son corps infiltré par un monstre diabolique, qui siphonnait sa propre chair, son sang, ses os et même son âme. Cette douleur, aucun humain ne devrait jamais l’endurer.

Le fait qu’il ne puisse rien faire était probablement à l’origine de l’attitude de Félix.

Avant et après le réveil de Subaru, Félix avait semblé blâmer Wilhelm. Il tenait sans doute le vieux bretteur pour responsable de son incapacité à protéger leur maîtresse sur le champ de bataille. En fait, il cherchait seulement quelqu’un pour endosser la responsabilité. Félix, l’accusateur, et Wilhelm, l’accusé, l’avaient tous deux compris.

Et donc Wilhelm était resté silencieux après que Félix l’ait frappé, tandis que ce dernier avait pleuré sur sa propre faiblesse détestable.

Les deux hommes qui venaient de quitter la pièce s’occupaient à présent de leur misérable maîtresse.

En pensant à ce trio, le sentiment d’échec dans le cœur de Subaru ne fit que croître. Cependant, Julius interrompit le torrent émotionnel de Subaru.

Julius : “――Subaru, il y a quelque chose que je dois confirmer.”

Subaru : “Quoi donc ?”

Julius : “Bien qu’il me soit difficile de le souligner… il semble que tu ne l’aies pas encore remarqué.”

Subaru ressentit une vague de doute face à la question détournée de Julius.

Plissant les yeux en direction de Subaru, Julius posa une main douce sur le corps effondré de Subaru. Ce dernier se redressa pour voir ce que faisait Julius, sa main se déplaçant progressivement de son pied à sa cuisse droite.

Incertain de ce que faisait Julius, il observa attentivement l’endroit où la main de Julius traçait une ligne de la cuisse de Subaru jusqu’à son pied droit.

Subaru avait traité sa blessure avec désinvolture. Subaru s’était seulement souvenu de Crusch vaincu par Capella au dernier étage de l’Hôtel de Ville et avait commodément oublié ses propres blessures.

Que s’était-il passé avant qu’il ne perde connaissance ?

Il avait inconsciemment compris et accepté le sentiment de la Mort Réversible――mais le sentiment de la mort n’était pas arrivé. Il aurait dû être soulagé, mais――

Subaru : “Quoi ? C’est――?!”

Son souffle se bloquant soudainement dans sa gorge gelée, Subaru ne put s’empêcher de douter de ses propres yeux. Sa jambe droite était juste devant ses yeux, mais là――

――Se trouvait une couche de peau noire, laide et charbonneuse. Sa jambe droite était en train d’être rongée par cette chose qui se tortillait.

Julius : “Ce n’est pas Ferris qui l’a réparée, ni aucun type de magie de guérison. Ta jambe… celle qui avait été déchiquetée… s’est réparée toute seule. Et elle ne semble même pas faire mal.”

Subaru : “――――”

C’était comme Julius l’avait dit.

Son affreuse jambe droite ne ressentait ni douleur ni sentiment de violation. Son premier réflexe fut de se demander si elle ne faisait que maintenir l’illusion d’être connectée, mais il pouvait plier ses genoux et bouger ses orteils comme prévu.

Cependant, les zones blessées étaient devenues noires, reliant les parties déchiquetées de sa jambe. L’érosion s’étendait de haut en bas de sa jambe droite, parcourant visiblement ses vaisseaux sanguins.

Julius : “Subaru, je dois le confirmer à nouveau avec toi.”

Subaru : “…”

Après avoir vu les changements spectaculaires de sa propre jambe, Subaru fut incapable de parler. Face à la question de Julius, Subaru ne put que lever lentement la tête, puis――

Julius : “Vas-tu… vraiment bien ?” 

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Le plus terrifiant dans la guérison de sa jambe droite, c’est qu’elle ne l’empêchait pas de se tenir debout et de marcher à sa guise.

Garfiel : “Cette onee-san nommée Ferris a dit qu’la jambe du Cap’taine n’était ni blessée ni malade, donc même si mon incroyable personne essayait d’utiliser la magie d’guérison, il s’passerait rien. Tout s’que j’obtiendrai, c’est l’impression d’guérir que’que chose.”

En remontant le bas de son pantalon, Subaru put voir que sa jambe droite était parcourue de vaisseaux sanguins noirs. Les motifs brodés semblaient élastiques au toucher, et la texture était proche de celle de la peau. Si l’on ne tenait pas compte de la couleur, on pourrait dire que tout était normal.

Julius : “L’as-tu rattachée toi-même… ? C’est la seule chose qui me rassurerait actuellement.”

Inutile de préciser que Subaru ne possédait aucun pouvoir de régénération lui permettant de rattacher ses propres membres. C’était la deuxième fois qu’il perdait cette jambe, et sa propre mémoire lui disait que la première fois, sa jambe n’avait montré aucun signe de réparation.

Bien sûr, la suite de la réflexion consistait à trouver ce qui avait pu causer cela, mais Subaru ne voyait qu’une seule chose.

Subaru : “Est-ce parce que cette salope de Capella a fait couler du sang sur ma jambe… ?”

Il avait sombré dans la confusion après que sa jambe ait été arrachée et que son sang ait suinté.

Pour cette raison, ses souvenirs étaient flous, et il ne pouvait pas affirmer avec une certitude absolue que c’était bien le cas. Cependant, Subaru était certain d’avoir vu Capella s’entailler le poignet et verser des giclées de sang sur Subaru.

À ce moment-là, elle avait également mentionné quelque chose d’incroyablement inquiétant. Oui, c’était――

Subaru : “Crusch-san… Elle a souffert de la même chose que moi.”

Julius : “C’est-à-dire… recevoir du sang dans ses blessures ? Quel acte désagréable. Peut-être que c’est un rituel qui a une certaine signification… qui laisse un impact immédiat ? Ou peut-être est-ce une malédiction. J’ai entendu dire qu’elles fonctionnaient différemment des lois de la magie ordinaire.”

Subaru : “Malédiction… Oui, malédiction, ça sonne bien. C’était du sang maudit… Non, c’était quelque chose de différent… quelque chose comme… Du sang de dragon ? Oui, c’était du sang de dragon. C’est ce qu’elle a dit !” 

Alors que Subaru contemplait la perplexité de Julius, il passa au crible ses souvenirs brumeux et ne put s’empêcher de frapper dans ses mains pour se féliciter de son succès.

Capella avait en effet mentionné, en assistant à la souffrance de Subaru causée par son sang, que son propre sang était mélangé à du sang de dragon. Cela n’avait pas semblé être une plaisanterie, un bluff ou un mensonge. Et cela fournissait plusieurs indices.

Julius : “Du sang de dragon… Est-ce que ça désigne le Sang de Dragon conféré à la Famille Royale ?”

Subaru : “Je ne connais pas les détails, mais existe-t-il vraiment une telle chose dans le Château ?”

Julius : “C’était l’un des trésors offerts par le Dragon Divin Volcanica, conformément au Pacte. Le Sang de Dragon est réputé pour être suffisamment puissant pour rendre les terres stériles à nouveau fertiles.”

Subaru : “C’est assez puissant, ce Sang de Dragon… Je ne sais pas si c’est vraiment lié, ni ce que ça implique.”

Étant donné que Capella s’était qualifiée de Lugnica, le nom de la Famille Royale, il y avait de quoi s’inquiéter. D’autant plus, comme l’avait dit Wilhelm, qu’Emerada Lugnica était un personnage historique réel.

Bien que ce soit invraisemblable, faisait-elle vraiment partie de la Famille Royale ? Mais le fait que le Sang de Dragon soit mélangé à son propre sang soulevait des questions.

Julius : “Quoi qu’il en soit, Ferris pourrait être en mesure de l’aider s’il apprend qu’il y a un lien avec le sang.”

Subaru : “Ah, c’est vrai. Hâtons-nous…”

Garfiel : “Attends, Cap’taine. Attends une seconde.”

Enfin, des informations qui pourraient conduire à un revirement de situation.

Subaru voulait se précipiter pour partager cette information, mais Garfiel, les bras croisés alors qu’il s’appuyait sur le mur, lui versa un seau métaphorique d’eau glacée sur la tête. En réponse au regard de Subaru, Garfiel baissa les yeux.

Garfiel : “Cap’taine, tu l’as pas encore vue, et moins y’a de gens qui la voient, mieux c’est.”

Subaru : “…Qu’est-ce que ça signifie ?”

Garfiel : “Ça signifie s’que tu penses qu’ça signifie. Cette jolie onee-san n’appréciera pas qu’tu la voies.”

Garfiel baissa les yeux, évitant le regard inquisiteur de Subaru. De plus en plus mal à l’aise, Subaru se tourna vers Julius qui, comme Garfiel, secouait la tête avec des yeux semblables à ceux de Garfiel.

Julius : “En fait, je crains que Crusch-sama ne veuille éviter le regard des autres pour le moment. Parce que c’est une noble personne, elle ne souhaite pas qu’on la voie dans un tel état de faiblesse.”

Subaru : “Est-ce… seulement parce qu’elle est faible en ce moment ?”

Julius : “――――”

Julius ne prononça aucun mot. Il se contenta de détourner tranquillement son regard de Subaru.

Et cette seule petite action répondit à tout.

Subaru : “…Tout est de ma faute.”

Julius : “Subaru, c’est――”

Subaru : “Tout est de ma faute ! Je… Évidemment, j’aurais dû savoir mieux que quiconque à quel point ils peuvent être sournois ! J’aurais dû prévoir et me préparer au mieux avant de les défier !” 

Plus il essayait d’imaginer ce qui arrivait à Crusch, plus il était horrifié.

Et l’intense auto-reproche que ces pensées suscitaient chez Subaru… Un produit de sa colère face à sa propre incompétence, ainsi que de leur propre colère, mais aussi du courage et du regret pour son défi téméraire.

Subaru connaissait l’horrible nature des Archevêques du Péché du Culte de la Sorcière, jusqu’à la moelle des os. Et pas seulement Petelgeuse. Avant l’attaque de l’Hôtel de Ville, Subaru avait rencontré successivement Sirius et Regulus. Après ces rencontres, comment avait-il pu sous-estimer Capella ?

Son orgueil était-il responsable de sa décision de se battre à son désavantage contre une force aussi écrasante ? Tout cela s’était produit à cause de son erreur de jugement.

Subaru : “Tout, c’est de ma…”

??? : “――Ça suffit. Que tu pleures ou que tu te plaignes, ça devient vraiment gênant, alors tu veux bien arrêter ?”

Subaru, portant toute la responsabilité, était sur le point de sombrer profondément dans une mer de dégoût envers lui-même.

Ce qui parvint aux oreilles de Subaru, cependant, n’était pas une voix douce qui le tirait de cet océan de pensées sombres. C’était une voix froide et apathique, accompagnée d’un regard glacial et d’une expiration ennuyée.

Subaru : “――――”

Il se tourna vers l’entrée de la grande salle.

Debout, les mains jointes, sous le regard de tous, se tenait une femme d’affaires aux cheveux violets et au visage doux. Cependant, le regard mortel qu’elle fixait sur Subaru ne correspondait pas du tout à ses traits habituellement doux.

Subaru : “Anastasia…”

Anastasia : “Je comprends que tu sois déçu après une défaite sur le champ de bataille, mais si tu ne fais que te morfondre et te plaindre, ton entourage va en pâtir. Et même si tu te morfonds encore et encore, tes pertes ne disparaîtront pas.”

Les réprimandes d’Anastasia s’adressaient à Subaru, écrasé par la défaite.

Pendant une seconde, Subaru fut trop stupéfait pour comprendre. L’instant d’après, cependant, son esprit fut envahi par la rage, mais avant qu’il ne commence à parler――

Julius : “Anastasia-sama, je vous prie de revenir sur votre déclaration. Subaru est celui qui a eu le plus de contacts directs avec les pécheurs du Culte de la Sorcière. Même s’il se morfond ou soupire…”

Anastasia : “Ça ne te ressemble pas, Julius. D’habitude, tu te concentres sur le sujet, mais là, tu es si émotif… Si tu es venu ici pour jouer avec tes amis, tu trouveras peut-être que Joshua te convient un peu mieux.”

Julius : “…”

Julius, qui avait tenté de défendre Subaru, fut réduit au silence par le regard glacial de sa maîtresse. La rage de Subaru, chauffée à blanc, fut baignée d’eau glacée, mais il se sentait encore incroyablement confus quant à l’attitude d’Anastasia.

Puis, regardant Subaru qui restait sans voix, Anastasia tripota l’écharpe en forme de renard qu’elle portait autour du cou et s’adressa aux deux autres occupants de la pièce.

Anastasia : “…Ouais, c’est bien ce que je pensais. Julius, la situation de Crusch-san semble assez tendue en ce moment, n’est-ce pas ? Pourquoi ne pas aller voir si tu peux aider ? Et l’enfant blond là-bas, ça te dérangerait de l’accompagner un moment ?”

Pressant Julius et Garfiel de quitter la salle, Anastasia fixa ses yeux sur Subaru. Si deux des quatre personnes présentes dans la pièce s’en allaient, une confrontation entre Subaru et Anastasia aurait lieu.

Anastasia : “Ne t’inquiète pas, je ne ferai rien de mal.”

Anastasia le lui promit, avec un sourire décidément pas si mignon.

Julius s’inclina et partit, Garfiel à sa suite, une lueur prudente dans le regard. Jusqu’à la fin, il garda son regard inquiet sur Subaru, avant de le saluer d’un signe de tête et de partir.

Anastasia : “Garfiel-kun est un garçon adorable. Jusqu’à la fin, son regard inquiet était fixé sur Natsuki-kun. On dirait qu’il prend bien soin des gens.”  

Subaru : “…Je suis sûr que tu ne m’as pas laissé seul pour faire des commérages.”

Subaru donna une réponse épineuse alors qu’Anastasia commençait à bavarder sur Garfiel après son départ. Un échange similaire avait eu lieu lors d’une précédente interaction, dans laquelle elle avait eu l’intention de prendre Subaru au dépourvu.

Subaru se retourna pour voir Anastasia qui se caressait les cheveux en inspectant la pièce à moitié détruite, avant de soulever une chaise et de s’asseoir.

Anastasia : “Avoir une discussion détendue comme celle-ci avec Natsuki-kun me ramène vraiment en arrière… jusqu’à la nuit précédant la bataille contre la Baleine Blanche.”

Subaru : “À l’époque, nous avions élaboré un plan pour réussir. Cette fois, rien de tel n’est en vue… Même si nous avons repris l’Hôtel de ville, la situation ne s’est pas améliorée du tout…”

Anastasia : “Oui, rien n’a changé. Au contraire, tout a empiré, et nous n’avons pas de plan d’action optimal à suivre…”

Subaru se rendit compte que sa voix insouciante s’était, l’espace d’une seconde, aiguisée en une lame de couteau. Il ne put s’empêcher de redresser le dos, tandis qu’Anastasia jetait un coup d’œil à sa jambe.

Anastasia : “Tout va bien avec ta jambe ? Aux dernières nouvelles, elle était déchiquetée.”

Subaru : “Heureusement, je peux courir et sauter sans problème, même si l’esthétique est à revoir.”

Anastasia : “Eh bien, être capable de courir et de sauter maintenant, c’est ce qui compte le plus. Il y a encore beaucoup de choses à faire, mais en attendant…”

Anastasia laissa la conversation dériver légèrement vers la blessure de Subaru, avant d’inspirer brusquement.

Subaru réalisa qu’elle arrivait enfin au sujet principal et fronça les sourcils. Elle pointa sa main vers le plafond――non, elle était pointée quelque part au-delà du plafond.

Anastasia : “As-tu fini par entendre la troisième diffusion après ton opération ?” 

Subaru : “Non, je ne l’ai pas entendue, qu’est-ce qu’ils ont dit… ? C’était une sorte de demande, mais je ne sais pas ce que c’était exactement.”

Anastasia : “Natsuki-kun a manqué deux des trois diffusions, quelle négligence.”

Anastasia gloussa doucement, portant une main à sa bouche, et Subaru fit une moue mécontente. Malgré tout, elle garda la main sur sa bouche et plissa les yeux, les fixant sur Subaru.

Anastasia : “Une des demandes――je suis sûre que seuls Natsuki-kun et moi pouvons la comprendre.”

Subaru : “Seulement moi… et Anastasia-san ?”

Qu’est-ce que ça signifiait exactement ? L’esprit de Subaru fourmillait de questions. Il n’avait jamais considéré qu’Anastasia et lui avaient quelque chose en commun. Après tout, c’était la première fois qu’ils engageaient une véritable conversation.

Avec une relation aussi superficielle, qu’avaient-ils exactement en commun ?

??? : “――Oh la la, Ana, parfois ta façon de parler ne sert qu’à ennuyer les autres, tu sais. Je pense que c’est exactement le cas ici.” 

Subaru : “――?!” 

La voix d’une troisième personne résonna soudain aux oreilles de Subaru. Cette voix n’appartenait ni à Subaru ni à Anastasia. Au contraire, elle semblait plus légère et plus neutre.

Subaru s’empressa de faire le tour de la pièce avec des yeux confus, mais il n’y avait aucune silhouette inconnue dans les environs. Julius et Garfiel étaient partis, et il n’y avait aucun signe que quelqu’un s’était approché de l’entrée de la salle.

D’où pouvait bien venir cette voix ?

Anastasia : “Tu dis ça, mais ne fais-tu pas la même chose que moi ? Regarde ce pauvre Natsuki-kun. Il est dans un tel état de confusion en ce moment.” 

??? : “Oh, ça ne va pas le faire du tout.” 

Subaru : “Que, qui est… ?!” 

Anastasia s’adressa à la troisième voix comme si tout était naturel. Au lieu de soulager la frénésie de Subaru, il frôla l’hyperventilation en essayant de discerner ce qui avait exactement provoqué cette agitation.

??? : “Tu sembles assez effrayé, mes excuses.”

Subaru : “――――”

Ses yeux se posèrent dessus. Le troisième intervenant qui avait pris la parole. Le propriétaire de cette voix qui, si soudainement, s’était immiscée dans la scène.

Non, cette troisième voix ne s’était pas immiscée. Elle avait été présente dans cette pièce depuis le tout début.

Dans les faits, elle était entrée dans la salle avec Anastasia.

??? : “Mon nom est Echidna. Eh bien, je dis ça… Mais ce que je suis vraiment, c’est un Esprit Artificiel.”

Subaru : “Echi――?!”

“Elle” sourit habilement en direction de Subaru, qui était en état de choc.

Des lèvres se retroussant de part et d’autre, des yeux se rétrécissant légèrement. Cela devait… probablement être quelque chose comme l’imitation d’un sourire.

――Enroulée autour du cou d’Anastasia, une écharpe en fausse fourrure de renard souriait.

Tout en se nommant d’après une Sorcière que Subaru n’oublierait jamais, et en révélant son identité d’Esprit.

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-=Fin du Chapitre 37=-

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